SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres n°55 - mise en ligne par La Porte Latine - Septembre 2012
Le prêtre doit diriger, il doit régir, il doit commander : bref, il doit gouverner les âmes, c’est-à-dire prendre toutes les mesures susceptibles de leur favoriser l’accès au Ciel, en les guidant, en leur montrant le chemin.
L’exercice de l’autorité est chose sainte et précieuse entre toutes. Il n’y a pas de notion qui soit plus galvaudée, voire méprisée aujourd’hui, avec la paternité dont elle est la source. Or la défaillance de l’autorité entraîne la mort de toutes les sociétés. Elle est remplacée par la tyrannie, tyrannie des personnes qui abusent de leur autorité ou tyrannie impersonnelle du nombre.
L’autorité se reçoit certes de Dieu, mais en même elle se conquiert par la correspondance au don de Dieu. En particulier, le détenteur humain de l’autorité doit toujours manifester que cette autorité ne lui appartient pas, qu’il n’en est que le vecteur, le support. Car des hommes bien nés, s’ils acceptent évidemment d’obéir à Dieu, éprouvent une légitime difficulté à obéir à un autre homme : il est donc nécessaire de manifester clairement qu’en obéissant au représentant de Dieu, c’est à Dieu même et non à un homme imparfait qu’ils obéissent en réalité.
Si celui qui est investi de l’autorité, et en particulier le prêtre, a toujours soin de manifester qu’il n’est que le délégué provisoire de Dieu, par le fait même l’autorité perdurera lorsqu’il aura disparu, par une mutation ou par la mort. Si le prêtre possède réellement une autorité qu’il doit exercer de façon personnelle, paternellement, et même maternellement s’il le faut, l’autorité en elle-même est impersonnelle, car son unique et véritable détenteur reste toujours Dieu lui-même.
Le prêtre doit toujours vivre en pensant que les dons dont il est le dépositaire ne lui appartiennent pas : ils lui ont été confiés, et on lui demandera compte de la manière dont il les aura utilisés. Il n’en est pas digne, en réalité. Aussi, doit-il les utiliser, sans doute avec toute l’autorité nécessaire qui lui vient du Christ, mais aussi avec toute l’humilité requise vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis des fidèles.
Aussi le prêtre ne doit-il pas croire que, parce qu’il a reçu ce don du sacerdoce, cela l’autorise à abuser de son autorité sur les fidèles. En effet, une telle attitude orgueilleuse et erronée représenterait un obstacle à l’expansion des grâces du Saint-Esprit et au profit que les fidèles en retirent.
Le prêtre possède une réelle autorité, reçue du ChristCe rôle apostolique du prêtre est une participation à l’autorité même de Jésus-Christ. Il est donc important, capital, que le prêtre, qui participe à cette autorité, à ce pouvoir, à ce ministère de Notre-Seigneur, l’exerce de la manière que Notre-Seigneur veut.
L’exercice de l’autorité est chose sainte et précieuse entre toutes. Il n’y a pas de notion qui soit plus galvaudée, voire méprisée aujourd’hui, avec la paternité dont elle est la source. Or la défaillance de l’autorité entraîne la mort de toutes les sociétés. Elle est remplacée par la tyrannie, tyrannie des personnes qui abusent de leur autorité ou tyrannie impersonnelle du nombre.
L’autorité se reçoit certes de Dieu, mais en même elle se conquiert par la correspondance au don de Dieu. En particulier, le détenteur humain de l’autorité doit toujours manifester que cette autorité ne lui appartient pas, qu’il n’en est que le vecteur, le support. Car des hommes bien nés, s’ils acceptent évidemment d’obéir à Dieu, éprouvent une légitime difficulté à obéir à un autre homme : il est donc nécessaire de manifester clairement qu’en obéissant au représentant de Dieu, c’est à Dieu même et non à un homme imparfait qu’ils obéissent en réalité.
Si celui qui est investi de l’autorité, et en particulier le prêtre, a toujours soin de manifester qu’il n’est que le délégué provisoire de Dieu, par le fait même l’autorité perdurera lorsqu’il aura disparu, par une mutation ou par la mort. Si le prêtre possède réellement une autorité qu’il doit exercer de façon personnelle, paternellement, et même maternellement s’il le faut, l’autorité en elle-même est impersonnelle, car son unique et véritable détenteur reste toujours Dieu lui-même.
Une pratique humble de cette autoritéLe prêtre ne doit donc pas agir dans l’apostolat en donnant l’impression que ce ministère viendrait de lui-même, de ses dons humains, qu’il en serait le détenteur par sa propre vertu. Le résultat en serait d’avoir une certaine suffisance, de dédain pour les fidèles. Cette attitude ne convient pas du tout au prêtre, à celui qui, en réalité, ne fait que participer à l’autorité même de Jésus-Christ.
Le prêtre doit toujours vivre en pensant que les dons dont il est le dépositaire ne lui appartiennent pas : ils lui ont été confiés, et on lui demandera compte de la manière dont il les aura utilisés. Il n’en est pas digne, en réalité. Aussi, doit-il les utiliser, sans doute avec toute l’autorité nécessaire qui lui vient du Christ, mais aussi avec toute l’humilité requise vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis des fidèles.
Aussi le prêtre ne doit-il pas croire que, parce qu’il a reçu ce don du sacerdoce, cela l’autorise à abuser de son autorité sur les fidèles. En effet, une telle attitude orgueilleuse et erronée représenterait un obstacle à l’expansion des grâces du Saint-Esprit et au profit que les fidèles en retirent.
Bonté et douceur chez le pasteur
Nous devons nous souvenir tout spécialement, dans notre apostolat, de cette parole de Notre-Seigneur : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur ». Imiter ce parfait modèle, c’est le moyen de réussir son apostolat : ceux qui sont doux et humbles attirent réellement les âmes.
Il ne s’agit pas d’abandonner la vérité, ni même de la cacher, mais il faut éclairer les âmes avec douceur, avec bonté, avec humilité, en se sachant pécheur et en comprenant, par conséquent, les difficultés de ceux qui sont dans la douleur, dans la peine et dans le désordre moral.
Il s’agit de guider les hommes dans leurs anxiétés, dans leurs difficultés, dans leurs obscurités. Il s’agit de recevoir les âmes avec charité, avec patience, avec mansuétude, avec longanimité, en sorte qu’elles aient l’impression fondée d’approcher Jésus lui-même. Il s’agit aussi d’aller chercher les âmes, d’aller les visiter là où elles sont : dans leurs épreuves, souvent, dans leurs peines. Les fidèles attendent ce coeur de père, ce coeur de mère, de la part du prêtre, pour panser leurs plaies, notamment celles du péché, et pour les aider à porter avec vaillance leur croix à la suite du divin Crucifié.
Guider et encourager les vivants, secourir les malades, conduire les morts à leur dernière demeure, prier pour les défunts : magnifique programme de la vie sacerdotale !
D’abord, il y a une certaine lassitude qui peut naître de l’habitude, de la répétition des mêmes actes : ceux-ci finissent par perdre de leur relief, de leur importance, et on risque de n’y plus faire attention. La ferveur qui nous soulevait au moment de l’ordination semble s’être comme évaporée.
De plus, nous avons rencontré dans notre apostolat un certain insuccès. Nous espérions que les fruits seraient beaucoup plus abondants, beaucoup plus visibles : mais, finalement, après quelques années, nous sommes obligés de constater qu’ils sont bien plus limités que prévu. Les âmes ne se sanctifient pas aussi vite et aussi parfaitement que nous le désirions.
Enfin, notre vie sacerdotale ne se déroule pas exactement comme nous l’envisagions. Nous imaginions des prédications ardentes, des cérémonies magnifiques, des âmes qui vibrent avec nous par la grâce. Et ce sont souvent des réunions interminables, des permanences où les « clients » sont rares, d’irritants soucis matériels, d’arides préparations. A cela peut s’ajouter telle mutation difficile, telle déception, tel abandon, telle tristesse.
Les foules qu’il avait évangélisées et soignées miraculeusement l’avaient abandonné et, pour une part, voué à la mort. Les autorités du peuple saint l’avaient fait condamner. Ses Apôtres, qu’il avait choisis et formés durant trois ans, s’étaient enfuis. L’un d’entre eux l’avait trahi pour de l’argent, tandis que leur chef s’apprêtait à le renier. Pourtant, c’était au moment de cet apparent échec qu’il s’apprêtait à mener la bataille décisive et à remporter l’éclatante victoire qui assurerait la gloire de son Père et le salut de l’humanité.
Nous sommes les disciples, les amis choisis de celui qui a souffert et qui est mort sur la croix : nous ne pouvons donc penser vivre sans souffrances et sans épreuves. Mais ces croix sont aussi et surtout des grâces, le gage de la véritable fécondité de notre apostolat : « Si le grain ne meurt, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit».
Par ailleurs, malgré les difficultés et les déceptions que le prêtre peut rencontrer, il trouve de réelles consolations. Mystérieusement, la grâce de Dieu lui envoie des âmes qui vivent de la foi, qui s’unissent profondément à Notre Seigneur Jésus-Christ. Et le prêtre a souvent la grande joie de s’apercevoir qu’il n’a pas été sans influence sur l’évolution spirituelle de ces âmes : un mot de lui, un geste, un sourire, une présence ont pu représenter un élément déclencheur que l’Esprit de Dieu a su utiliser.
En réalité, il n’y a pas une vocation qui procure un bonheur plus profond, un bonheur plus intime, même à travers les épreuves, que le sacerdoce, mais à condition de le vivre pleinement, totalement, et non pas médiocrement.
Il ne s’agit pas d’abandonner la vérité, ni même de la cacher, mais il faut éclairer les âmes avec douceur, avec bonté, avec humilité, en se sachant pécheur et en comprenant, par conséquent, les difficultés de ceux qui sont dans la douleur, dans la peine et dans le désordre moral.
Il s’agit de guider les hommes dans leurs anxiétés, dans leurs difficultés, dans leurs obscurités. Il s’agit de recevoir les âmes avec charité, avec patience, avec mansuétude, avec longanimité, en sorte qu’elles aient l’impression fondée d’approcher Jésus lui-même. Il s’agit aussi d’aller chercher les âmes, d’aller les visiter là où elles sont : dans leurs épreuves, souvent, dans leurs peines. Les fidèles attendent ce coeur de père, ce coeur de mère, de la part du prêtre, pour panser leurs plaies, notamment celles du péché, et pour les aider à porter avec vaillance leur croix à la suite du divin Crucifié.
Guider et encourager les vivants, secourir les malades, conduire les morts à leur dernière demeure, prier pour les défunts : magnifique programme de la vie sacerdotale !
Les épreuves de l’apostolatJésus-Christ nous en a prévenus, lorsqu’il a donné aux Apôtres un aperçu de leur futur apostolat : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ». Notre-Seigneur et les Apôtres ont souffert dans leur mission. Donc, après eux, le prêtre va également rencontrer dans son ministère des difficultés, des épreuves, des oppositions, disons en langage chrétien des croix.
D’abord, il y a une certaine lassitude qui peut naître de l’habitude, de la répétition des mêmes actes : ceux-ci finissent par perdre de leur relief, de leur importance, et on risque de n’y plus faire attention. La ferveur qui nous soulevait au moment de l’ordination semble s’être comme évaporée.
De plus, nous avons rencontré dans notre apostolat un certain insuccès. Nous espérions que les fruits seraient beaucoup plus abondants, beaucoup plus visibles : mais, finalement, après quelques années, nous sommes obligés de constater qu’ils sont bien plus limités que prévu. Les âmes ne se sanctifient pas aussi vite et aussi parfaitement que nous le désirions.
Enfin, notre vie sacerdotale ne se déroule pas exactement comme nous l’envisagions. Nous imaginions des prédications ardentes, des cérémonies magnifiques, des âmes qui vibrent avec nous par la grâce. Et ce sont souvent des réunions interminables, des permanences où les « clients » sont rares, d’irritants soucis matériels, d’arides préparations. A cela peut s’ajouter telle mutation difficile, telle déception, tel abandon, telle tristesse.
Regarder notre MaîtreLorsque nous sommes ainsi tentés par un certain découragement, lorsque nous sommes quelque peu désabusés par rapport à la réalité de notre apostolat, lorsque nous sommes sur le point de croire que nous n’avons rien fait d’utile, regardons notre Maître. Où en était-il, au soir du Jeudi saint?
Les foules qu’il avait évangélisées et soignées miraculeusement l’avaient abandonné et, pour une part, voué à la mort. Les autorités du peuple saint l’avaient fait condamner. Ses Apôtres, qu’il avait choisis et formés durant trois ans, s’étaient enfuis. L’un d’entre eux l’avait trahi pour de l’argent, tandis que leur chef s’apprêtait à le renier. Pourtant, c’était au moment de cet apparent échec qu’il s’apprêtait à mener la bataille décisive et à remporter l’éclatante victoire qui assurerait la gloire de son Père et le salut de l’humanité.
Nous sommes les disciples, les amis choisis de celui qui a souffert et qui est mort sur la croix : nous ne pouvons donc penser vivre sans souffrances et sans épreuves. Mais ces croix sont aussi et surtout des grâces, le gage de la véritable fécondité de notre apostolat : « Si le grain ne meurt, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit».
Par ailleurs, malgré les difficultés et les déceptions que le prêtre peut rencontrer, il trouve de réelles consolations. Mystérieusement, la grâce de Dieu lui envoie des âmes qui vivent de la foi, qui s’unissent profondément à Notre Seigneur Jésus-Christ. Et le prêtre a souvent la grande joie de s’apercevoir qu’il n’a pas été sans influence sur l’évolution spirituelle de ces âmes : un mot de lui, un geste, un sourire, une présence ont pu représenter un élément déclencheur que l’Esprit de Dieu a su utiliser.
En réalité, il n’y a pas une vocation qui procure un bonheur plus profond, un bonheur plus intime, même à travers les épreuves, que le sacerdoce, mais à condition de le vivre pleinement, totalement, et non pas médiocrement.