ECÔNE (Suisse), 29 juin 2009 (AFP) Plus de 2.500 personnes ont assisté lundi à Ecône à l'ordination de 6 prêtres et 10 diacres intégristes de la Fraternité Saint Pie X, dont le supérieur s'est dit "très optimiste" sur l'avenir des relations avec le Vatican.
La messe, dite en latin selon le rite d'avant Vatican II cher à la communauté intégriste, a duré plus de quatre heures en plein air dans une ferveur sans faille et un grand déploiement de pourpre et d'or, de surplis en dentelle et d'encens.
S'adressant aux fidèles, le supérieur Mgr Bernard Fellay s'est dit "étonné du chahut fait autour" de ces ordinations, "alors que dans beaucoup de pays, l'Eglise (romaine) manque de prêtres".
Il a souligné que la Fraternité procédait cette année à 27 ordinations de prêtres (en Suisse, en Allemagne et aux Etats Unis) "alors que des pays de tradition catholique comme la France ou l'Allemagne, n'arrivent même pas à en ordonner une centaine" (90 en France cette année, ndlr).
Parlant plus tard aux journalistes, Mgr Fellay s'est dit 'très optimiste" sur l'issue des conversations théologiques que la Fraternité doit engager avec Rome en vue de la réintégration de la communauté fondée en 1970 par Mgr Lefebvre.
"Je vois chez le pape un désir d'aboutir (à une réconciliation) et là où il y a une volonté, il y a un chemin", a-t-il dit.
Pour Mgr Fellay, Rome fait de fait preuve d'une "tolérance tacite" à propos des ordinations intégristes, les qualifiant d'illégitimes" mais sans les interdire formellement.
Interrogé par l'AFP à Rome, le porte-parole du Vatican le père Federico Lombardi, a à nouveau qualifié lundi ces ordinations d'"illégitimes".
Mais, estime Mgr Fellay, le pape ne considère pas la cérémonie comme une provocation à l'égard des autorités catholiques romaines, faisant valoir que les relations sont devenues "plus sereines". De plus, a-t-il ajouté, les ordinations ont lieu tous les ans à la même date, le 29 juin, qui correspond à la fête de Saint Pierre et Saint Paul.
Toutefois, il est resté vague sur sa position vis-à-vis du concile Vatican II (1962-65) dont la reconnaissance a été posée comme condition au rapprochement avec Rome.
"On ne dit pas que le concile Vatican II est tout noir", a poursuivi Mgr Fellay, "il y a de belles pages sur la Vierge, sur le sacerdoce (...) mais il faut clarifier les textes pour éviter les interprétations".
Malgré tout, le motu proprio (décret papal) lançant les conversations théologiques entre Rome et la Fraternité, devrait être publié "bientôt", selon Mgr Fellay; il n'a toutefois pas donné de date, estimant que le Vatican publierait d'abord l'encyclique sociale.
Interrogé sur le fait d'avoir choisi les intégristes plutôt que l'église vaticaniste, un des jeunes nouveaux diacres, Jacques Peron (22 ans), défend énergiquement la messe en latin, la "messe de toujours (...) comprise par les chrétiens du monde entier".
Il ne se sent pas "en rupture" avec l'Eglise, convaincu d'être dans le vrai.
Après la cérémonie, les nouveaux prêtres et diacres sont allés en procession poser pour la photo-souvenir, les mains jointes et revêtus de leurs chasubles rouge et or, au pied de la statue du fondateur Mgr Marcel Lefebvre.
Le séminaire d'Ecône, où la formation dure 5 ans, héberge actuellement 57 séminaristes.