SOURCE - Yves Chiron - Aletheia - 4 mars 2016
Voilà un ouvrage qui, à cause de ses raccourcis et de ses à-peu-près, ne satisfera ni les historiens, ni les canonistes, ni les théologiens, ni même les chroniqueurs de l’actualité religieuse.
Voilà un ouvrage qui, à cause de ses raccourcis et de ses à-peu-près, ne satisfera ni les historiens, ni les canonistes, ni les théologiens, ni même les chroniqueurs de l’actualité religieuse.
Huguette Pérol est l’épouse de Gilbert Pérol [1926-1995] qui fut ambassadeur, secrétaire général du Ministère des affaires étrangères, et dont le dernier poste fut l’ambassade de France à Rome, de 1988 à 1992.
Du vivant de son mari, et par la suite elle s’est intéressée de près à la Fraternité Saint-Pie X, partageant nombre de ses positions et réclamations. Il y a vingt ans, elle publiait un plaidoyer pour la FSSPX, sous le titre Les sans-papiers de l’Église (F.-X. de Guibert, 1996).
En 1997, avec l’abbé Alain Lorans, prêtre de la FSSPX, le P. Michel Lelong, Père blanc, et le P. Olivier de La Brosse, dominicain, qui était alors porte‐parole des Évêques de France, elle a créé le GREC (Groupe de Réflexions Entre Catholiques). Pendant une quinzaines d’années, dans la discrétion, le GREC aura organisé des discussions entre théologiens et prêtres de la FSSPX, théologiens indépendants (notamment l’abbé Claude Barthe), représentants plus ou moins officieux de la hiérarchie catholique et quelques laïcs [voir la note de bas de page].
Dix ans après son premier livre sur la FSSPX, Madame Huguette Pérol, au début du pontificat de Benoît XVI, a cru arrivée l’heure de la réconciliation entre la FSSPX et le Saint-Siège, et elle a publié un second ouvrage : La Tempête apaisée (F.-X. de Guibert, 2006).
Le 29 janvier 2009, après la levée de l’excommunication des quatre évêques de la FSSPX accordée par Benoît XVI le 24 janvier précédent, le GREC publiait un communiqué pour se réjouir de la mesure et affirmait sa volonté de poursuivre ses efforts « pour que soit reconnue aux prêtres et aux fidèles de l’oeuvre de Mgr Lefebvre, leur place au sein l’Église. »
Mais les espoirs du GREC ont été déçus et depuis 2011 il a mis ses activités en sommeil.
Aujourd’hui Mme Pérol publie un 3e ouvrage consacré à la FSSPX, cette fois tout empreint de déception et de pessimisme : Le choix impossible de la Fraternité Saint‐Pie X. Fidélité ou sectarisme? (L’Harmattan, 121 pages).
Elle déplore « la regrettable politisation » (p. 110) de l’église Saint‐Nicolas‐du‐Chardonnet (dans ses abords et dans certains sermons). Mais les quelques exemples qu’elle donne existaient déjà à l’époque où elle s’y rendait en fidèle (occasionnelle).
Elle regrette aussi que « tandis que le Saint‐Siège prenait [sous Benoît XVI] des décisions qui, de plus en plus, répondaient à leur attente, les responsables de la FSSPX durcissaient le ton et entraient dans une logique sectaire axée sur sa propre survie plus que sur le bien de l’Église catholique » (p. 117). Mais ce « durcissement de ton » et cette « logique sectaire » ne sont pas chose nouvelle. Le « lefebvrisme » a commencé du vivant même de Mgr Lefebvre. L’axiome « Hors de la FSSPX point de salut » a cours depuis longtemps dans beaucoup de prieurés de la FSSPX, au point qu’un des enseignements communs y est qu’il vaut mieux pour les fidèles en vacances ne pas assister à la messe dominicale si la seule messe possible sur place est une messe selon le nouveau rite.
Mme Huguette Pérol semble découvrir sur le tard l’impasse où s’est acculée elle‐même la FSSPX. Mais son livre, sans argumentation doctrinale suffisante, ne convaincra ni les partisans de la FSSPX, ni les autres.
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[note] Michel Lelong, Pour la nécessaire réconciliation. Le Groupe de Réflexion Entre Catholiques (GREC), Nouvelles Éditions Latines, 2011, préface de Dom Éric de Lesquen, Père Abbé émérite de Randol.