L'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (Agrif) avait mis en cause "deux petits libelles éminemment toxiques".
Dans le premier, titré "Fondamentaux", on pouvait lire: "Messe en latin, éducation religieuse, moeurs rigoureuses... Benoît XVI est pour un retour aux fondements du catholicisme. Nous aussi: que l'on redonne les Chrétiens à bouffer aux lions".
Le second passage poursuivi était une "devinette": "De quel ouvrage pornographique est tirée cette phrase: +on lui amènera des petits enfants pour qu'il les touche+? Réponse: l'évangile selon St Marc. Et c'est juste après que ce gros cochon de Jésus-Christ s'exclame: +Laissez venir à moi les petits enfants+"
Ces deux brèves où "l'obscénité le dispute à la lourdeur" sont un "appel au lynchage des chrétiens", avait estimé à l'audience du 28 avril, l'avocat de l'Agrif, Me Jacques Parisot.
Sa contradictrice, Me Claire Chaillou s'était, elle, étonnée que l'association qui, depuis neuf ans, n'avait pas attaqué Charlie Hebdo, poursuive ces seuls "propos potaches", "bien en-deçà" de nombreux autres publiés par le journal.
Un point de vue adopté mardi par la 17e chambre, qui n'a pas hésité à condamner l'Agrif à verser un euro de dommages et intérêts à Charlie Hebdo pour procédure abusive.
Aux yeux des magistrats, le premier texte, "qui unit volonté humoristique et critique des choix de l'homme d'église, ne peut évidemment être sérieusement compris par quiconque comme un appel au meurtre des chrétiens".
Quant au second passage, remarquent les juges, Charlie Hebdo "reprend une plaisanterie qu'il n'est pas le premier à avoir faite, et sur le bon goût de laquelle il n'appartient pas au tribunal de se prononcer, mais que personne ne peut comprendre comme imputant sérieusement à Jésus-Christ des actes de pédophilie".