SOURCE - Mgr Bouilleret - propos recueillis par Joséphine Bataille - La Vie - 18 mars 2009
« Le pape a voulu expliquer sa démarche, et la clé en est avant tout spirituelle : il l’exprime en citant la Bible et la nécessité de se réconcilier avec « le frère qui à quelque chose contre toi ». Mais il a choisi de s'adresser à nous en frère évêque et non plus en chef, ce qui est très inhabituel, et plein de chaleur pour nous. Dans cette lettre c'est à la fois le cœur et la raison qui s’expriment. J’ai été particulièrement content de la recevoir parce que dans notre diocèse, nous sommes confrontés à un positionnement très fort des membres de la fraternité Saint Pie X. Mi janvier, ils ont envahi la cathédrale pour célébrer l’eucharistie ; ils rejettent l’argument que je leur oppose, selon lequel ils n’ont aucune légitimité sacramentelle. Que le pape ait écrit noir sur blanc que la Fraternité n’a pas de statut canonique et que ses ministre n’ont aucune légitimité pour les sacrements est donc un enjeu important pour nous sur le terrain. Par ailleurs il a redit aussi avec force, et avec toute son autorité pontificale, que le magistère de l’Eglise ne s’arrête pas en 1962, mais qu’il inclut le concile Vatican II, et donc qu’il n’y a pas d’écart entre le pape et le concile, quand tout le jeu de la Fraternité est précisément de jouer « le pape contre le concile » ; comme si on pouvait reconnaître le magistère du premier sans reconnaître celui du second. Le pape rappelle aussi qu’après le règlement de la question disciplinaire, on est entré dans la phase doctrinale, et il ne préjuge pas de son issue. Car l’unité a aussi ses conditions : elle ne peut se faire sans s’articuler avec la vérité. Il attend de la Fraternité qu’elle entre dans la communion plénière , et pour elle, c’est sa dernière chance de le faire. »
Jean Luc Bouilleret, évêque d’Amiens
Jean Luc Bouilleret, évêque d’Amiens