11 octobre 2008

[Mgr Lagoutte ] Accueil de la Fraternité Saint Pie X à la basilique de Lisieux - Réflexions sur un accueil

SOURCE - Mgr Lagoutte - cité par Le Forum catholique - 11 octobre 2008

Voici le texte que Mgr Lagoutte, recteur de la basilique de Lisieux a prononcé devant les pèlerins du pèlerinage de la Tradition, ce samedi 11 octobre, avant que la FSSPX ne fasse ressortir les pèlerins de la basilique pour célébrer la messe dehors.

Accueil de la Fraternité Saint Pie X à la basilique de Lisieux
Réflexions sur un accueil

Depuis 2002, j’ai pensé, dans ma conscience de pasteur, que je pouvais accueillir ce pèlerinage de la Fraternité saint Pie X, qui voulait être le «pèlerinage de la tradition ».

Dans la mesure où l'Église ne remettait pas en cause la validité de l'ordination des prêtres qui sont à son service, je pensais qu'il
n'était pas convenable d'entrer en conflit avec eux et de les laisser construire un podium en plein air pour y célébrer la messe.

Plusieurs échanges au préalable du rassemblement d'octobre 2002 avaient permis de définir avec leur responsable, l'abbé Renaud de la Motte, les conditions d'un accueil :

- un rassemblement prévu pour la prière auprès de Thérèse, et non pas une manifestation pour dire des différences.

- Un respect des uns et des autres, en se tenant sur une stricte réserve sur les questions liturgiques ou ecclésiales, qui peuvent être l'objet d'échanges en d’autres lieux.

C'est ainsi que nous avons ouvert non seulement la basilique avec tous les moyens dont elle dispose, mais aussi nous avons mis à la disposition de la liturgie nos plus beaux ornements et les vases sacrés les plus précieux.

Chacun des six rassemblements s'est déroulé dans la prière et dans la paix. Les nombreuses lettres que j'ai reçues par la suite en témoignent.

Il y a quelques semaines l'abbé Gauderay, successeur de l’Abbé de la Motte, est venu se présenter et m'a assuré que le rassemblement d'aujourd'hui se déroulerait de la même manière.

Aujourd'hui nous avons tout prévu pour la célébration de la messe, comme à l'accoutumé et avec les mêmes exigences.

L'abbé de Cacqueray m'a demandé rendez-vous au vendredi de la semaine dernière, pour poser une condition à ce rassemblement, à savoir que les hosties consacrées à cette messe soient reprises par la fraternité, au lieu de les joindre comme par le passé à la réserve eucharistique de la basilique. Devant mon étonnement, j'ai compris qu’étaient mises en cause notre façon de célébrer l'Eucharistie, et même notre foi en la Présence Réelle, ou au moins la façon de la traiter. notre sacerdoce.

Attristé, voire même scandalisé par cette instrumentalisation de l'Eucharistie, j'ai dit mon désaccord. L'abbé de Caqueray m'a proposé de « fermer les yeux » pour éviter le scandale et pour que vous ne vous rendiez pas compte des problèmes. J'ai refusé nettement une telle double attitude. Je respectais la Fraternité saint Pie X, et je demandais en réponse le même respect.

Hier soir à 21 heures 45, j'ai reçu par fax un message de l’Abbé De Caqueray, m'annonçant que « si je ne consentais pas à sa demande, il n'y aura pas de messe du tout ».

J'ai maintenu que la basilique serait ouverte, que ce n'était pas moi qui empêchais la messe, et que la décision venait de lui.

Après six ans de route commune, de respect réciproque, je ne peux pas m'empêcher de vous dire ma tristesse et mon incompréhension. Ce qui a été possible pendant six ans, ce qui s'est réalisé il y a deux ans avec comme célébrant principal l’abbé de Caqueray lui-même, devient-il une mauvaise action ?

Frères et sœurs, je vous lance un appel : pensez-vous que nous bâtirons la communion dans l'Eglise par de tels procédés qui non seulement attendent le dernier moment pour créer une crise, mais qui veulent radicaliser des différences pour en faire des armes pour s'affronter.

Je ne ferme pas la porte à l'avenir, mais dans un autre esprit.

Je demande à Louis et à Zélie Martin de nous prendre en pitié. Ils vous ont accueillis , sous leur portrait, à l’entrée de la Basilique. Nous leur demandons de nous aide, chacun, là où nous sommes à bâtir la paix.
Mgr Bernard Lagoutte, recteur