SOURCE - La Nef - Chrioistophe Geffroy - octobre 2009
Mgr Nicola Bux publie début octobre un livre décapant, La réforme de Benoît XVI, qui pose les jalons entre juste réforme et révolution, ouvrant ainsi la voie à la paix liturgique voulue par le pape. Ce livre a suscité un vrai débat en Italie : en sera-t-il de même en France ? Nous l’espérons et ouvrons le feu avec cet entretien exclusif.
Mgr Nicola Bux publie début octobre un livre décapant, La réforme de Benoît XVI, qui pose les jalons entre juste réforme et révolution, ouvrant ainsi la voie à la paix liturgique voulue par le pape. Ce livre a suscité un vrai débat en Italie : en sera-t-il de même en France ? Nous l’espérons et ouvrons le feu avec cet entretien exclusif.
La Nef – Vous écrivez que « la liturgie est devenue un champ de bataille » (p. 69): pourquoi et comment est-on arrivé aujourd’hui à une telle situation qui a conduit à la perte du sens même de la liturgie, vous le montrez dans votre livre ?
Mgr Nicola Bux – C’est vrai, j’ai consacré le troisième chapitre à « la bataille de la réforme liturgique », qui, selon moi, a eu lieu en deux étapes pendant le Concile Vatican II et après. La raison de ce conflit est l’interprétation de la liturgie : est-elle – comme la foi même de l’Église – en continuité avec la Tradition ou en rupture ? Le paradoxe a été que les novateurs ont utilisé le modèle de l’Église primitive pour soutenir la nécessité des changements dans la liturgie, exactement comme ont fait les traditionalistes pour laisser les choses en état. Nous sommes devant le même « péché » : l’archéologisme, déjà dénoncé par le pape Pie XII dans Mediator Dei (1947).
Quelles mesures correctives peut-on prendre pour éviter de perdre l’esprit de la liturgie qui est une rencontre avec le mystère à travers la tradition de l’Église, corps vivant du Christ ? On doit comprendre que le développement de la liturgie s’opère organiquement et de façon presque imperceptible. Pour sortir de l’impasse actuelle, on doit étudier Sacrosanctum concilium et examiner de manière critique son application post-conciliaire. Mais c’est surtout la « paix » que Benoît XVI a proposée à travers le motu proprio Summorum Pontificum, paix qui peut aider à résoudre la querelle liturgique : il invite à étudier l’histoire, la doctrine et la discipline de la liturgie et à proposer à toutes les générations une nouvelle compréhension de la liturgie. Car l’ignorance est toujours mère de la partialité.
À plusieurs reprises dans votre livre, vous semblez vouloir minimiser le rôle du pape Paul VI dans la réforme (cf. p. 101-102), comme si celle-ci lui avait échappé: Paul VI ayant suivi les étapes de la réforme de très près, n’est-ce pas un artifice pour le disculper de sa responsabilité dans la catastrophe liturgique qui a suivi la réforme ?
Comme nous le savons, le rôle du pape Paul VI a été très important au Concile Vatican II : c’est grâce à sa modération que l’œuvre du Concile a pu atteindre sa fin. Nous savons également que, sur les questions liturgiques, il a apporté quelques corrections à l’Ordo Missae de 1969. Lors de la célèbre homélie du 29 juin 1972, il évoquait les « fumées de Satan » qui ont pénétré dans l’Église : donc il savait bien que la réforme avait subi des abus. Bien sûr, sans la direction ou l’approbation du pape, le Consilium ad exsequendam Constitutionem de sacra liturgia n’aurait pas eu la possibilité d’avancer. Des ouvrages récents et sérieux publiés en Italie confirment cette analyse.
La liturgie, dans le cadre de la Tradition de l’Église, comme il est dit dans le préambule du motu proprio Summorum Pontificum, ne peut être que préservé, conservé et respecté par l’autorité suprême jusqu’au pape lui-même ; même le Concile Vatican II ne pouvait agir différemment quand il a commencé à renouveler la liturgie.
Vous écrivez : « la réforme liturgique n’est pas parfaite, et elle n’est pas encore achevée » (p. 157) : vous visez là l’idée lancée par le cardinal Ratzinger d’une « réforme de la réforme ». Mais ne peut-on pas dire plutôt que la réforme est allée trop loin, au-delà des vœux des Pères conciliaires ? Et émettre l’idée que la réforme n’est pas achevée, n’est-ce pas entretenir un état d’esprit de changement permanent dont nous avons déjà trop souffert ?
La liturgie est vivante dans l’Église vivante, parce que l’Église est semper reformanda ; on peut penser que la liturgie marche avec elle. C’est la raison pour laquelle une réforme liturgique ne peut jamais être définitive. À condition toutefois de bien entendre le mot « reforme » qui ne signifie pas « révolution » : c’est plutôt une mise en forme de quelque chose qui risque de se déformer. C’est comme la restauration d’une fresque précieuse en péril. De Pie X jusqu’à Pie XII, donc avant le Concile Vatican II, il y a eu des étapes de restauration de la liturgie, ce mouvement n’est donc pas achevé une fois pour toutes. Le mot traditio vient du verbe tradere, qui indique un mouvement, le mouvement du Saint Esprit au sein même de l’Église du Christ, c’est lui qui « renouvelle toutes choses ». Il faut donc parler d’un changement ou d’un développement organique de la liturgie.
Votre dernier chapitre évoque « un nouveau mouvement liturgique » : comment voyez-vous un tel mouvement émerger et quel en serait le but? Si l’on parvient grâce à ce mouvement liturgique à « l’achèvement de la réforme », cela conduira-t-il à terme à retrouver l’unité du rite romain ou deux formes de ce même rite sont-elles amenées à cohabiter encore longtemps?
Nous pouvons voir ce mouvement liturgique sortir de l’amour de la tradition de l’Église que de nombreux jeunes ont découvert. Le pape Benoît XVI a donné un élan à ce mouvement avec la patience de l’amour, bien sûr en liaison avec le mouvement liturgique du XIXe siècle et de la première partie du XXe siècle. Le but sera la redécouverte du rite romain comme lui-même l’avait écrit dans la lettre au professeur Lothar Barth. Pour l’heure, ainsi que le pape l’a écrit dans le motu proprio, les deux formes ordinaire et extraordinaire doivent s’enrichir mutuellement, ce qui suppose que les prêtres apprennent à célébrer l’une et l’autre formes du même rite romain.
Vous démontrez (p. 113-122) que la messe dite de saint Pie V n’a jamais été abrogée, ainsi que Benoît XVI l’a confirmé dans Summorum Pontificum, alors que le pape Paul VI lui-même a dit explicitement le contraire dans son discours du 24 mai 1976 (que vous citez) : comment expliquer cette contradiction?
La déclaration de Paul VI dans son discours – « Le nouvel Ordo a été promulgué pour remplacer l’ancien » – ne signifie pas l’abrogation du missel romain de saint Pie V, mais son interdiction. Cette interprétation justifie l’indult de Jean Paul II, qui est un dispositif juridique qui permet l’usage de ce qui était interdit. Le mot abrogation en latin signifie suppression ou destruction : peut-on imaginer que le pape Paul VI ait voulu détruire le vénérable Missel de saint Pie V, son prédécesseur ? Benoît XVI, dans le motu proprio, a interprété de cette façon la question : la messe de saint Pie V – que nous pouvons appeler « messe de saint Grégoire le Grand » – est passée d’une situation extraordinaire, l’indult, à une situation ordinaire, celle du motu proprio.
Pourtant, de la réflexion canonique sur les précédents termes de la loi, on tire la conséquence que le motu proprio donne à la « question liturgique » un statut entièrement nouveau, parce qu’il la replace sur un plan théologique et doctrinal – et à notre avis également historique ; c’est le principal avantage de la nouvelle formulation contenue dans l’art. 1. Autre avantage, signalé par le professeur Antonio S. Sánchez-Gil : considérer l’ancien Missel et le nouveau non pas « comme deux systèmes juridiques ou incommunicables », mais comme deux expressions liturgiques de l’unique lex orandi du rite romain qui peuvent s’enrichir mutuellement, de même qu’on devrait enrichir, intégrer et réviser l’ars celebrandi. Telle est donc la principale et importante nouveauté du motu proprio, car la réforme s’inscrit à nouveau dans la tradition qui demeure notre guide.
« Ce changement d’orientation dans la liturgie a provoqué une dérive de la foi elle-même » (p. 31), écrivez-vous : pourriez-vous vous expliquer là-dessus et nous dire pourquoi le retour à une célébration « versus Deum » serait de nature à changer l’esprit actuel de la liturgie ?
Le culte divin, c’est-à-dire la sacrée et divine liturgie, est la rencontre de Dieu avec l’homme. Dieu prend toujours l’initiative, lui, le Seigneur de l’histoire et du cosmos, il nous précède toujours : avec sa catàbasi (descente), il nous parle et nous sauve. N’est-ce pas l’esprit de la liturgie de l’Orient et de l’Occident, la liturgie de la terre comme celle du ciel ? Depuis les origines jusqu’à aujourd’hui, le prêtre, en Orient, célèbre ad Dominum et les gens n’ont jamais pensé qu’il leur tournait ainsi le dos ! Comment pouvons-nous être sursum corda, c’est-à-dire ad Dominum, si le prêtre est face à nous et catalyse notre attention ? Cela est très difficile d’un point de vue psychologique. Nous pouvons penser avec le pape, que la foi et la prière retrouveront ce sens de l’orientation si la Croix est à nouveau au centre, attirant l’attention du regard du prêtre et des fidèles. Et l’on peut ajouter que l’orientation du célébrant ad Dominum est un geste œcuménique envers les orthodoxes !
Vous insistez beaucoup dans votre livre sur le sens du sacré de la liturgie, sur l’importance de la beauté, des gestes et symboles (comme l’agenouillement par exemple) : comment ce sens du sacré a-t-il été perdu et comment le réintroduire dans la liturgie actuelle ?
Entre les juifs et les chrétiens, quand il s’agit de sacré, ils se réfèrent à la Présence tout court (shekinah en hébreu) de Dieu dans le Sancta Sanctorum, c’est-à-dire le Sanctissimum. Le geste classique de la reconnaissance de la présence divine est l’agenouillement : il s’agit d’adoration. La perte du sens de la présence du Seigneur dans l’Église a produit la perte du sens de la liturgie en tant que culte. Pour le recouvrer, la place du tabernacle est très importante ! Sur ce point, une réflexion et un débat seront nécessaires pour résoudre certaines contradictions que l’on trouve dans les instructions post-conciliaires, comme je l’indique dans mon livre.
En abordant le motu proprio Summorum Pontificum, vous justifiez l’analyse de Benoît XVI sur le fait qu’il ne peut y avoir de « rupture » dans la liturgie : comment conciliez-vous cette affirmation avec les propres écrits du cardinal Ratzinger qui a plusieurs fois parlé de rupture et de « liturgie fabriquée » ou, plus concrètement, avec ce qui a été vécu par de nombreux fidèles qui ont vu la messe se transformer brutalement ?
Le pape, dans le motu proprio, décrit la liturgie de l’Église à travers les siècles en continuité avec l’âge apostolique, parce la liturgie est avant tout apostolique. Lorsque Benoît XVI a parlé de rupture ou de liturgie fabriquée, il voulait dire que la « connexion » a été interrompue. La valeur sacrificielle de la messe a été remplacée par la mémoire du dernier repas du Jeudi Saint : voilà la principale rupture. Paul VI lui-même a corrigé cette hérésie dans l’editio typica première du Missel romain (art. 7) ; bien sûr, la messe est aussi un repas, mais le repas pascal, c’est-à-dire avec l’Agneau de Dieu immolé pour nous. Donc la divine liturgie, comme on dit en Orient, est un « repas mystique » au Corps sacrifié et au Sang répandu in remissionem peccatorum. Le livre de l’Apocalypse décrit aussi la liturgie éternelle, représentée sur la terre par la liturgie de l’Église. L’aspect fraternel, ou mieux communionel de la messe, dépend uniquement de ce mystère.
Comment voyez-vous l’application concrète de ce motu proprio avec le recul de deux années d’expérience et qu’en attendez-vous à l’avenir ?
Tout le monde sait qu’au début le geste du Saint-Père a été accueilli de façon variée. Il s’est surtout ouvert un débat « pour » ou « contre », mais, dans le même temps, nombre de prêtres et d’évêques ont commencé à célébrer la messe dans la forme extraordinaire. Donc, la mise en œuvre effective du motu proprio repose sur la force de l’exemple, sans aucune restriction. Nous pouvons cependant espérer que la forme extraordinaire se développera avec les nouvelles générations de prêtres qui devront reprendre l’étude du latin et de la messe de « saint Grégoire le Grand ». Nous avons besoin de beaucoup de patience, celle de l’amour, comme l’avait déjà dit le Saint-Père, encore cardinal, dans son célèbre Entretien sur la foi de 1985.
En France, on a l’impression que la réintroduction dans les paroisses de la messe de « saint Grégoire le Grand », comme vous dites, pose un problème insurmontable, au point que beaucoup d’évêques freinent des quatre fers : pourquoi une telle peur, est-ce la même chose en Italie ?
Dans le motu proprio, le pape rassure les évêques pour qu’ils n’aient pas peur d’introduire dans les paroisses de leur diocèse la forme extraordinaire, parce qu’elle ne sera pas une cause de divisions mais d’enrichissement. Voici une réflexion : aujourd’hui, nous n’avons pas peur d’inviter les chrétiens à comprendre les différentes religions et leurs cultes : évidemment, nous les estimons adultes, capables d’évaluer la situation sans scandale. Pourquoi devrions-nous croire les fidèles incapables de comprendre l’unité dans la diversité, inaptes à appréhender la richesse du patrimoine du rite romain ?
Peut être que la situation est différente en Italie, parce que l’application de la réforme y a été plus équilibrée. En Italie aussi, plusieurs prêtres et évêques ont commencé à célébrer selon le missel de 1962 : on peut donc penser à une bonne évolution, lente mais inexorable.
Vous évoquez souvent dans votre livre la liturgie byzantine : comment a-t-elle évolué au cours des âges ? A-t-elle connu une réforme comparable à celle de 1969 pour le rite romain ? Comment les Orientaux perçoivent-ils notre réforme ?
Pour commencer je voudrais rappeler l’exhortation œcuménique de Jean Paul II : « L’Église doit respirer à deux poumons : celui de l’Orient et de l’Occident ». Cette phrase est souvent citée par les « œcuménistes » comme un exemple de la nécessité d’intégration entre les deux traditions. Mais, lorsque nous arrivons à la liturgie – qui est pars magna de la tradition chrétienne –, on entend les « distinguos » ou plutôt la prise de distance de quelques spécialistes latins de liturgie orientale qui, par exemple, à propos de l’orientation du prêtre, affirment que le rite romain est une voie autre que celle du rite byzantin : c’est vrai historiquement, mais ne devrions-nous pas essayer de maintenir l’unité ou la rechercher ? Si des « œcuménistes » catholiques blâment l’Église latine de nous avoir éloigné de l’Orient lorsqu’elle a proclamé les dogmes de l’Immaculée Conception et de l’Assomption de la Vierge Marie, ne devons-nous pas également déplorer le fait que, dans le domaine liturgique, nous avons banni des gestes provenant de l’« Église indivise », comme la prière du prêtre ad Orientem ou la Communion dans la bouche ? N’est-ce pas une contradiction ? Si nous défendons les principes de l’Église primitive, fort bien, mais l’orientation en fait partie. Ne sommes-nous pas archéologistes ou modernistes selon ce qui nous convient ?
Cela étant dit, nous pouvons voir que la liturgie byzantine a évolué en un système cohérent, d’abord avec la tradition apostolique et, ensuite, avec la culture de Byzance, mais en conservant l’unité entre les trois dimensions : le rite, la disposition architectonique et iconographique, l’ermêneia, c’est-à-dire l’herméneutique des symboles liturgiques ou mystagogie. Donc, elle n’a pas connu une réforme comparable à celle du 1969 pour le rite romain. En Russie, au début du siècle dernier, le patriarche Nikon a tenté de réformer les livres liturgiques, mais les fidèles ont complètement rejeté le projet de réforme avec une grande violence. Peut-être est-ce cette expérience qui explique l’attitude favorable des orthodoxes à la réforme de Benoît XVI. Nous savons que le défunt patriarche Alexis a exprimé son approbation du motu proprio, disant que la redécouverte de la tradition réconcilie les chrétiens entre eux.
Que peut nous apporter l’exemple de la liturgie byzantine aujourd’hui ?
Jean Paul II a publié la lettre apostolique Orientale lumen en 1995 dans laquelle il a exhorté les chrétiens à se tourner vers l’Orient d’où venait Jésus-Christ : l’Orient avec toute sa richesse de doctrine, de liturgie et de sainteté. Nous savons que pendant les soixante-dix ans du communisme, les chrétiens de l’Est ont réussi à survivre grâce à la divine liturgie célébrée constamment dans des situations difficiles en raison de la destruction d’un grand nombre d’églises. Quel enseignement en tirer ? Que la liturgie est « fons et culmen » de la vie de l’Église sur la terre, parce qu’elle ne vient pas d’ici-bas mais du Ciel. C’est la raison pour laquelle le Concile Vatican II a souligné que la liturgie a une partie immuable d’institution divine : c’est sur cette partie qu’il faut concentrer les recherches. Le rite byzantin, avec sa vision de la liturgie comme « Ciel sur la terre », pourrait nous aider à découvrir aussi l’aspect mystique de la liturgie latine. Mais pour les catholiques qui ne connaissent pas ou ne peuvent facilement accéder à la liturgie byzantine, la messe de « saint Pie V », ou mieux de « saint Grégoire le Grand » – qualifiée de forme extraordinaire du rite romain –, suffit pour appréhender la tradition liturgique latine. Les chrétiens byzantins (orthodoxes et catholiques) ont pendant l’année liturgique l’opportunité de participer à la « liturgie de saint Jean Chrisostome », à celle « de saint Basile », ou encore à celle « des Présanctifiés » : c’est bien une pluralité dans le même rite.
La liturgie byzantine nous donne donc un bon exemple d’unité et de pluralité sans aucune rupture ou division, parce que la tradition de la foi qui nous donne la liturgie est unique et que celle-ci ne peut se développer que par un enrichissement, jamais par un appauvrissement. Il n’y a donc aucun scandale si le pape, dans le motu proprio, propose, sans l’imposer, l’utilisation des deux formes du même rite romain.
Propos recueillis par Christophe Geffroy
Une contribution essentielle
Mgr Nicola Bux est un proche de Benoît XVI qui l’a récemment nommé conseiller des Cérémonies pontificales. C’est un liturgiste chevronné, spécialiste des rites orientaux. Son livre a été salué en Italie, à tel point que sa traduction espagnole a été préfacée par le nouveau préfet de la Congrégation pour le Culte divin, le cardinal Canizarès lui-même (préface reproduite en… postface de la présente édition en français). C’est un livre assez petit par la taille, mais dense et puissant qui s’inscrit sans conteste dans ce « nouveau mouvement liturgique » souhaité par le pape Benoît XVI et auquel Mgr Bux consacre son dernier chapitre.
Sans jamais verser dans la critique systématique ni dans la remise en cause des fondements de la réforme liturgique de 1969, Mgr Bux n’en dresse pas moins un tableau sévère de la situation liturgique actuelle : c’est bien le sens même de la liturgie que tout un peuple a perdu par la faute de ses pasteurs. Dans ce contexte, la reconnaissance du droit de cité de l’ancien missel, voulue par le pape Benoît XVI dans le motu proprio Summorum Pontificum, est bien plus qu’un acte de justice rendu à des prêtres et fidèles attachés à cette forme liturgique : elle remet à l’honneur un trésor de l’Église qui est de nature à aider au grand mouvement de resacralisation de la liturgie que le pape appelle de ses vœux. Elle dépasse donc de loin le périmètre du monde traditionaliste.
Mgr Bux ne vient d’ailleurs nullement de ce monde-là. Un des intérêts de son livre est qu’il prend de la hauteur par rapport aux querelles liturgiques passées et qu’il apporte une véritable compétence liturgique pour faire avancer les choses. En conclusion de son analyse, il évoque cinq « déformations » issues de la réforme :
1) « La transformation de la liturgie, faite de prière ou de dialogue avec Dieu, en exhibition d’acteurs et en torrents de paroles. Cette déformation est favorisée par la position du prêtre ».
2) « La substitution du concept de sacrifice par celui de repas ».
3) « La confusion produite par le fait de dire l’anaphore versus populum, ce qui a contribué à renforcer l’idée que la messe est un repas fraternel ».
4) « La disparition totale du latin ».
5) « La révolution “artistique” qui a eu les effets suivants : l’autel a changé de forme ; il est devenu une table. Le tabernacle a été décentré et remplacé par le siège du prêtre, toujours plus visible » (p. 168-169).
Ce livre d’une réelle qualité, après d’autres comme ceux des Pères Nichols, Lang ou Cassingena-Trévedy, montre que la réflexion sur la liturgie s’étend dans l’Église, condition nécessaire pour l’avènement d’un véritable nouveau mouvement liturgique. À lire et méditer d’urgence.
Christophe Geffroy
La réforme de Benoît XVI. La liturgie entre innovation et tradition, de Mgr Nicola Bux, préface de Mgr Marc Aillet, postface du cardinal Canizarès, Tempora, 2009, 208 pages, 17,90 euros.
Votre dernier chapitre évoque « un nouveau mouvement liturgique » : comment voyez-vous un tel mouvement émerger et quel en serait le but? Si l’on parvient grâce à ce mouvement liturgique à « l’achèvement de la réforme », cela conduira-t-il à terme à retrouver l’unité du rite romain ou deux formes de ce même rite sont-elles amenées à cohabiter encore longtemps?
Nous pouvons voir ce mouvement liturgique sortir de l’amour de la tradition de l’Église que de nombreux jeunes ont découvert. Le pape Benoît XVI a donné un élan à ce mouvement avec la patience de l’amour, bien sûr en liaison avec le mouvement liturgique du XIXe siècle et de la première partie du XXe siècle. Le but sera la redécouverte du rite romain comme lui-même l’avait écrit dans la lettre au professeur Lothar Barth. Pour l’heure, ainsi que le pape l’a écrit dans le motu proprio, les deux formes ordinaire et extraordinaire doivent s’enrichir mutuellement, ce qui suppose que les prêtres apprennent à célébrer l’une et l’autre formes du même rite romain.
Vous démontrez (p. 113-122) que la messe dite de saint Pie V n’a jamais été abrogée, ainsi que Benoît XVI l’a confirmé dans Summorum Pontificum, alors que le pape Paul VI lui-même a dit explicitement le contraire dans son discours du 24 mai 1976 (que vous citez) : comment expliquer cette contradiction?
La déclaration de Paul VI dans son discours – « Le nouvel Ordo a été promulgué pour remplacer l’ancien » – ne signifie pas l’abrogation du missel romain de saint Pie V, mais son interdiction. Cette interprétation justifie l’indult de Jean Paul II, qui est un dispositif juridique qui permet l’usage de ce qui était interdit. Le mot abrogation en latin signifie suppression ou destruction : peut-on imaginer que le pape Paul VI ait voulu détruire le vénérable Missel de saint Pie V, son prédécesseur ? Benoît XVI, dans le motu proprio, a interprété de cette façon la question : la messe de saint Pie V – que nous pouvons appeler « messe de saint Grégoire le Grand » – est passée d’une situation extraordinaire, l’indult, à une situation ordinaire, celle du motu proprio.
Pourtant, de la réflexion canonique sur les précédents termes de la loi, on tire la conséquence que le motu proprio donne à la « question liturgique » un statut entièrement nouveau, parce qu’il la replace sur un plan théologique et doctrinal – et à notre avis également historique ; c’est le principal avantage de la nouvelle formulation contenue dans l’art. 1. Autre avantage, signalé par le professeur Antonio S. Sánchez-Gil : considérer l’ancien Missel et le nouveau non pas « comme deux systèmes juridiques ou incommunicables », mais comme deux expressions liturgiques de l’unique lex orandi du rite romain qui peuvent s’enrichir mutuellement, de même qu’on devrait enrichir, intégrer et réviser l’ars celebrandi. Telle est donc la principale et importante nouveauté du motu proprio, car la réforme s’inscrit à nouveau dans la tradition qui demeure notre guide.
« Ce changement d’orientation dans la liturgie a provoqué une dérive de la foi elle-même » (p. 31), écrivez-vous : pourriez-vous vous expliquer là-dessus et nous dire pourquoi le retour à une célébration « versus Deum » serait de nature à changer l’esprit actuel de la liturgie ?
Le culte divin, c’est-à-dire la sacrée et divine liturgie, est la rencontre de Dieu avec l’homme. Dieu prend toujours l’initiative, lui, le Seigneur de l’histoire et du cosmos, il nous précède toujours : avec sa catàbasi (descente), il nous parle et nous sauve. N’est-ce pas l’esprit de la liturgie de l’Orient et de l’Occident, la liturgie de la terre comme celle du ciel ? Depuis les origines jusqu’à aujourd’hui, le prêtre, en Orient, célèbre ad Dominum et les gens n’ont jamais pensé qu’il leur tournait ainsi le dos ! Comment pouvons-nous être sursum corda, c’est-à-dire ad Dominum, si le prêtre est face à nous et catalyse notre attention ? Cela est très difficile d’un point de vue psychologique. Nous pouvons penser avec le pape, que la foi et la prière retrouveront ce sens de l’orientation si la Croix est à nouveau au centre, attirant l’attention du regard du prêtre et des fidèles. Et l’on peut ajouter que l’orientation du célébrant ad Dominum est un geste œcuménique envers les orthodoxes !
Vous insistez beaucoup dans votre livre sur le sens du sacré de la liturgie, sur l’importance de la beauté, des gestes et symboles (comme l’agenouillement par exemple) : comment ce sens du sacré a-t-il été perdu et comment le réintroduire dans la liturgie actuelle ?
Entre les juifs et les chrétiens, quand il s’agit de sacré, ils se réfèrent à la Présence tout court (shekinah en hébreu) de Dieu dans le Sancta Sanctorum, c’est-à-dire le Sanctissimum. Le geste classique de la reconnaissance de la présence divine est l’agenouillement : il s’agit d’adoration. La perte du sens de la présence du Seigneur dans l’Église a produit la perte du sens de la liturgie en tant que culte. Pour le recouvrer, la place du tabernacle est très importante ! Sur ce point, une réflexion et un débat seront nécessaires pour résoudre certaines contradictions que l’on trouve dans les instructions post-conciliaires, comme je l’indique dans mon livre.
En abordant le motu proprio Summorum Pontificum, vous justifiez l’analyse de Benoît XVI sur le fait qu’il ne peut y avoir de « rupture » dans la liturgie : comment conciliez-vous cette affirmation avec les propres écrits du cardinal Ratzinger qui a plusieurs fois parlé de rupture et de « liturgie fabriquée » ou, plus concrètement, avec ce qui a été vécu par de nombreux fidèles qui ont vu la messe se transformer brutalement ?
Le pape, dans le motu proprio, décrit la liturgie de l’Église à travers les siècles en continuité avec l’âge apostolique, parce la liturgie est avant tout apostolique. Lorsque Benoît XVI a parlé de rupture ou de liturgie fabriquée, il voulait dire que la « connexion » a été interrompue. La valeur sacrificielle de la messe a été remplacée par la mémoire du dernier repas du Jeudi Saint : voilà la principale rupture. Paul VI lui-même a corrigé cette hérésie dans l’editio typica première du Missel romain (art. 7) ; bien sûr, la messe est aussi un repas, mais le repas pascal, c’est-à-dire avec l’Agneau de Dieu immolé pour nous. Donc la divine liturgie, comme on dit en Orient, est un « repas mystique » au Corps sacrifié et au Sang répandu in remissionem peccatorum. Le livre de l’Apocalypse décrit aussi la liturgie éternelle, représentée sur la terre par la liturgie de l’Église. L’aspect fraternel, ou mieux communionel de la messe, dépend uniquement de ce mystère.
Comment voyez-vous l’application concrète de ce motu proprio avec le recul de deux années d’expérience et qu’en attendez-vous à l’avenir ?
Tout le monde sait qu’au début le geste du Saint-Père a été accueilli de façon variée. Il s’est surtout ouvert un débat « pour » ou « contre », mais, dans le même temps, nombre de prêtres et d’évêques ont commencé à célébrer la messe dans la forme extraordinaire. Donc, la mise en œuvre effective du motu proprio repose sur la force de l’exemple, sans aucune restriction. Nous pouvons cependant espérer que la forme extraordinaire se développera avec les nouvelles générations de prêtres qui devront reprendre l’étude du latin et de la messe de « saint Grégoire le Grand ». Nous avons besoin de beaucoup de patience, celle de l’amour, comme l’avait déjà dit le Saint-Père, encore cardinal, dans son célèbre Entretien sur la foi de 1985.
En France, on a l’impression que la réintroduction dans les paroisses de la messe de « saint Grégoire le Grand », comme vous dites, pose un problème insurmontable, au point que beaucoup d’évêques freinent des quatre fers : pourquoi une telle peur, est-ce la même chose en Italie ?
Dans le motu proprio, le pape rassure les évêques pour qu’ils n’aient pas peur d’introduire dans les paroisses de leur diocèse la forme extraordinaire, parce qu’elle ne sera pas une cause de divisions mais d’enrichissement. Voici une réflexion : aujourd’hui, nous n’avons pas peur d’inviter les chrétiens à comprendre les différentes religions et leurs cultes : évidemment, nous les estimons adultes, capables d’évaluer la situation sans scandale. Pourquoi devrions-nous croire les fidèles incapables de comprendre l’unité dans la diversité, inaptes à appréhender la richesse du patrimoine du rite romain ?
Peut être que la situation est différente en Italie, parce que l’application de la réforme y a été plus équilibrée. En Italie aussi, plusieurs prêtres et évêques ont commencé à célébrer selon le missel de 1962 : on peut donc penser à une bonne évolution, lente mais inexorable.
Vous évoquez souvent dans votre livre la liturgie byzantine : comment a-t-elle évolué au cours des âges ? A-t-elle connu une réforme comparable à celle de 1969 pour le rite romain ? Comment les Orientaux perçoivent-ils notre réforme ?
Pour commencer je voudrais rappeler l’exhortation œcuménique de Jean Paul II : « L’Église doit respirer à deux poumons : celui de l’Orient et de l’Occident ». Cette phrase est souvent citée par les « œcuménistes » comme un exemple de la nécessité d’intégration entre les deux traditions. Mais, lorsque nous arrivons à la liturgie – qui est pars magna de la tradition chrétienne –, on entend les « distinguos » ou plutôt la prise de distance de quelques spécialistes latins de liturgie orientale qui, par exemple, à propos de l’orientation du prêtre, affirment que le rite romain est une voie autre que celle du rite byzantin : c’est vrai historiquement, mais ne devrions-nous pas essayer de maintenir l’unité ou la rechercher ? Si des « œcuménistes » catholiques blâment l’Église latine de nous avoir éloigné de l’Orient lorsqu’elle a proclamé les dogmes de l’Immaculée Conception et de l’Assomption de la Vierge Marie, ne devons-nous pas également déplorer le fait que, dans le domaine liturgique, nous avons banni des gestes provenant de l’« Église indivise », comme la prière du prêtre ad Orientem ou la Communion dans la bouche ? N’est-ce pas une contradiction ? Si nous défendons les principes de l’Église primitive, fort bien, mais l’orientation en fait partie. Ne sommes-nous pas archéologistes ou modernistes selon ce qui nous convient ?
Cela étant dit, nous pouvons voir que la liturgie byzantine a évolué en un système cohérent, d’abord avec la tradition apostolique et, ensuite, avec la culture de Byzance, mais en conservant l’unité entre les trois dimensions : le rite, la disposition architectonique et iconographique, l’ermêneia, c’est-à-dire l’herméneutique des symboles liturgiques ou mystagogie. Donc, elle n’a pas connu une réforme comparable à celle du 1969 pour le rite romain. En Russie, au début du siècle dernier, le patriarche Nikon a tenté de réformer les livres liturgiques, mais les fidèles ont complètement rejeté le projet de réforme avec une grande violence. Peut-être est-ce cette expérience qui explique l’attitude favorable des orthodoxes à la réforme de Benoît XVI. Nous savons que le défunt patriarche Alexis a exprimé son approbation du motu proprio, disant que la redécouverte de la tradition réconcilie les chrétiens entre eux.
Que peut nous apporter l’exemple de la liturgie byzantine aujourd’hui ?
Jean Paul II a publié la lettre apostolique Orientale lumen en 1995 dans laquelle il a exhorté les chrétiens à se tourner vers l’Orient d’où venait Jésus-Christ : l’Orient avec toute sa richesse de doctrine, de liturgie et de sainteté. Nous savons que pendant les soixante-dix ans du communisme, les chrétiens de l’Est ont réussi à survivre grâce à la divine liturgie célébrée constamment dans des situations difficiles en raison de la destruction d’un grand nombre d’églises. Quel enseignement en tirer ? Que la liturgie est « fons et culmen » de la vie de l’Église sur la terre, parce qu’elle ne vient pas d’ici-bas mais du Ciel. C’est la raison pour laquelle le Concile Vatican II a souligné que la liturgie a une partie immuable d’institution divine : c’est sur cette partie qu’il faut concentrer les recherches. Le rite byzantin, avec sa vision de la liturgie comme « Ciel sur la terre », pourrait nous aider à découvrir aussi l’aspect mystique de la liturgie latine. Mais pour les catholiques qui ne connaissent pas ou ne peuvent facilement accéder à la liturgie byzantine, la messe de « saint Pie V », ou mieux de « saint Grégoire le Grand » – qualifiée de forme extraordinaire du rite romain –, suffit pour appréhender la tradition liturgique latine. Les chrétiens byzantins (orthodoxes et catholiques) ont pendant l’année liturgique l’opportunité de participer à la « liturgie de saint Jean Chrisostome », à celle « de saint Basile », ou encore à celle « des Présanctifiés » : c’est bien une pluralité dans le même rite.
La liturgie byzantine nous donne donc un bon exemple d’unité et de pluralité sans aucune rupture ou division, parce que la tradition de la foi qui nous donne la liturgie est unique et que celle-ci ne peut se développer que par un enrichissement, jamais par un appauvrissement. Il n’y a donc aucun scandale si le pape, dans le motu proprio, propose, sans l’imposer, l’utilisation des deux formes du même rite romain.
Propos recueillis par Christophe Geffroy
Une contribution essentielle
Mgr Nicola Bux est un proche de Benoît XVI qui l’a récemment nommé conseiller des Cérémonies pontificales. C’est un liturgiste chevronné, spécialiste des rites orientaux. Son livre a été salué en Italie, à tel point que sa traduction espagnole a été préfacée par le nouveau préfet de la Congrégation pour le Culte divin, le cardinal Canizarès lui-même (préface reproduite en… postface de la présente édition en français). C’est un livre assez petit par la taille, mais dense et puissant qui s’inscrit sans conteste dans ce « nouveau mouvement liturgique » souhaité par le pape Benoît XVI et auquel Mgr Bux consacre son dernier chapitre.
Sans jamais verser dans la critique systématique ni dans la remise en cause des fondements de la réforme liturgique de 1969, Mgr Bux n’en dresse pas moins un tableau sévère de la situation liturgique actuelle : c’est bien le sens même de la liturgie que tout un peuple a perdu par la faute de ses pasteurs. Dans ce contexte, la reconnaissance du droit de cité de l’ancien missel, voulue par le pape Benoît XVI dans le motu proprio Summorum Pontificum, est bien plus qu’un acte de justice rendu à des prêtres et fidèles attachés à cette forme liturgique : elle remet à l’honneur un trésor de l’Église qui est de nature à aider au grand mouvement de resacralisation de la liturgie que le pape appelle de ses vœux. Elle dépasse donc de loin le périmètre du monde traditionaliste.
Mgr Bux ne vient d’ailleurs nullement de ce monde-là. Un des intérêts de son livre est qu’il prend de la hauteur par rapport aux querelles liturgiques passées et qu’il apporte une véritable compétence liturgique pour faire avancer les choses. En conclusion de son analyse, il évoque cinq « déformations » issues de la réforme :
1) « La transformation de la liturgie, faite de prière ou de dialogue avec Dieu, en exhibition d’acteurs et en torrents de paroles. Cette déformation est favorisée par la position du prêtre ».
2) « La substitution du concept de sacrifice par celui de repas ».
3) « La confusion produite par le fait de dire l’anaphore versus populum, ce qui a contribué à renforcer l’idée que la messe est un repas fraternel ».
4) « La disparition totale du latin ».
5) « La révolution “artistique” qui a eu les effets suivants : l’autel a changé de forme ; il est devenu une table. Le tabernacle a été décentré et remplacé par le siège du prêtre, toujours plus visible » (p. 168-169).
Ce livre d’une réelle qualité, après d’autres comme ceux des Pères Nichols, Lang ou Cassingena-Trévedy, montre que la réflexion sur la liturgie s’étend dans l’Église, condition nécessaire pour l’avènement d’un véritable nouveau mouvement liturgique. À lire et méditer d’urgence.
Christophe Geffroy
La réforme de Benoît XVI. La liturgie entre innovation et tradition, de Mgr Nicola Bux, préface de Mgr Marc Aillet, postface du cardinal Canizarès, Tempora, 2009, 208 pages, 17,90 euros.