20 janvier 2014

[Abbé John Hunwicke] La FSSPX: Est-ce de l'oecuménisme ou non? partie II

SOURCE - Abbé Hunwicke - version originale: Mutual Enrichment - Traduction: Notions romaines - 20 janvier 2014

Unitatis Redintegratio de Vatican II fut sage de se concentrer sur ce qui était positif: ce que l’Église catholique et les autres corps ecclésiaux pouvaient dire avec confiance qu’ils avaient en commun. (La même attitude fut adoptée envers les religions non-chrétiennes).

Ceci était plutôt comme regarder le verre de vin orthodoxe et s’exclamer: «Chouette! Le verre est aux trois quarts (ou plus) plein.» Mais le dialogue entre le Vatican et la FSSPX n’a été que marchandage à savoir si le verre de la FSSPX était un milligramme de trop ou de moins d’être plein.

L’industrie œcuménique moderne du Magistère catholique n’hurle pas aux orthodoxes: «vous devez accepté chaque mot des décrets de Florence et tout le Magistère papal post-florentin». Ou, s’il le fait, il le fait trop silencieusement pour que je l’entende. Un officiel curial disait récemment concernant la FSSPX «qu’ils doivent changer leur attitude et accepter les conditions de l’Église et du Pontife suprême». Est-ce que le Vatican parle de cette façon des orthodoxes…ou des méthodistes…?

Je crois que la situation concernant la FSSPX est urgente. Même si Mgr Lefebvre a judicieusement choisi de jeunes hommes pour les consacrer évêques, ces derniers sont maintenant de 25 ans plus vieux qu’ils l’étaient. Le temps viendra où les problèmes entourant la consécration de leurs successeurs devront être confrontés. Devons-nous vraiment revisiter tous ces acariâtres et interminables arguments sur l’état d’urgence et de nécessité et les excommunications latae sententiate? Est-ce qu’il y a un autre corps ecclésial auquel le Vatican ferait entrevoir une si lugubre possibilité comme voie d’avenir pour une réconciliation? N’est-ce pas pour rien que Benoît XVI a coupé ce nœud gordien particulier? Et, ce faisant, s’est attiré les calomnies râleuses de l’ignorant et du mal disposé?

Le Pape François a des critiques qui croient que son ouverture, son humilité, son désir de réduire la bureaucratie, sa préférence pour une Église qui fait quelque chose, même si elle commet des erreurs, n’est que relations publiques et question de posture. Je ne crois pas que ces critiques aient raison. Je crois qu’il est un homme de prières et de sincérité.

Mais la crise à laquelle il fait face est plus grande qu’il ne paraît. Si Rome ne peut parvenir à un accord, même avec la FSSPX, avec qui elle partage toutes les définitions dogmatiques de tous les Conciles œcuméniques et à la fois les définitions ex cathedra des Pontifes romains; quelle possibilité réelle y a-t-il de jamais faire du progrès avec des églises et des corps ecclésiaux plus éloignées doctrinalement? La possibilité même de réconciliation, d’unitatis redintegratio, est en jeu. Si Rome peut réussir à le faire, alors tout peut arriver. Mais si-non…nous allons être tenus en haleine.

Je peux penser à une raison, énorme, pourquoi François est l’homme qui va conclure cet épisode. Si Benoît XVI avait résolu la question, tous les idiots prévisibles dans les médias catholiques et non-catholiques auraient dit que ceci confirme que Benoît XVI est archi-réactionnaire. François, s’il résout la question, va créer une perplexité générale chez les idiots prévisibles, mais sa réputation avec les médias l’aidera en quelque sorte à s’en tirer plutôt aisément. Maintenant, tôt dans ce pontificat, est le moment, le kairos divin, pour une telle action qui ne pourrait bien plus se reproduire. (Il y a des éléments qui indiquent que les commentateurs les plus perspicaces des médias libéraux commencent à voir à travers sa personnalité.)

Il est possible pour le Saint Père de résoudre cette question en quelques jours. Le Pontife romain accorde une audience, je crois les vendredi soirs, au Préfet de la Congrégation pour la Foi. Vendredi prochain, il pourrait donner ses ordres à Mgr Müller. Lors de la prochaine audience, il pourrait signer les documents*. Le mercredi suivant, à son audience générale, entre embrasser un bébé et donner un câlin à un infirme, il pourrait donner l’accolade à S. E. Mgr Fellay et les autres révérends et monseigneurs de la FSSPX, devant les caméras du monde et leurs journalistes se grattant la tête, perplexes. Et, tout comme il a stupéfié le monde par son choix des pieds à être embrassés et lavés à son premier Jeudi Saint, le Pape pourrait laver les pieds de douze jeunes prêtres de la FSSPX lors de son deuxième pedilavium du Jeudi Saint. (Après tout, Paul VI, lors des festivités entourant la rémission des excommunications de 1054, avait littéralement plongé aux pieds du pauvre Métropolitain Meliton, les embrassant…l’humilité…ça a du sens…)

Ensuite, il pourrait faire un discours sur la réconciliation. Cela pourrait peut-être inscrit dans les livres d’histoire comme son discours de la Barbe d’Aaron.

Ou si le Saint Père n’est pas assez aventurier, ou pas suffisamment son propre maître pour faire cela, la rémission de l’excommunication de Mgr Lefebvre serait un premier geste affable.

Plus que vous pensez que mes remarques sont ineptes et enfantines, plus je pense que vous devriez arrêter de ricaner et plutôt confronter les questions que j’avais posées dans mon premier billet: y a-t-il un plan en place, outre le plan d’attendre des décennies qui deviendront des siècles et que la brèche se cristallise? Et, est-celale modèle d’œcuménisme de Vatican II?

Conclu.


*Comme plusieurs observateurs du Vatican l’ont remarqué, la solution évidente est «d’accorder» à la FSSPX précisément ce qu’elle possède de facto. Cela éviterait au Saint Siège l’indignité de négocier et réduirait considérablement le risque d’une scission au sein de la FSSPX. Il faudrait seulement y inclure deux provisions, émanant d’Anglicanorum Coetibus: (1) exiger de la FSSPX qu’elle consulte les hiérarchies/évêques locaux à propos des développements dans leur mission sans toutefois donner aux hiérarchies locales/évêques un droit de veto et (2) pourvoir au Conseil de la FSSPX la faculté d’envoyer un terna à Rome pour toute vacance épiscopale. Un substitut pourrait alors être nommé pour remplacer Mgr Williamson.