1 mars 2009

[Ouest-France] Mgr Pican ne négocie pas avec les intégristes

SOURCE - Ouest-France - 10 mars 2009

Mgr Pierre Pican, évêque de Bayeux et Lisieux, ne regrette pas sa vive réaction sur la levée d'excommunication des intégristes.
L'évêque de Bayeux et Lisieux revendique une position claire et ferme : « Cette Église ne nous correspond pas, nous n'avons pas à cautionner ce qui nous semble inadmissible. »

Entretien
Votre prise de position sur la levée de l'excommunication des intégristes par le pape Benoît XVI a été sans faux-semblant, avez-vous eu des réactions des uns ou des autres ?
C'est après avoir eu un coup de téléphone avec un représentant de la communauté juive, que j'ai senti l'utilité de rédiger un texte. Mes propos ont été très bien relayés, que ce soit par la presse, par la radio et par la communauté juive. Et dans l'ensemble, les réactions ont été assez positives. À l'extérieur de l'Église, on peut dire que ma position a été très bien reçue. À l'interne, au nom de la nonciature, certains ont reproché la vigueur de mes propos, jugeant ma prise de position presque brutale. Mais dans l'ensemble, les avis ont été tous plutôt très favorables. De toute façon je ne regrette rien, on ne pouvait pas ne pas réagir.
Le durcissement et l'intransigeance de certains intégristes vous étonnent-ils ?
Ni les uns ni les autres, nous n'avons pris de gants. Les intégristes sont de leur côté de plus en plus nets et de plus en plus fermes. Cette Église ne nous correspond pas, nous n'avons pas à cautionner ce qui nous semble inadmissible. Ce qui ressort en revanche, c'est que maintenant il nous est possible d'avoir des positions très claires. Si, vous intégristes, vous ne bougez pas, nous n'avons aucune raison de bouger. Lorsque l'on nous demandera de baptiser dans une église, eh bien ce sera non. Il n'y a que pour les obsèques, où nous chercherons une solution adaptée à chaque situation. S'ils n'évoluent pas, personne sur le terrain ne sera prêt à leur ouvrir les portes.
Est-ce que le Vatican ne leur est pas trop favorable ?
Les gens que je rencontre me posent la question de savoir, si en disant les choses franchement, je ne me détache pas trop de la hiérarchie ? On ne peut pas tout concéder, il faut arrêter cette plaisanterie. Tous les éléments n'ont pas été pesés. Là, on est au-delà de la main tendue. Ce que je ressens, c'est que les catholiques sont très choqués, que ce soit en France, en Allemagne ou en Suisse. Le Concile est passé dans le Peuple de Dieu et Vatican II est un acquis sur lequel on ne revient pas. J'espère qu'à la prochaine conférence des évêques de France, début avril, nous pourrons être aussi libres qu'on l'est dans nos provinces.

Recueilli par Anne BLANCHARD-LAIZÉ.
Ouest-France