À Jaidhof, le 5 janvier 2014
C'est le cœur très lourd que j'ai communiqué au Supérieur Général ma démission de la Fraternité Saint-Pie X, le 30 décembre. Durant toute l'éternité, je serai reconnaissant à Mgr Lefebvre pour la foi catholique et pour le sacerdoce ! Avec regret, cependant, j’ai dû me rendre compte qu’au cours des dernières années, la Fraternité avait peu à peu dévié de la voie qu’il avait tracée.
1. Le "Te Deum" d'action de grâces pour le Motu proprio liant intimement la messe tridentine à la messe de Paul VI et demandant
l'acceptation du Concile Vatican II. Jusqu'à récemment, on pouvait lire sur
Internet qu’au Prieuré Saint-Pie X à Munich, la « Sainte Messe » était
offerte « (dans la forme extraordinaire) ». Au séminaire, j'ai appris
que la messe est dite dans le rite tridentin. Il n'y a pas de rite ordinaire ou
extraordinaire, ceci est une construction tout à fait indéfendable du pape
Benoît XVI. Celui qui parle d'un rite extraordinaire doit donc avoir à l'esprit
et accepter un rite ordinaire, la nouvelle messe.
2. La gratitude pour la levée de l’excommunication des quatre évêques.
Mgr Lefebvre a déclaré lors d'une conférence de presse en 1988 : "Alors
nous sommes excommuniés par des modernistes, par des gens qui ont été condamnés
par les papes précédents. Alors qu’est-ce que cela peut bien faire ? Nous
sommes condamnés par des gens qui sont condamnés, et qui devraient être
condamnés publiquement. Cela nous laisse indifférent." Mgr Lefebvre a
toujours considéré l'excommunication comme nulle et non avenue. Mais ce qui est
nul et non avenu n'a pas besoin d’être levé. - En outre, avec la levée,
l'injustice perpétrée contre Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer continue à
rester en vigueur.
3. La volonté de négocier avec Rome, bien que Mgr Lefebvre ait déjà
énoncé clairement et sans équivoque dans quelles conditions cela devait se
produire à l’avenir. "En supposant que d'ici à un certain temps Rome fasse
un appel, qu'on veuille nous revoir, reprendre langue, à ce moment-là c'est moi
qui poserai les conditions. Je n’accepterai plus d’être dans la situation où
nous nous sommes trouvés lors des colloques. C’est fini. Je poserai la question
au plan doctrinal : « Est-ce que vous êtes d'accord avec les grandes
encycliques de tous les papes qui vous ont précédé. Est-ce que vous êtes
d'accord avec Quanta Cura de Pie IX, Immortale Dei, Libertas de Léon XIII,
Pascendi de Pie X, Quas Primas de Pie XI, Humani generis de Pie XII ? Est-ce
que vous êtes en pleine communion avec ces papes et avec leurs affirmations ?
Est-ce que vous acceptez encore le serment antimoderniste ? Est-ce que vous
êtes pour le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Si vous n'acceptez
pas la doctrine de vos prédécesseurs, il est inutile de parler. Tant que vous
n'aurez pas accepté de réformer le Concile en considérant la doctrine de ces
papes qui vous ont précédé, il n’y a pas de dialogue possible. C'est inutile."
(Fideliter n ° 70) [NDLR : plutôt, Fideliter, n°66, pp.
12-14]
4. La mise en avant d'un arrangement pratique sans un nettoyage
doctrinal des hérésies du Concile Vatican II. Dans une conférence spirituelle,
le 21 Décembre 1984, Mgr Lefebvre disait : "Alors la question canonique,
purement extérieure, publique dans l’Église, est secondaire. Ce qui est
important, c’est de rester dans l’Église… dans l’Église, c’est-à-dire dans la
foi catholique de toujours et dans le vrai sacerdoce, et dans la véritable
messe, et dans les véritables sacrements, dans le catéchisme de toujours, avec
la Bible de toujours. C’est cela qui nous intéresse. C’est cela qui est
l’Église. D’être reconnus publiquement, ça c’est secondaire."
5. Toujours et encore, j'ai dû me rendre à l’évidence qu'aucun langage
clair n’était tenu. Ainsi, la deuxième intention de la croisade du rosaire
stipule : "Pour le retour de la Tradition dans l'Église ..." Qu'entend-on
par "l'Église" ? L'Église catholique, fondée par Jésus-Christ, ou
l'Église post-conciliaire ? Si cela signifie l'Église catholique alors aucun
retour n’est possible parce que la Tradition fait partie intégrante de l'Église
catholique ; si cela signifie l'église post-conciliaire, alors c'est elle
qui a quitté la Tradition. Par conséquent, c'est elle qui doit revenir à la
Tradition, et non la Tradition à l’Église.
Telles sont les principales raisons qui m’ont conduit à prendre ma
décision. Malgré les avertissements de trois évêques auxiliaires, Mgr
Williamson, Mgr Tissier de Mallerais et Mgr de Galarreta, malgré les avertissements [au vu de ce qui se
passait à] l’Institut du Bon Pasteur, en dépit de la connaissance de l'attitude
du pape Benoît XVI, pour lequel aucune avancée n’était possible sans
l'acceptation du Concile Vatican II, les discussions et les négociations se
sont poursuivies.
On pourrait arguer : "Notre Supérieur général n'a pas signé quoi
que ce soit." - Mais il était prêt à signer un accord, sans avoir résolu
les différences doctrinales, comme sa lettre du 17 Juin 2012 le prouve. Ils
étaient prêts pour le pire, mais Rome ne voulait pas. - A présent, la confiance
dans les Supérieurs n’est plus seulement mise à l’épreuve, elle est détruite.
À ce stade, je vous remercie de tout mon cœur, mes chers fidèles, pour
toutes vos prières et sacrifices, par lesquels vous avez soutenu mon ministère
sacerdotal. Volontiers, je me recommande aussi à l’avenir à vos prières,
Abbé Martin Fuchs.