11 septembre 2012
[Pierre-Jean Ferrier - Blog "Avec l'Immaculée"] Secret et mensonges : chronologie des relations entre Menzingen et Rome depuis un an
SOURCE - Pierre-Jean Ferrier - Blog "Avec l'Immaculée" - 11 septembre 2012
AOÛT 2011 A JANVIER 2012
1. Secret absolu et mensonges
sur le véritable but de la réunion du 14 septembre 2011 (voir annexe).
2. Après la réunion du 14
septembre : Mgr Fellay et son
Conseil cherchent à rassurer.
- Mgr Fellay DICI, 14 septembre : « J’ai promis à mes confrères de ne prendre aucune décision sans les avoir consultés auparavant ».
- Abbé Pflüger site allemand de la FSSPX, 29 septembre : « Il doit être clair aussi pour le cardinal Levada et la Congrégation de la Doctrine de la foi, qu’ils ne peuvent pas exiger un texte que, de son côté, la Fraternité ne pourrait pas justifier devant ses membres et ses fidèles. »
3. Après la réunion à Albano,
le secret demeure sur le Préambule doctrinal et seuls le Supérieur et ses deux
assistants vont s’occuper de la réponse aux propositions romaines (Communiqué
de la Fsspx après la réunion d’Albano).
Mais le secret sera mal gardé : lettre du Father
Morgan du 1er novembre à ses fidèles parue sur le site anglais de la
FSSPX et lettre du Padre Bouchacourt à ses prêtres publiée sur Radio
Cristiandad le 8 novembre.
Réactions de la Fraternité : le retrait
immédiat des deux lettres est exigé, et après la lettre du Father Morgan, DICI
publie un communiqué le 2 novembre pour rappeler que « seule la Maison
Générale de la Fraternité Saint-Pie X est habilitée à faire paraître un
communiqué officiel ou un commentaire autorisé sur ce sujet ».
Ces événements démontrent :
- que la réunion d’Albano n’a pas fait l’unanimité (cf. Father Morgan et la « boîte de Pandore » de Mgr de Galarreta qui sera publiée plus tard ; même la lettre du Padre Bouchacourt à ses prêtres laisse entendre son désaccord avec le préambule) ;
- que la Fraternité (le Supérieur et le Conseil) veulent à tout prix conserver le secret le plus absolu, n’hésitant à se couvrir de ridicule car ce qui est publié sur internet a fait le tour du monde avant qu’ils aient pu réagir.
Il faut donc
continuer à rassurer les prêtres de la base et les fidèles.
1.
Le 8 décembre dans l’homélie de l’Immaculée
Conception : « C’est une tragédie sans nom » « On voit
quantité d’éléments qui ne sont pas l’Église ».
Comme il n’y a pas d’arguments
sérieux à proposer, Mgr Fellay joue sur l’aspect sentimental.
Puis il avance ses pions :
« Évidemment, les formules sont de plus en plus intéressantes, de plus en
plus proches de ce que nous disons. » « Ils vont même plus loin : «
toute proposition et toute interprétation de ces textes douteux qui seraient
opposées à ce Magistère perpétuel, Magistère continuel de l’Eglise, il faut les
rejeter ». Ce qui signifie : il y a des choses encourageantes.
2.
Le 21 décembre dans la LAB n° 79 :
« Pour plaire au monde, ou du moins pour s’y adapter et composer avec lui,
on a sacrifié d’une manière ou d’une autre l’autorité de Notre-Seigneur
Jésus-Christ sur les fidèles chrétiens, sur tous les hommes pour lesquels Il a
versé son Sang, sur toutes les nations dont ils sont membres. Voilà ce qui met
à mal l’Eglise (…) C’est à cause de cette douloureuse réalité que nos relations
avec Rome sont difficiles. »
Il y a là de quoi rassurer les
fidèles sur l’orthodoxie de Mgr Fellay.
DE FÉVRIER A JUILLET 2012
A partir du début
2012 : le ton change. Soit parce que Mgr Fellay considère qu’il est
temps de dévoiler ses batteries, soit parce que Rome le bouscule.
Sermon du 2
février 2012 à Winona :
a) Nous devons reconnaître la Rome conciliaire comme la
véritable Église :
« Nous ne sommes pas une entité indépendante.
Même si nous nous battons avec Rome, nous sommes encore pour ainsi dire avec
Rome.
Nous sommes catholiques.
Nous voulons être et rester catholiques ; il est très important de maintenir
cela.
Il est également important
que nous n’imaginions pas une Eglise catholique qui ne serait que le fruit de
notre imagination, qui ne serait plus l’Eglise réelle. C’est avec l’Eglise
réelle que nous avons des problèmes. Voilà ce qui rend les choses encore plus
difficiles : le fait que nous avons des problèmes avec elle. Cela ne nous
autorise pas, pour ainsi dire, à “claquer la porte”. Au contraire, c’est notre
devoir d’aller toujours à Rome, nous devons reconnaître cette Eglise – c’est ce
que nous affirmons au Credo : « je crois en l’Eglise catholique »
– et donc nous reconnaissons qu’il y a un pape, qu’il y a une hiérarchie. Nous
reconnaissons tout cela. »
b)
Ce qui
entraîne comme conséquence :
« Le problème-clé dans ces discussions
avec Rome était en définitive la question du Magistère, de l’enseignement de
l’Eglise. Eux nous disent : « nous sommes le pape, nous sommes le Saint-Siège
», ce que nous acceptons. Alors ils poursuivent : « nous avons le
pouvoir suprême », et nous l’admettons. Ils insistent : « nous sommes
la dernière instance dans l’enseignement et nous sommes nécessaires » –
Rome nous est nécessaire pour avoir la foi, nous sommes d’accord. Ils ordonnent
: “alors, obéissez ».
c) Mais, évidemment, cela soulève un énorme problème :
« et nous disons
« non ». Ils nous reprochent d’être des protestants, parce que nous
plaçons notre raison au-dessus du Magistère d’aujourd’hui. Alors nous leur
répondons : « vous êtes des modernistes »
d) Cependant, il reste un grand espoir :
« Mais cela va encore
plus loin, bien chers fidèles. Ce que je viens de décrire se passait pendant
les discussions à la fin desquelles nous recevions l’invitation de Rome. Dans
cette invitation se trouvait la proposition d’une solution canonique pour
régulariser notre situation. Et je peux affirmer que ce qui nous est présenté
aujourd’hui peut être considéré comme bon. Ils remplissent toutes nos conditions,
si je puis dire, au niveau pratique. Il n’y a pas beaucoup de problèmes sur ce
plan. Mais le problème demeure à un autre niveau, au niveau de la doctrine.
Toutefois, même dans le domaine doctrinal, on avance très vite, mes bien chers
frères (*). La clé du problème est un principe (celui de la cohérence avec la Tradition).
Bon, c’est ce que nous avons toujours dit ».
(*) Comparons ces affirmations avec ce qu’écrivait Mgr
Fellay dans « Nouvelles de Chrétienté » n° 73 (pages 3 et 4) au
sujet du ralliement de Campos :
« Avant de saluer la
reconnaissance de Campos comme un retour de Rome à la Tradition, nous sommes
obligés de nous demander si cet événement ne peut pas aussi, ne doit pas aussi,
être inséré dans la logique post-conciliaire : et précisément la journée
d’Assise fournit un argument probant en faveur de cette thèse. »
Suite du sermon de Winona : « C’est surprenant, n’est-ce pas,
que Rome nous impose ce principe ? Surprenant. Alors vous pourriez demander :
« pourquoi n’acceptez-vous pas ? » Eh bien, chers fidèles, c’est qu’il y a
encore un problème. Dans le texte de ce Préambule doctrinal, ils
donnent deux applications du comment nous devons comprendre ces principes. Ils
nous donnent les exemples de l’œcuménisme et de la liberté religieuse, tels
qu’ils sont décrits dans le nouveau Catéchisme de l’Eglise catholique,
qui reprend exactement les points que nous reprochons au Concile. »
e) malgré toutes ces difficultés qui demeurent :
« En d’autres termes,
Rome nous dit : « nous avons toujours fait cela. Nous sommes traditionnels
; Vatican II c’est la Tradition. La liberté religieuse, l’œcuménisme c’est la
Tradition. C’est en parfaite cohérence avec la Tradition. » Vous vous
demandez : « où cela nous conduit-il ? » Quels mots trouverons-nous
pour dire que nous sommes d’accord ou que nous ne le sommes pas ? Même s’ils
acceptent les principes que nous avons toujours soutenus, c’est parce que, pour
eux, ces principes signifient ce qu’ils pensent, mais qui est en exacte
contradiction avec ce que nous affirmons.
Je crois qu’on ne peut pas
aller plus loin dans la confusion. En d’autres termes, cela signifie qu’ils
donnent une autre signification au mot « Tradition », et peut-être au mot «
cohérence ». Voilà pourquoi nous avons été obligés de dire « non ». Nous
n’allons pas signer cela. Nous sommes d’accord dans le principe, mais nous nous
rendons compte que la conclusion est contraire. Grand mystère ! Alors, que
va-t-il se passer maintenant ? Nous avons envoyé notre réponse à Rome. Ils
continuent à dire qu’ils y réfléchissent, et cela veut dire que probablement
ils sont embarrassés. En même temps je crois que nous pouvons voir maintenant
ce qu’ils veulent vraiment. Nous veulent-ils vraiment dans l’Eglise ou non ?
Nous leur avons parlé très clairement : « si vous nous acceptez c’est sans
changement. Sans obligation d’accepter ces choses ; alors nous sommes prêts.
Mais si vous voulez nous les faire accepter, alors c’est non. » Et nous
n’avons fait que citer Mgr Lefebvre, qui avait déjà dit cela en 1987 – plusieurs
fois auparavant. »
(Sermon important parce que
Mgr Fellay insiste clairement - sans doute pour la première fois auprès des
fidèles - sur le fait que la Rome
conciliaire est l’Église officielle).
A partir de ce
moment, les événements paraissent s’accélérer :
·
Communiqué de Rome daté du 16 mars et ultimatum
d’un mois donné à la Fraternité pour clarifier sa position.
·
14 avril : réponse de Mgr Fellay et de
son Conseil aux trois évêques :
« Pour le bien commun de la Fraternité, nous
préférerions de loin la solution actuelle de statu quo intermédiaire, mais
manifestement Rome ne le tolère plus. »
·
16 avril : réponse de Mgr Fellay à Rome (révélée dans une
conférence par l’Abbé Pflüger – 5 juin 2012 St Joseph-des-Carmes) :
« L’entière Tradition de la foi catholique
doit être le critère et le guide de compréhension des enseignements du Concile
Vatican II, lequel à son tour éclaire certains aspects de la vie et de la
doctrine de l’Église, implicitement présents en elle, non encore formulés. Les
affirmations du Concile Vatican II et du Magistère Pontifical postérieur
relatifs à la relation entre l’Église catholique et les confessions chrétiennes
non-catholiques doivent être comprises à la lumière de la Tradition… » Mais que disait donc Mgr
Fellay au sujet de cette expression “à la lumière de la tradition” en 2002
(toujours dans Nouvelles de Chrétienté n° 73, page 4) ?
« Certains objecteront que Mgr
Lefebvre lui-même a prononcé cette phrase : “J’accepte
le Concile, interprété à la lumière de la Tradition ” Il est vrai que
Mgr Lefebvre l’a formulée devant le pape Jean-Paul II, en octobre 1978. Notons
cependant qu’il ne l’a pas reprise par la suite et qu’elle n’a pas fait l’objet
du protocole d’accord du 5 mai 1988.
En
effet, Mgr Lefebvre s’est rendu compte qu’elle n’avait pas la même
signification pour la Rome moderniste que pour nous. La réponse donnée par le
Cardinal Ratzinger aux « Dubia »
sur la liberté religieuse ainsi que les entretiens qu’eut Mgr Lefebvre avec
ledit Cardinal avant les sacres de 1988 le prouvent abondamment : “Il n’y a plus qu’une seule Eglise, c’est
l’Eglise de Vatican II. Vatican II »
·
Ce à quoi Rome répond : « La réponse donnée hier est différente
des réponses précédentes et c’est un pas en avant. »
·
Le 29 avril à Hattersheim en Allemagne, l’Abbé Pflüger précise :
« Ces événements ont
suggéré à Mgr Fellay de mettre de côté le principe qui a guidé les négociations
avec Rome. Ce principe était « pas de solution pratique sans accord
doctrinal ». Mais les événements passés ont prouvé que les différences
concernant la question doctrinale ne peuvent être comblées. Le pape veut une
solution canonique pour la Fraternité … Si la Fraternité refuse un accord, même
dans ces circonstances, le résultat possible serait de nouvelles
excommunications.
Dans ces circonstances, Mgr
Fellay ne considère pas comme possible de rejeter la proposition du pape. Cela
équivaudrait à tomber dans le sédévacantisme... »
A l’appui de ces arguments : le fait que le pape
désire une solution pratique, les parallèles historiques avec Mgr Lefebvre et
le fait que cette solution d’accord pratique renforcerait la tradition ;
ce serait la reconnaître officiellement dans “l’Église”.
·
Mgr Fellay, résumé de la conférence du 2 mai à Avignon (sur FECIT) :
« La difficile
situation du Saint Père face à l’opposition des modernistes »
Situation difficile pour Mgr
Fellay qui essaie « de voir la volonté de Dieu à travers les
événements. »
« Refuser un accord
ouvrirait une période de haute tension »
·
Mgr Fellay, conférence aux Dominicaines de St Pré le 5 mai :
« A propos de la réponse
que j’ai envoyée à Rome le 17 avril, … d’après des sources privées, j’ai
l’impression que cela convient. Entre nous je pense qu’il sera nécessaire de
l’expliquer correctement. (…)
Rome a de sérieux doutes sur le
fait que nous reconnaissons qu’il y a un pape aujourd’hui, qu’il y a un
magistère. Et puis il y a une menace, je ne sais pas s’il faut dire une menace,
de déclaration de schisme (….). quand j’ai compris cela, j’ai compris qu’il
fallait écrire et simplement montrer à Rome que, même si nous formulons des
réserves, même sérieuses, cela ne veut pas dire que nous ne reconnaissons pas
le pape. »
·
11 mai : entretien de Mgr Fellay accordé
à Catholics News Service :
« Le Pape dit que le
concile doit être placé dans la grande tradition de l’Église, qu’il doit être
compris comme étant en accord avec elle. Ce sont des déclarations avec
lesquelles nous sommes pleinement d’accord, totalement, absolument. » (*)
« Nous avons vu, au cours
des discussions théologiques, que beaucoup de choses que nous avons condamnées
comme appartenant au concile, ne sont pas le fait du concile mais de
l’interprétation qui en a été faite. La liberté religieuse est utilisée de
multiples manières, et je viens de regarder de près et j’ai l’impression que
peu connaissent réellement ce que le concile a réellement dit à ce
sujet. » (*)
(*) Mgr Fellay dans Nouvelles de
Chétienté n° 73 au sujet de Campos (pages 3
et 4) :
« Très manifestement, la ligne des
réformes est maintenue comme principe intangible et irréversible. Donc la
condition que Rome doit poser pour l’acceptation d’un mouvement traditionnel
est l’accord de principe du Concile (on peut discuter sur les nuances et
certaines conclusions).
C’est le pas obligé. C’est l’entrée dans le pluralisme sous
apparence de reconnaissance de la part de Rome, qui est imposé, ce n’est pas le
retour de l’Église conciliaire à la Tradition. »
« Ils (les responsables de Campos)
pensent encore que de la part de Rome, c’est la reconnaissance de la Tradition.
Alors que le contraire vient de se passer. Une partie de la Tradition, un
mouvement traditionnel, a accepté, avec quelques réserves, certes, la réalité
postconciliaire. »
·
17 et 20 mai : révélations de Mgr Fellay
au sujet de l’avenir de la Fraternité, faites à des prêtres d’Autriche, puis
démenties par le même Mgr Fellay :
-
Le pape décidera qui seront les évêques de la
Fraternité qui remplaceront ceux qui ne voudront pas suivrent l’accord. Ces
évêques seront libres de partir et seront remplacés. (1)
-
Nous ne pourrons pas faire de nouvelles constructions
dans l’approbation de l’évêque diocésain.
-
Les installations de moins de trois ans seront fermées,
celles qui ont plus de trois ans continueront à fonctionner.
-
Le Chapitre Général de juillet ne se réunira pas pour discuter
l’acceptation de l’accord, mais simplement pour prendre connaissance des
nouveaux statuts de la Fraternité.
(1) Ce point, bien que démenti par
Mgr Fellay, est confirmé par le communiqué de la Congrégation pour la Doctrine
de la Foi, en date du 16 mai (laquelle congrégation se réfère non pas à une
communication officielle de la Fraternité mais à une indiscrétion publiée sur
internet !) : « Considérant les positions prises par les
trois autres évêques de la Fraternité Saint-Pie-X, leur situation devra
être traitée séparément et personnellement. »
·
5 juin : conférence de l’Abbé Pflüger à
St Joseph-des-Carmes :
« On réalise dans cette
lettre du 16 mars qu’on veut nous excommunier parce que nous refusons le
pontife romain, parce que nous refusons le magistère tel qu’il existe.
Si on reconnaît le pape qui
est Benoît XVI, est-ce qu’on peut refuser un acte légitime du pape, comme on
dit ; est-ce qu’on a le droit, si
le pape dit : j’érige cette prélature ; je vous donne cette
étiquette : vous êtes catholiques, est-ce qu’on peut refuser
s’il est pape ? C’est ça la question !
(…) Ils ont fait dans les dix
dernières années un peu un super-dogme (du
concile) et nous, on en fait maintenant un peu une super-hérésie.
(…) » (*)
(*) C’est parfaitement exact, Monsieur l’abbé
Pflüger ! Votre Supérieur Général, Mgr Fellay, en a fait une super-hérésie
dans Nouvelles de Chrétienté n° 73, pages 3 et 4 :
« Car fondamentalement, nous
considérons ce Concile comme la grande catastrophe du XXe siècle, la cause de
dommages incalculables faits à l’Eglise et aux âmes, alors qu’eux y voient le
grand miracle du XXe siècle, le bain de jouvence de l’Église. » (…)
« Rome estime le pas suffisant. On
doit d’ailleurs remarquer que pour la première fois, on a fait d’un Concile non
dogmatique un critère de catholicité déterminant. »
Suite de la conférence de
l’Abbé Pflüger :
Mais ce n’est pas ça que Rome veut savoir. Rome veut savoir : est-ce que
pour vous le pape est pape ? Est-ce que pour vous il y a encore un
magistère, donc une autorité dans l’Eglise ou est-ce que depuis 1962, ou je ne
sais pas quand, il n’y a plus d’Église visible ?
Dans cette déclaration du 15
avril, Mgr Fellay définit comme un principe général, comment il faut juger ce
concile Vatican II, et il semble que le pape… on attend maintenant la réponse …
il accepte peut-être… Il dit : l’entière tradition de la foi catholique
doit être le critère… donc la tradition comme disait Mgr Lefebvre, il faut voir
le concile Vatican II dans la lumière de
la tradition. (*)
Donc c’est
clair. Ça veut dire : le principe c’est qu’il faut juger, il faut
comprendre ces textes qui sont difficiles dans la lumière, dans l’esprit, dans
la compréhension de la Tradition. »
(*) Mais que disait donc Mgr
Fellay à ce sujet en 2002 (toujours dans Nouvelles de Chrétienté n° 73, page
4) ?
Voir plus haut au paragraphe « 16
avril : réponse de Mgr Fellay à Rome ».
·
8 juin : entretien de Mgr Fellay à DICI :
« Ce qui a changé,
c’est que Rome ne fait plus d’une acceptation totale de Vatican II une
condition pour la solution canonique (1). Aujourd’hui, à Rome, certains considèrent
qu’une compréhension différente du Concile n’est pas déterminante pour l’avenir
de l’Eglise, car l’Eglise est plus que le Concile. De fait, l’Eglise ne se
réduit pas au Concile, elle est beaucoup plus grande. Il faut donc s’appliquer
à régler des problèmes plus vastes. (…)
Nous ne sommes toujours pas d’accord
doctrinalement, et pourtant le pape veut nous reconnaître ! Pourquoi ? La
réponse elle est là : il y a des problèmes terriblement importants dans
l’Eglise aujourd’hui. Il faut traiter ces problèmes. Il faut laisser de côté
les problèmes secondaires et s’occuper des problèmes majeurs. »
(1)
Propos qui sera démenti le 5 août par Mgr Tissier dans son sermon à
Thouars: « In extremis (c’était tout juste), les autorités de la
Fraternité n'ont pas signé un accord grâce à l'introduction providentielle
d'une phrase à la fin du document, une phrase écrite par le pape, et qui
indique clairement que la FSSPX doit accepter le Concile, indépendamment de
l'interprétation. »
En résumé, pendant les six
premiers mois de l’année 2012 :
-
vis-à-vis des clercs et fidèles : menaces
du Supérieur Général et de l’Abbé Pfluger (risque d’être déclarés
sédévacantistes, risque de nouvelles excommunications, …).
-
vis-à-vis de Rome, concessions de plus en plus
grandes : réponse à Rome de Mgr Fellay du 16 avril, bien commun de la
Fraternité sacrifié au profit d’un accord avec Rome (cf. réponse aux évêqes du
14 avril), désolidarisation officielle d’avec les trois évêques, concile
interprété à la lumière de la tradition (Mgr Fellay contredit sa propre
déclaration de 2002) entretien à CNS, conférences de mai-juin.
Le 13 juin,
alors que Mgr Fellay était prêt à signer, le processus de ralliement paraît
s’arrêter…
Pourtant un
mois plus tard, le chapitre publie la déclaration suivante :
« Nous avons défini et approuvé des conditions
nécessaires pour une éventuelle
normalisation canonique. Il a été établi que, dans ce cas, un chapitre
extraordinaire délibératif serait convoqué auparavant. »
La deuxième partie de cette déclaration a suffi pour
que certains anti-accordistes baissent immédiatement la garde (cf. Father
Morgan).
… Et la première partie – qui doit satisfaire les
accordistes – est assortie de six conditions lamentables :
Trois
conditions sine qua non : Liberté de garder, transmettre et enseigner la saine doctrine du
Magistère constant de l’Eglise et de la Vérité immuable de la Tradition divine
; liberté de défendre, corriger, reprendre, même publiquement, les fauteurs
d'erreurs ou nouveautés du modernisme, du libéralisme, du concile Vatican II et
de leurs conséquences - User exclusivement de la liturgie de 1962. - Garder
la pratique sacramentelle que nous avons actuellement (y inclus : ordres,
confirmation, mariage) - Garantie d'au moins un évêque. Et trois conditions souhaitables : Tribunaux ecclésiastiques propres en
première instance - Exemption des maisons de la Fraternité sacerdotale
Saint-Pie X par rapport aux évêques diocésains - Commission Pontificale à Rome
pour la Tradition en dépendance du Pape, avec majorité des membres et
présidence pour la Tradition.
Qu’y a-t-il derrière tout
cela ? Politique, diplomatie,… ?
A l’appui de
cette supposition, rappelons deux citations, parmi tant d’autres…, du Supérieur
Général de la Fraternité St Pie X, et de son premier assistant :
-
Mgr Fellay, le 17 février 2009 à Flavigny (France) : « Tout cela, ce n’est que de la politique » (cité dans lettre de
démission de l’Abbé Ceriani, annexe : lettre du 20 /07 /09, publié sur
Tradinews le 10 août 2009 « Enfin
le 17 février 2009 à Flavigny, (…) à mon objection sur ce que vous avez demandé
à Rome et ce que Rome vous a concédé, en présence de l’Abbé de CACQUERAY, vous vous êtes réfugié
derrière cette réponse stupéfiante : “Vous
comprenez monsieur l’Abbé, tout cela, ce n’est que de la politique.” »
-
L’Abbé Pflüger, le 29 septembre 2011 à Hattensheim (Allemagne): « La diplomatie joue ici un rôle important. »
Quels que
soient les motifs et les intentions, les brebis sont bien à plaindre avec de
tels pasteurs :
-
(Thess. I.2.2-8) : « Frères, nous avons trouvé en Dieu le courage de vous
annoncer le divin évangile au milieu de bien des combats. Car notre
prédication ne s’inspire ni de l’erreur ni de motifs impurs, pas plus qu’elle n’est
entachée de fourberie. Loin de là : Dieu nous ayant jugés dignes de
nous confier l’évangile, nous parlons non pour plaire aux hommes mais à Dieu
qui juge les cœurs. Jamais en effet, vous le savez, nous n’avons eu de
paroles flatteuses, jamais d’arrière-pensée de cupidité, Dieu en est
témoin ; nous n’avons pas non plus recherché la gloire humaine, ni chez
vous, ni chez les autres. » Épître de la messe de St Pie X.
Annexe
au sujet de l’annonce de la réunion du 14 septembre 2011 : contradictions
et mensonges.
1°) « Le 15 août dernier, lors de l’Université
d’été de la FSSPX qui s’est tenue près de Saint-Malo, notre Supérieur Général Monseigneur
Bernard FELLAY, a confirmé la nouvelle qu’il était invité, lui et ses
deux Assistants, à une réunion avec le Cardinal William LEVADA, préfet de la
Congrégation pour la doctrine de la foi (et de la Commission Ecclesia Dei
qui lui est rattachée), le 14 septembre prochain à Rome.
Le 17 juin 2011, au cours du sermon des ordinations
sacerdotales au séminaire Saint-Thomas d’Aquin de Winona (Etats-Unis),
Monseigneur FELLAY avait déclaré :
« La vérité est que j’ai été invité à me rendre à
Rome auprès du cardinal LEVADA, et que ce sera pour la mi-septembre. C’est tout
ce que je sais. Cela concerne les entretiens que nous avons eus avec Rome après
lesquels, comme cela a été dit, « les documents de synthèse seront remis
aux plus hautes autorités ». Ce sont les mots exacts, et c’est la seule
chose que je connaisse du futur, tout le reste ne serait qu’invention. Alors,
je vous en prie, ne courez pas après ces rumeurs. »
Selon le
plan de route transmis au Supérieur général, le but de cette réunion est
d’évaluer les discussions doctrinales ayant eu lieu entre Rome et la Fraternité
Sacerdotale Saint- Pie X depuis octobre 2009.
Monseigneur
FELLAY a également précisé ce 15 août qu’il n’avait pas reçu d’autres
précisions. »
Abbé Régis de Cacqueray, Supérieur du District de
France de la FSSPX
2°) Sur le site allemand de la Fraternité, la
rencontre de Mgr Fellay et de ses deux assistants à Rome avec le Cardinal
Levada pour le 14 septembre est annoncée par une citation entre guillemets pour
« discuter du résultat des discussions théologiques entre le St-Siège et
la Fraternité. »
L’article continue (mais sans guillemets cette fois)
et l’auteur (anonyme) se félicite que les deux assistants de Mgr Fellay soient
invités à Rome également. Ce fait est remarquable, dit l’article.
Puis l’auteur de l’article souligne le climat
excellent dans lequel se sont déroulées ces discussions théologiques, rappelle
la levée du décret d’excommunication (alors que jusque-là, il était question
sur ce site de retrait des excommunications) et ajoute que, malgré ce retrait,
jusqu’alors la situation canonique de la Fraternité n’a pas été résolue.
Et c’est alors qu’apparaît
cette phrase (toujours de l’auteur anonyme de l’article) :
« Es
wird allgemein angenommen, dass es sich bei dem Treffen um die
kirchenrechtliche Situation der Bruderschaft drehen wird. »
C’est-à-dire : « Il est
généralement admis qu’à l’occasion de cette rencontre on traitera de la
situation canonique de la Fraternité. »
A noter les tournures impersonnelles :
« Il est admis » « on traitera ».
3°) DICI 30 AOUT 2011 :
« Sur
les perspectives d’avenir, la lettre du cardinal Levada ne donne aucune
précision, mais certains – dans la presse et ailleurs (1)… –
se croient autorisés à avancer des hypothèses, parlant de la proposition d’un protocole d’accord sur l’interprétation
du Concile Vatican II, et envisageant l’institution d’une prélature, voire d’un
ordinariat… Ces hypothèses relèvent du virtuel et n’engagent que leurs
auteurs. La Fraternité Saint-Pie X s’en tient aux actes officiels et aux
faits avérés. »
(1) : ailleurs = site
allemand de l’Abbé Schmidberger (voir plus haut) et Commentaire Eleison du 20
août 2011 : « Il semble raisonnable d'anticiper qu'à la base de ces
Discussions Rome va annoncer sa décision le 14 septembre pour ses rapports
futurs avec la FSSPX »
4°) SERMON DE MGR FELLAY WINONA 2 FEVRIER 2012 :
« Ce que je viens de décrire se passait pendant
les discussions à la fin desquelles nous recevions l’invitation de Rome. Dans cette invitation se trouvait la
proposition d’une solution canonique pour régulariser notre situation. »