31 janvier 2014

[Abbé Lorans, fsspx - DICI] Comment l’obstacle devient un pont

SOURCE -  Abbé Lorans, fsspx - DICI - 31 janvier 2014

A l’occasion de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens du 18 au 25 janvier, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a accordé un entretien à l’agence d’information religieuse de la Conférence épiscopale italienne SIR. Il y déclare : « Après le concile Vatican II, tous les papes, de Paul VI à François, sont des papes œcuméniques qui veulent l’unité et, dans ce sens, leur primauté n’est pas seulement un obstacle mais aussi un grand pont pour l’œcuménisme ». Car, selon le prélat suisse : « Paul VI disait déjà que la primauté est l’obstacle le plus profond à l’œcuménisme. Mais c’est seulement une face de la question : l’autre est que la primauté est une grande opportunité pour l’œcuménisme. Prenez par exemple les trois rencontres d’Assise qu’ont tenues Jean-Paul II et Benoît XVI : qui pouvait inviter toutes les Eglises et les autres religions sinon le pape de Rome ? »

Le cardinal Koch omet de dire qu’en devenant une « opportunité » pour organiser les rencontres interreligieuses d’Assise, la primauté du pape a été vidée de sa signification profonde. Instrumentalisée par opportunisme œcuménique, cette primauté n’est plus celle du Vicaire du Christ, mais bel et bien la primauté d’un organisateur de réunions interreligieuses. Voilà comment l’obstacle devient un pont, et les vessies des lanternes.

Il y a quelques années déjà, le cardinal Walter Kasper parlait de « consensus différencié » avec les luthériens, et à la fin de cette semaine pour l’unité le pape François appelait de ses vœux une « diversité réconciliée ». Oxymore… more and more !

Abbé Alain Lorans

30 janvier 2014

[FSSP] Janvier 2014 : Retour sur les 25 ans de la Fraternité

SOURCE - fssp.org - janvier 2014
[Le site source propose de nombreuses photos]

L'année qui vient de s'achever a été l'occasion pour notre Fraternité de fêter son 25ème anniversaire. Nous vous proposons de revivre les évènements qui ont marqué cette célébration ces derniers mois.
5 octobre 2013 : Pèlerinage à Bettbrunn
Suite à un miracle eucharistique survenu en 1125, le petit village de Bettbrunn à proximité d’Ingolstadt est le lieu de nombreux pèlerinages. Depuis l’incendie de 1329, une petite statue en bois du Christ Saint Sauveur est l’objet de la vénération des pèlerins.

Les fresques de la voûte de l’église montrent le triomphe du saint Sacrifice de la messe. Pour cette raison, la Fraternité voit en cet endroit un lieu de pèlerinage particulièrement approprié. Ainsi, chaque automne, les apostolats du sud de l’Allemagne s’y retrouvent. Cette année, des fidèles de tout le District se sont rassemblés pour fêter notre jubilé. Le Supérieur Général a célébré la messe anniversaire en présence d’environ 400 pèlerins. Dans son sermon, il s’est montré plein de reconnaissance pour la foi ferme de nos fondateurs. La chorale de notre apostolat d’Innsbruck et l’ensemble Sonoritas ont exécuté la musique sacrée d’une façon magnifique. Enfin, après le déjeuner, la journée s’est terminée avec un temps de prière sur la tombe de sainte Anna Scheffer à proximité de Bettbrunn.
13 octobre 2013 : Pèlerinages à Einsiedeln, Suisse
Deux groupes de pèlerins se sont retrouvés dimanche 13 octobre dans l'après-midi à Einsiedeln (Suisse) pour une messe pontificale célébrée par S.E. Mgr Wolfgang Haas, archevêque de Vaduz (Liechtenstein). Le premier groupe de pèlerins, constitué de fidèles de Suisse alémanique, était parti le vendredi précédent de St. Pelagiberg pour effectuer à pied les 85 km jusqu'au sanctuaire marial de Notre-Dame des Ermites d'Einsiedeln. Ce groupe était accompagné par l'abbé Martin Ramm. Le second groupe, constitué de pèlerins suisses romands, avait quitté Flüeli, village de saint Nicolas de Flüe, patron de la Suisse, le samedi pour rejoindre Einsiedeln après 50 km de marche. L'abbé John Berg, Supérieur Général, ainsi que les prêtres en charge des apostolats de Lausanne, Bulle et Fribourg, accompagnaient ces pèlerins. Ce second parcours comprenait notamment la traversée en bateau du lac des Quatre Cantons et le passage du col enneigé de la Haggenegg (1414 m), reliant Schwytz à Einsiedeln. La messe de clôture fut donc célébrée par Mgr Haas en action de grâce à la fois pour les 25 ans de la Fraternité mais également pour ses 25 ans d'épiscopat. Plusieurs séminaristes de Wigratzbad, accompagnés de l'abbé Hubert Bizard, vice-recteur du séminaire, avaient également fait le déplacement pour s'associer à cet évènement important pour la Fraternité en Suisse.
18 octobre 2013 : Messe solennelle dans notre paroisse de Rome
Pour le 25ème anniversaire de l'érection canonique de la Fraternité Saint-Pierre le 18 octobre, une messe a été célébrée dans notre paroisse à Rome, la Santissima Trinità dei Pellegrini. Un grand nombre de membres de la Confraternité Saint-Pierre étaient venus pour l'occasion d'Amérique du Nord, de Grande-Bretagne et d'ailleurs afin de rendre grâce pour notre érection il y a vingt-cinq ans comme société de vie apostolique de droit pontifical. C'était tout à fait approprié de célébrer cette messe à Rome, la ville de notre patron saint Pierre et le lieu où le bienheureux Jean-Paul II a établi canoniquement notre Fraternité.

La messe a été célébrée par notre Supérieur Général, l'abbé John Berg, assisté de l'abbé Armand de Malleray, Chapelain de la Confraternité et de l'abbé William Barker, Procureur de la FSSP auprès du Saint-Siège.

Dans son sermon, l'abbé Berg a fait référence à la Ville Éternelle afin de nous remémorer que nous devons nous situer dans l'histoire de l'Église et nous rappeler que notre vocation est de la servir fidèlement dans le cadre qu'elle nous a fixé :

"Nous savons que dans l'histoire de l'Église et dans le cours des évènements, vingt-cinq ans, ce n'est presque rien ; notre contribution est négligeable comparée à la grandeur de l'Église. Le plus remarquable à propos de cette ville et même de cette église paroissiale, ce sont les siècles qui y sont attachés. Cela doit nous faire réaliser notre petitesse et le fait que l'Église vit depuis bien avant notre existence. Comme les nombreux pèlerins qui sont venus avant nous, nous levons nos yeux vers le portrait de Notre-Dame dans cette église de la Sainte-Trinité, portrait qui fut vénéré par le "troisième apôtre de Rome", saint Philippe Néri. En ces temps troublés, contemplons-la et demandons-lui simplement d'intercéder pour nous auprès du Trône de son Fils. A ceux à qui il a été beaucoup donné, il sera beaucoup demandé. Puisse-t-Il nous donner la grâce de rester fidèles à nos engagements d'il y a vingt-cinq ans et de répondre toujours plus généreusement à toutes les bénédictions spirituelles qu'Il ne cesse de nous accorder".
26 octobre 2013 : Sortie de communauté du séminaire de Wigratzbad
Le Séminaire Saint-Pierre de Wigratzbad en Bavière est la maison-mère de la Fraternité Saint-Pierre. Il convenait donc que le vingt-cinquième anniversaire de notre fondation (et de l’ouverture du séminaire) soit fêté dignement.

C’est le samedi 26 octobre que nous avons pu réaliser une sortie de communauté, en nous transportant à une heure de car vers le nord, pour une messe solennelle célébrée par le Recteur, M. l'abbé Patrick du Faÿ de Choisinet, dans l’abbatiale prémontrée de Bad Schussenried.

Un repas de fête a suivi la messe solennelle, dans le centre-ville, puis nous avons repris la route pour aller visiter l'écomusée de Kürnbach, un village reconstitué à partir de fermes authentiques, parfaitement restaurées, qui permettent de se faire une idée de ce que fut jadis la vie quotidienne dans la campagne souabe.

Nous nous sommes ensuite rendus à Biberach, une petite ville qui a l'étonnante particularité de posséder une église partagée entre catholiques et protestants, cas unique dans une Allemagne très divisée par la Réforme luthérienne.

Enfin nous avons achevé cette belle journée bien remplie par le chant des vêpres dans "la plus belle église de village du monde", comme l’appelle (avec une pointe d’exagération…) les habitants de Steinhausen.
3 novembre 2013 : Pèlerinage de communauté du séminaire de Denton au sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe à La Crosse, WI
Le Séminaire Notre-Dame de Guadalupe a célébré le 25ème anniversaire de la FSSP en faisant un déplacement (en avion) à Minneapolis/St Paul, Minnesota puis en faisant un pèlerinage au sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe à La Crosse, Wisconsin.

Nous avons commencé notre voyage le vendredi 1er novembre au matin, jour de la Toussaint. Nous sommes arrivés à Minneapolis en fin d'après-midi et avons été accueillis par les abbés Bauknecht et Harkins à l'église de Tous les Saints. C'est avec une grand messe solennelle que nous avons célébré la fête paroissiale et le soir nous avons été reçus pour dîner au centre paroissial, les enfants de la paroisse assurant le spectacle.

Samedi 2 novembre (jour des défunts) fut l'occasion d'une messe solennelle de Requiem, l'après-midi étant libre. Parmi les attractions des villes jumelles on peut citer la basilique Sainte-Marie et la cathédrale Saint-Paul. La journée se termina par les vêpres en l'église de Tous les Saints.

Le dimanche 3, nous avons quitté Minneapolis pour nous rendre à La Crosse, Wisconsin. Nous sommes arrivés au sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe dans l'après-midi pour une grand messe solennelle. Nous avons dîné au restaurant sur place dans le sanctuaire, dîner offert par les bienfaiteurs de La Crosse. Le lundi 4 au matin (fête de saint Charles Borromée) nous avons assisté à une messe chantée avant de rentrer au séminaire.
9 au 11 novembre 2013 : Congrès-pèlerinage à Lourdes
Pour solenniser les 25 ans de fondation de la Fraternité Saint-Pierre, le District de France a organisé 3 journées spirituelles à Lourdes, sous forme de congrès-pèlerinage. Du 9 au 11 novembre 2013, des fidèles venus de toute la France se sont donc unis aux prêtres présents pour rendre grâce à Dieu et confier à l’Immaculée Conception l’œuvre apostolique de la Fraternité Saint-Pierre.

Après une conférence énergique de Maître Trémolet de Villers qui a ouvert le congrès-pèlerinage, prêtres et fidèles ont rejoint la basilique de l’Immaculée Conception pour le chant des Vêpres puis se sont donnés rendez-vous pour la procession à la Grotte en début de soirée. Le lendemain, dimanche 10 novembre, l’abbé John Berg, a célébré une messe solennelle en l’église Sainte-Bernadette. Avant l’homélie, l’abbé Vincent Ribeton, a lu le message adressé par le pape François (par l’intermédiaire du nonce apostolique en France, Mgr Luigi Ventura) à la Fraternité saint-Pierre à l’occasion de l’anniversaire de sa fondation. Au cours de l’après-midi, l’historien Jean Sévillia puis l’abbé Vincent Ribeton ont donné une conférence et la journée s’est terminée par le chant des Complies. Le 11 novembre, après une messe solennelle, l’abbé Denis Coiffet a retracé l’histoire mouvementée de la fondation de la Fraternité Saint-Pierre à laquelle il a largement participé. En début d’après-midi, en la basilique de l’Immaculée Conception, un Salut du Saint-Sacrement a clôturé ces journées de grâces.
15 novembre 2013 : Réunion des prêtres à San Diego
Pour le 25ème anniversaire de la fondation de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, les prêtres d'Amérique du Nord se sont réunis mi-novembre dans le sud-ouest des États-Unis. Plus de cinquante prêtres originaires des États-Unis, du Canada et du Mexique ont ainsi eu la possibilité de visiter trois des Missions établies par les Franciscains qui évangélisèrent le Nouveau Monde.

Nous avons également eu la chance d'avoir une messe pontificale à la Mission San Diege de Alcala avec l'Archevêque Cordileone de San Francisco. La célébration de cet anniversaire fut l'occasion d'échanges fraternels et amicaux entre ceux qui sont disséminés dans cette grande région d'Amérique du Nord.

A San Diego se trouve l'église Sainte-Anne, paroisse desservie par la FSSP. Nous avons pu visiter l'église, y prier l'Office tous ensemble et ensuite apprécier la cuisine mexicaine au cours d'un repas préparé par les fidèles de la paroisse.

Nous rendons grâce à Dieu pour ces 25 années au cours desquelles Il n'a cessé de protéger notre Fraternité et pour nous avoir permis de continuer à célébrer la messe latine traditionnelle.
16 novembre 2013 : Messe solennelle en l’église Saint-Sulpice, Paris
C'est le samedi 16 novembre à Paris que la FSSP a célébré, après Lourdes quelques jours plus tôt, son 25ème anniversaire en présence de ses nombreux amis venus de Paris et de la région parisienne. L'abbé Le Coq, organisateur de la cérémonie n'avait pas choisi n'importe quelle église à Paris. Saint-Sulpice, seconde église en taille à Paris après Notre-Dame, est un joyau de l'architecture monumentale de la capitale.

Avant la messe solennelle célébrée par l'abbé Ribeton, Supérieur du District de France, l'abbé Lacroix, curé de la paroisse, avait accueilli chaleureusement les fidèles présents. Au cours de cette messe, il a été donné lecture du message remis par Mgr Luigi Ventura, Nonce Apostolique en France. Ce message contenait, entre autres choses, les encouragements du Pape François à servir la mission de réconciliation entre tous les fidèles que la FSSP est appelée à mettre en œuvre. Au cours de son homélie, l'abbé Ribeton a souligné que ces "paroles fortes du Pape montrent que la FSSP a toute sa place dans l'Église". Le Pape nous exhorte à "prendre une part active à la mission de l'Église".

A la fin de la messe, l'assemblée qui remplissait toute l'immense église a reçu la bénédiction apostolique accordée par le Pape François. Après la messe, les nombreux prêtres, séminaristes et amis de la Fraternité furent heureux de se retrouver au cours d'une réception amicale.

[Nouvelles de Chrétienté / FSSPX] La Fraternité de la Transfiguration


SOURCE - Nouvelles de Chrétienté / FSSPX - n°145 - janvier/février 2014

La Fraternité de la Transfiguration, fondée par le R. P. Bernard Lecareux en 1970 à Mérigny (Indre), s’efforce de poursuivre l’œuvre de Mgr Ghika : promouvoir le règne universel de Notre Seigneur.

L’esprit de la Fraternité de la Transfiguration, se caractérise par :
  • La vie de prière et d’adoration du Saint-Sacrement ;
  • La recherche de l’unité chrétienne pour ramener à l’unique bercail, la sainte Eglise catholique romaine, ceux qui s’en seraient éloignés par le schisme : « Ut sint unum » (Jn 17-21) ;
  • Le zèle missionnaire pour travailler à cette unité dans la vérité reçue de l’Eglise et dans la charité, selon l’épître de l’apôtre saint Paul aux Ephésiens : « Veritatem autem facientes in caritate ». (Eph. 4-15)
La spiritualité du Thabor est une montée vers Dieu et un programme de vie chrétienne pour y parvenir ; la devise de la Fraternité, « Adorare, Unire, Servire », permet de réaliser cet idéal.

Désireuse de rester fidèle à la Tradition constante de 2000 ans d’Eglise et attachée au siège romain, la Fraternité de la Transfiguration se place dans le sillage de la Fraternité Saint-Pie X pour garder la foi et œuvrer à l’extension du règne du Christ-Roi ; ses membres reçoivent les saints ordres à Ecône (Suisse).
Adorare
«Pour commencer à entrevoir Dieu, il faut déjà s’être perdu de vue». (Mgr Ghika)

Le but de la vie religieuse est la sanctification personnelle par la pratique des vertus chrétiennes et des conseils évangéliques. La Fraternité de la Transfiguration a comme première fin l’adoration et la louange dues à Dieu.

La sainte messe est célébrée selon le rite traditionnel dit de saint Pie V. Chaque jour les offices de Prime, Sexte, et Complies sont ré- cités au chœur, ainsi que le chapelet ; chaque membre fait visite au Saint-Sacrement et récite les Vêpres en privé.

Chaque vendredi, l’Heure sainte réunit la communauté pour les Vêpres chantées, l’exposition et le salut du Saint-Sacrement.

La Fraternité est composée de deux branches : la branche masculine des prêtres et des frères, la branche féminine des sœurs. Egalement un Tiers-Ordre, dont les membres sont appelés Familiers, s’attache à faire rayonner cet esprit d’unité. Depuis octobre 2003, le noviciat de la branche masculine s’est ouvert à Assais (Deux-Sèvres), à la maison Notre-Dame des Anges.
Unire
« O Dieu qui remettez dans le droit chemin ceux qui s’en sont écartés, Vous qui rassemblez et maintenez dans l’unité ceux qui sont dispersés, dans votre bonté, faites pénétrer votre grâce d’union au sein du peuple chrétien, afin que, rejetant ce qui divise, il s’unisse au vrai pasteur de votre Eglise pour Vous servir comme Vous le voulez. » (Collecte de la messe pour l’unité)

La Fraternité de la Transfiguration a pour tâche principale la prière pour le retour à l’unité romaine des chrétiens qui s’en sont séparés. Chaque membre offre toute sa vie, sa prière, son labeur, tout ce qui fait la trame de ses journées pour réaliser le vœu et la prière du Christ demandant à son Père que ses disciples soient « un ».

A cet effet, la formation doctrinale est dispensée à travers les études philosophiques, patristiques et théologiques, conformément à la Tradition constante de l’Eglise et sur la base de la philosophie thomiste. La Lettre encyclique Mortalium animos de Pie XI sert de règle de pensée et de conduite pour éviter ce faux œcuménisme que condamne le pape.

Par ailleurs l’icône, élément essentiel de l’expression de la foi en Orient, est étudiée dans sa technique et sa théologie, afin de permettre la vénération authentique de ces images sacrées, « fenêtres ouvertes sur l’Invisible ».

Quotidiennement à la messe, les prêtres de la Fraternité récitent les oraisons de la messe pour l’unité (messe votive ad tollendum schisma).

La Simandre, le bulletin de la Fraternité, publie chaque mois des nouvelles sur la persécution des chrétiens qui sévit dans le monde aujourd’hui, et s’attache à faire connaître les Eglises orientales. En outre, le pèlerinage annuel en Terre Sainte permet de garder le contact avec les Communautés orientales amies. Enfin, depuis quelques années, des liens fructueux se sont noués entre la Fraternité de la Transfiguration et un petit troupeau gréco-catholique fidèle en Lettonie.
Servire
«Rien ne rend Dieu proche comme le prochain». (Mgr Ghika)

L’esprit missionnaire de la Fraternité se traduit par le souci de l’évangélisation des plus démunis, dans les campagnes, et le soin des personnes délaissées. La communauté dessert régulièrement, outre l’église Notre-Dame du Rosaire au Bois (Mérigny) lieu de sa première implantation, les chapelles de : Notre-Dames-des-Anges à Assais (Deux-Sèvres), Saint-Martin à Niort (Deux-Sèvres), l’Immaculée-Conception à Poitiers (Vienne), Notre-Dame-de-Fatima à Montluçon (Allier), SaintAptone à Angoulême (Charente), Saint-Martial à Limoges (HauteVienne).

L’apostolat auprès des enfants se fait par le catéchisme, par l’instruction religieuse dans deux écoles hors contrat dans les DeuxSèvres : Notre-Dame du Sacré- Cœur à La Peyratte et SaintMartin à Niort, par le patronage des mercredis de l’été et par l’aumônerie du groupe scout SaintJean-Bosco.

La branche féminine exerce principalement sa mission caritative au service des plus pauvres en assurant le catéchisme, les visites et les soins auprès des malades.

L’œuvre des retraites permet d’approfondir la vie spirituelle des fidèles en offrant des retraites pour hommes et dames, pour les foyers et des récollections pour les fiancés.

Des sessions de chant grégorien et des stages de reliure sont également organisés à Mérigny.

Fraternité de la Transfiguration
Le Bois F-36220 Mérigny
Téléphone : 00.33(0)2.54.37.40.04
Télécopie: 00.33(0)2.54.28.52.90

[Regina Magazine / via Notions Romaines] Un nouvel ordre religieux masculin enseignera la liturgie romaine en Californie


SOURCE - Regina Magazine / via Notions Romaines pour la version française - 30 janvier 2014

[Par Mme Roseanne T. Sullivan]

Dans un développement fascinant sur la côte ouest américaine, un nouvel ordre religieux basé à San Francisco, les Contemplatifs de Saint-Joseph (CSJ), a entrepris une nouvelle tâche.

Mgr Salvatore Cordileone, archevêque de San Francisco, a demandé au fondateur de l’Ordre, le Père Vito Perrone, et au Père Joseph Homick d’enseigner aux autres prêtres comment célébrer à la fois la messe traditionnelle et la nouvelle messe avec révérence, solennité et avec du chant grégorien.

De plus, ils offriront de la direction spirituelle aux prêtres de même que des retraites sur la prière contemplative et d’autres sujets.
Se préparer pour leur tâche
En effet, les deux prêtres ont été très occupés. Ils ont commencé à apprendre à dire la messe traditionnelle en juillet 2013 à l’église Sainte-Marguerite à Oakland avec l’aide du chanoine Olivier Meney de l’Institut Christ-Roi Souverain Prêtre. Ce dernier est le délégué épiscopal pour la messe traditionnelle dans le diocèse d’Oakland.

Ils avaient déjà commencé à étudier comment chanter l’Office divin, aidé par William Mahrt, un professeur à l’université Stanford en musique médiévale et musicologie et aussi chef de chœur de la chorale de Ste-Anne. Le professeur Mahrt conduisait toutes les deux semaines de Palo Alto jusqu’à leur monastère à la paroisse Mater Dolorosa, dans San Francisco-Sud. En juin 2013, les deux prêtres ont commencé l’étude du latin avec Stephen Cordova, un latiniste et médiévaliste à San Francisco.

Le 19 janvier 2014, le Père Perrone a célébré sa première messe traditionnelle publique en l’église Mater Dolorosa. Les Pères Perrone et Homick vont continuer à dire la messe traditionnelle les dimanches à 17h00 et du lundi au vendredi à midi.
La fondation d’un nouvel ordre
Le Père Perrone, qui fut ordonné prêtre dans l’archidiocèse de San Francisco en 2001, a fondé l’Ordre en la Solennité de Saint-Joseph, le 19 mars 2009. Le Père Homick fut ordonné en 1991 dans le rite byzantin et fut Père abbé pendant 12 ans au Monastère byzantin et ukrainien catholique Mont Thabor de Redwood Valley, Californie, avant de joindre l’Ordre. Le 15 août 2013, l’Ordre fut érigé comme «association publique et cléricale de fidèles chrétiens». Ce décret accorde une reconnaissance aux CSJ à travers les États-Unis.

Comme contemplatifs qui combinent une profonde vie de prières et un apostolat actif, les prêtres affirment qu’il y a «un besoin vital de trouver une balance entre les deux». Ils comptent sur les grâces spirituelles provenant de leur cinq heures de prière contemplative pour soutenir leur apostolat actif.

La nouvelle se répand à propos des Contemplatifs de Saint-Joseph. Au cours des trois derniers mois, neuf hommes se sont renseignés à propos d’une possible vocation et trois ont rempli les critères initiaux pour la retraite de discernement.
Reconnaissance par Rome
L’opportunité que représente l’établissement d’un nouvel ordre religieux dans l’Église catholique ne se présente pas très souvent. La prochaine étape – celle de la reconnaissance par Rome – ne se produira pas de sitôt. Une communauté ne peut être approuvée par Rome avant qu’elle ne connaissance 25 années de croissance.

«Nous ne nous attendons pas à voir cela arriver», a dit le Père Perrone. «Nous serons comme Moïse», a renchérit le Père Homick, ajoutant que se seront probablement d’autres hommes qui entreront cette «terre promise» des 25 ans de croissance et de la reconnaissance des CSJ comme ordre religieux par Rome.
Les Contemplatifs de Saint-Joseph : matures, fidèles et loyaux au Magistère
«Nous recherchons des hommes qui ont un appel à la prière contemplative et qui sont capables de vivre le silence, mais aussi capables de servir», a observé le Père Perrone.

«Nous croyons que cela est une grande vie pour des hommes qui veulent connaître Dieu et qui ont un appel à la prière et à servir l’Église. C’est une période emballante pour joindre les CSJ, alors que nous pouvons utiliser les talents de chaque personne.»

Parce que la Communauté est si nouvelle et dans un processus de structuration graduelle, les nouveaux membres «ont une occasion exceptionnelle de faire grandir, développer et fleurir leur personnalité.»

Le Père Perrone espère aussi que plusieurs de ceux qui joignent l’Ordre «soient appelés à la prêtrise.»

Pour contacter les Contemplatifs de Saint-Joseph, cliquez ici.
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Source : Regina Magazine
Traduction : Notions romaines

28 janvier 2014

[Paix Liturgique] Actualité de Jean Madiran: «Messieurs les Curés, rendez-nous la messe!»

SOURCE - Lettre 424 de Paix Liturgique - 28 janvier 2014

«Rendez-nous la messe catholique traditionnelle, latine et grégorienne selon le Missel Romain de saint Pie V. Vous laissez dire que vous l’auriez interdite. Mais aucun pontife ne pourrait, sans abus de pouvoir, frapper d’interdiction le rite millénaire de l’Église catholique, canonisé par le Concile de Trente. L’obéissance à Dieu et à l’Église serait de résister à un tel abus de pouvoir, s’il s’était effectivement produit, et non pas de le subir en silence. Très Saint-Père, que ce soit par vous ou sans vous que nous ayons été, chaque jour davantage sous votre pontificat, privés de la messe traditionnelle, il n’importe. L’important est que vous, qui pouvez nous la rendre, nous la rendiez. Nous vous la réclamons».
(Jean Madiran, Lettre à Paul VI, 27 octobre 1972) 
«La messe traditionnelle, désormais, est en voie de retrouver sa place dans une Église profondément tourmentée. Elle l’aura reprise vraiment quand nos évêques, successeurs légitimes des apôtres, la célébreront non point parce qu’elle leur aura été imposée, mais de bon cœur, parce qu’ils se seront mis à l’aimer et qu’ils lui rendront spontanément sa primauté d’honneur».
(Jean Madiran, Présent, 21 juillet 2007)
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Nous terminons cette semaine l’hommage que nous avons voulu rendre à Jean Madiran, rappelé à Dieu l’été dernier. Après l’Écriture (lettre 412) et le Catéchisme (lettre 416), c’est à la situation de la Messe que nous nous intéressons, quarante-deux ans après le fameux appel de Jean Madiran à Paul VI et sept ans après le Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI.
I – 7 JUILLET 2007 : LE JOUR OÙ BENOÎT XVI A DONNÉ RAISON À JEAN MADIRAN
« La crise de la messe, essentiellement, consiste en ceci que depuis 1969, par toutes sortes de machinations administratives et de décrets en trompe-l’œil, on veut faire croire au clergé et au peuple chrétien que la messe catholique traditionnelle, latine et grégorienne selon le Missel Romain de saint Pie V est désormais une messe interdite ». Ces paroles de Jean Madiran, qui servaient d’introduction à un dossier d’Itinéraires sur l’état de la messe au lendemain de la réforme liturgique, datent de novembre 1972.

À la différence d’autres figures laïques de sa génération – entre autres Louis Salleron (1905-1989) ou Cristina Campo (1923-1977), la femme de lettres italienne à l’origine du Bref Examen critique des cardinaux Bacci et Ottaviani –, la Providence voulut toutefois que Jean Madiran finisse par assister à la réhabilitation de la messe traditionnelle par Benoît XVI. Car en dépit des ouvertures de 1984 et 1988 (Lettre circulaire Quattuor abhinc annos, dite indult, puis Motu Proprio Ecclesia Dei de Jean-Paul II), il aura en effet fallu attendre le 7 juillet 2007 pour qu’un pape mette enfin un terme au mensonge de tant de clercs de tous rangs quant à l’interdiction de la messe traditionnelle.

Dans sa série d’articles consécutifs au Motu Proprio Summorum Pontificum, publiés par Présent en juillet 2007, Jean Madiran n’a pas manqué de rendre justice à Benoît XVI pour avoir, en deux mots sonnant « comme le simple rappel d’une évidence ne faisant pas problème », réglé « le sort de l’interdiction odieuse qui, depuis trente-sept ans, prétendait frapper la messe traditionnelle ». Ces deux mots :Numquam abrogatam [jamais abrogée : editionem Missalis Romani anno 1962 promulgatam], figurent dans l’article 1 du Motu Proprio.

La gratitude de Madiran envers Benoît XVI ne l’a pas empêché, le 23 juillet 2010, toujours dans Présent, de revenir sur les conséquences morales de ce qu’il n’hésitait pas à qualifier de « crime » : « L’interdiction criminelle a été officiellement reconnue comme invalide par Benoît XVI, sans expliquer en quoi le crime a consisté. Cette discrétion était pour permettre de tourner pacifiquement la page. Mais les responsables du crime et leurs héritiers n’ont pas désarmé. Ils ont poursuivi leur persécution des prêtres et des laïcs fidèles à la messe catholique traditionnelle. Ils ont réussi à faire qu’aujourd’hui la majorité des fidèles et des prêtres ayant moins de quarante-cinq ans n’ont jamais vu une messe traditionnelle et ne savent même pas de quoi il s’agit. La plupart des évêques et des prêtres ont été, à un degré plus ou moins grand, responsables d’une telle situation. Ils ne se sont jamais entendu dire publiquement que cette situation est le résultat épouvantable d’un crime, le leur. Cette impunité morale est devenue trop nuisible, elle doit cesser ».

Comme ces lignes l’illustrent, Jean Madiran n’a jamais hésité à mettre les responsables de la crise de l’Église – dont Benoît XVI rappelait à la Curie romaine le 22 décembre 2011 qu’elle était avant tout « crise de la foi » – devant leurs responsabilités. Durant près d’un demi-siècle, par la clarté et le courage de ses analyses, Jean Madiran a évité à bien des fidèles et à bien des prêtres de sombrer dans le découragement. En montrant, « par son exemple intellectuel, que l’espace pour la résistance catholique aux ordres injustes est vaste et légitime » – comme l’écrivait le professeur Roberto De Mattei le 15 août 2013 dans le quotidien Il Foglio –, Madiran a contribué à éviter que « les fumées de Satan », dénoncées par Paul VI le 29 juin 1972, n’emportent trop d’âmes secouées par l’agitation postconciliaire. Que le Seigneur fasse goûter à cet inébranlable soldat de la foi ses éternelles récompenses !
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) Merci Très Saint-Père ! Merci à Benoît XVI d’avoir entendu l’appel de Jean Madiran et de nous avoir rendu la Messe. Merci pour votre geste non seulement de justice et de réconciliation mais aussi d’avenir, car il rend à l’Église la compréhension de sa lex credendi.


2) Montrez-leur l’exemple, Très Saint-Père ! Pape François, précisément parce que votre sensibilité liturgique n’est pas la même que celle de votre prédécesseur et que nul ne saurait vous taxer d’être « rétrograde » ou « nostalgique », vous pouvez, plus librement que Benoît XVI, clore définitivement le chapitre douloureux de plus de 40 ans d’interdiction mensongère en célébrant tout simplement vous-même la forme extraordinaire du rite romain, ou en présidant à sa célébration, ce qui montrerait l’exemple aux évêques et aux curés de paroisse encore hésitants devant ce moyen de rétablir la paix indispensable et l'Unité visible et nécessaire.

3) Pourquoi cette invitation ? Parce que, de fait, l’interdiction subsiste encore dans les esprits de certains et donc, ici et là, dans la réalité diocésaine ou paroissiale. Certes, les fidèles qui assistent à la messe traditionnelle ne sont pas (pour l’instant) les foules immenses des JMJ ou de grands rassemblements. Mais l’unité de l’Église se déchire et se recoud dans le détail. Le Pape est le garant de l’unité de l’Église et lui seul peut faire que celle-ci s’établisse enfin durablement. Pour cela, un acte de charité paternelle confirmerait la « normalité » de la célébration de la forme extraordinaire du rite romain dont avait parlé le cardinal Cañizares, préfet du Culte divin lors du pèlerinage Summorum Pontificum 2012.

4) Entre bien d’autres exemples d’injustices ordinaires et, on peut le dire, mesquines, celui-ci dont nous venons d’être informés : dans la vallée de Montmorency, une célébration mensuelle, assurée par le curé, se déroule dans la paroisse du Plessis-Bouchard depuis fin 2012. Mais, peu à peu, cette messe a été ostracisée par le groupe de laïcs qui « tient » la paroisse et qui bloque toute publicité en faveur de cette messe, au point que le curé lui-même n’ose plus l’annoncer à ses fidèles et que les demandeurs refusent de s’exprimer sur cette situation ahurissante. Ce que nous savons, c’est que la messe peine à se développer de par ce climat hostile, alors même que certains fidèles ont constitué une chorale grégorienne qui ne demanderait qu’à participer à la vie liturgique de la paroisse. Au lieu d’une célébration vivante et paisible, une célébration en catimini : un gâchis hélas ordinaire, qui donne parfaitement raison au pape François lorsqu’il met en garde les paroisses – au paragraphe 28 d’Evangelii Gaudium – contre le risque de se replier sur quelques « élus qui se regardent eux-mêmes » et oublient qu’ils appartiennent à « une communauté de communautés ».

5) À ceux qui, comme au Plessis-Bouchard, tentent à nouveau d’interdire la messe traditionnelle, nous dédions ces simples phrases, adaptées de la réaction que Jean Madiran avait eue dans Itinéraires au sujet de l’indult de 1984 : « La messe survivra. Vous ne l’avez pas tuée. Vous ne le pouvez pas, vous ne le pourrez pas. En dépit de vos manœuvres, la messe catholique traditionnelle, latine et grégorienne selon le Missel Romain de saint Pie V est toujours célébrée à travers le monde. Et elle le sera de plus en plus ».

6) Summorum Pontificum a, dans le principe, d’autant plus « normalisé » la messe traditionnelle qu’il a laissé au curé, responsable ordinaire de la liturgie de sa paroisse, le soin d’organiser la célébration qui lui est demandée par un coetus de fidèles (Art. 5, § 1). La requête à Paul VI de Jean Madiran, via le texte de 2007, s’adresse désormais aux curés de paroisse : « Messieurs les Curés, rendez-nous la messe catholique traditionnelle, latine et grégorienne selon le Missel Romain de saint Pie V ».

Annexes

LA BIENVEILLANCE DU PAPE
Jean Madiran, Présent du 12 juillet 2007

L’INTERDICTION FANTÔME
Jean Madiran, Présent du 13 juillet 2007

ET L’AUTRE MISSEL ?
Jean Madiran, Présent, 14 juillet 2007

[Le Seignadou] L’heure est plus que jamais à la prière et à l’union des cœurs

Le Seignadou - février 2014

L’Association du R.P. de Chivré vient de publier son 39e carnet sur le thème de « L’Église ». Ces prédications du P. de Chivré datent d’avant, pendant et après le dernier Concile. Il me semble que leur méditation peut nous aider à « raison garder ». Depuis quelques mois, en effet, un vent de folie semble souffler dans nos milieux, et ce vent est si violent, si irrationnel qu’il a fait tomber plusieurs prêtres ou fidèles, trop nombreux mais heureusement moins nombreux qu’ils veulent en donner l’impression. Les uns tombent à gauche, trouvant Mgr Fellay trop dur, les autres tombent à droite, le trouvant trop mou, voire libéral. Grâce à Dieu, la grande majorité continue à marcher droit, dans la fidélité à l’esprit de Mgr Lefebvre. Mais il faut avouer que l’air devient souvent irrespirable : si vous affirmez publiquement votre fidélité et votre confiance envers le Supérieur Général, on dira que vous semez le désordre et le trouble. Mais si vous parlez publiquement contre Mgr Fellay, l’accusant de libéralisme et de manœuvrer en secret pour opérer un ralliement, vous aurez la réputation d’être un vaillant défenseur de la Foi et de l’esprit de Mgr Lefebvre. Sic !
Cela a déjà été dit et écrit tant de fois qu’on hésite à le redire encore, mais Mgr Lefebvre n’a jamais eu la prétention de « convertir » Rome ou le Pape. Tout au plus, disait-il à ceux qui lui reprochaient d’aller à Rome : « Sait-on jamais ? Si je peux leur faire un peu de bien ! » Il n’a jamais refusé les contacts ou démarches avec Rome, dans l’espoir d’obtenir la liberté pour son œuvre et pour la Tradition. Il a combattu et condamné les erreurs modernes, celles d’avant le Concile, celles du Concile et celles d’après le Concile, mais il n’a jamais combattu ou condamné Rome ou le Pape. Et l’histoire, dans sa vérité objective, loin de toutes les interprétations que nous pouvons donner aux faits, nous dit que son œuvre a été approuvée et reconnue par Mgr Charrière, évêque parfaitement conciliaire, ce qui n’a jamais troublé Monseigneur ; et l’histoire nous dit aussi que le protocole d’accord qu’il avait signé le 5 mai 1988 allait beaucoup plus loin que les propositions de Mgr Fellay de l’an dernier. Et ce n’est pas Mgr Lefebvre qui a mis un terme aux démarches mais bel et bien le Cardinal Ratzinger, en refusant ce que Monseigneur demandait dans sa lettre du 6 mai 1988 (la consécration d’un évêque, prévue dans le protocole d’accord). Ce sont là des choses qu’il ne faut pas oublier. On peut n’être pas d’accord avec l’attitude de Mgr Lefebvre (mais alors il fallait le dire de son vivant !), ou celle de Mgr Fellay (mais alors, il fallait le dire dès les premiers contacts en 2000 !), mais il est étrange que ce réveil des consciences n’intervienne qu’aujourd’hui alors que rien ne s’est fait et rien n’est prévu ; et il est contraire à la vérité d’accuser Mgr Fellay d’être infidèle à Mgr Lefebvre. Au-delà des différences de tempérament ou d’expérience personnelle, la ligne est demeurée la même, et rien ne laisse prévoir qu’elle soit sur le point de changer, bien au contraire.

En tout cela, ce qui fait défaut à beaucoup, c’est tout simplement le sens de l’Église. Je ne prétends pas être meilleur que ceux qui nous abandonnent, mais je me demande vers quelle Église ils s’aventurent ? Celle de Pie XII ? Celle de saint Pie X ? Celle de saint Pie V ? Mais ces « Églises » n’existent pas, pas plus que l’ « Église conciliaire », ou la « Rome moderniste », qui ne sont que des formules pour désigner l’état de l’Église ou de Rome depuis le dernier concile, depuis qu’elles sont infestées de ce « courant de pensée de type non catholique » qui veut leur donner un visage plus « mondain » ! Il n’y a que la sainte Église catholique et la Rome éternelle, à laquelle Mgr Lefebvre a lancé un vibrant hommage en conclusion de son Itinéraire spirituel, et que nous voulons servir selon toute la grâce reçue de l’Église en la fête de la Toussaint 1970. Ils oublient simplement que l’Église n’est pas un « être de raison », comme disent les philosophes. Parler du Corps « Mystique » ne revient pas à parler d’une réalité seulement spirituelle, mais d’une société qui cache en elle un mystère, qui est la présence de son fondateur, toujours vivant et agissant en elle. Le Corps Mystique de Jésus-Christ qui est l’Église est un être réel, incarné, qui vit dans le temps et avec laquelle on ne peut entrer en communion de grâce, de vérité et de vie, que dans sa réalité actuelle, telle qu’elle vit sous le pontificat du Pape François. Que ce Pape soit pécheur comme chacun de nous, qu’il adhère aux mêmes erreurs que ses prédécesseurs immédiats, et même à d’autres erreurs… qu’il soit infidèle même aux devoirs de sa charge, il est et demeure le vicaire du Christ, et, comme le disait si bellement le P. Calmel : « L’Église n’est pas le Corps Mystique du Pape ; l’Église avec le Pape est le Corps Mystique du Christ. » A moins d’être « sédévacantiste », nul ne peut refuser ou nier que le Pape François soit le Vicaire du Christ.

Un excellent théologien attirait naguère notre attention sur ce point : « Simon, fils de Jean, dit le Seigneur, sois le pasteur de Mes brebis. Il ne dit pas : de tes brebis. Elles seront toujours à Lui. Elles ne changeront pas de Maître. Je suis, dit-il encore, le Bon Pasteur ; je connais Mes brebis et Mes brebis Me connaissent. Il les appelle par leur nom, elles écoutent Sa voix, et Il les emmène (Jean, X). Ce sont donc les brebis du Christ, ce ne sont pas ses brebis à lui que paîtra Simon Pierre. C'est au nom du Christ, ce n'est pas en son nom à lui qu'il les emmènera. Voilà tout ce qu'on veut rappeler quand on dit que Pierre est le Vicaire de Jésus-Christ, puisqu'il est convenu que le pouvoir exercé au nom d'un autre se nomme un pouvoir vicaire. Pierre est le Vicaire du Christ ; il n'est pas le vicaire de l'Église et de la multitude chrétienne. La juridiction ne remonte pas de l'Église jusqu'à lui, elle descend de lui jusqu'à l'Église. Le Christ la lui donne directement et immédiatement, il ne la donne pas d'abord à l'Église avec charge de la lui transmettre. Plus encore, il la lui donne antérieurement au choix par l'Église d'une constitution. » Le concile du Vatican (Vatican I) dénonce comme contraire à l'Écriture et à la Tradition, l'erreur de ceux qui prétendent « que le primat de juridiction a été donné immédiatement et directement non pas à Pierre, mais à l'Église, et par elle à Pierre son ministre ».

Il n’est donc pas possible de se croire en communion avec l’Église indépendamment du Pape, en faisant comme s’il n’existait pas, en refusant tout contact et tout rapport avec lui, en ne cherchant pas à établir avec lui des relations qui nous permettent d’accepter sa juridiction tout en refusant la compromission avec ses erreurs. Que cela soit difficile, délicat, périlleux, et tout ce qu’on voudra, soit. Mais ne pas le désirer, ou même le refuser à priori, c’est refuser la communion avec l’Église telle qu’elle a été constituée par Jésus-Christ, et telle qu’elle vit en 2014. Il n’y a pas d’Église de saint Pie V, de saint Pie X, de Pie XII ou de François, il y a l’Église de Jésus-Christ, qui n’a rien d’idyllique et qui est confiée aujourd’hui à son Vicaire, le pape François. Ne pas aimer cette Église, telle qu’elle vit aujourd’hui, c’est ne pas aimer l’Église. Refuser de chercher à rétablir le lien canonique avec l’Église, dans l’état où elle est aujourd’hui, telle qu’elle vit et souffre aujourd’hui, quel que soit le prétexte invoqué, c’est tout simplement refuser l’Église, ce qui n’est pas catholique.

Et puis, au fond de toutes ces querelles, ne convient-il pas de reconnaître la présence d’un mal spirituel très pernicieux : l’esprit de contradiction. Je pourrais parler de mauvais esprit, mais je préfère évoquer cette forme d’esprit qui aime la querelle, non par désir de parvenir à la vérité mais par simple désir d’avoir raison. Ernest Hello a écrit sur ce sujet tout un chapitre, trop long pour être cité. J’en extrais seulement ces réflexions: « Depuis que je suis au monde je vois les hommes se disputer, et vous aussi, sans doute. Le fait universel, c’est une universelle contradiction. J’ai vu la contradiction et l’injustice dans la cité, dit l’Écriture (Ps. LIV, 10). Le rapprochement de ces deux mots contient un enseignement profond. L’injustice est fille de la contradiction. La division couvre la terre. Ce ne sont pas les ennemis qui sont le plus profondément divisés, ce sont les amis. Là où l’union semble exister, la division existe, plus radicale et plus intime. […] Paul et Pierre, au lieu de s’entraider et de compléter le regard de l’un par le regard de l’autre, s’acharnent l’un et l’autre à nier ce qu’il ne voit pas lui-même. […] C’étaient deux hommes intelligents, faits pour s’entendre. Ce sont maintenant deux ennemis, stupidement entêtés, stupidement aveuglés, parce que le serpent de la contradiction a levé sa tête entre eux deux. C’est l’esprit de contradiction qui ferme les yeux et qui aigrit le cœur, qui aveugle et sépare les âmes. […] La bonté du cœur aurait un rôle immense dans la réconciliation des esprits. Si vous vous irritez contre votre ennemi, qui est peut-être votre ami, vous ne le convaincrez jamais ! N’oublions jamais les leçons profondes contenues dans la langue humaine, dans la science des mots : haïr, en latin, se dit invidere « in…videre » : ne pas voir. Il n’y a peut-être pas une seule vérité dont l’application soit plus universelle que cette vérité si simple : si vous voulez montrer à un homme ce qu’il ne voit pas, commencez par voir ce qu’il voit, et dites-le lui. Pourtant le contraire arrive : on commence par se dire non, les uns aux autres, et on arrive à cette confusion épouvantable des intelligences. Le mal que je constate est un mal effroyable et universel duquel souffre horriblement l’humanité tout entière. Pierre s’imagine que s’il accordait à Paul tout ce qu’il peut lui accorder sans mentir, Paul profiterait contre lui de cet aveu. C’est le contraire absolu de la vérité. Paul verra ce que voit Pierre, quand Pierre aura vu ce que voit Paul et l’aura proclamé. »

L’heure est plus que jamais à la prière et à l’union des cœurs. Nous allons vivre sans doute des mois difficiles et douloureux. La Fraternité en a connu d’autres, et elle en est toujours sortie plus forte et plus unie, pour continuer à servir la Tradition de l’Église et donc l’Église elle-même. Certes ce service requiert de notre part une extrême prudence à la fois humaine et surnaturelle, mais la prudence n’a jamais signifié le refus de l’autre, refus de l’entendre, de le comprendre pour mieux le convaincre, et finalement le refus de l’aimer.

Daigne Notre-Dame nous en préserver !

26 janvier 2014

[Abbé Dominique Rousseau, fsspx - Le Parvis] Fidélité, application à un cas concret

SOURCE - Abbé Dominique Rousseau - Le Parvis - février 2014


Il n’est pas sans intérêt de chercher la cause des  départs de nombreux membres de la Fraternité depuis sa fondation (1970). Ceci vaut pour les prêtres et les fidèles.

Tous se sont réclamés, se réclament et se réclameront encore de Mgr Lefebvre. Quelle que soit la direction que prend celui qui se sépare de la Fraternité Saint-Pie X, prêtre ou fidèle - depuis le sedevacantisme jusqu’au libéralisme en passant par tous leurs intermédiaires -, chacun affiche une fidélité sans faille à notre Fondateur.

Voilà donc Monseigneur utilisé et revisité à l’avantage de ceux que se réclament de lui tout en s’écartant de la Société qu’il a fondée : on tronque ses textes, on les sort de leur contexte. Il est aisé de faire parler un défunt : il n’est plus là pour se défendre ! Où est la faille ? Les uns comme les autres oublient ceci : Mgr Lefebvre, homme de doctrine, fut un homme prudent, d’une prudence surnaturelle et non terrestre, faisant coller les principes les plus élevés à la réalité concrète et non comme il aurait pu souhaiter qu’elle fût. Il eût alors été un idéaliste.

Il n’en fut pas ainsi. Au contraire il formulait son jugement en fonction des principes, bien entendu, et aussi en tenant compte des circonstances : « Nous sommes bien obligés de constater... » disait-il souvent. Et donc il a agi sans jamais devancer la Providence. C’est bien ce qui fait son caractère si prophétique et héroïque dans la grave crise qui secoue la Barque de Pierre. Et il a persévéré jusqu’au bout de sa vie.

A nous de continuer le chemin sur les mêmes traces, avec les mêmes principes, en faisant fonctionner notre intelligence... intelligemment. Sans oublier la pratique de toutes les vertus, en commençant par l’humilité. Dans la majorité des cas, cette vertu brille par son... absence !

[Credidimus Caritati] Mgr Lefebvre : Ne soyons pas émus, gardons la paix dans l'épreuve

SOURCE - Credidimus Caritati - Mgr Lefebvre - 26 janvier 2014

A la fin de sa vie, Mgr Lefebvre reconnaissait que l’histoire de la Fraternité, c’était l’histoire de ses divisions. La position délicate de l’œuvre au sein de l’Église l’exposait de manière particulière aux dissensions. Ce n’est pas dans une autre situation que se trouvait la Compagnie de Jésus à l’époque où elle a réinsufflé la foi à travers le monde : Tantôt admirée, tantôt proscrite, elle fut également saluée, puis décriée, parfois déchirée.

Dans son histoire, la Fraternité a donc connu des divisions d’un côté comme de l’autre. Elle a vu s’éloigner tour à tour le directeur d’Écône, celui du séminaire américain, un des assistants généraux, un supérieur de La Reja, un ancien curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, un des quatre évêques. Nul n’a été épargné, pas même les plus grands ! Le fondateur qui, un instant, a failli être mis de côté du séminaire qu’il avait fondé, ayant renvoyé à un autre moment tout le personnel de son district américain, ne s’étonnait guère de ces épreuves. D’une certaine manière, ces attaques étaient la preuve que le démon s’acharnait contre une œuvre qui exerçait un bien immense dans les âmes, tout en continuant activement sa mission.

A l’occasion d’un départ groupé de prêtres, Mgr Lefebvre décrivait les écueils auxquels était exposée la Fraternité. Après avoir montré que certains tombaient par usure et découragement, relativisant les erreurs, embrassant la nouvelle messe, il montrait aussi, comme c’est le cas actuellement, que plusieurs trouvaient des prétextes et des calomnies pour justifier un départ se fondant sur un soi-disant abandon de la part des autorités de la FSSPX. Ainsi s’exprimait-il à ses prêtres, le 16 juillet 1989 :
« La deuxième tentation que le diable suscite dans l'esprit de certains de nos prêtres, qui provoquent une déchirure nouvelle dans la Fraternité, peut se résumer en ceci : "Nous avons fait confiance à la Fraternité du début, à ses principes et à son action, toutefois nous constatons que l'esprit de la Fraternité change, c'est par fidélité à la Fraternité initiale que nous quittons la Fraternité actuelle !" 
« Pour justifier cette attitude, il faudra donc chercher les indices de changement. Et dès lors, les moindres choses seront exploitées, grossies, jusqu'à devenir de vraies calomnies. Ce fut le cas de [tel abbé] et de [tel abbé], l'accusation se portait jusqu'à moi-même. Il fallait tromper les fidèles pour qu'ils suivent ceux qui nous quittaient. C'est une entreprise vraiment basée sur le mensonge. En fait, ceux qui cherchaient à opposer la Fraternité d'aujourd'hui à celle d'hier étaient "sédévacantistes" et refusaient de prier publiquement pour le pape. […] Il a fallu trouver des motifs à ce départ. Ce fut facile. "Nous sommes les purs, les autres sont les impurs". 
« A partir de ce moment c'est vraiment l'esprit diabolique qui s'est emparé de nos confrères pour trouver des manifestations de toutes les tares et de tous les vices. L'un des premiers accusés fut l'abbé [untel], accusé d'être à l'origine de toutes les mutations, et d'avoir tous les défauts étant donné que [tel autre prêtre] et ses amis intimes ont découvert que l'enterrement de son père était un enterrement juif !... [Cet abbé] serait donc juif !... Ils ont découvert aussi que [d'autres abbés] seraient des juifs. Puis ce fut le tour [d'autres abbés encore], atteints d'immoralité. Et même [un directeur] n'est pas exempt, son gouvernement du Séminaire est laxiste et l'immoralité se répand au Séminaire. Enfin le Supérieur général lui-même juge les affaires sommairement et partialement. Je ne me fais pas d'illusion, je serai moi-même, sans tarder, calomnié comme je l'ai été par tous ceux qui ont déchiré la Fraternité. 
« Le processus est toujours le même, il faut à tout prix justifier l'acte scandaleux du détournement d'un groupe de prêtres, de séminaristes et de fidèles. Tout en nous efforçant d'éclairer ceux qui nous quittent sur le tort grave qu'ils causent à l'œuvre de la Tradition, ne soyons pas émus, gardons la paix dans l'épreuve. L'histoire de la Fraternité ressemble à celle de l'Eglise et la continue. "Oportet haereses esse" !... La Providence permet ces purifications pour éviter les contaminations. Il s'agit dans ce dernier cas d'une fausse conception de la formation spirituelle, qui a un relent de jansénisme. Que Dieu nous en préserve ! 
« Nous nous en sommes aperçus bien tard, le mal était accompli auprès de quelques jeunes prêtres et auprès de la moitié des séminaristes [de La Reja]. La prudence exige de nous de n'avoir plus aucune relation avec ceux qui nous quittent, pas même épistolaire, sauf si l'un d'entre eux donne des signes sérieux de regret. Prions pour eux, c'est la vraie charité que nous pouvons exercer à leur égard. Que ces séparations soient l'occasion de faire un examen de conscience, afin de veiller courageusement à ne pas admettre de relâchement doctrinal, moral, spirituel, disciplinaire. "Vigilate et orate". »

[Père Jean,Capucin de Morgon] "J'ai demandé au Père Gardien si je pouvais vous prêcher aujourd'hui sur ce sujet..."

Père Jean,Capucin de Morgon - 26 janvier 2014

Sermon du Père Jean, OFMC,
du 3e Dimanche après l’Epiphanie (26 janv. 2014)

«Autant qu'il vous est possible, soyez en paix avec tout le monde. » Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ainsi soit-il. 

Mes chers amis, ce sermon commencera sur cette explication ou plutôt cette invocation de la parole de Dieu tirée non de l'Évangile du jour, mais de l'épître de Saint Paul aux Romains. « Autant qu'il vous soit possible, soyez en paix avec tout le monde. » Autant qu'il soit possible précise Saint Paul. Parce que cette nuit, dans notre office des matines à Morgon, nous avons lu une autre épître de Saint Paul, celle des Galates. Nous avons commencé, pendant cette semaine, nous lirons les matines au milieu de la nuit toute l'épître des Galates. Et au premier chapitre de l'épître des Galates, Saint Paul dit : « si quelqu'un n'a pas le même Évangile qu'il soit anathème ! » Ce n'est plus le même langage. Là, c'est plus possible d'être en paix avec quelqu'un qui a une autre doctrine, un autre évangile. 

Alors, permettez-moi donc de partir sur cette parole de Dieu pour essayer de faire l'application à la situation actuelle, aujourd'hui. Quand nous prêchons, nous devons avoir le souci à la fois de vous expliquer la parole de Dieu, la volonté de Dieu, la vérité et puis aussi, eh bien, de l'appliquer au besoin présent, au besoin de vos âmes. Et la plupart d'entre vous, je pense, êtes au courant que depuis quelques semaines, eh bien, il y a de graves événements qui secouent notre monde de la Tradition. Pour ceux qui ne seraient pas trop au courant, je résume très vite. Un certain nombre de prêtres ont quitté la Fraternité et aussi des communautés amies, donc, ont pris leur distance par rapport aux autorités de la Fraternité. Alors vous êtes en droit de vous poser : Et vous Morgon, qu'est-ce que vous faites ? Qu'est-ce que vous pensez de cela ? 

J'ai demandé au Père Gardien si je pouvais vous prêcher aujourd'hui sur ce sujet. Non pas de prendre parti pour l'un ou pour l'autre, encore une fois, « autant qu'il vous soit possible soyez en paix avec tout le monde». Samedi-dimanche derniers j'étais avec le père Fidèle-Marie à Avignon, dans un centre de messe de la Fraternité, et nous avons fait du bon ministère, nous avons beaucoup prêché, confessé et ça c'est très bien passé. Et dans quelques semaines, je dois aller à Avrillé prêcher ou plutôt faire une séance de sessions de théologie mariale pendant une semaine aux pères d'Avrillé. «Autant qu'il vous est possible, soyez en paix avec tout le monde. » Voilà. 

Mais, donc, j'ai demandé au Père Gardien, et il m'a donné son accord, bien sûr, eh bien, de vous expliquer pourquoi il y a cette division. Je crois que c'est ça le plus important à comprendre. Parce que cette division, visible, sensible, douloureuse même d'une certaine manière, en fait c'est quelque chose qui nous est apparent, visible. Elle est le résultat d'une division beaucoup plus profonde, plus grave sur laquelle je voudrais vous parler : c'est une division sur les principes. C'est très important, mes bien chers fidèles, que vous compreniez cela. Ce n'est pas une question de personnes, c'est une question de principes. Si vous avez seulement retenu cela en sortant de cette église, je pense avoir rempli ma mission. C'est ce que j'ai expliqué au Père Gardien, ce que je compte essayer de vous faire comprendre. Et vous avez à la sortie de la messe des photocopies d'un texte que j'avais fait, déjà, il y a quelque temps, et donc il n'est pas signé, mais je l'assume, c'est moi qui l'ai rédigé. Le Père Gardien m'a permis de vous le donner pour vous donner ce que je ne peux pas vous dire dans un sermon. Ce sermon risque d'être un peu plus long, déjà, que d'habitude et je ne peux pas entrer dans tous les détails. Vous avez ce texte, vous pouvez le prendre. Il y a en tout une cinquantaine de photocopies, je pense qu'il y en a assez pour tout le monde. Et vous pouvez photocopier, diffuser si vous voulez, j'en assume la responsabilité.

Le plan de ce sermon, si c'est un sermon, va être assez simple. Je vais d'abord vous montrer qu'il est très important que nous soyons des hommes de principes. La deuxième partie, je vais essayer de vous expliquer que, si nous sommes depuis une cinquantaine d'années, dans notre résistance, dans notre combat de la foi, de la Tradition, c'est parce que nous sommes des hommes de principes et nos pionniers ont été des hommes de principes. Et troisièmement, je vais essayer d'appliquer la situation actuellement. Aujourd'hui, le problème est un problème de principes actuellement dans la Tradition. 

Alors, premier point, nous devons être des hommes de principes. Je vais me baser sur l'enseignement des papes. Vous avez le pape Pie IX en 1871 qui a reçu des Français à Rome. Et il leur a dit : « En France depuis la révolution, ce qui empêche que vous ayez la bénédiction de Dieu sur votre pays, c'est parce que vous avez altéré les principes.» Voilà ce qu'a dit le pape Pie IX. Vous avez altéré les principes. Ensuite, le pape saint Pie X dans son encyclique Pascendi, nous dit, et il ne fait que répéter Saint Thomas d'Aquin, c'est donc la doctrine de l'Église, la pure doctrine traditionnelle de l'Église. Le pape saint Pie X nous dit : « quand on altère, quand on dévie un tant soit peu d'un principe, les conséquences sont énormes ! » C'est un peu comme le tir au fusil. Si vous déplacez d'un petit millimètre, à deux cents mètres, vous êtes à un mètre de la cible. Ensuite le pape Pie XII, recevant aussi des Français. Nous sommes plus proches. Le pape Pie XII leur a dit : «La France ne se relèvera que quand les catholiques seront des hommes de principes, des hommes de doctrine, des hommes formés.» Voilà comment le pape Pie XII parlait à la veille du concile à des catholiques français : « Il faut que vous soyez des hommes de principes.» J'arrête-là les citations des papes parce que je voudrais citer aussi ces grands évêques que fut un cardinal Pie qui a fait tout un sermon pour expliquer à ses diocésains : l'Église a toujours été intransigeante sur les principes et tolérante dans la pratique, avec les personnes. Et le monde, les libéraux, c'est le contraire. Ils sont très tolérants sur les principes: Pensez ce que vous voulez, vous avez le droit de penser ce que vous voulez. Et ils sont intolérants en pratique. Voilà ce qu'explique le cardinal Pie. Et Mgr Freppel dit : «quand nous abandonnons les principes, c'est la ruine.» Et ces évêques, ces grands évêques qui ont vécu le siècle qui a suivi la révolution, nous disent, et c'est vrai, que toutes les révolutions ne sont pas faites par des personnes, ce sont des batailles de principes. Et c'est vrai et nous allons avoir tout à l'heure l'explication pour le deuxième point. Donc, retenons bien, mes bien chers frères : nous devons être des hommes de principes. Les papes nous le disent, l'Église nous le dit. Si nous sommes des hommes d'intérêt, si nous faisons plier les principes qui sont au-dessus de nous, pour nos intérêts, nous allons à la catastrophe, nous ne faisons pas la volonté de Dieu. Les principes ne sont pas des dogmes de foi, forcément, mais si on ne les respecte pas, eh bien, ils se vengent. C'est un principe dans n'importe quel pays, en Angleterre comme en France, qu'on doit tous conduire dans le même sens sur les routes, même si en Angleterre on conduit à gauche et nous à droite. Mais le principe est le même. Et si vous ne voulez pas respecter ce principe, eh bien, vous allez à la catastrophe. Pas besoin de vous faire un dessin. C'est un ordre de nature. Ce n’est pas un dogme de Foi. Ce n'est pas écrit dans les conciles, mais c'est un principe. Si on ne le respecte pas ce principe, on va à la catastrophe, à l'accident.

Alors, maintenant, deuxième point, je voudrais vous montrer que dans la Tradition, dans notre résistance que nous faisons, malgré nous, de mauvais cœur d'une certaine manière, à la hiérarchie en place au pape, aux évêques, c'est parce que c'est une question de principes. Nous ne sommes pas contre le pape, nous ne sommes pas contre les évêques. Au contraire, on prie pour eux. Mais nous sommes contre leurs faux principes. Oui. Et je donne un exemple que vous comprendrez tout de suite. Le concile Vatican I avait posé un principe: « Tout est ordonné ici-bas à la gloire de Dieu.» Un principe, c'est même dogmatique, c'est dans la Sainte Écriture. Vatican I n'a rien inventé en déclarant ça. Il n'y avait pas de concile qui l'avait dit avant Vatican I. Vatican I n'a fait que rappeler un principe qui est inéluctable : tout ici-bas a été créé par Dieu pour sa gloire. Vatican II a posé un autre principe: « Tout ici-bas est ordonné à l'homme.» C'est en toute lettre dans Vatican II. On a posé un autre principe. Et nos anciens, un Mgr Lefebvre, un père Calmel, un père Eugène, n'ont pas accepté ce nouveau principe. Et vous bien chers fidèles, les anciens surtout parmi vous, je m'adresse, vous n'avez pas accepté aussi, vous, dans la pratique parce que la nouvelle religion qui ordonne à l'homme, eh bien, elle a retourné l'autel. Et vous avez été surpris un jour en arrivant dans votre église de voir que l'autel était dans l'autre sens. Vous vous êtes dit : mais le sacrifice, il est offert à Dieu, ce n'est pas un bon repas entre nous. Votre bon sens, et même votre sens catholique, a, sans connaître le principe, l'a tout de suite vu. Et s'il m'est permis de parler de ma famille, j'ai de très bons souvenirs, c'était à la fin du concile, mon père ne voulait plus aller à la messe de la paroisse parce qu'on avait retourné l'autel dans l'autre sens. Il allait à une paroisse plus loin où il y avait le vieux doyen qui célébrait la messe comme toujours. Et on pourrait continuer comme ça. Nos anciens, les pionniers, ceux grâce à qui nous avons fait le bon combat de la foi, nous avons eu la grâce de continuer, grâce à mon père, grâce à Mgr Lefebvre, s'ils n'avaient pas existé, on ne serait pas là. Et ce furent des hommes de principes. Ils n'ont pas voulu transiger. Mgr Lefebvre, vous le savez bien, je crois, on a cherché à tout prix à lui faire célébrer au moins une fois dans sa vie la nouvelle messe. Il était Flavigny, un père jésuite qui a été envoyé de Rome avec un missel de Paul VI sous le bras, et il suppliait Monseigneur : 
« - Mais concélébrons la messe une fois, Monseigneur, une fois. » 
Monseigneur Lefebvre était un homme de principes : 
«- Non, si cette messe est mauvaise, je ne veux pas la célébrer, même pas une seule fois.» 
Malgré ce bon jésuite envoyé de Rome par le pape Paul VI en personne et les papiers qu'il fallait, qui le suppliait presque à genoux de concélébrer avec lui. Il aurait pu dire, Monseigneur Lefebvre non comme un homme qui n’était plus un homme de principes, mais un homme d'intérêt : Oh, ça va arranger les choses, ils vont être plus gentils. Allez une fois. Personne ne va le voir. Dans une petite chapelle, à l'oratoire Lacordaire là. Et puis c'est tout, et puis ça va arranger les choses. Autre exemple qui me vient à l'esprit. Je ne me rappelle plus le nom de ce pape, mais quand le roi d'Angleterre voulu divorcer pour se remarier, le pape lui a dit:
« - Mais non ce n'est pas possible. Vous ne pouvez pas divorcer.
- Si vous ne faites pas ça, moi, je quitte l'Église romaine.
- Non, non. Ce n'est pas possible, je n'ai pas le droit et je ne peux pas. C'est un principe qui est au-dessus de moi. Vous êtes marié, vous êtes marié et je ne peux pas, vous avez eu un mariage devant Dieu, vous êtes marié. »
Et résultat, le roi d'Angleterre s'est séparé, et on a ce schisme, voyez. On pourrait dire : eh bien le pape quand même s'il avait dit oui, cela aurait arrangé les choses et puis l'Angleterre serait restée catholique. C'aurait été bien mieux etc. Non ! C'est un faux calcul. C'est un calcul d'intérêt. Voilà, c'est comme ça. On respecte les principes. C'est dans la sainte Écriture. Saint Paul le dit. On n’a pas le droit de faire un mal pour en espérer un bien. On n’a pas le droit de trahir un principe voulu de Dieu pour un intérêt passager ou particulier qui va contre le bien commun. Et on pourrait continuer d'autres exemples, mais bien chers frères, je ne voudrais pas trop continuer sur ce deuxième point, mais je le résume si vous le voulez. Nos anciens ont été fidèles à leurs principes et c'est grâce à eux qu'on est là, qu'on a fait le bon combat.

Or maintenant, troisième point, l'application aujourd'hui. Aujourd'hui, ce dimanche, là, fin janvier. Eh bien, ce qui se passe, et je voudrais le dire encore en toute paix, voyez sans acrimonie, sans zèle amer, mais pour vous faire comprendre où se situe le problème, où se situe la division. Elle est dans les esprits. Elle n'est pas une question de prêtres ou de communautés qui ne sont plus avec nous, qui sont en dehors etc. La division est dans les esprits dans notre monde de la Tradition. Voilà. Dans les prieurés, dans les couvents. Oui, elle est dans les esprits c''est-à-dire qu'il y a des esprits qui professent un principe qu'on a tenu depuis des années et des années, que Mgr Lefevre nous a légué, voilà. Et puis il y en a d'autres qui n'admettent plus ce principe, qui disent que ce principe ne vaut plus, il n'est pas bon. C'est là le problème. Alors, quel est ce principe, je pense que la plupart d'entre vous l'ont compris. C'est le principe que l’on ne peut pas signer un accord pratique ou canonique avec les autorités romaines si on n’est pas d'accord, avant, sur la doctrine, si nous ne professons pas les mêmes vérités. Et ça, c'est un principe catholique, et vous avez la photocopie à la sortie. Vous pourrez lire paisiblement chez vous, bien lire l'argumentation que j'ai voulu mettre pour montrer que c'est fondé sur la Sainte Écriture, que c'est fondé sur les Pères de l'Église, que c'est fondé sur la pratique de l'Église. La pratique de l'Église, j'insiste là- dessus, c'est l'attitude des papes jusqu'à Pie XII face par exemple aux orthodoxes. Quand les orthodoxes depuis le Grand Schisme, depuis le IX siècle avec Photius, eh bien, cherchaient à discuter avec Rome pour à nouveau pour se réunir, pour faire un accord pratique, canonique, être réunis à la hiérarchie romaine, eh bien, cela a toujours buté sur des questions de doctrine. Toujours : la primauté du pape, en particulier, et le Filioque dans le Credo. Et quand il y a eu des accords, ce qu'on appelle les uniates par exemple en Grèce, en Russie, il y a eu certaines communautés orthodoxes qui se sont réunies à l’Eglise romaine, qui sont redevenues catholiques, eh bien, Rome n'a jamais transigé sur la doctrine. Jamais. Par contre sur la pratique, la liturgie, pas de problème. Sur le mariage de vos prêtres, pas de problème. C'est traditionnel chez vous, ça toujours été. Aucun problème. Un petit exemple : avec les uniates d'Ukraine, les Ruthènes, c'était au XVIIe siècle, eh bien, Rome disait : il faut que vous acceptiez la doctrine du Filioque. C'est-à-dire que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Que vous ne disiez plus que c'est une hérésie. Et les uniates, enfin ceux qui allaient être uniates, on dit d'accord. On accepte cette doctrine : effectivement, on a réétudié la question, on a vu que c'était conforme à la tradition, c'était ce que l'Église a toujours enseigné, et nous sommes d'accord avec le Filioque. Et à ce moment-là, Rome a dit : on n'exige pas que vous le chantiez dans votre Credo parce que vous ne l'avez jamais chanté dans le Credo même dans les premiers siècles. Voyez, Rome leur a dit : nous n’exigeons pas « chantez-le dans le Credo». Elle a dit : simplement vous nous dites que vous êtes d'accord sur ce point de doctrine. Et on vous laisse, vous ne le chantez pas dans le Credo. Et d'ailleurs, la petite histoire, un siècle après, ils ont demandé à le chanter dans le Credo. Voyez, la fermeté de Rome sur un point de doctrine. La doctrine d'abord, il faut que l'on soit d'accord sur la doctrine et après, des questions pratiques, des questions liturgiques, pas de problème, ça s'arrangera, mais la foi on ne transige pas. Là on est intolérant. Tout à fait et on est fier de l'être. C'est la foi, ça ne nous appartient pas. C'est un dépôt qu'on a reçu, c'est au-dessus de nous. On n’a pas le droit d'y toucher, même si on est pape. 

Alors, notre problème actuel. Pendant des années Mgr Lefebvre jusqu'aux sacres a cherché à discuter avec Rome. Voilà. Depuis 75, l'année de la condamnation injuste et nulle de Rome de la Fraternité Saint-Pie-X, jusqu'en 88. Mgr Lefebvre, quand on l'appelait à Rome, il y allait toujours, et il discutait de foi, de doctrine d'abord. Et puis, il essayait au niveau pratique. Est-ce qu'il y a un moyen de s'arranger etc. Ce qui fait qu'il y avait toujours cet aspect doctrine et pratique qui jouait. Alors, des fois, Mgr Lefebvre avait des déclarations plutôt dans le sens pratique en disant laissez-nous faire l'expérience de la Tradition, voilà, et puis, demandez seulement cela, faites-nous l'expérience de la Tradition. Et puis, on s'arrangera comme ça. Parce que c'était un homme d'Église, il voulait toujours, il avait cette volonté bien sûr d'être en communion autant que possible, voilà, avec la hiérarchie, avec l'Église. Et puis, il s'est rendu compte qu'il a été trop loin, il l'a dit, il l'a reconnu. «J'ai été trop loin». Le 5 mai quand il a signé le protocole. Il a été trop loin parce qu'il a transigé sur la question de la doctrine. Il a fait passer la pratique avant. Il l'a reconnu, il le déclare dans le Fideliter n° 66. Ceux qui l'ont chez vous peuvent le lire. Et dans ce Fideliter 66 qui date de décembre 88 sur la couverture il est écrit: « À une reprise des colloques, je poserai mes conditions.» Voilà ce que Mgr Lefebvre a dit après les sacres et qu'il a toujours tenu jusqu'à la mort et ce qu'il nous a légué.
Quelles sont ces conditions ? Vous pouvez les lire dans Fidéliter n°66 et vous les connaissez. « Je viendrai à Rome avec les encycliques des papes et je leur dirai: êtes-vous d'accord avec ces encycliques ? Quas Primas sur la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ? Mortalium Animos sur le faux oecuménisme ? etc. etc. etc. Est-ce que vous êtes d'accord sur la doctrine de vos prédécesseurs ? » Et deuxième chose très importante qu'ajoute Mgr Lefebvre dans ses conditions, deuxième condition : «Êtes-vous prêts à réformer Vatican II sur ces encycliques ? » Parce que Vatican II dit le contraire de Mortalium Animos et dit le contraire de Quas Primas et d'autres, par exemple, encycliques sur le libéralisme de Grégoire XVI. « Est-ce que vous êtes d'accord non seulement sur la doctrine de vos prédécesseurs, mais aussi de changer, de faire revenir Vatican II aux bons principes.» Voilà les conditions que donne Mgr Lefebvre. Je n'invente rien. Lisez Fidéliter 66, lisez-le attentivement. Vous pouvez vous le procurez. On peut vous donner des photocopies si vous voulez. Et dans d'autres déclarations, Mgr Lefebvre à Flavigny par exemple, on vous a donné des extraits de cette déclaration : « À Rome ils l'ont découronné Notre-Seigneur Jésus-Christ, on ne peut pas s'entendre avant qu'il l'ait recouronné.» Avant qu'ils disent à nouveau que Notre-Seigneur doit régner sur la société. Alors retenons, mes bien chers frères, Mgr Lefebvre après les sacres jusqu'à sa mort a toujours tenu fermement sur ce principe. « Je poserai mes conditions : la doctrine, les encycliques des papes. Est-ce que vous êtes d'accord oui ou non ? Si vous n'êtes pas d'accord, inutile de dialoguer.» C'est écrit dans le Fidéliter 66 : inutile de discuter. Inutile. On n’est pas d'accord sur la doctrine, inutile de parler plus loin sur des questions pratiques. Voilà ce que Mgr Lefebvre nous a légué jusqu'à sa mort. Et notre mouvement de la Tradition a toujours été parfaitement uni tant qu'on a tenu ce principe. Pendant des années et des années, ce principe a été tenu. Et vous lirez sur la photocopie que vous avez à la sortie de la messe des déclarations de cinq évêques, Mgr Lefebvre et les quatre autres qu'il a sacrés, qui défendent ce principe. Clair et net. Mgr Fellay, en 2008, dans une Lettre aux amis que vous pouvez retrouver dans vos vieux papiers, octobre 2008, Lettre aux amis et bienfaiteurs qui est jointe à celle du district de France, il le dit en toute lettre, il dit ce principe est d'un ordre de nature. C'est comme la conduite sur la route. Voilà, c'est comme ça, ça s'impose à nous. C'est un ordre de nature. Il faut d'abord être d'accord sur la doctrine avant de pouvoir passer à des arrangements pratiques. 

Et malheureusement, depuis quelque temps, qu'on peut situer après la fin des discutions romaines, c'est-à-dire l'automne 2011, eh bien petit à petit, nous voyons, nous sommes obligés de constater que les autorités de la Fraternité abandonnent ce principe. Je le dit sans acrimonie. Je le dit sans zèle amer. Je le dit paisiblement. Je suis prêt à assumer ce que je dis et elles ne peuvent pas le contester parce que c'est public. Cela a commencé d’abord avec Mgr Fellay qui disait que ce principe, il peut y avoir exception. Il a fait une conférence au Canada en disant : par exemple avec les orthodoxes, on faisait des discussions, on faisait des arrangements sur la question du mariage etc. Le divorce dans certains cas. Mgr Fellay a dit : ce principe ne vaut pas, il y a des exceptions, on peut transiger avec. Mais quand on regarde bien ces questions du mariage avec les orthodoxes, ce n'est pas une question de foi ! C'est une question de discipline. Tout à fait différent. Ensuite Mgr de Galarreta, dans sa conférence qu'il a faite le 13 octobre 2012 à Villepreux où il dit : Bon. Ces questions de pratique, doctrine on met tout ça ensemble, et puis l'important, si on peut faire un accord, après nous continuerons le bon combat à l'intérieur, nous serons le fer de lance à l'intérieur, voilà on les combattra de l'intérieur. Et puis assez récemment Mgr Tissier de Mallerais, dans une conférence qu'il a faite à Toulon en juin, voilà, il a dit, et il m'a confirmé par écrit, j'ai eu une échange de lettre avec lui, que Mgr Lefebvre a toujours cherché un accord pratique. Et je lui ai écrit en lui disant : avant les sacres c'est vrai, il y a eu des paroles, des citations de Mgr Lefebvre qui montrent que des fois il était moins ferme sur ce principe. Mais après les sacres, il a toujours été bien clair et je lui rappelle, à Mgr Tissier dans cette lettre, que dans le Fideliter 66, Mgr Lefebvre dit : «Je poserai mes conditions etc.» Réponse de Mgr Tissier de Mallerais, personnelle, j'ai la lettre datée du 11 septembre 2013 : « Il l'a dit, mais il ne l'aurait pas fait. » 

Alors, je dis ça, encore une fois je ne suis contre personne : je ne suis pas contre Mgr Fellay, je ne suis pas contre Mgr de Galarreta, je ne suis pas contre Mgr Tissier. Je prie pour eux. Voilà, ce sont des évêques et l'un d'entre eux m'a donné les ordres et encore une fois, autant que possible, je voudrais être en paix avec tout le monde. Mais ce que je vous dis sont des choses publiques, ils ont parlé publiquement : au Canada, à Villepreux et à Toulon. C'est connu. Je ne dis pas des choses cachées. Je cherche à vous faire comprendre le problème en ce moment. Il y a une division dans les esprits. Ce principe qui a été tenu pendant des années, auquel nous étions tous groupés derrière ce principe, eh bien maintenant est abandonné. 

En 2006, la Fraternité a fait un chapitre général où elle réaffirmait solennellement ce principe. Et en 2012, elle l'a abandonné. Elle a posé six conditions, si vous êtes d'accord sur les six conditions, à ce moment-là, accord canonique, accord pratique. Et Mgr Fellay écrivant au pape Benoît XVI en juin 2012, lui dit : voilà maintenant la voie qu'on a choisie, on laisse de côté les problèmes doctrinaux qui ne sont pas encore résolus suite aux discussions, d'abord un accord pratique et ensuite on verra les accords doctrinaux. Voilà. Et Mgr Fellay dit dans sa lettre à Benoît XVI : « J'ai l'intention, vraiment, de continuer sur cette voie.» Il le précise, il le dit très bien, c'est son intention. Et en juillet, un mois après, le 2 juillet, il y a une réunion des supérieurs religieux à Paris avec deux évêques, Mgr Fellay et Mgr de Galarreta. Et un Père Dominicain s'est levé en disant : mais Mgr, parce que Mgr Fellay avait avoué qu'il regrettait certaines choses etc., alors le Père Dominicain s'est levé : mais Monseigneur est-ce qu'il ne faut pas revenir au principe du chapitre de 2006. Voilà. Et Mgr Fellay a dit : Non, non. Non, non. Ce principe non, non, il n'est pas clair, il n'est pas sûr. Alors que quatre ans auparavant, il affirmait : c'est un ordre de nature. C'est-à-dire quelque chose qu'on ne peut pas toucher. Il n'y a pas d'exception possible à un ordre de nature. C'est philosophique, c'est comme ça. C'est la nature. 

Donc vous voyez, mes bien chers frères, où se situe le problème. C'est ça que j'ai voulu, essayé de vous faire comprendre sans chercher à prendre parti, sans chercher à attaquer les personnes même si j'ai donné des noms. Mais je vous ai dit des choses qui sont publiques. Maintenant, je vous laisse prier, je vous laisse réfléchir sur ces choses-là pour que chacun d'entre nous, en conscience, nous puissions dire : quelle est la volonté de Dieu dans cette affaire ? C'est ça le plus important. Quelle est la volonté de Dieu dans cette affaire ? Et pas taper sur les uns et sur les autres en disant: ils ont tort etc. On n'en veut plus. Anathème à ces prêtres d'un côté ou de l'autre. Autant que possible, restons en paix, là, soyons en paix avec tout le monde. Autant que possible, et là c'est encore possible. Parce qu'il n'y a pas encore de ralliement officiel. On en est encore qu'à une bataille de principes. Et elle est très importante, elle est primordiale. C'est pour ça que vous avez ces photocopies à la sortie que je vous invite à lire, à comprendre. Toutes les révolutions se sont jouées sur des principes. Nos anciens nous l'ont dit, il faut nous inculquer ça dans notre esprit. Et cette question de principes, il faut vraiment l'avoir compris, et ensuite, eh bien, nous devons suivre nos consciences parce qu’à chacun d'entre nous prêtres pour nous c'est un très grave problème de conscience. Et Mgr de Galarreta l'avait dit au chapitre de 2011, du 7 octobre 2011 à Albano, il avait dit: «Si on abandonne ce principe, il va y avoir un grave problème de conscience pour nos prêtres.» Il l'a dit, en chapitre. Il avait averti. Et malheureusement c'est ce que nous voyons actuellement. Ces « départs », entre guillemets, c'est parce que c'est des prêtres qui ont un grave problème de conscience et ils ne sont pas les seuls, moi aussi. Qu'est-ce que je dois faire en ce moment ? Qu'est-ce que je dois faire en ce moment ? Alors prions bien, on nous invite à beaucoup prier en ce moment. Je pense que ça fait partie, voyez, certainement, de nos intentions de prières, eh bien, que nous soyons fidèles à ce que nous ont légué les anciens. Ces principes qui sont, j'en suis convaincu, qui viennent de Dieu, qui sont de la volonté de Dieu dans la crise actuelle, voilà dans nos rapports avec Rome. La condamnation du livre de M. l'abbé Pivert, c'est pour ça. C'est parce qu'il défend l'ancien principe. Il ne faut pas chercher ailleurs. Pourquoi le livre de M. l'abbé Pivert est défendu de vente maintenant dans les prieurés ? Nous le vendons toujours à Morgon. Eh bien parce qu'il défend le principe qu'on a toujours tenu depuis 25 ans et qui maintenant est abandonné. C'est ça. Donc vous comprenez bien, si vous avez compris cela, vous comprendrez beaucoup de choses concrètes, pratiques.

Alors mes bien chers frères, j'espère bien vous avoir parlé selon Dieu. J'espère ne causer de trouble en aucune âme, je voudrais au contraire que ce soit la paix. Je pense comme nous sommes sûrs, convaincus de la volonté de Dieu, nous ne pouvons être que dans la paix, même si on est dans les pires situations. Pensons à la sainte Vierge au pied de la croix, Stabat Mater. Elle était paisible. Stabat, elle se tenait debout. Elle n'était pas révoltée, elle n'était pas tremblante. Elle n'était pas paniquée. Voyez et pourtant, son Fils était dans une torture extraordinaire. Un cœur de mère et un cœur immaculé. Qu'est-ce qu'elle a dû souffrir ! Elle était dans la paix. Donc nous souffrons tous, mes bien chers frères certainement de cette situation. Tous ! Dans la Tradition. Mais demandons bien à la très Sainte Vierge, voyez, comme elle au pied de la croix de rester paisible et puis de garder les yeux sur Dieu, sur la Volonté de Dieu. Pourquoi était-elle paisible ? Parce qu'elle savait que c'était la volonté de Dieu que son Fils meurt dans ces conditions et ça suffisait pour qu'elle soit paisible. Demandons bien cette grâce à Notre-Dame et, autant que possible, restons bien en paix avec tout le monde. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ainsi soit-il.

25 janvier 2014

[Mgr Williamson] Anxiété sédévacantiste I

SOURCE - Mgr Williamson - 25 janvier 2014
Les paroles et les actes du Pape François depuis son élection au début de l’année passée ont été si peu catholiques et si outranciers qu’ils ont relancé l’idée que les derniers papes ne furent pas réellement Papes (« sédévacantisme »). Remarquons d’abord que le Pape François ne fait qu’exprimer plus ouvertement que ses prédécesseurs la folie de Vatican II. La question demeure de savoir si les six Papes Conciliaires (excepté éventuellement Jean-Paul I) peuvent réellement avoir été Vicaires du Christ. 

La question n’est pas d’une importance primordiale. S’ils n’ont pas été Papes, de toute manière la Foi catholique et la morale, au moyen desquelles je dois « faire mon salut avec crainte et tremblement » (Filip.II,12) n’ont pas changé d’un iota. Et, s’ils ont été Papes, de toute façon je ne peux leur obéir dans la mesure où ils se sont éloignés de cette Foi et de cette morale, car « nous devons obéir à Dieu avant que d’obéir aux hommes » (Actes V,29). Néanmoins je crois qu’il convient d’offrir quelques réponses à certains arguments des sédévacantistes, car il y a des sédévacantistes qui paraissent désirer faire de la vacance du Siège de Rome un dogme que les Catholiques doivent absolument croire. A mon avis ce n’est pas le cas. « Dans les choses douteuses, la liberté » (Saint Augustin). 

Je pense que la clef du problème dont le sédévacantisme n’est qu’une expression entre autres, c’est que Vatican II a été un désastre sans précédent dans toute l’histoire de l’Église de Jésus-Christ, tandis qu’en même temps il fut la conclusion logique pour les prélats catholiques d’une longue décadence qui remonte à la fin du Moyen Âge. D’un côté la nature divine de l’Église Catholique et les principes qui gouvernent toutes ses crises, y compris la crise Conciliaire, ne peuvent changer. D’un autre côté, l’application de ces principes doit prendre en compte les circonstances humaines toujours changeantes à l’intérieur desquelles ces principes jouent. Et le degré de la corruption humaine de nos jours n’a pas de précédent.

Ceci dit, deux des principes qui ne changent pas sont d’un côté que l’Église est indéfectible, puisque Notre Seigneur a promis que les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre elle (Mt.XVI,18). D’un autre côté Notre Seigneur s’est aussi demandé s’il trouverait encore la Foi sur la Terre lors de sa Seconde Venue (Lc.XVIII,8), citation importante car elle suggère clairement que l’Église aura presque complètement déserté à la fin du monde, tout comme elle paraît être en train de le faire en 2014. En effet si aujourd’hui nous ne vivons pas la fin du monde, nous sommes certainement en train de vivre la répétition générale de cette fin du monde, ainsi que Notre Dame de La Salette, le Vénérable Holzhauser et le Cardinal Billot l’ont tous suggéré. 

Par conséquent aujourd’hui, comme à la fin du monde, la défection peut aller très loin. Certes elle ne peut aller plus loin que Dieu Tout-puissant ne l’aura permis, afin de garantir que son Église ne disparaisse pas totalement. Mais la défection peut aller aussi loin que Dieu le permettra – en d’autres mots rien n’empêche que son Église ne disparaisse pas presque complètement. Et jusqu’où exactement ce « presque complètement » peut-il aller? Dieu seul le sait, aussi n’y a-t-il que le temps qui puisse nous le dire, car nul d’entre nous autres hommes ne sonde l’esprit de Dieu, et seulement les faits peuvent nous révéler après coup ce qui était prévu dans l’esprit divin. Mais Dieu nous révèle en partie son esprit dans l’Écriture Sainte. 

Or, en ce qui concerne la fin du monde, bon nombre des interprètes du Chapitre XIII,11-17 de l’Apocalypse pensent que la Seconde Bête, semblable à un agneau et au service de l’Antéchrist, n’est autre que les autorités de l’Église, car si celles-ci tenaient tête à l’Antéchrist, jamais il ne serait en mesure de vaincre – mais l’Ecriture dit qu’il vaincra. Donc : est-il si extraordinaire que lors de la répétition générale de la fin du monde les Vicaires du Christ parlent et se comportent comme des ennemis du Christ ? A la lumière de ces antécédents nécessaires, le « Commentaire » de la semaine prochaine proposera des réponses à quelques-uns des principaux arguments des sédévacantistes. 

Kyrie eleison.