1 juin 2007





Bientôt un nouveau Saint-Nicolas du Chardonnet dans le diocèse de Laval ?
1er juin 2007 - La Lettre de Paix liturgique n°62 – contact@paixliturgique.com
La Lettre de Paix liturgique
Numéro 62 – 1er juin 2007 Bientôt un nouveau Saint-Nicolas du Chardonnet dans le diocèse de Laval ?
► Il y a quelques mois, Monseigneur Le Gall archevêque de Toulouse, très réservé au sujet du souhait du Saint-Père de promulguer un motu proprio en faveur de la liturgie traditionnelle, au point de faire il y a peu de temps spécialement le déplacement à Rome pour tenter de convaincre le Vatican de ne pas publier ce texte, n’hésitait pas à déclarer – contre toute évidence – qu’en France nous avions trouvé un bon équilibre en matière liturgique ! Peut-être était-il sincère mais pourtant au lendemain des pèlerinages de Pentecôte qui ont accueilli plus de 12 000 jeunes fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise, nous assistons à des évènements incroyables qui nous rappellent les heures les plus sombres de notre histoire ecclésiale contemporaine ! Nous avons en effet l’impression de revenir plus de 30 ans en arrière, à une époque où certains voulaient nier l’évidence et préféraient exclure que de dialoguer, à une époque ou les fidèles persécutés pour survivre étaient contraints d’occuper leurs églises que certains préféraient déjà voir vides plutôt que d’y voir célébrer les saints mystères selon la liturgie traditionnelle. Une époque révolue diront certains… Malheureusement pas et les évènements récents du diocèse de Laval le démontrent !
En effet, Monseigneur Maillard, évêque de Laval vient de faire fermer, dimanche dernier, une église qui réunissait paisiblement plus de 200 fidèles chaque dimanche depuis plus de 40 ans… L’ancien desservant de cette paroisse est mort il y a quelques semaines à l’âge de 94 ans, après avoir été curé depuis 1965. Il avait progressivement attiré beaucoup de familles et de fidèles déroutés par la révolution liturgique de 1969. Afin de répondre à l’attente des fidèles, qui s’étaient adressés plusieurs fois à lui pour demander de préparer la succession du vieux curé, Monseigneur Maillard avait permis que pour quelques mois un jeune prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre célèbre la messe de saint Pie V tous les dimanches, en attendant l’établissement d’une situation définitive. La solution « proposée » par l’évêché est finalement la fermeture pure et simple de l’église de Niafles et la célébration de la messe de Paul VI « en latin » à … 40 kilomètres de Niafles. Bien sûr il s’agit là d’une provocation et les fidèles de Niafles ne veulent pas de cette « solution » qui n’en est pas une. Mais une fois de plus, l’absence de dialogue et le mépris envers les catholiques attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise sont de mise dans l’Eglise de France. Avec de tels agissements de l’autorité diocésaine, la culture du mépris semble hélas plus que jamais d’actualité.
Pour vous donner d’avantage d’information nous publions in extenso une lettre d’un fidèle de Niafles à son évêque :
► Lettre ouverte d’un fidèle de Niafles à son évêque
Monseigneur,
Le dimanche de Pentecôte, mes quatre garçons étaient sur la route de Chartres. J’étais heureux pour eux. Ils ont évité ainsi un des moments les plus douloureux qui puissent se vivre dans la vie d’un chrétien. Mes deux derniers qui servent le dimanche n’ont pas eu à faire le triste office qui suit.
Après une messe magnifique, véritable préfiguration d’une vision du Ciel où les servants de messe, comme des anges tout tendus vers Dieu, suivaient l’action du prêtre et prévenaient tous ses besoins pour le sacrifice « in persona Christi » comme la servante de l’Évangile regarde les mains de sa maîtresse, messe qui nous offrait une parfaite harmonie liturgique, a suivi une cérémonie qui nous a bien ramenés sur terre.
Notre prêtre qui avait consommé la sainte réserve et retiré le voile du tabernacle resta tourné vers l’autel, et tous ces petits anges emportèrent les vases sacrés, les canons d’autel, le conopée, éteignirent les cierges un à un, retirèrent le missel, replièrent la nappe d’autel, reprirent les fleurs et tout fut sombre dans le chœur. Nous étions comme à trois heures de l’après-midi il y a plus de 2000 ans un certain Vendredi…
C’est vous, Monseigneur, qui avez voulu ce décalage du calendrier. Vous avez ordonné la fermeture d’une église, le jour commémorant la naissance de l’Église.
Notre défunt curé, l’abbé Chéhère, mort à 94 ans, dans sa paroisse, a maintenu allumée durant 40 ans, la lumière du sanctuaire, et vous ne nous avez laissé que deux mois ce jeune prêtre qu’il avait appelé à son aide et que nous aimons. Deux petits mois concédés par vous le jour de l’enterrement de notre curé « pour une période de réflexion ». Vous nous aviez parlé aussi d’une concertation.
Quelques fidèles avaient pris rendez-vous pour se faire les porte-paroles de notre communauté. Vous avez finalement annulé ce rendez-vous l’avant-veille car vous aviez pris la décision de nous réunir ce soir-là, mercredi 23 mai, en une salle municipale à Craon. Nous voulions penser encore que nous allions nous parler, enfin.
Les propos rapportés par le maire de Niafles dans Ouest-France, les propos que vous auriez tenus à Lourdes et que nous ne voulions croire avant de les avoir entendus de nos propres oreilles, nous furent bien confirmés ce soir-là, puisque c’est votre propre bouche qui les prononça.
Votre décision de normalisation – c’est-à-dire de fermer l’église Saint-Martin de Niafles – était prise et vous veniez pour l’annoncer. Vous nous concédiez une messe « en latin » le dimanche à 9 h, à près de 40 kilomètres de Niafles. Et bien sûr pas question de messe traditionnelle, catégoriquement. Ah, vous faites bien partie de ces évêques « à l’écoute » mais qui n’entendent toujours que d’une oreille !
La Providence m’a permis de voyager en train avec vous le lendemain matin car je travaille à Paris et j’avais fait le déplacement. J’ai pu ainsi m’entretenir avec vous quelques minutes. Vous avez bien voulu m’entendre (ou n’avez pu faire autrement…) et ce fut sans hostilité. C’est donc votre clergé (ou du moins ceux qui ont emporté votre décision) qui nous déteste tant.
Je vous posais la question : « Pourquoi votre clergé nous déteste tant ? » Par votre réponse vous me le confirmiez : « C’est une histoire vieille de quarante ans »
Je vous ai répondu qu’il n’était pas de notre rôle de tirer quelque conclusion que ce soit de quarante ans de pastorale mais que, pour notre part, ces quarante ans de persécution nous avaient aguerris. Nous sommes entraînés comme les athlètes du stade et, si vous ne savez vous imposer un peu face à ce clergé dans le vent de l’histoire ancienne, sachez que c’est routine pour nous. J’ai cherché à vous faire comprendre qu’il fallait changer de décision car elle ne pouvait apporter la paix, une paix que vous ne pouviez que souhaiter, dans votre diocèse. Vous ne disiez rien.
Samedi matin, j’ai cherché à vous rencontrer, vous n’y étiez pas. Je vous ai fait donc remettre une lettre avec en copies nos différents courriers : une lettre au nonce apostolique datée du 17 et deux autres postées ce jour, l’une adressée à Mgr Castrillón Hoyos et l’autre à Mgr Ricard, dans l’espoir exprimé de vous faire comprendre qu’il était encore temps pour vous de sortir honorablement de cette mauvaise affaire pour l’honneur de l’Église.
Aujourd’hui, lundi de Pentecôte, cette église que vous vouliez fermer l’est bien, mais ce sont des fidèles qui s’y sont enfermés pour prévenir tout saccage dans le chœur, comme vous l’avez fait pratiquer chez ces malheureuses bénédictines de Craon, m’a-t-on dit.
Comme par hasard, votre vicaire général est venu faire un petit tour à Saint-Martin, accompagné de quelqu’un pour des « travaux » dans l’église ! ? Cette prévention était donc bien justifiée et il n’y aura pas de bloc de béton au milieu du chœur et la table de communion sera toujours là pour le jour inéluctable où la messe sera de nouveau dite ici. Le sacrifice ne sera pas offert sur une table, mais les fidèles auront une table pour le repas eucharistique, c’est mieux comme ça et cela vous explique un peu mieux notre attachement au rite traditionnel qu’une quelconque question de « sensibilité » comme on ne l’entend que trop.
L’abbé Chéhère a donné sa vie au service de l’Église et quarante ans pour que la lampe du sanctuaire reste allumée dans ce village de Niafles.
Il ne tient qu’à vous, Monseigneur, de rallumer cette flamme, n’est-ce pas un rôle plus conforme à votre mission que de fermer des églises ?
Veuillez croire, Monseigneur, à notre attachement à Jésus-Christ, à sa Sainte Église avec tout ce que cela comporte puisque c’est le sens de notre vie.
Pour en savoir plus : http://soleil151.free.fr/niafles/
► Les réflexions de paix liturgique
1. Pourquoi tant d’obscurantisme ? Pourquoi tant de haine ? Fermer une église en 2007, sacrifier une communauté unie et priante, est-ce le rôle d’un évêque ? Qu’on nous dise enfin quel est le problème ? La fermeture d’une église n’est pas une décision sans importance. Quelles en sont donc les vraies raisons ? La situation irrégulière du desservant ? Non, il est parfaitement en règle. L’occupation sauvage et subite d’une église ? Non, la communauté se réuni à Niafles paisiblement depuis plus de 40 ans. La célébration d’un rite interdit ? Non, Rome ne cesse de dire que ce rite a « droit de cité ». La haine et la volonté de voir disparaître les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise, la question mérite d’être posée. Alors qu’il est patent que plus de 25 % des catholiques français désirent vivre leur foi catholique au rythme de la liturgie traditionnelle et que seulement 5 % d’entre eux refusent les richesses de la pluralité liturgique bénie par l’Eglise (Voir le sondage Ipsos de novembre 2006) ces agissements sont profondément choquants. N’est-il pas incroyable qu’en 2007, de tels évènements anachroniques d’exclusion continuent de sévir en France. Les appels à l’unité du Saint-Père, les vœux de paix liturgique tant de fois exprimés par Rome ne sont-ils donc pas entendus par nos bons évêques ?
2. Oui la liturgie traditionnelle de l’Eglise doit retrouver toute sa place dans l’Eglise de France et de très nombreux fidèles souhaitent pouvoir vivre leur foi au rythme de cette liturgie. Des preuves ? Mais elles abondent, il suffit pour cela de se tourner vers les séminaires traditionnels qui accueillent chaque année plus de séminaristes et qui génèrent davantage de vocations alors que la plupart des diocèses français sont moribonds et que les séminaires diocésains ferment les uns après les autres. La fermeture des églises après celle des séminaires, est-ce une solution viable pour la nouvelle évangélisation à laquelle nous appelle le Saint-Père ? Oui, malgré le discours officiel auto-persuasif d’une certaine autorité, la liturgie traditionnelle attire de nombreux jeunes qui y trouvent la nourriture spirituelle dont ils ont trop longtemps été privés.
3. Pourquoi cette absence de dialogue ? Pourquoi nos évêques refusent-ils de nous parler simplement ? qui les menace ? La question mérite d’être posée car hélas le cas dramatique du diocèse de Laval n’est pas unique et il existe des diocèses, comme celui de Nanterre par exemple, ou le presbyterium et le propre vicaire épiscopal chargé de « réduire » les traditionalistes, font en sorte que leur évêque ne rencontre pas les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise car ils savent bien que si le dialogue s''installe comme le disait Paul VI, la pleine unité finalement va s''instaurer dans la charité.
4. Monseigneur Maillard, nous vous supplions de faire cesser le scandale dans votre diocèse et de rétablir la paix en ouvrant à nouveau cette belle église de Niafles afin d’y faire célébrer la messe traditionnelle pour la plus grande joie de la communauté et la gloire de Dieu.
5. Une situation similaire se présente dans le Cantal où un prêtre âgé de 92 ans qui célébrait la messe selon le rite de Saint Pie V depuis plus de 40 ans est mort. Les fidèles de cette paroisse de Saint-Santin Cantalès ont donc fait une demande à leur évêque pour que soit célébrée la messe selon le rite traditionnel puisse continuer à être célébrée dans le Cantal. Nous suivons de très prêt l''évolution de cette situation.
Sylvie Mimpontel