Le Vatican travaille à une reprise du dialogue avec les Lefebvristes après la levée de l'excommunication des quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X, une décision qui avait suscité un malaise au sein même de l'Eglise car elle concernait notamment un évêque négationniste.
Mercredi, pendant leur réunion mensuelle dite de la feria quarta (mercredi, en latin), les quelque 15 cardinaux membres de la Congrégation pour la doctrine de la foi ont particulièrement travaillé sur un texte visant à préciser le cadre du dialogue doctrinal à venir avec les intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, selon l'agence i.média.
Il s'agit, comme l'a souhaité le pape lui-même, de traiter désormais des problèmes doctrinaux et théologiques, à commencer par "l'acceptation du Concile Vatican II et du magistère post-conciliaire des papes", a précisé l'agence d'informations religieuses.
Ce point est loin d'être acquis. L'abbé Régis de Carqueray-Valmenier, supérieur du district de France de la Fraternité, a ainsi défini, en février, Vatican II comme une "catastrophe inouïe qui s'est produite dans l'Eglise".
"Le mur de Berlin est tombé, les statues de Staline ont été déboulonnées, pourquoi ne pas remettre en cause les textes de Vatican II", a-t-il déclaré.
Plusieurs sources ont indiqué à i.media que le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X, le Suisse Mgr Bernard Fellay, avait été reçu le 5 juin à la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Fin janvier, la levée des excommunications des évêques ordonnés par Mgr Lefebvre et particulièrement de celle de Mgr Richard Williamson, qui nie que les chambres à gaz aient existé, avait suscité une énorme polémique.
Pour apaiser les choses, le pape s'était personnellement exprimé le 12 mars dans une lettre aux évêques du monde entier, affirmant que "tant que les questions concernant la doctrine ne sont pas éclaircies, la Fraternité n'a aucun statut canonique dans l'Eglise, et ses ministres - même s'ils ont été libérés de la punition ecclésiastique - n'exercent de façon légitime aucun ministère dans l'Eglise".
Le dialogue avec les intégristes devrait être plus amplement clarifié par Benoît XVI lui-même. Un autre élément dans ce dossier est le départ à la retraite - de plus en plus probable - du cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la Commission "Ecclesia Dei", créée précisément par Jean Paul II en 1988 pour résorber le schisme lefebvriste.
Le cardinal colombien, qui avait proposé la levée des excommunications au pape, aura 80 ans le 4 juillet. Plusieurs observateurs jugent que son départ pourrait être l'occasion de rattacher officiellement cette commission à la Congrégation pour la doctrine de la foi.
La Fraternité Saint-Pie X s'apprête de son côté à ordonner huit nouveaux prêtres (sept Français et un Belge) et dix diacres (neuf Français et un Suisse) le 29 juin à Ecône (Suisse), comme elle le fait chaque année à l'occasion de la fête de Saint-Pierre et Saint-Paul.