13 mars 2009

Évêques lefebvristes: la mise au point de Benoît XVI
12/03/2009 - Ségolène de Larquier - lepoint.fr
La forme et le ton "inhabituels" et "très personnels" montrent combien le cas Williamson s'ajoutant à la levée de l'excommunication de quatre évêques lefebvristes ont secoué l'Église catholique. Fait exceptionnel, Benoît XVI a choisi de s'expliquer dans une lettre adressée à ses évêques, deux mois après les faits. Il s'agit de "fournir quelques éclaircissements, qui doivent aider à comprendre les intentions qui m'ont guidé et (...) contribuer à la paix dans l'Église", souligne-t-il dans cette missive datée du mardi 10 mars et rendue publique jeudi ( disponible ici ).

Et pour cause, les deux affaires ont provoqué une véritable tempête. Ce fut "au sein et en dehors de l'Église catholique une discussion d'une véhémence telle qu'on en avait plus connu depuis très longtemps", reconnaît Benoît XVI. Et de mettre en garde contre les querelles intestines qui ont fait rage parmi les catholiques. Déplorant les "discordances" qui se sont manifestées et la "véhémence" des critiques qui lui ont été adressées, il cite une lettre de saint Paul, l'un des fondateurs du christianisme, en signe d'avertissement : "Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres."

Benoît XVI reconnaît aussi que le dossier de la levée des excommunications aurait pu être mieux géré. Il affirme avoir tiré la leçon : à l'avenir, "nous devrons prêter davantage d'attention à cette source d'informations" que représente Internet, explique-t-il. Alors que le Saint-Siège assure ne pas avoir eu vent des déclarations négationnistes de Mgr Williamson avant de prendre sa décision, d'autres ont estimé qu'une simple recherche sur Internet aurait suffi pour en prendre connaissance. Dans sa missive, Benoît XVI remercie "les amis juifs qui ont aidé à dissiper le malentendu". Jeudi, le pape a d'ailleurs rencontré le rabbin David Rosen, chargé du dialogue interreligieux au grand rabbinat d'Israël, pour mettre fin à cette phase de tensions entre communautés catholique et juive.

Réconciliation

Le pape regrette également que sa main tendue vers les lefebvristes ait pu être considérée comme "un retour en arrière par rapport à tous les pas de réconciliation entre chrétiens et juifs" depuis le concile. Benoît XVI insiste sur le processus de réintégration dans l'Église romaine de la Fraternité Saint Pie X créée par Mgr Lefebvre en 1970. "Les réconciliations petites et grandes font aussi partie" des priorités de l'Église, avance-t-il. Plaidant "pour l'unité des croyants", il poursuit : "Une communauté dans laquelle se trouvent 491 prêtres, 215 séminaristes, 6 séminaires, 88 écoles, 2 instituts universitaires, 117 frères, 164 soeurs et des milliers de fidèles peut-elle nous laisser totalement indifférents ?" D'autant plus que la déchristianisation progresse : "En ce moment de notre histoire, le vrai problème est que Dieu disparaît de l'horizon des hommes et que tandis que s'éteint la lumière provenant de Dieu, l'humanité manque d'orientation (...)", note le pape.