3 octobre 2008

[Robert Le Blanc - Présent] Motu proprio - Le colloque de Versailles

SOURCE - Robert Le Blanc - Présent - mise en ligne: leforumcatholique.org - 3 octobre 2008

Motu proprio
Le colloque de Versailles


La première « Rencontre de Versailles » consacrée au Motu proprio, et organisée par de jeunes laïcs des Yvelines, a connu un franc succès le dimanche 28 septembre : un millier de participants, – sans compter la centaine d’enfants, accueillis à la garderie, qui vinrent participer à la prière finale.

Trois heures, c‘était peu pour aborder tous les problèmes, confronter les expériences et les témoignages – celui du P. Michel Lelong, chargé des relations entre catholiques et musulmans, et qui découvre ses frères traditionalistes rejetés (en entrant par hasard un jour à Saint-Nicolas-du-Chardonnet), fut particulièrement émouvant. C‘était trop bref pour le jeu des questions-réponses, qui a laissé le public sur sa faim.

Mais c‘était suffisant pour redonner espoir à beaucoup, et pour éclaircir quelques questions. L’une des plus importantes est celle-ci : faut-il ou non faire messe à part ? Ou, de façon plus explicite : doit-on faire cohabiter dans les paroisses messe de saint Pie V et messe de Paul VI, ou réserver la messe de saint Pie V à des chapelles annexes de la paroisse, et à des « paroisses personnelles » ? Les deux solutions ont leurs avantages et leurs inconvénients. L‘évêque de Laval a introduit une messe de saint Pie V dans l’une des principales paroisses de sa ville, alors même qu’il n’y avait pas de demande formulée : il y a eu affluence, et c’est une découverte pour beaucoup. L‘évêque de Versailles au contraire (et surtout son vicaire général Le Borgne, présent à l’ouverture du colloque), refuse la messe de saint Pie V dans les églises paroissiales où l’on célèbre la messe de Paul VI, malgré des centaines de pétitionnaires à la paroisse Notre-Dame, et des dizaines à la paroisse Saint-Louis. Même à Rambouillet, où le curé y est favorable, la messe de saint Pie V n’est dite qu’occasionnellement dans la paroisse. Et se heurte à l’hostilité du conseil des laïcs, car il y a aussi (surtout ?) des puristes de la messe nouvelle, qui craignent le contact de la messe ancienne…

Autre question : le Motu proprio contraint-il les curés de paroisse à accéder aux demandes d’une messe dominicale dans le rite de saint Pie V ? L’abbé Schubert, curé de Saint-Germain-l’Auxerrois à Paris, ne le pense pas. Alors qu’au contraire Luc Perrin, professeur à l’Université de Strasbourg, incline à le croire. Le propos de Benoît XVI à Lourdes semble lui donner raison : « Nul n’est de trop dans l’Eglise,… chacun doit pouvoir s’y sentir chez lui. »

ROBERT LE BLANC

Article extrait du n° 6687 de Présent du Vendredi 3 octobre 2008