31 octobre 2014

[La Porte Latine / FSSPX France] Cardinal Burke: un Prince de l'Eglise interdit de messe en Autriche!

SOURCE - La Porte Latine / FSSPX France - 31 octobre 2014

Son Eminence le cardinal Raymond Leo Burke [Photo ci-dessus], Prince de l'Eglise, Préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique, membre de la Congrégation pour le clergé, membre du conseil pontifical pour les textes législatifs, membre de la Congrégation pour les évêques (1), vient de se voir traité par "l'Eglise en Autriche" comme un insignifiant petit vicaire de la Tradition...

En effet, passant outre aux plus élémentaires règles de politesse et au droit canon (2), le Père Bernhard Backovsky (3) a interdit de messe ce cardinal qui a le front de vouloir célébrer une messe dite de saint Pie V pourtant "libérée" par le Motu Proprio Summorum Pontificum promulgué en 2007 par le pape Benoît XVI !

Personne jusqu'à ce jour n'aurait pu simplement imaginer que Mgr Burke, bi-ritualiste très proche des milieux Ecclesia Dei Adflicta, subirait les mêmes outrages que les Frères Franciscains de l'Immaculée ou que les prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X qui se voient très souvent refuser l'accès aux églises construites pour célébrer la messe de toujours.

Nul doute que le Prévôt des chanoines de Klosterneuburg est plus "en communion" avec les Dominicains polonais qui dansent sur l'air de Bad Romance de Lady Gaga qu'avec Mgr Burke (4) qui ne devrait plus attendre bien longtemps pour être taxé, lui aussi, de trop "crypto-lefévbriste" !

La Porte Latine
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(1) En décembre 2013, son mandat à la Congrégation pour les évêques n'a pas été renouvelé par le Pape François
(2) CODE DE DROIT CANONIQUE - Auctoritatae Ioannis Pauli PP. II Promulgatus Datum Romae, die xxv Ianuarii, anno MCMLXXXIII. Canon 357 - § 2. Les Cardinaux qui se trouvent hors de Rome et hors de leur propre diocèse sont exempts, en ce qui concerne leur propre personne, du pouvoir de gouvernement de l'Évêque du diocèse où ils résident.
(3) Le Père Bernhard Backovsky est «Prévôt » ou «Abbé » du monastère des chanoines réguliers de Saint Augustin de Klosterneuburg en Autriche

[Adrien Bail - La Vie] Mgr Fellay s'emporte contre le synode

SOURCE - Adrien Bail - La Vie - 31 octobre 2014

Le supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FFSPX), en pèlerinage à Lourdes en début de semaine, s’est exprimé violemment contre le synode de la famille, dans un entretien publié par La Porte latine, le portail du district de France de la FFSPX.

« Il est évident que l’on veut arriver à banaliser la situation de personnes qui vivent dans l’adultère, vraiment dans une situation de péché », a-t-il estimé, notant toutefois qu’il faut « réfléchir comment aider ces personnes ». Le prélat a jugé « très grave » que l’on « touche à la morale, aux commandements de Dieu. Qu’on ait osé, pendant deux semaines laisser libre cours à l’opinion là où il n’y a pas de place pour l’opinion. »

Mgr Fellay s’est montré particulièrement virulent, accusant le synode d’ « ouvrir les portes de l’enfer ». « Ces prélats (les pères synodaux), qui ont reçu le pouvoir d’ouvrir les portes du Ciel, sont en train de les fermer et d’ouvrir les portes de l’enfer ».
Béatification

Il a par ailleurs regretté la béatification du pape Paul VI, laquelle, selon lui, amène à la conclusion« que tout le monde peut devenir saint, surtout si on est pro-Vatican II. Tout ce qui touche à Vatican II maintenant est saint, béatifié, canonisé. Il y a là une banalisation de la sainteté. »

Le 20 octobre, Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei, chargée des rapports avec les traditionalistes, avait indiqué à l’hebdomadaire Famille chrétienne ne pas vouloir imposer une « capitulation » à la FSSPX.

Mgr Pozzo avait noté que « les relations et les échanges (avec la FFSPX) se poursuivent depuis l’élection du pape François. Ils aident à clarifier les positions respectives sur les sujets controversés, pour éviter les incompréhensions et les malentendus, en maintenant vif l’espoir que les ­difficultés empêchant encore d’atteindre la pleine réconciliation et la pleine communion avec le Siège apostolique puissent être dépassées. »

30 octobre 2014

[Roberto de Mattei - Correspondance Européenne] Eglise catholique : vers le Synode 2015

SOURCE - Roberto de Mattei - Correspondance Européenne - 30 octobre 2014

«Das Drama geht weiter!» (“Le spectacle continue”) a déclaré dans une interview le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Monaco de Bavière (“La Repubblica”, 20 octobre 2014). Ce spectacle est celui du Synode des Evêques, où survint un coup de théâtre inattendu.

La Relatio post disceptationem presentée le 13 octobre, malgré les remaniements dont elle a fait l’objet, n’a pas obtenu la majorité des deux tiers attendue sur les deux points cruciaux : l’accès à la communion des divorcés remariés et l’ouverture aux couples homosexuels, le premier point atteignant 104 voix pour et 74 voix contre et le second 118 voix favorables contre 62 défavorables. Malgré l’évidente débâcle, le cardinal Marx, qui est l’un des plus fervents représentants de l’aile progressiste, s’est dit satisfait, parce que le processus révolutionnaire se fait en différentes étapes.

Sur certains sujets, il a expliqué que «nous avons fait deux pas en avant, puis un en arrière». Mais ce recul a été imposé par une résistance des Pères synodaux bien plus large que prévu. Pour comprendre la portée de l’évènement on peut se rappeler qu’au Concile Vatican II, malgré l’âpre débat en séance, les documents les plus contestés, comme Dignitatis Humanae et Nostra Aetate, furent approuvés avec 2308 voix contre 70 pour le premier et 2221 contre 88 pour le deuxième. Si alors on a parlé de consensus majoritaire, aujourd’hui la scission est évidente.

L’Eglise est aujourd’hui un champ de bataille, comme elle l’a été tant de fois, de Nicée à Vatican II, où se sont toujours affrontés non pas des conservateurs et des progressistes, mais les catholiques qui ne veulent pas toucher un iota du dépôt divin et ceux qui dans ce dépôt veulent introduire des nouveautés.

La phrase du pape François selon laquelle «Dieu ne craint pas ce qui est nouveau» doit être entendue dans un sens différent de celui qu’a voulu lui attribuer le Pontife : elle ne peut que signifier que Dieu ne craint pas les “novatores”, mais qu’il en détruit l’œuvre et confie le soin de les vaincre aux défenseurs du Magistère immuable de l’Eglise.

En matière de foi et de morale, toute exception appelle une règle et toute nouvelle règle ouvre la voie à un système normatif qui annule l’ancien. La nouveauté a une portée révolutionnaire qu’il faut saisir à son stade embryonnaire. Le cardinal George Pell, dans une interview télévisée au “Catholic New Service”, a défini la demande de communion des divorcés comme un cheval de Troie qui ouvre la voie à la reconnaissance des unions homosexuelles. En effet, le nombre de divorcés remariés qui demandent à recevoir la communion est négligeable.

C’est bien autre chose qui est en jeu : l’acceptation par l’Eglise de l’homosexualité, considérée non comme un péché ou une tendance désordonnée, mais comme une tension positive vers le bien, digne d’accueil pastoral et de protection juridique. Les cardinaux Marx et Schönborn ont été clairs à ce propos et le secrétaire adjoint du Synode Mgr Bruno Forte, élève de l’école de Tübingen, en a exécuté les desiderata, se révélant être l’auteur des passages les plus scabreux de la première Relatio.

La grande majorité des pères synodaux a rejeté les paragraphes scandaleux, mais ce que la doctrine n’admet pas est admis en revanche par la pratique, dans l’attente d’être confirmé par le prochain Synode. Pour de nombreux laïcs, prêtres et évêques, l’homosexualité peut être pratiquée, même si elle n’est pas admise de droit, parce qu’elle ne constitue pas un péché grave.

Cette question est liée à celle des cohabitations hors mariage. Si la sexualité hors mariage n’est pas un péché grave, mais une valeur positive, pourvu qu’elle s’exprime de façon stable et sincère, elle mérite donc d’être bénie par le prêtre et légalisée par l’Etat. Si c’est une valeur, et même un droit, et s’il existe un droit à la sexualité, on passe inévitablement de la cohabitation des divorcés au mariage homosexuel.

Le Magistère doctrinal de l’Eglise, qui n’a jamais changé en 2000 ans, enseigne que la pratique de l’homosexualité doit être considérée comme un péché contre-nature, qui entraîne non seulement la damnation éternelle des individus, mais aussi la ruine morale de la société. Les propos de saint Augustin dans ses Confessions résument la pensée des Pères : «les crimes contre nature, tels que ceux des sodomites, appellent partout et toujours l’horreur et le châtiment. Et quand bien même tous les peuples imitaient Sodome, ils seraient tenus de la même culpabilité devant la loi divine » (Confessions, c. III, p. 8).

Au cours des siècles, les pasteurs de l’Eglise ont recueilli et retransmis cet enseignement pérenne. Ainsi la morale chrétienne a toujours condamné sans réserves l’homosexualité, et a établi qu’à aucun titre ce vice ne peut prétendre à être légalisé par l’ordre juridique ni promus par le pouvoir politique.

Quand en 1994 le Parlement Européen vota sa première résolution en faveur du pseudo-mariage homosexuel, Jean-Paul II rappella dans son discours du 20 février 1994 que «l’approbation juridique de la pratique homosexuelle n’est pas moralement admissible. (…) Avec la résolution du Parlement Européen il a été demandé de légitimer un désordre moral. Le parlement a indûment conféré une valeur institutionnelle à des comportements déviants, non conformes au plan de Dieu. (…) En oubliant la parole du Christ – ‘la Vérité vous rendra libres’ (Jn 8, 32) – on a essayé d’indiquer aux habitants de notre continent le mal moral, la déviation, un particulier esclavage, commeune voie de libération, en falsifiant ainsi l’essence même de la famille».

Une brèche a été ouverte dans cet édifice doctrinal le 28 juillet 2013, lorsque sur le vol de retour du Brésil, le pape François tint ces propos explosifs : « Qui suis-je pour juger ? », paroles qui allaient être dès lors utilisées pour justifier toute transgression.Le jugement, avec la définition subséquente des vérités et la condamnation des erreurs, incombe par excellence au Vicaire du Christ, gardien suprême et juge de la foi et de la morale.

Se réclamant des propos de François, quelques évêques et cardinaux, pendant et en dehors des séances synodales, ont exprimé la demande que soit retenus les aspects positifs de l’union contre nature. Mais si l’un des péchés les plus graves cesse d’être reconnu comme tel, c’est le concept même du péché qui disparaît et reparaît cette conception luthérienne de la miséricorde qui a été anathématisée par le Concile de Trente.

On lit dans les canons sur la justification promulgués le 13 janvier 1547 : «‘Si quelqu’un dit que la foi qui justifie n’est rien d’autre que la confiance en la miséricorde divine’ (can. 12); ‘Si quelqu’un dit que le Christ Jésus a été donné par Dieu aux hommes comme rédempteur, en qui se confier, et non pas aussi comme législateur à qui obéir’ (can. 21); ‘qu’il n’y a pas de péché mortel, en dehors du manque de foi’ (can. 27), qu’il soit anathème ».

Ce sont des sujets théologiques qui ont une retombée sociale et que même les laïcs ont le droit et le devoir d’aborder, tandis que se rapproche non seulement le Synode 2015, mais aussi 2017, cinquième centenaire de la Révolution de Luther et premier centenaire de Fatima. Ce n’est pas un spectacle divertissant qui se déroule, comme le laisse entendre le cardinal Marx, mais un conflit difficile, qui engage le Ciel et la terre.

Les derniers actes seront dramatiques, mais l’épilogue certainement victorieux, selon la promesse divine, confirmée par la Vierge Marie à la Cova da Iria en 1917. Que l’Immaculée daigne accorder une persévérante pureté en pensées et actions à tous ceux qui dans l’ardeur du combat défendent avec courage l’intégrité de la foi catholique. (Roberto de Mattei)

[Abbé Renaud de la Motte, fsspx - Apostol] Non, l’Extrême-Onction ne tue pas!

SOURCE - Abbé Renaud de la Motte, fsspx - Apostol - Novembre 2014
Chers Fidèles,

Le jour arrivera, plus tôt que nous ne pensons, où la mort sera proche ; nous serons étendus sur notre couche, sans mouvement ; ceux qui nous entoureront nous regarderont, silencieux dans leur impuissance à nous aider ; nous n’aurons plus aucun contact vital avec le monde extérieur ; l’âme sera seule avec le Christ. Par ces quelques mots, Dom Marmion (1) remet chacun de nous devant cette réalité de la mort, la suprême épreuve. 

Tous, nous marchons ensemble vers cette éternité où tout sera consommé dans l’amour de notre Dieu. Et pour nous préparer, Notre-Seigneur a institué l’Extrême-Onction, sacrement qui nous donne la grâce dans ce moment si décisif de notre vie. Moment que nous devons craindre car la mort est la punition divine du péché: merces peccati mors, et cette crainte honore Dieu ; et si elle est accompagnée de l’espérance, elle honore Dieu beaucoup.

Jésus, notre modèle, n’est pas resté sur cette terre: Il est au Ciel et Il nous y a préparé notre place. Retenons ce premier motif qui nous oblige à nous détacher de la terre, et le premier principe de notre élévation vers le Ciel: c’est le Saint-Esprit, qui est au fond de notre âme comme une source vive de grâce et comme un feu divin qui lui donne la vie. Or, le propre du feu est de monter en haut, où est son centre et le lieu de son repos. Le second motif se trouve dans la sainte violence qu’emploie Jésus-Sauveur pour nous obliger à le suivre et à chercher notre bonheur dans le ciel. C’est par cette raison qu’Il a voulu que la terre fût toute couverte d’épines, et qu’Il a planté la croix dans toutes les parties du monde. Ouvrons les yeux: nous n’avons rien à espérer dans le monde et tous nos biens sont dans le Ciel!

Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les prêtres de l’Eglise, et qu’ils prient sur lui, l’oignant d’huile au nom du Seigneur. Et la prière de la Foi sauvera le malade ; le Seigneur le soulagera, et s’il a commis des péchés, ils lui seront remis (2).

Lorsque vous êtes malades et en danger de mort: n’attendez pas! Faîtes savoir autour de vous que vous souhaitez recevoir l’Extrême-Onction… Sans attendre d’être inconscient ou peut être mort… Ainsi reçues avec un grand esprit de foi et avec confiance, les grâces seront abondantes pour accepter la volonté du Bon Dieu.

L’expérience du ministère sacerdotal montre souvent que les proches, certainement affectés par la perspective d’une séparation et par la maladie, deviennent les ennemis de leurs parents! « Vous comprenez, la venue du prêtre va effrayer mon père ou ma mère!».

O ignorance fatale des secours de notre religion! Ou tout simplement, faiblesse devant les ruses du démon! 

Appeler le prêtre pour les siens au moment de la mort, c’est faire acte de justice, et plus précisément acte de piété filiale. Cicéron définissait la piété: « une vertu par laquelle nous rendons le service et le culte à nos parents et aux amis de notre patrie. » Dieu, premier principe de notre être, infiniment parfait en lui-même, réclame de manière éminente les devoirs de la religion. Après lui, se présentent les principes secondaires de notre existence et de notre direction: nos parents qui nous ont donné la vie ; notre patrie qui a protégé notre existence et notre éducation.

Quelques mots pour conclure sur le respect que nous devons manifester à nos proches: c’est justice aussi que de rendre le culte et l’honneur aux personnes élevées en dignité… On leur doit, en effet, l’honneur comme une reconnaissance de leur supériorité, et le culte ou le dévouement, en récompense des bienfaits reçus… Saint Thomas précise: tels sont le prince dans les rapports civils ; le chef d’armée, dans la guerre ; nos maîtres, dans l’enseignement. On pourrait ajouter nos prêtres, dans les sacrements qu’ils nous donnent ; l’Eglise, et son Chef, dans le salut qu’ils nous donnent. Vous trouverez un guide pratique pour recevoir le prêtre avec respect lorsqu’il vous apporte Jésus dans la sainte communion: c’est une occasion de manifester une foi vive en la Présence réelle.

Je vous bénis

Abbé Renaud de la Motte, Prieur
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1 In Le Christ, idéal du moine, pp 591
2 Jacq., V, 14,15

[Golias] Le retour des intégristes

SOURCE - Golias - 30 octobre 2014

Vite ! Sortez le champagne ! Si tout va bien – Deo gratias ! – la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) devrait pouvoir bénéficier d’une prélature personnelle, relevant donc de la seule autorité du pape, et ainsi, regagner le giron de l’Eglise!
Le dernier Synode a été un moment assez exceptionnel dans la vie de l’Eglise. Les évêques ont retrouvé une culture de débat avec la bénédiction de l’évêque de Rome. Certains ont même voulu opposer quelques cardinaux à François. Certes, celui-ci a soutenu la position ouverte du cardinal Kasper mais pour l’heure, il n’a pas voulu trancher et nous ne savons pas ce qu’il pense avec précision. Sur un tout autre sujet que celui de la famille, ce pape gouverne aussi avec beaucoup de finesse. Ne disait-il pas de lui-même qu’il est rusé ? Après avoir joué le jeu de l’ouverture synodale, il regarde ceux pour qui le dialogue ne peut être une méthode de recherche de la vérité : les intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X. Les lefebvristes pourraient bénéficier d’une prélature personnelle… comme l’Opus Dei. Alors qu’il y a peu, les fidèles de Mgr Lefebvre estimaient que les dissensions doctrinales étaient trop importantes pour imaginer un rapprochement avec Rome, désormais, s’ils disent le Credo, ils pourront continuer à ne pas adhérer aux formulations de Vatican II qu’ils récusent, notamment celles concernant la liberté de conscience ou de religion !
Cette réintégration permettrait de pouvoir récupérer quelques centaines de prêtres, ce qui est tentant. Mais dans l’optique pontificale, elle vise aussi à mieux surveiller la mouvance intégriste. Mieux vaut les avoir dedans et les canaliser que de les laisser faire et dire dehors ! Mais il n’y a sans doute pas que de la ruse dans le gouvernement pontifical. Le pape vient d’ailleurs de redire qu’il désirait un rapprochement avec les orthodoxes. Il s’agit aussi pour lui de mystique, à la suite de saint Ignace. L’unité de l’Eglise est un enjeu majeur de crédibilité dans un monde prompt aux divisions communautaristes. Mais la tentation du repli sur soi ou de l’agressivité à l’égard de l’autre n’est pas nécessairement négative. François l’a dit en clôturant les travaux de la première session du Synode sur la famille : « Les tentations ne doivent ni nous effrayer ni nous déconcerter et encore moins nous décourager, parce qu’aucun disciple n’est plus grand que son maitre. Donc si Jésus a été tenté, ses disciples ne doivent pas s’attendre à un traitement meilleur. Personnellement, j’aurais été très préoccupé et attristé s’il n’y avait pas eu ces tentations et ces discussions animées, ces mouvements de l’esprit, comme les appelait saint Ignace de Loyola, si tous étaient d’accord ou taciturnes dans une fausse et quiétiste paix. »

On le sait, puisqu’il l’a dit dès le début de son pontificat, François apprécie Michel de Certeau. Le jésuite français aimait dire que l’autre lui manquait, celui qui ne pense pas, ne croit pas, n’agit pas comme lui… Et si le pape réussissait à mettre en œuvre une véritable culture du dialogue entre tous dans l’Eglise, une ecclésiologie de la conversation, selon le mot de Paul VI dans Ecclesiam Suam…

[Roberto de Mattei - Correspondance Européenne] Eglise catholique : vers le Synode 2015

SOURCE - Roberto de Mattei - Correspondance Européenne - 30 octobre 2014

 «Das Drama geht weiter!» (“Le spectacle continue”) a déclaré dans une interview le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich de Bavière (“La Repubblica”, 20 octobre 2014). Ce spectacle est celui du Synode des Evêques, où survint un coup de théâtre innattendu.
La Relatio post disceptationem presentée le 13 octobre, malgré les remaniements dont elle a fait l’objet, n’a pas obtenu la majorité des deux tiers attendue sur les deux points cruciaux : l’accès à la communion des divorcés remariés et l’ouverture aux couples homosexuels, le premier point atteignant 104 voix pour et 74 voix contre et le second 118 voix favorables contre 62 défavorables. Malgré l’évidente débâcle, le cardinal Marx, qui est l’un des plus fervents représentants de l’aile progressiste, s’est dit satisfait, parce que le processus révolutionnaire se fait en différentes étapes.

Sur certains sujets, il a expliqué que «nous avons fait deux pas en avant, puis un en arrière». Mais ce recul a été imposé par une résistance des Pères synodaux bien plus large que prévu. Pour comprendre la portée de l’évènement on peut se rappeler qu’au Concile Vatican II, malgré l’âpre débat en séance, les documents les plus contestés, comme Dignitatis Humanae et Nostra Aetate, furent approuvés avec 2308 voix contre 70 pour le premier et 2221 contre 88 pour le deuxième. Si alors on a parlé de consensus majoritaire, aujourd’hui la scission est évidente.

L’Eglise est aujourd’hui un champ de bataille, comme elle l’a été tant de fois, de Nicée à Vatican II, où se sont toujours affrontés non pas des conservateurs et des progressistes, mais les catholiques qui ne veulent pas toucher un iota du dépôt divin et ceux qui dans ce dépôt veulent introduire des nouveautés.

La phrase du pape François selon laquelle «Dieu ne craint pas ce qui est nouveau» doit être entendue dans un sens différent de celui qu’a voulu lui attribuer le Pontife : elle ne peut que signifier que Dieu ne craint pas les “novatores”, mais qu’il en détruit l’œuvre et confie le soin de les vaincre aux défenseurs du Magistère immuable de l’Eglise.

En matière de foi et de morale, toute exception appelle une règle et toute nouvelle règle ouvre la voie à un système normatif qui annule l’ancien. La nouveauté a une portée révolutionnaire qu’il faut saisir à son stade embryonnaire. Le cardinal George Pell, dans une interview télévisée au “Catholic New Service”, a défini la demande de communion des divorcés comme un cheval de Troie qui ouvre la voie à la reconnaissance des unions homosexuelles. En effet, le nombre de divorcés remariés qui demandent à recevoir la communion est négligeable.

C’est bien autre chose qui est en jeu : l’acceptation par l’Eglise de l’homosexualité, considérée non comme un péché ou une tendance désordonnée, mais comme une tension positive vers le bien, digne d’accueil pastoral et de protection juridique. Les cardinaux Marx et Schönborn ont été clairs à ce propos et le secrétaire adjoint du Synode Mgr Bruno Forte, élève de l’école de Tübingen, en a exécuté les desiderata, se révélant être l’auteur des passages les plus scabreux de la première Relatio.

La grande majorité des pères synodaux a rejeté les paragraphes scandaleux, mais ce que la doctrine n’admet pas est admis en revanche par la pratique, dans l’attente d’être confirmé par le prochain Synode. Pour de nombreux laïcs, prêtres et évêques, l’homosexualité peut être pratiquée, même si elle n’est pas admise de droit, parce qu’elle ne constitue pas un péché grave.

Cette question est liée à celle des cohabitations hors mariage. Si la sexualité hors mariage n’est pas un péché grave, mais une valeur positive, pourvu qu’elle s’exprime de façon stable et sincère, elle mérite donc d’être bénie par le prêtre et légalisée par l’Etat. Si c’est une valeur, et même un droit, et s’il existe un droit à la sexualité, on passe inévitablement de la cohabitation des divorcés au mariage homosexuel.

Le Magistère doctrinal de l’Eglise, qui n’a jamais changé en 2000 ans, enseigne que la pratique de l’homosexualité doit être considérée comme un péché contre-nature, qui entraîne non seulement la damnation éternelle des individus, mais aussi la ruine morale de la société. Les propos de saint Augustin dans ses Confessions résument la pensée des Pères : «les crimes contre nature, tels que ceux des sodomites, appellent partout et toujours l’horreur et le châtiment. Et quand bien même tous les peuples imitaient Sodome, ils seraient tenus de la même culpabilité devant la loi divine » (Confessions, c. III, p. 8).

Au cours des siècles, les pasteurs de l’Eglise ont recueilli et retransmis cet enseignement pérenne. Ainsi la morale chrétienne a toujours condamné sans réserves l’homosexualité, et a établi qu’à aucun titre ce vice ne peut prétendre à être légalisé par l’ordre juridique ni promus par le pouvoir politique.

Quand en 1994 le Parlement Européen vota sa première résolution en faveur du pseudo-mariage homosexuel, Jean-Paul II rappella dans son discours du 20 février 1994 que «l’approbation juridique de la pratique homosexuelle n’est pas moralement admissible. (…) Avec la résolution du Parlement Européen il a été demandé de légitimer un désordre moral. Le parlement a indûment conféré une valeur institutionnelle à des comportements déviants, non conformes au plan de Dieu. (…) En oubliant la parole du Christ – ‘la Vérité vous rendra libres’ (Jn 8, 32) – on a essayé d’indiquer aux habitants de notre continent le mal moral, la déviation, un particulier esclavage, commeune voie de libération, en falsifiant ainsi l’essence même de la famille».

Une brèche a été ouverte dans cet édifice doctrinal le 28 juillet 2013, lorsque sur le vol de retour du Brésil, le pape François tint ces propos explosifs : « Qui suis-je pour juger ? », paroles qui allaient être dès lors utilisées pour justifier toute transgression.Le jugement, avec la définition subséquente des vérités et la condamnation des erreurs, incombe par excellence au Vicaire du Christ, gardien suprême et juge de la foi et de la morale.

Se réclamant des propos de François, quelques évêques et cardinaux, pendant et en dehors des séances synodales, ont exprimé la demande que soit retenus les aspects positifs de l’union contre nature. Mais si l’un des péchés les plus graves cesse d’être reconnu comme tel, c’est le concept même du péché qui disparaît et reparaît cette conception luthérienne de la miséricorde qui a été anathématisée par le Concile de Trente.

On lit dans les canons sur la justification promulgués le 13 janvier 1547 : «‘Si quelqu’un dit que la foi qui justifie n’est rien d’autre que la confiance en la miséricorde divine’ (can. 12); ‘Si quelqu’un dit que le Christ Jésus a été donné par Dieu aux hommes comme rédempteur, en qui se confier, et non pas aussi comme législateur à qui obéir’ (can. 21); ‘qu’il n’y a pas de péché mortel, en dehors du manque de foi’ (can. 27), qu’il soit anathème ».

Ce sont des sujets théologiques qui ont une retombée sociale et que même les laïcs ont le droit et le devoir d’aborder, tandis que se rapproche non seulement le Synode 2015, mais aussi 2017, cinquième centenaire de la Révolution de Luther et premier centenaire de Fatima. Ce n’est pas un spectacle divertissant qui se déroule, comme le laisse entendre le cardinal Marx, mais un conflit difficile, qui engage le Ciel et la terre.

Les derniers actes seront dramatiques, mais l’épilogue certainement victorieux, selon la promesse divine, confirmée par la Vierge Marie à la Cova da Iria en 1917. Que l’Immaculée daigne accorder une persévérante pureté en pensées et actions à tous ceux qui dans l’ardeur du combat défendent avec courage l’intégrité de la foi catholique. (Roberto de Mattei)

[FSSPX Italie] A propos de la notification de Mgr Semeraro

SOURCE - District d'Italie de la Fraternité Saint Pie X - version française par CMdelaRocca - octobre 2014

Dans une notification du 14 octobre dernier, Mons. Marcello Semeraro, qui administre le Diocèse Suburbicaire d'Albano, a pensé de déclarer que la FSSPX n'est pas "une institution de l'Eglise Catholique" et que les fidèles ne doivent pas la fréquenter pour ne pas rompre la communion avec l'Eglise.

Nous pourrions répondre beaucoup de choses à Mons. Semeraro, en gardant son point de vue.

Nous pourrions lui demander s'il sait que la Fraternité a été érigée avec l'approbation de l'évêque de Fribourg en 1970, que le Saint Siège lui a conféré le Décret de Louange en 1971; s'il sait que la même maison de la fraternité à Albano, avec son oratoire semi-public pour y administrer les sacrements, a été érigée canoniquement par son prédécesseur Mons. Raffaele Macario le 22 février 1974 (prot. 140/74).

Nous pourrions aussi lui demander comment il concilie ses interdictions avec les déclarations officielles du St Siège, qui avec la réponse de la Commission Ecclesia Dei du 18 janvier 2003, disait qu'il est possible de satisfaire le précepte de la Messse dominicale " en assistant à une messe célébrée par un prêtre de la FSSPX"; où comment il pense que l'on puisse "rompre la communion avec l'Eglise" en allant à la messe de la FSSPX quand le St Siège lui-même ne retient plus hors de la communion les évêques de la même fraternité; où s'il pense que des présumées irrégularités canoniques équivalent à une rupture de la communion.

Nous pourrions aussi lui demander pourquoi lui, l'évêque, peut organiser une veillée œcuménique dans la cathédrale (18 janvier 2014) pour y prier avec des personnes qui certainement ne sont pas "en communion avec l'Eglise catholique" comme une "pasteur " évangélique et un évêque orthodoxe (orthodoxes auxquels en 2009 il a donné l'église San Francesco de Genzano, construite par nos pères pour le culte catholique); pendant que ses fidèles ne pourraient prier avec d'autres catholiques à la Messe de la Fraternité.

Nous pourrions lui demander pourquoi l'ouverture d'esprit du diocèse est si large à s'ouvrir le "premier forum des chrétiens homosexuels", tenu dans la maison des Pères Somaschi les 26-28 mars derniers,mais pas à ceux qui demeurent attachés à la Tradition de l'Eglise catholique.

Nous n'attendons pas de réponse sur ces points qui montrent de manière limpide les contradictions de Mons. Semeraro.

La Fraternité fonde son ministère envers tous les fidèles sur la nécessité de combattre les erreurs contre la foi catholique romaine qui sont diffusées dans l'Eglise par les évêques même: de l'indifférence œcuménique par llaquellese peut donner du crédit à toutes les religions comme si elles étaient des voies de salut, jetant à bas le Premier commandement de Dieu, jusqu'à l'adoption d'une liturgie qui s'éloigne de l'expression des dogmes de l'Eglise romaine pour devenir semi-protestante et irrévérencieuse. Erreur qui s'étendent toujours plus, comme il s'est vu au cours du dernier Synode , où sous apparence de miséricorde, l'on a discuté de la possibilité de modifier le Sixième Commandement et de renoncer dans les faits à l'indissolubilité du mariage chrétien.

L'état de grave nécessité générale, du à la diffusion capillaire d'erreurs contre la Foi de la part de la hiérarchie ecclésiastique fonde canoniquement le droit et le devoir de tout prêtre fidèle de donner les sacrements et une authentique instruction catholique à qui le demande.

La FSSPX, à l'exemple de son fondateur, continuera à transmettre intégralement le dépôt de la Foi et de la Morale catholique romaine, s'élevant ouvertement contre toutes les erreurs qui veulent les déformer, sans craindre les menaces et sanctions canoniques injustes puisque ce dépôt, ni Mons. Semeraro, ni aucun autre membre de la hiérarchie ne pourra jamais le changer. Comme le dit Saint Pierre: “il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes”.

Tous ceux qui désirent recevoir les sacrements comme l'Eglise les a administrés toujours, recevoir un catéchisme pour leurs enfants, une formation pour les adultes, une direction spirituelle et un réconfort pur les malades seront toujours les bienvenus.

Le district d'Italie de la Fraternité Saint Pie X.

[Correspondance Européenne / Abbé Barthe] Liturgie : pèlerinage à Rome du Summorum Pontificum

SOURCE - Correspondance Européenne /  Abbé Barthe - 30 octobre 2014

Le 3e pèlerinage Summorum Pontificum s’est déroulé à Rome du 23 au 26 octobre derniers, et la messe Pontificale célébrée par le cardinal Raymond Burke, préfet de la Signature Apostolique, dans la Basilique Saint-Pierre, en présence de plus de 300 prêtres et 2 000 pèlerins venus du monde entier, en a été l’événement le plus important. Correspondance européenne a interviewé l’abbé Claude Barthe, aumônier du pèlerinage.
- Quel est le but du pèlerinage Summorum Pontificum et que se propose-t-il ?
Ce pèlerinage a pour but de conduire au Tombeau de saint Pierre des prêtres diocésains ou membres de communautés traditionnelles, des religieux, des séminaristes de toutes provenances, des fidèles, qui pratiquent paisiblement dans le monde la liturgie traditionnelle grâce au Motu Proprio Summorum Pontificum. Des communautés, des groupes divers sont représentées, mais chaque clerc ou laïc qui y participe le fait à titre personnel. Cela permet plus de liberté et de souplesse, et cela permet aussi, je tiens à le souligner, que des fidèles et prêtres appartenant à la Fraternité Saint-Pie-X puissent être présents paisiblement. J’ajoute que, de même que toute messe est célébrée pro vivis et pro defunctis, dans un pèlerinage comme celui-là la prière pour les défunts importe : nous faisons mémoire de ceux qui nous ont précédé en œuvrant pour la renaissance de la liturgie traditionnelle.

Pas plus qu’en France le Pèlerinage annuel à Chartres de la liturgie traditionnelle, ce Pèlerinage à Rome n’est une « manifestation ». C’est un acte de piété, un moment de prière et d’imploration. Mais parmi d’autres initiatives (je pense aux congrès Summorum Pontificum organisés par le P. Vincenzo M. Nuara, à des messes à la Basilique Saint-Pierre, à des pèlerinages comme ceux d’Una Voce), dans une Église visible, ce pèlerinage manifeste visiblement, l’existence et la présence de la messe traditionnelle, toujours jeune et vivante, à Rome même, auprès de Pierre.
- Après la renonciation de Benoît XVI et avec l’élection du pape François peut-on parler d’une importance historique du Summorum Pontificum et de son actualité?
Il est fort possible que Summorum Pontificum du pape Benoît XVI apparaisse un jour comme le principal acte de son pontificat, celui qui en qualifiera et synthétisera toute la portée. Toutes choses égales, il a la valeur réelle et symbolique d’Humanæ vitæ, qui montrait que, malgré les grandes secousses consécutives au Concile, l’Église gardait un cap identique du point de vue moral. Summorum Pontificum,d’une autre manière,a montré que l’Eglise romaine n’avait nullement abandonné son antique liturgie. « Deux documents pontificaux ont eu un impact sur ma vie, a écrit Mgr Gullickson, nonce en Urkraine : le premier est Humanæ vitæ, publié par Paul VI ; l’autre est Summorum Pontificum, de Benoît XVI ».

Ces deux axes, celui de la morale et celui de la liturgie pourraient bien être décisifs dans les évolutions contrastées qui s’amorcent sous nos yeux. D’autant qu’on peut constater que ces documents ont de fait correspondu à deux milieux de réception qui se recoupent assez largement : un milieu de familles, généralement nombreuses et pratiquantes, observant fidèlement la morale conjugale, et un milieu cultivant une liturgie traditionnelle ou très classique. Milieux qui forment un catholicisme jeune, vivant, qui semble, certes, numériquement minoritaire, mais qui pèse considérablement dans un corps ecclésial qui s’exténue de plus en plus. C’est patent dans le domaine des vocations.

On peut d’ailleurs observer qu’après Benoît XVI la liturgie traditionnelle continue sa remontée : de nombreux fidèles tout simples, des prêtres, des séminaristes, des religieux découvrent aujourd’hui encore sa richesse spirituelle et liturgique, l’exceptionnelle pédagogie de la foi qu’elle représente et le ferment missionnaire qu’elle porte. L’acte de Benoît XVI a consolidé juridiquement – c’est son immense mérite – un mouvement préexistant, qui continue et va continuer.
- L’utilisation de la langue latine dans la liturgie est-elle encore indispensable ? Et pourquoi ?
Votre question me permet de dire d’abord que je suis tout à fait de l’avis du Professeur De Mattei, qui avait développé lors d’un congrès d’étude sur Summorum Pontificum, tenu à l’Université Angélique en 2011, ce thème : la langue latine est vraiment constitutive de la liturgie romaine elle-même, en vertu d’une nécessité déterminée par l’histoire, de même – ce n’est qu’une analogie – que la Ville de Rome est devenue le Siège de Pierre et de ses successeurs.

Bien sûr, la cassure culturelle qu’a provoquée la réforme liturgique en suite du dernier concile, conjuguée avec la quasi-disparition de l’enseignement des humanités, en tout cas en France, a torpillé le vaisseau déjà fragile dans les années 60 du XXe siècle latin liturgique. L’œuvre nécessaire de restauration liturgique est donc confrontée à ce redoutable problème cultuel et culturel : la perte d’habitude de la langue liturgique latine par les fidèles et même par les prêtres de 50 ans et moins. Mais la difficulté n’est pas insurmontable. La preuve par la multiplication des messes tridentines. La preuve par le public nouveau qui les fréquente, sans avoir jamais connu, par le passé, la messe en latin.

En fait, la disparition presque totale du latin dans le rit romain a participé de ce mouvement de profanation de la liturgie, au sens étymologique du terme, à ce mouvement d’entrée massive du profane moderne dans la liturgie, par lequel on a voulu mettre de plain-pied la vie de tous les jours, pétrie de modernité, avec l’ordre du divin, la célébration eucharistique prenant la figure familière d’un repas en commun, avec des paroles de simple urbanité, des gestes de convivialité, le langage de tous les jours. La remise en honneur de la langue de l’Eglise romaine, qui fait corps avec ce qu’elle véhicule, est un élément essentiel de la resacralisation de la liturgie et de la récupération de la mémoire religieuse brisée.
- Les prêtres doivent-ils être autorisés à célébrer la Messe selon le rite tridentin? Et peut-on lui interdire cette célébration? Le problème s’est posé avec les Franciscains de l’Immaculée.
Non, certainement pas ! Le Motu Proprio de 2007 est formel, et c’est même sa disposition la plus importante : aux messes célébrées sans peuple, tout prêtre de rite latin, séculier ou religieux, peut utiliser le missel tridentin en sa dernière édition typique, celle de 1962. La Lettre apostolique reconnaît la liberté per se d’une liturgie « jamais abrogée » : tout prêtre latin a donc un droit natif à la célébrer, sans avoir à demander de permission (et les fidèles ont donc un droit natif à y assister). Per accidens, pour la vie paisible des communautés chrétiennes, elle a règlementé la célébration publique de cette liturgie : pour les messes communautaires dans les Instituts religieux, la célébration doit être déterminée par les supérieurs majeurs.

En ce qui concerne les Franciscains de l’Immaculée, au minimum il n’était pas possible de leur interdire la célébration traditionnelle privée. Le décret qui les a frappés n’était au reste pas clairement rédigé sur ce point. En tout cas, les Franciscains du P. Manelli ont toujours au moins le droit inaliénable de célébrer individuellement la messe traditionnelle.
- Lex orandi lex credendi : pouvez-vous nous expliquer brièvement ce que signifie cette formule ?
Le fameux adage : Lex orandi, lex credendi, résume la phrase : legem credendi statuat lex supplicandi, « que la loi de la prière règle la loi de la foi », contenue dans une lettre aux évêques de Gaule attribuée au pape Célestin Ier. La lettre en question, à l’époque des querelles pélagiennes, visait certaines oraisons de la messe qui portent un enseignement d’une très grande élévation théologique sur la grâce.

Mais cela vaut pour tous les textes liturgiques, comme plus largement tous les éléments de la discipline universelle de l’Eglise, qui sont, pour ce qu’ils contiennent de foi et de morale, une des expressions du magistère ordinaire et universel : l’Eglise romaine ne peut pas induire en erreur ses fidèles dans la manière dont elle leur ordonne de prier ou de vivre. Naturellement, il faut qu’il s’agisse d’unelex universelle : il n’y a d’expression magistérielle que s’il y a obligation, laquelle est ultimement obligation de croire. Le Motu Proprio dit que la forme extraordinaire du rite romain comme la forme ordinaire sont deux expressions de la lex orandi. Pour la forme extraordinaire, il n’y a pas de problème. Pour la forme ordinaire, on comprend que c’est vrai dans la mesure où elle se présente comme une lex universelle, pour la part où elle l’est.

Comme on sait, la nouvelle liturgie est généralement au moins aussi « pastorale » que le Concile, et donc elle se veut intrinsèquement aussi peu lex orandi que le Concile ne se veut lex dogmatique : il y a une infinité de libres options de célébrations, de choix de textes, de traductions, d’interprétations. Mais de même que Vatican II rapporte de nombreux points infailliblement définis par le magistère antérieur, la nouvelle liturgie porte de nombreux éléments parfaitement traditionnels. Pourrait-on dire que la forme ordinaire est lex orandi pour ce qu’elle contient de la forme extraordinaire ? N’est-ce pas ce que voulait dire Benoît XVI en présentant la seconde comme un trésor qu’il fallait toujours garder sous les yeux ?
- On discute beaucoup sur le problème de l’administration de l’Eucharistie aux divorcés remariés. Ne pensez-vous pas que cette requête puisse être liée aussi à la perte du sens du sacrifice eucharistique?
Oui, assurément. Il me semble que c’est le cardinal Ruini qui a souligné que le problème que le Synode a cru devoir discuter venait à l’origine de ce qu’aujourd’hui pratiquement tous les participants à la messe communient toujours, et beaucoup d’entre eux sans jamais se confesser. Il y a une perte vertigineuse du sens du péché. On n’apprend plus que la communion au Christ vivant dans l’eucharistie est un « sacrement des vivants », qui exige de ceux qui le reçoivent qu’ils soient en état de grâce ou qu’ils recouvrent l’état de grâce, c’est-à-dire qu’ils lavent leur âme par le sacrement de la pénitence de ces péchés qui la mettent en état d’aversio a Deo. C’est aujourd’hui, pour les prêtres de paroisses conscients de leurs devoirs, un très grave problème pastoral. La célébration de la messe traditionnelle peut aider à délivrer cette catéchèse sur le péché et sur la grâce par l’admirable révérence, ô combien pédagogique, de la foi, dont elle entoure le sacrement.

29 octobre 2014

[Roberto de Mattei - Correspondance Européenne] Résister à la tendance hérétique / La relatio du card. Erdö efface d’un coup le péché et la loi naturelle

SOURCE - Correspondance Européenne - Roberto de Mattei - 29 octobre 2014

Correspondance Romaine - Sens du péché supprimé ; notions du bien et du mal abolies ; loi naturelle abrogée ; toute référence positive aux valeurs telles que la virginité et la chasteté archivée. Avec le discours présenté par le cardinal Péter Erdö le 13 octobre 2014 au Synode sur la famille, la révolution sexuelle s’introduit officiellement dans l’Eglise, avec des conséquences dévastatrices sur les âmes et la société.

La Relatio post disceptationem rédigée par le cardinal Erdö est le rapport de synthèse de la première semaine des travaux du Synode et aussi celui qui oriente ses conclusions. La première partie du document cherche à imposer, avec un langage dérivé du plus mauvais 1968, le «changement anthropologico-culturel» de la société comme un «défi» pour l’Eglise. A partir d’un tableau qui va de la polygamie et du «mariage par étapes» africains à la «pratique de la cohabitation” de la société occidentale, le rapport admet l’existence d’un «désir diffus de famille». Aucun élément d’évaluation morale n’est présent.

A la menace que représente l’individualisme et l’égoïsme individualiste, le texte oppose l’aspect positif du «relationnel», considéré comme un bien en soi, surtout quand il tend à se transformer en rapport stable (nn. 9-10). L’Eglise renonce à exprimer des jugements de valeur pour se limiter à «dire une parole d’espérance et de sens» (n. 11). Et on affirme donc un nouveau principe moral extraordinaire, la “ loi de la gradualité”, qui permet de recueillir des éléments positifs dans toutes les situations jusqu’alors définies par l’Eglise comme peccamineuses.

Le mal et le péché au sens propre n’existent plus. Il existe seulement des «formes imparfaites du bien» (n. 18), selon une doctrine des “degrés de communion” attribuée au concile Vatican II. «Un discernement spirituel étant donc nécessaire en ce qui concerne les cohabitations et les mariages civils ainsi que pour ce qui est des divorcés "remariés", il appartient à l’Église de reconnaître ces semina Verbi répandus hors des frontières visibles et sacramentelles» (n. 20).

Le problème des divorcés remariés sert de prétexte pour faire passer un principe qui démonte deux-mille ans de morale et de foi catholique. En suivant Gaudium et Spes, «l’Église se tourne avec respect vers ceux qui participent à sa vie de manière incomplète et imparfaite, appréciant plus les valeurs positives qu’ils conservent que leurs limites et leurs manquements» (ivi). Cela signifie que tombe toute espèce de condamnation morale, parce que tout péché constitue une forme imparfaite de bien, une façon incomplète de participer à la vie de l’Eglise.

«Dans ce sens, une nouvelle dimension de la pastorale familiale actuelle, consiste dans la prise en compte de la réalité des mariages civils et également, en faisant les différences nécessaires, des cohabitations» (n. 22). Et cette affirmation surtout : «En effet, lorsque l’union atteint une stabilité notable au travers d’un lien public, est marquée par une affection profonde, par la responsabilité vis-à-vis des enfants, par une capacité à résister dans les épreuves» (ivi). C’est ainsi qu’est renversée la doctrine de l’Eglise selon laquelle la stabilisation du péché au travers du mariage civil constitue un péché plus grave que l’union sexuelle occasionnelle et passagère, parce que cette dernière permet de revenir plus facilement dans la droite voie.

«Une nouvelle sensibilité de la pastorale d’aujourd’hui consiste à comprendre la réalité positive des mariages civils et, compte tenu des différences, des concubinages» (n. 36). La nouvelle pastorale impose donc le silence sur le mal, en renonçant à la conversion du pécheur et en acceptant le statu quo comme irréversible. C’est ce que le rapport appelle des «choix pastoraux courageux» (n. 40).

Le courage, à ce qu’il semble, ne consiste pas à s’opposer au mal, mais à s’y adapter. Les passages dédiés à l’accueil des personnes homosexuelles sont ceux qui ont paru les plus scandaleurx, mais ils sont la cohérence logique des principes exposés jusqu’ici. Même le premier passant rencontré dans la rue comprend bien que s’il est possible au divorcé remarié de s’approcher des sacrements, tout est permis, à commencer par le pseudo mariage homosexuel.

Jamais, au grand jamais, souligne Marco Politi sur “Il Fatto” du 14 octobre, on avait lu jusqu’alors une phrase de ce genre dans un document officiel produit par la hiérarchie ecclésiastique: «Les personnes homosexuelles ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne». Suivie d’une demande adressée aux évêques du monde entier : «sommes-nous en mesure d’accueillir ces personnes en leur garantissant un espace de fraternité dans nos communautés ? » (n. 50).

Bien qu’elle ne mette pas sur le même plan d’égalité les unions entre personnes du même sexe et le mariage entre homme et femme, l’Eglise se propose d’«élaborer des chemins réalistes de croissance affective et de maturité humaine et évangélique en intégrant la dimension sexuelle» (n. 51). «Sans nier les problématiques morales liées aux unions homosexuelles, on prend acte qu’il existe des cas où le soutien réciproque jusqu’au sacrifice constitue une aide précieuse pour la vie des partenaires»(n. 52).

Il n’est émis aucune objection de principe aux adoptions d’enfants par des couples homosexuels : on se limite à dire que «l’Église prête une attention spéciales aux enfants qui vivent avec des couples du même sexe, en insistant que les exigences et les droits des petits doivent toujours être au premier rang»(ivi). Dans la conférence de presse de présentation, Mgr Bruno Forte en est arrivé à souhaiter «une codification des droits qui puissent être garantis aux personnes unies de même sexe».

Les paroles foudroyantes de saint Paul selon lequel : “ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les effémines, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, ne mériteront le royaume de Dieu» (1 Cor 6, 9) perdent leur sens pour ceux qui jonglent avec la nouvelle morale pansexuelle. Pour eux, il faut recueillir la réalité positive de ce que fut le péché qui crie vengeance devant Dieu (Catéchisme de saint Pie X). A la “morale de l’interdit”, il faut substituer celle du dialogue et de la miséricorde et le slogan de 68, “interdit d’interdire” est remis à jour par la formule pastorale selon laquelle «on ne peut rien condamner». Ce ne sont pas seulement deux commandements qui tombent, le sixième et le neuvième qui interdisent pensées et actes impurs en dehors du mariage, mais c’est aussi l’idée-même d’un ordre naturel et divin objectif résumé dans le Décalogue.

Il n’existe pas d’actes intrinséquement illicites, ni vérités et valeurs morales pour lesquelles on doit être disposés à donner même sa vie (n. 51 e n. 94), comme le définit l’encyclique Veritatis Splendor. Sur le banc des accusés il n’y a pas seulement Veritatis Splendor et les récentes déclarations de la Congrégation pour la doctrine de la Foi en matière de morale sexuelle, mais le Concile de Trente lui-même qui donne une formule dogmatique des sept sacrements, à commencer par l’Eucharistie et le Mariage.

Tout commence en octobre 2013, quand le pape François, après avoir annoncé deux synodes sur la famille, le synode ordinaire et le synode extraordinaire, édite un Questionnaire qui s’adresse aux évêques du monde entier. L’usage fallacieux de sondages et de questionnaires est bien connu. L’opinion publique croit qu’un choix qui a été fait par une majorité est nécessairement le bon. Et les sondages attribuent à la majorité des opinions déjà prédéterminées par des manipulateurs. Le questionnaire voulu par le pape François a abordé les thèmes les plus brûlants, de la contraception à la communion des divorcés, des unions de fait aux mariages homosexuels, plus dans un but d’orientation que d’information. La première réponse publiée fut celle de la Conférence Episcopale allemande, le 3 février (“Il Regno Documenti”, 5 (2014), pp. 162-172) rendue publique clairement pour conditionner la préparation du Synode et surtout pour offrir au cardinal Kasper la base sociologique dont il avait besoin pour son rapport au Concistoire que le pape François lui avait confié. Ce qui émergeait était en effet le refus de la part des catholiques allemands «des affirmations de l’Eglise sur les rapports sexuels avant le mariage, l’homosexualité, les divorcés remariés et le contrôle des naissances» (p. 163). «Les réponses venues des diocèses laissent entrevoir à quel point est grande la distance entre les baptisés et la doctrine officielle surtout en ce qui concerne la vie commune avant le mariage, le contrôle des naissances et l’homosexualité»(p. 172). Cette distance n’était pas présentée comme un éloignement des catholiques du Magistère de l’Eglise, mais comme une incapacité de l’Eglise à comprendre et à soutenir son époque. Le cardinal Kasper, dans son rapport au Concistoire du 20 février parlera à propos de cette distance d’un “abîme” que l’Eglise aurait dû combler en s’adaptant à la praxis de l’immoralité.

Selon l’un des proches de Kasper, le prêtre gênois Giovanni Cereti, connu pour son étude tendancieuse sur le divorce dans l’Eglise primitive, le questionnaire a été divulgué par le pape François pour éviter que le débat se déroule «dans des salles secrètes» (“Il Regno-Attualità”, 6 (3014), p. 158). Mais s’il est vrai que le Pape a voulu que la discussion se déroule de manière transparente, on ne comprend pas sa décision de tenir le Concistoire extraordinaire de février puis le Synode d’octobre à huit clos. Le seul texte dont on ait eu connaissance, grâce au “Foglio”, fut ce rapport du cardinal Kasper. Puis, sur leurs travaux, le silence est retombé.

Dans son Journal du Concile, le 10 novembre 1962, le père Chenu cite cette phrase de don Giuseppe Dossetti, l’un des principaux meneurs du front progressiste : «La bataille efficace se joue sur la procédure. C’est toujours par cette voie que je l’ai emporté». Dans les assemblées le processus décisionnel n’appartient pas à la majorité, mais à la minorité qui tient sous contrôle la procédure.La démocratie n’existe pas dans la société politique et encore moins dans la société religieuse. La démocratie dans l’Eglise, a observé le philosophe Marcel de Corte, est un césarisme ecclésiastique, le pire de tous les régimes. Dans le processus du synode en cours, l’existence de ce césarisme ecclésiastique est démontré par le climat de lourde censure qui l’a accompagné jusqu’à présent.

Les vaticanistes les plus attentifs tels que Sandro Magister et Marco Tosatti ont souligné qu’à la différence des Synodes précédents on a refusé aux pères synodaux leurs interventions. Magister, rappelant la distinction faite par Benoît XVI entre le Concile Vatican II “réel” et le concile “virtuel” qui s’y superposa, a parlé d’un «dédoublement du synode en un synode réel et un synode virtuel, ce dernier étant construit par les médias qui mettent systématiquement l’accent sur les éléments qui correspondront le mieux à l’esprit du temps». Aujourd’hui cependant ce sont les textes mêmes du Synode qui s’imposent avec leur force révolutionnaire, sans possibilité de déformation par les médias qui se sont montrés littéralement stupéfaits de la puissance explosive de la Relatio du cardinal Erdö.

Naturellement ce document n’a aucune valeur magistérielle. Il est même permis de douter qu’il reflète la pensée réelle des Pères synodaux. La Relatio préfigure cependant la Relatio Synodi, le document de conclusion des assises des évêques.

Le vrai problème qui va se poser maintenant est celui de la résistance, annoncée par le livre Demeurer dans la Vérité du Christ des cardinaux Brandmüller, Burke, Caffarra, De Paolis et Müller (Cantagalli 2014). Le cardinal Burke, dans l’interview qu’il a accordée à Alessandro Gnocchi sur le “Foglio” du 14 octobre, a affirmé que d’éventuels changements apportés par le Pape à la doctrine ou à la praxis de l’Eglise seraient inacceptables, «parce que le Pontife est le Vicaire du Christ sur la terre et en cela le premier serviteur de la vérité de la foi. Connaissant l’enseignement du Christ, je ne vois pas comment on peut dévier de cet enseignement par une déclaration doctrinale ou une praxis pastorale qui ignorent la vérité».

Les évêques et les cardinaux, plus encore que les simples fidèles, se trouvent face à un terrible drame de conscience, bien plus grave que celui que durent affronter les martyrs anglais au XVIème siècle. En effet il s’agissait alors de désobéir à la plus haute autorité civile, le roi Henri VIII qui par son divorce créa un schisme avec l’Eglise romaine, tandis qu’aujourd’hui la résistance est à mener contre la plus haute autorité religieuse dans la mesure où elle dévierait de l’enseignement pérenne de l’Eglise. Et ceux qui sont appelés à résister ne sont pas des catholiques désobéissants et dissidents, mais justement ceux qui vénèrent le plus profondément l’institution de la Papauté. Celui qui résistait alors était laissé au bras séculier qui le destinait à la décapitation ou à l’écartèlement. Le bras séculier contemporain applique le lynchage moral, à travers la pression psychologique exercée par les mass-media sur l’opinion publique.

L’issue en est souvent l’effondrement psychique et physique des victimes, la crise d’identité, la perte de la vocation et de la foi, à moins qu’on ne soit capable de pratiquer, avec l’aide de la grâce, la vertu héroïque de force. Résister signifie, en dernière analyse, réaffirmer la cohérence intégrale de sa propre vie avec la Vérité immuable de Jésus-Christ, renversant ainsi la thèse de qui voudrait dissoudre l’éternité du Vrai dans la précarité du vécu. (Roberto de Mattei)

28 octobre 2014

[Avec l'Immaculée] Ordination du premier diacre de la résistance : le frère André du monastère Santa Cruz, au Brésil

SOURCE - Avec l'Immaculée - 28 octobre 2014

Le frère André est du Guatemala et est moine au monastère Santa Cruz. Il a été ordonné au diaconat par Mgr Williamson, le 26 octobre, pour la fête du Christ-Roi. L'ordination a eu lieu en l'Eglise Notre-Dame du Rosaire appartenant à des sœurs amies du monastère de Dom Thomas. Elles tiennent une école assez importante. Remercions le ciel pour ce diacre et prions bien pour lui.
[...]

[Notions Romaines] Nouvelle paroisse dédiée à la messe traditionnelle à Pittsburgh

Église Saint-Boniface à Pittsburgh
SOURCE - Notions Romaines - 28 octobre 2014
La communauté de la messe traditionnelle de la paroisse de la Sainte-Sagesse à Pittsburgh fut érigée en quasi-paroisse par l’évêque de l’endroit, Mgr David A. Zubik. Ceci est une bonne nouvelle en soi; l’expansion de la messe traditionnelle est toujours une nouvelle réjouissante. La nouvelle paroisse Saint-Jean XXIII sera pour le moment une quasi-paroisse, ce qui n’est pas exceptionnel en ce sens que l’Évêque se réserve une plus grande marge de manœuvre dans la direction de la jeune paroisse et continuera de célébrer ses messes en l’église Saint-Boniface à Pittsburgh.

Toutefois, il est intéressant de voir que la création de la paroisse Saint-Jean XXIII coïncide avec l’achat d’une église par la FSSPX plutôt cette année que nous avions rapportée ici. En effet, la paroisse Notre-Dame de Fatima de la FSSPX ne pouvant plus soutenir la croissance de la congrégation, il fut décidé d’essayer de trouver une nouvelle église. La FSSPX entreprit des démarches avec l’évêque de Pittsburgh, Mgr Zubik, et une rencontre entre le Supérieur du district américain et le Diocèse dérailla quand le curé de la paroisse de la Sainte-Sagesse, M. l’abbé Lawrence DiNardo, qui avait été invité par l’Évêque, s’opposa à toute transaction et accusa la FSSPX de schisme. L’abbé DiNardo était le responsable de la seule communauté célébrant la messe traditionnelle dans le Diocèse. 

Cette érection semble s’inscrire dans une espèce de «règle non-écrite» stipulant que là où se trouve un apostolat de la FSSPX, l’évêque local répond avec la création d’une paroisse dédiée à la messe traditionnelle (FSSP ou diocésaine). Par exemple, voici les villes où cette «règle» semble s’appliquer au Canada: Québec, Montréal, Toronto, St. Catharines, Vancouver (zone métropolitaine). Une autre explication peut être que dans les régions où la FSSPX est établie, il y a un plus grand bassin de fidèles traditionalistes se qui rend réalisable la création d’une paroisse traditionnelle. Nous considérons la première explication comme étant la plus crédible.

Voici la lettre de l’Évêque qui fut lue par M. l’abbé Dolan à tous les paroissiens lors de toutes les messes dominicales le 19 octobre dernier. Ci-dessous la traduction de la lettre de Mgr Zubik:
Diocèse de Pittsburgh
Bureau de l’Évêque 
11 octobre 2014 Fête de saint Jean XXIII 
Mes chères sœurs et frères de la Communauté de la messe traditionnelle, 
C’est avec une grande joie que j’annonce l’érection de la quasi-paroisse personnelle de Saint-Jean XXIII. Cette nouvelle paroisse desservira ceux qui participent à la messe selon la forme extraordinaire au sein du diocèse de Pittsburgh. Cette décision fut prise après près de deux ans de dialogue et de planification au sein des membres de votre communauté, votre aumônier, M. l’abbé James W. Dolan, et les membres du personnel du bureau diocésain. 
Mais qu’est-ce qu’une quasi-paroisse personnelle? Une paroisse personnelle reflète une appartenance non pas basée sur des limites géographiques, mais dans ce cas-ci, sur une appartenance à la célébration de la forme extraordinaire de la Messe et des Sacrements. Une quasi-paroisse est une communauté catholique confiée à un pasteur où le culte, le ministère et l’évangélisation sont conduits sous la direction de l’Évêque, mais qui n’est pas encore pleinement érigée comme paroisse. Dans vos circonstances, il y a un besoin de déterminer si la quasi-paroisse peut soutenir les responsabilités pastorales et financières d’une paroisse. Vos accomplissements à cet égard sont déjà très impressionnants et l’empressement que vos membres ont manifesté m’a convaincu d’appuyer cette prise de responsabilité qu’implique ce changement. 
J’ai donc signé un décret érigeant la paroisse Saint-Jean XXIII dont l’entrée en vigueur est le 1er janvier 2015, jour de la Solennité de Marie, Mère de Dieu. La messe et les autres activités seront célébrées à l’église Saint-Boniface, North Side et le personnel administratif de la paroisse de la Sainte-Sagesse seront en charge du travail administratif de la nouvelle quasi-paroisse. Votre présent aumônier, l’abbé Dolan, de même que M. l’abbé Lawrence A. DiNardo, curé de la paroisse de la Sainte-Sagesse, seront co-pasteurs et formeront une équipe de ministère pour le travail pastoral de la quasi-paroisse nouvellement érigée. L’abbé DiNardo sera le modérateur de l’équipe pastorale de la paroisse Saint-Jean XXIII. De plus, l’abbé Dolan sera responsable de la coordination de la forme extraordinaire à travers tout le Diocèse. 
La paroisse de la Sainte-Sagesse continuera d’exister comme elle le fit depuis sa fondation en 1994. 
Le conseil pastoral des paroisses Saint-Jean XXIII et de la Sainte-Sagesse sera érigé comme une seule entité. Il y aura aussi un conseil des finances conjoint avec la possibilité pour les membres de chaque paroisse d’examiner les affaires qui affectent seulement cette paroisse. 
J’espère que cette nouvelle vous apportera autant de joie qu’elle m’en apporta. S’il vous plaît, priez pour moi et je continuerai de prier pour vous et pour que vous soyez guidés et protégés sous le manteau de l’amour de notre chère Bienheureuse Mère.
Étant reconnaissant dans notre croyance que «rien n’est impossible avec Dieu», je suis,
Votre frère en Jésus-Christ, 
Son Excellence Révérendissime, David A. Zubik
Évêque de Pittsburgh

[Samuel Lieven - La Croix] La France adopte peu à peu la communauté Saint-Martin

SOURCE - Samuel Lieven - La Croix - 28 octobre 2014

Avec 26 nouveaux séminaristes, la communauté Saint-Martin représente un quart des entrées en séminaire en France.

Présent dans une quinzaine de diocèses, comme à Soissons, ce corps mobile de prêtres et de diacres offre un recours aux évêques confrontés à une pénurie de moyens.

Dans le quartier de Saint-Crépin, à Soissons, Don Vincent, 47 ans, revêtu de sa soutane, désigne les barres d’immeubles où s’entasse une population pauvre et âgée. « Après-guerre, c’était encore un bidonville », dit-il en se référant au P. Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, qui fit ses premières armes dans les paroisses ouvrières de l’Aisne. Le prêtre évoque aussi un taux de suicide élevé. Un peu plus loin, une vieille dame promène seule un petit chien. Don Vincent s’arrête, esquisse une caresse. « Il ne mord pas les curés au moins ? » La conversation s’engage. Un peu plus loin, un sexagénaire couvert de tatouages, occupé à balayer son balcon, interpelle le prêtre. « Je ne pratique pas mais je suis croyant… Je fais un signe de croix tous les matins. »« Venez nous voir, nous ne sommes pas loin ! », lui répond Don Vincent en désignant l’église Saint-Crépin, de l’autre côté de l’avenue.

À Soissons, où ils sont arrivés en 2011 sur appel de l’évêque, ceux qui les connaissent les nomment les « Don ». Au nombre de quatre, ils vivent en communauté dans le presbytère, face à la cathédrale. Ils appartiennent à la communauté Saint-Martin, un corps mobile de prêtres et de diacres à la disposition des évêques. Signes distinctifs : ils portent la soutane, affectionnent la liturgie grégorienne en latin – célébrée selon le missel de Paul VI – et se donnent entre eux du « Don », au lieu de « Père». L’empreinte des premières années italiennes de leur communauté, fondée en 1976 par un prêtre français, l’abbé Jean-François Guérin.
POST-CONCILE, DES OPTIONS LITURGIQUES QUI PASSENT MAL AUPRÈS DE L’ÉPISCOPAT FRANÇAIS
Dans ces années post-Concile, les options liturgiques du fondateur passent mal auprès de l’épiscopat français. Tandis que de nombreux prêtres quittent leur ministère, l’heure est au dépouillement d’une Église soucieuse de ne plus apparaître en surplomb. La jeune communauté trouve refuge chez le cardinal Giuseppe Siri, l’archevêque de Gênes, figure de proue du courant conservateur lors du concile Vatican II. Les premiers prêtres ordonnés au sein de ce qui n’est encore qu’une « pieuse union » s’installent dans un couvent capucin près de Gênes, avant une première implantation en 1983 en France, à l’appel de l’évêque de Toulon. Dix ans plus tard, la maison de formation revient en France à Candé-sur-Beuvron, près de Blois.

Depuis 2000, la communauté Saint-Martin connaît une forte croissance. Elle compte aujourd’hui 90 prêtres et diacres répartis dans quinze diocèses, mais aussi en Italie et à Cuba. Avec pas moins de 26 entrants cette année, elle représente un quart des entrées en séminaire pour les diocèses français.

À Soissons, dans un premier temps, l’arrivée des « Don » n’a pas fait que des heureux. Quand Mgr Hervé Giraud évoque son intention de faire appel à des prêtres de Saint-Martin pour contrer la pénurie de clercs, la défiance est de mise. Confronté coup sur coup à trois décès de prêtres, l’évêque du diocèse le plus pauvre de France est à court de solutions. « J’étais sur le point de devenir moi-même curé de la cathédrale », dit-il. Parmi les prêtres de son conseil, réunis pour auditionner le supérieur de la communauté Saint-Martin, les principales réticences portent sur la soutane et la compréhension du concile Vatican II. Des inquiétudes aujourd’hui en grande partie levées. « Au début, j’ai eu beaucoup de mal, confie Bernadette Viet, engagée au sein de la Mission de France durant trente ans avant de prendre sa retraite à Soissons. La messe du matin s’étirait en longueur, les homélies étaient dites sur un ton moralisant… J’avais le sentiment d’un retour à la loi, à l’Église que j’avais connue dans les années 1950. » Mais avec le temps, cette ancienne responsable de la catéchèse a fini par reconnaître aux nouveaux venus des qualités de pédagogues. « Ils ont le don d’annoncer et d’expliquer l’Évangile à une époque où même les piliers d’église ont besoin de retrouver le sens de leur foi. »
«DEPUIS QU’ILS SONT LÀ, IL SE PASSE TOUJOURS QUELQUE CHOSE DANS LA PAROISSE»
Certes, les fidèles des deux paroisses du nord de la ville confiées aux prêtres de Saint-Martin n’ont pas tous « avalé » la soutane et le retour à des méthodes plus carrées. Ceux-là ont rejoint les paroisses du sud animées par des missionnaires béninois. Mais auprès des jeunes, les « Don » ont plutôt la cote. Céline et Christophe, infirmière et boucher à Soissons, bientôt la trentaine, ont été préparés au mariage par Dom Vincent, qui a aussi baptisé leur premier enfant. S’ils ne vont pas à la messe le dimanche à cause de leurs horaires de travail, ils sont des inconditionnels des soirées pique-nique organisées l’été dans les jardins du presbytère, suivies d’une visite dans la tour de la cathédrale. « Ils ont apporté une dynamique… Depuis qu’ils sont là, il se passe toujours quelque chose dans la paroisse. »

Aujourd’hui, à la cathédrale, des classes de l’école voisine de l’Enfant-Jésus défilent pour découvrir les reliques de sainte Thérèse. Les enfants s’agenouillent par petits groupes autour de la châsse. « Vous pouvez poser la main dessus, fermer les yeux et prier », leur explique Dom Vincent. « Toi aussi tu peux prier, si tu veux », dit-il à un élève musulman. Le prêtre se rend tous les mercredis à l’école de l’Enfant-Jésus. L’an dernier, sa crèche en Playmobil a remporté un franc succès chez les élèves de CP. Il est allé dans une classe pour échanger avec les enfants après le suicide d’un père de famille. Depuis peu, il prend ses marques au collège et lycée Saint-Rémy.
«ILS ONT MÊME ACCEPTÉ DE CÉLÉBRER UN MARIAGE ALORS QUE LE MARI ÉTAIT VENU EN BERMUDA!»
En trois ans, le nombre de confirmations a plus que triplé – de 18 à 66. Mais l’arithmétique ne satisfait pas Dom Vincent. « La paroisse n’est pas une station-service. Il faut un renouvellement en profondeur. Derrière chaque demande de sacrement, nous avons le souci d’annoncer l’Évangile à des familles qui n’ont plus aucune notion de la foi chrétienne. »

Entré dans la communauté à 22 ans après une fac de droit, ce Parisien de naissance est intarissable sur le Soissonnais. Il cite volontiers le pape François demandant aux pasteurs d’être « pénétrés de l’odeur de leurs brebis ». Attendus au tournant par les autres prêtres sur leur capacité à s’intégrer, les hommes en soutane ont su donner le change. Présents à toutes les assemblées presbytérales, ils se sont beaucoup investis dans le jubilé des 1 700 ans du diocèse. Les catéchistes de la paroisse sont restés en place. « Leurs priorités restent tout de même la vie liturgique et la présence auprès des jeunes de l’enseignement et des mouvements catholiques », remarque un curé du Soissonnais.

Mgr Giraud, lui, a révisé son jugement – jadis sévère – sur la communauté. Sur le plan liturgique, la raideur des débuts a connu des adaptations. « Ils ont même accepté de célébrer un mariage alors que le mari était venu en bermuda ! » Mais l’évêque se garde de prendre une option sur l’avenir. « Ils ont évolué, le monde et l’Église aussi. Ils permettent pour l’instant à des diocèses fragiles comme le nôtre de continuer à vivre. »Samuel Lieven, à Soissons (Aisne)

27 octobre 2014

[Credidimus Caritati] Mgr Lefebvre : Le Christ doit régner

SOURCE - Credidimus Caritati - 26 octobre 2014

«N’oublions jamais que sans la grâce nous ne sommes pas capables d’agir d’une manière parfaite et sainte nous ne garderons même pas longtemps l’honnêteté naturelle, parce que le péché originel a mis le désordre dans notre nature. Alors si l’on dit que Notre Seigneur n’a pas besoin de régner dans la société, les hommes seront laissés à eux-mêmes et ils tomberont doucement dans les mauvaises habitudes, dans le péché. C’est pourquoi la grâce est nécessaire pour qu’une société soit vraiment chrétienne.

«Bien sûr tout ne se détruit pas du jour au lendemain. Après la Révolution, la société n’est pas aussitôt retombée à l’état sauvage. Beaucoup de gens étaient encore chrétiens et il est donc resté encore longtemps une certaine honnêteté on vivait, on circulait sans crainte d’être assassiné, l’immoralité n’avait pas tout envahi. Puis vint la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Est-ce à dire que, puisqu’il y avait des gens honnêtes, même sans culte officiel rendu à Notre Seigneur, l’on pouvait se passer de ce culte et rester honnête? Eh bien, au bout d’un certain temps, on a commencé à s’apercevoir que le ver était dans le fruit et que tout se gâtait. Et nous assistons presque aux ultimes conséquences de cette absence de religion chrétienne dans les écoles, les universités, l’Etat; la société est toute corrompue : divorces, ménages détruits, enfants livrés à eux-mêmes. Ce sont là les conséquences du naturalisme, du rejet de la royauté de Notre Seigneur.

«Un jour à Mexico, les journalistes me demandaient : “Comment voyez-vous le progrès de la société? Comment envisagez-vous l’évolution de la société moderne pour aller vers plus de justice, vers une meilleure répartition des biens?”.

«J’ai répondu : il n’y a pas trente-six systèmes, il y a le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ tant qu’il ne sera pas rétabli, tant que la loi de Notre Seigneur ne sera pas observée, tant que Sa grâce ne pénétrera pas dans les âmes, il sera inutile de chercher à obtenir la justice, la paix, et même à recréer des sociétés normales. Seule la grâce, qui régénère les âmes, engendre la vertu vraie elle fait des hommes des fils de Dieu et avec la charité leur infuse les vertus sociales, sans lesquelles ne se développe que l’envie. C’est facile à constater : aujourd’hui on excite l’envie, on pousse toujours plus les gens à revendiquer des droits. Moi, j’ai le droit d’avoir autant que mon voisin... On excite les hommes les uns contre les autres ; tous doivent obtenir la même chose! Or l’envie crée la haine, et la haine engendre les dissensions civiles ; c’est la révolution dans les sociétés, les gens s’entre-dévorent.

«Si au contraire, les âmes sont transformées en Notre Seigneur, ceux qui exercent des responsabilités dans l’Etat, ceux qui ont la richesse, des biens, des terres, se montreront plus justes ils seront animés par la vertu de justice, ils comprendront qu’ils ont des devoirs à l’égard de leurs subordonnés. Et ces derniers comprendront qu’ils doivent travailler, accepter leur situation, car nous ne sommes pas sur terre uniquement pour faire fortune ils sauront que la vie surnaturelle vaut beaucoup plus que les biens d’ici-bas.»
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Mgr Lefebvre, extraits de C'est moi l'accusé qui devrais vous juger

[Mgr Tissier de Mallerais, fsspx] Sermon du 27 octobre 2014, au pèlerinage international de Lourdes

SOURCE - Mgr Tissier de Mallerais, fsspx - 27 octobre 2014

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il.

Messeigneurs, bien chers fidèles,

Nous allons fêter saint Pie X et en même temps le fondateur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X, héritier de saint Pie X. La vie de Mgr Lefebvre peut se résumer en ces mots : la Messe pour le règne du Christ-Roi. De saint Pie X, Mgr Lefebvre a fait le patron céleste de sa Fraternité sacerdotale. Pourquoi ? Avant tout pour qu'il appliquât la devise de saint Pie X : Tout restaurer dans le Christ. Voyons successivement, premièrement le programme unifiant de saint Pie X, appliqué par Mgr Lefebvre et, deuxièmement, ce même programme opposé à la révolution.
Le programme unifiant de saint Pie X, appliqué par Mgr Lefebvre
Je dis, ce programme de saint Pie X est un programme unifiant. Tout restaurer dans le Christ. Tout est englobé dans le domaine du Christ.Il s'agit de tout ramener, toutes les choses de la terre sous un seul chef, qui est Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ce programme synthétise tout en Notre-Seigneur Jésus-Christ : la vie du prêtre, la vie religieuse, la vie de la famille chrétienne, la vie de l'école parfaitement catholique, la vie de la profession et celle de la cité. Rien n'échappe à la souveraineté de Notre-Seigneur Jésus-Christ par qui et pour qui tout a été fait. Même l'ordre temporel n'échappe pas à la primauté universelle de Notre-Seigneur Jésus-Christ. A sa primauté de nature comme Homme-Dieu, le seul homme qui soit Dieu parmi nous, qui est donc le prêtre et le roi. Et à sa primauté d'amour et de conquête par le sang de sa croix. Nul n'échappe à l'économie de la rédemption. Ceux qui l'accepteront par la foi en Lui et qui seront sauvés et ceux qui la refuseront ; nul n'échappe à l'économie, au plan de la rédemption. Simplement, pour réaliser ce plan de saint Pie X, tout ramener au Christ, Mgr Lefebvre a trouvé le bon moyen, le moyen essentiel, la Sainte Messe, le Saint Sacrifice de la Messe, amener tous les hommes autour de l'autel du sacrifice propitiatoire de la Messe.

Voilà l'essentiel moyen de conquête, ce sacrifice : la Messe qui est un sacrifice conquérant. Pourquoi? Parce que c'est par le bois de sa croix que Notre-Seigneur a conquis les âmes. Regnavit a ligno Deus. Dieu règne par le bois de sa croix. C'est ce que nous chantons dans le Vexilla Regis au temps de la Passion. Et c'est par ce cantique que les Vendéens marchèrent au supplice au champ des martyrs. Il règne par le bois de la croix. En effet, c'est par la croix que Jésus a vaincu le démon, le péché, l'esprit du monde, la mort éternelle, même les empereurs païens.

Au Gabon, missionnaire, le jeune père Marcel Lefebvre voit de ses yeux la victoire de la Messe, qu'opère la transformation des âmes et même des visages de ces païens devenus chrétiens, de ces indigènes devenus fidèles à Notre-Seigneur Jésus-Christ. De païens qu'ils étaient, devenus fidèles, ils seront désormais fidèles à leurs engagements et spécialement à leurs engagements de mariage.

C'est bien actuel, chers fidèles, face aux choses très sales et dégoûtantes qui se disent à Rome. Mgr Lefebvre, en Afrique nous a déclaré : j'ai vu, j'ai vu de mes yeux se transformer même les villages. Non seulement spirituellement et surnaturellement mais aussi physiquement, matériellement, socialement, économiquement, politiquement. Et il ajoutait : il n'y a pas de raison qu'aujourd'hui la Messe ne puisse produire les mêmes fruits de transformation par les mérites de Jésus-Christ et les co-mérites de Notre-Dame Immaculée.

La réalisation du programme du Christ, Prêtre et Roi, c'est le triomphe de la doctrine romaine que le jeune séminariste, Mgr Lefebvre, recevait à Rome, de ses maîtres romains, en particulier le père Fuckly, père spiritain qui disait, à ses séminaristes : c'est par Lui, c'est par Notre-Seigneur Jésus-Christ que nous avons le centre de tout. Le roi, la solution de tous les problèmes, la nourriture de nos intelligences et de nos coeurs, la vie de nos âmes, de nos patries, tout, et cela, ajoutait Mgr Lefebvre, et cela transforme la vie. Nos maîtres romains nous ont enseigné l'intégrité du sacerdoce. C'est-à-dire le sacerdoce catholique, c'est-à-dire le sacrifice du prêtre pour le règne de Jésus-Christ. Il a bien dit cela, le sacrifice du prêtre pour le règne de Jésus-Christ, son règne individuel dans les âmes, son règne public sur la cité, comme l'enseignait le pape Pie XI.
Mgr Marcel Lefebvre confronté à la révolution
Et c'est là que nous arrivons au deuxième point de cet exposé. Marcel Lefebvre confronté à la révolution, animé ainsi de son sacerdoce pour le Christ-Roi, va combattre la révolution dans l'Eglise.

A Rome, en 1923 où il entre comme séminariste, on respire encore le parfum des vertus et des doctrines de saint Pie X qui est mort à peine neuf ans avant. Le pape qui a condamné le laïcisme en France et qui a condamné le modernisme par cette belle profession de foi qui est le serment anti-moderniste. Il a, par cette profession de foi, mobilisé et uni le clergé catholique dans la défense et l'illustration de la foi catholique. Nous le disons dans l'oraison de cette fête, Deus, qui, ad tuendam catholicam fidem et universa in Christo instauranda. Ô Dieu qui avez suscité saint Pie X pour garder la foi catholique, et ramener tout au Christ.

Le second, la restauration du règne du Christ, ne va pas sans le premier, la profession et la défense de la foi catholique. Ainsi a fait Marcel Lefebvre il y a bientôt quarante ans par une magnifique déclaration de foi d'adhésion à la Rome catholique, gardienne de la foi et des traditions nécessaires à la conservation de cette foi, d'adhésion à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité, et le refus de la Rome néo-protestante et néo-moderniste.

C'est à Rome comme séminariste que Mgr Lefebvre, à l'école des papes, des encycliques des papes et spécialement des encycliques de saint Pie X, chers fidèles, qu'il a reçu cet idéal du combat de la foi, contre la révolution. Ces séminaristes, ces jeunes prêtres romains étaient préparés à mener le combat d'aujourd'hui, dans l'Eglise. Contre les forces des ténèbres déchaînées contre l'Eglise. Et on leur enseignait le plan de ces forces des ténèbres, en trois points.

Premier point, il faut détrôner Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la cité pour faire un état laïque. Sans Dieu, anti-Christ. Ce qui a été réalisé par l'Eglise - ou par les hommes d'Eglise -, par la liberté religieuse déclarée en 1965, il y a bientôt cinquante ans.

Deuxième point, non seulement détrôner Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la cité, mais supprimer la Messe. C'est le deuxième point du programme anti-Christ : supprimer la Messe de telle sorte que les prêtres ne croient plus en leur Messe, en ce sacrifice propitiatoire pour les péchés, ce qui a été réalisé par l'Eglise - ou par les hommes d'Eglise -, par la nouvelle messe qui a estompé le but propitiatoire du sacrifice de la Messe afin de faire une Eglise laïque, une Eglise laïque.

Et troisième point de la révolution, supprimer la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ Souverain Prêtre dans les âmes, supprimer la grâce, afin que les âmes ne vivent plus en état de grâce. Faire des âmes laïques. Telles étaient les trois expressions de Mgr Lefebvre lui-même, le plan des forces sataniques en trois points. Faire un état laïque, faire une messe laïque et faire des âmes laïques.
Les armes que Mgr Lefebvre a choisies pour combattre cette révolution dans l’Eglise
Alors Mgr Lefebvre va s'opposer et prendre ce programme maçonnique, le renverser et en faire le programme catholique de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X. En trois points :

Premier point : rendre son sens la Messe. Cette Messe qui est le véritable sacrifice, le sacrement du sacrifice du Calvaire, celui qui est la source de toutes les grâces de Salut pour les âmes et pour le monde, le véritable sacrifice victorieux. C'est ce qu'il a fait, en refusant la nouvelle messe et en gardant la Messe de toujours.

Deuxième point du programme catholique véritable : former une élite de chrétiens, que vous devriez être, chers fidèles, une élite de chrétiens vivant en état de grâce, résolus de se sacrifier et de se sanctifier sur le modèle et par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de la Très Sainte Vierge Immaculée, et résolus à combattre pour le Christ-Roi. C'est le deuxième point, une élite de chrétiens vivant en état de grâce.

Et troisième point du programme catholique : par cette élite, re-couronner Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lui rendre publiquement sa couronne, en édifiant d'abord ce que nous avons fait. Les bastions de chrétienté, les bastions de chrétienté que sont nos prieurés, nos monastères, nos couvents, nos familles chrétiennes nombreuses, aux nombreux enfants, l'éducation véritablement catholique, les écoles intégralement catholiques, la profession soumise à la loi de Notre-Seigneur Jésus-Christ et finalement la vie politique organisée selon les commandements de Dieu.

En poursuivant ce programme du sacerdoce pour le Christ-Roi envers et contre tous les obstacles et les menaces de sanctions de la part de la Rome nouvelle, nous sommes gagnants d'avance, chers fidèles.

En appliquant cette réflexion aussi que Mgr Lefebvre fit le 30 mai 1988, quelques semaines avant les sacres épiscopaux, le lien purement formel avec la Rome nouvelle n'est rien devant la préservation de la foi. Le lien formel, ce lien artificiel, ce lien qui serait un simulacre avec la Rome nouvelle n'est rien devant la préservation et la profession de la foi catholique. C'est à un tel témoignage de notre foi catholique que la Fraternité Saint-Pie-X est invitée. Celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. Nous ne pouvons mieux, disait Mgr Lefebvre, et nous pouvons le dire encore aujourd'hui, nous ne pouvons mieux aider le successeur de Pierre qu'en exigeant de lui la profession intégrale de la foi catholique. Nous ne pouvons mieux aider le successeur de Pierre qu'en transmettant la foi catholique, en la proclamant à temps et à contre-temps, par un sacerdoce doctrinal, un sacerdoce saint, un sacerdoce combattif, un sacerdoce missionnaire, et un sacerdoce marial, dédié à la Très sainte Vierge Marie, à son apostolat et à son règne.

In nomine Patris, et Filio, et Spiritu Sancti, amen.

Mgr Bernard Tissier de Mallerais