12 juillet 2018

[Abbé F-M. Chautard, fsspx - Le Chardonnet] Catéchisme des vérités opportunes : Les ralliés (vus par Mgr Lefebvre)

SOURCE - Abbé F-M. Chautard, fsspx - Le Chardonnet - juillet-août-septembre 2018

1) Que sont les ralliés ?
Ceux qu’on appelle « ralliés » sont les communautés, les prêtres et les fidèles qui ont d’abord choisi de défendre la Tradition, puis à partir des sacres du 30 juin 1988 et l’excommunication fulminée contre Mgr Lefebvre, Mgr de Castro-Mayer et les quatre évêques sacrés, ont choisi de se mettre sous la dépendance effective de la hiérarchie actuelle tout en conservant la liturgie traditionnelle. Ils se sont donc ralliés à l’Eglise conciliaire.

Par extension, le vocable de « ralliés » désigne les communautés, les prêtres et les fidèles qui conservent la liturgie traditionnelle mais acceptent les principales erreurs conciliaires ainsi que la pleine validité et la légitimité du novus ordo de Paul VI et des sacrements promulgués et édités par Paul VI.

« Dom Gérard, dans sa déclaration, fait état de ce qui lui est donné et accepte de se mettre sous l’obédience de la Rome moderniste, qui demeure foncièrement anti-traditionnelle »(1).
2) Le mot « ralliés » n’est-il pas péjoratif ?
Oui, le mot de « ralliés » est péjoratif car il exprime une trahison vis-à-vis de la Tradition.
3) En quoi les ralliés ont-ils trahi la Tradition ?
Les ralliés ont trahi la Tradition car, beaucoup d’entre eux, après avoir commencé par la servir, ont cessé de la défendre, puis l’ont abandonnée, ont fait peu à peu l’apologie des erreurs conciliaires, et se sont opposés à la Tradition et à ses défenseurs,

« Ils nous trahissent. Ils donnent maintenant la main à ceux qui démolissent l'Eglise, aux libéraux, aux modernistes »(2).
4) Pourquoi dit-on que les ralliés ont cessé de défendre la Tradition ?
On dit que les ralliés ont cessé de défendre la Tradition parce que, depuis 1988, ils ne dénoncent plus les erreurs conciliaires (nocivité de la Nouvelle Messe, du nouveau code de Droit canonique, du dialogue interreligieux, de la liberté religieuse, etc.(3)).

« Quand ils disent qu'ils n'ont rien lâché, c'est faux. Ils ont lâché la possibilité de contrer Rome. Ils ne peuvent plus rien dire. Ils doivent se taire étant donné les faveurs qui leur ont été accordées. Il leur est maintenant impossible de dénoncer les erreurs de l'Eglise conciliaire »(4).
5) En quoi les ralliés ont-ils fait peu à peu l’apologie des erreurs conciliaires ?
Les ralliés ont fait peu à peu l’apologie des erreurs conciliaires en soutenant sans réserve la légitimité et la validité du rite de la nouvelle messe, en défendant la doctrine de la liberté religieuse, comme le P. Basile du Barroux qui en a publié un plaidoyer en six volumes, en légitimant la réunion d’Assise et le dialogue interreligieux, comme le supérieur de la Fraternité Saint-Pierre, en acceptant d’être régis par le nouveau code de droit canonique, en ne refusant pas publiquement les réformes récentes du pape sur l’annulation des mariages, en acceptant la canonisation de Jean-Paul II qui a mis en œuvre les réformes conciliaires, ou en concélébrant la nouvelle messe comme Dom Gérard (†), Mgr Wach ou Mgr Rifan.

« Du point de vue des idées. Ils virent tout doucement et finissent par admettre les idées fausses du Concile, parce que Rome leur a accordé quelques faveurs pour la Tradition. C'est une situation très dangereuse »(5).
6) En quoi les ralliés ont-ils condamné la Tradition et ses défenseurs ?
Les ralliés ont condamné la Tradition de trois manières : premièrement en défendant des positions contraires à cette Tradition, deuxièmement en servant d’appât pour attirer les vrais fidèles de la Tradition dans une position de compromis ; troisièmement en accusant ses défenseurs – principalement les prêtres et fidèles de la FSSPX – d’être excommuniés et schismatiques(6). Plusieurs mariages célébrés dans la FSSPX ont ainsi été annulés pour manque de forme canonique à la demande de prêtres ralliés.

« Tout ce qui leur a été accordé, ne leur a été consenti que dans le but de faire en sorte que tous ceux qui adhèrent ou sont liés à la Fraternité s'en détachent et se soumettent à Rome »(7).
7) N’est-ce pas injuste vis-à-vis des jeunes communautés Ecclesia Dei ou des membres qui sont entrés dans ces communautés après 1988 ?
Il n’est pas injuste de dire que toutes les communautés Ecclesia Dei (c'est-à-dire les communautés ralliées(8)) trahissent la Tradition car elles se présentent officiellement comme traditionnelles alors qu’elles ne le sont pas réellement et trompent ainsi les fidèles et la Tradition.

Dieu seul juge les intentions des cœurs et il y a certainement beaucoup de prêtres zélés et pieux dans ces communautés. Mais, en adhérant à ces communautés, ils assument la responsabilité des positions doctrinales de ces communautés qui leur sont propres.
8) Les ralliés ne défendent-ils pas la messe de toujours ?
Les ralliés défendent la messe de toujours mais ils la défendent mal, car pour bien défendre la messe de toujours, il faut : premièrement, la célébrer et l’honorer – ce qu’ils font ; deuxièmement, refuser et dénoncer la nouvelle messe qui s’oppose à la messe de toujours – ce qu’ils ne font pas ; troisièmement, unir la messe traditionnelle à la pleine et entière doctrine de l’Eglise – ce qu’ils ne font pas.

Enfin « la question de la liturgie et des sacrements est très importante, mais ce n'est pas la plus importante. La plus importante c'est celle de la foi »(9).

« Rome désormais semble accessible à [l’idée de] permettre de dire la messe ancienne, la messe catholique et par conséquent il ne devrait plus y avoir de problème pour nous. Mais c’est là nous mettre dans une contradiction, parce qu’en même temps que Rome donne par exemple à la Fraternité Saint-Pierre (…) l’autorisation de dire la messe de toujours, en même temps, ils font signer une profession de foi dans laquelle est inscrit le Concile, dans laquelle il faut admettre l’esprit du Concile. (…) Comment vouloir maintenant la messe de toujours, en acceptant l’esprit qui détruit cette messe de toujours ? C’est se placer dans une contradiction complète »(10).
9) Comment les ralliés justifient-ils leur ralliement à la Rome moderniste ?
Les ralliés justifient leur ralliement à la Rome moderniste en invoquant la main tendue par Rome, l’obligation d’obéir aux lois et aux autorités légitimes de l’Eglise(11), la nécessité d’appartenir à l’Eglise visible(12), la possibilité de mieux œuvrer pour la Tradition à l’intérieur de l’Eglise et le schisme des sacres du 30 juin 1988.
10) Que doit-on penser de la main tendue par Rome ?
La main tendue par Rome n’était pas donnée pour le bien réel de la Tradition dans l’Eglise mais pour conduire progressivement les traditionalistes aux erreurs conciliaires. C’était une tactique.

« A la réflexion, il nous apparaît clairement que le but des colloques et de la réconciliation est de nous réintégrer dans l’Eglise conciliaire, l’unique Eglise à laquelle vous faisiez allusion dans les catéchismes. Nous pensions que vous nous donniez les moyens de continuer et de développer les œuvres de la Tradition. »(13).

« Ce que Rome accorde à présent en faveur de la tradition, n'est qu'un geste purement politique, diplomatique pour forcer les ralliements. Mais ce n'est pas une conviction dans les bienfaits de la Tradition. »
11) Que doit-on penser de l’obligation d’obéir aux lois et aux autorités légitimes de l’Eglise ?
Tout catholique est tenu d’obéir aux lois et aux autorités légitimes de l’Eglise précisément en tant que ces lois et ces autorités sont légitimes, c'est-à-dire au service du bien commun.

En revanche, tout catholique est tenu de s’opposer à des lois et à des ordres illégitimes même prescrits par des autorités légitimes.
   
Or, si la FSSPX ne remet pas en cause la légitimité des autorités ecclésiastiques, elle récuse celle des lois et des ordres d’inspiration conciliaire, comme l’ensemble (et non l’intégralité) des normes du nouveau code de droit canonique, par exemple.

« Il y a ceux qui sont malades de penser que l’on doit s’opposer à Rome. Ils ne sont pas d’accord. Eh bien, c’est qu’ils n’ont pas vu véritablement le problème de l’invasion libérale à Rome. (…) Ils n’ont peut-être qu’une foi sentimentale, ceux qui hésitent. Ils n’ont pas le sens doctrinal du magistère, de l’Eglise de toujours, de la Tradition, de la foi catholique. Ils disent : ‘On n’est pas tout à fait d’accord, mais on ne peut pas se séparer du pape. On préfère une union légale, canonique, régulière avec les autorités ecclésiastiques. Nous ne pouvons pas rester ainsi indéfiniment séparés des autorités romaines et des évêques. Ce n’est pas possible. Mais, vous allez voir, nous allons garder la Tradition. Nous ferons ci, nous ferons cela. On ne veut pas se laisser avoir’. Tous ceux qui nous ont quittés et qui ont dit cela, ont tous lâché. Ils ne pouvaient pas supporter d’être trop séparés des autorités ecclésiastiques »(14).
12) La Fraternité Saint-Pie X et les communautés amies sont-elles en dehors de l’Eglise visible ?
« Cette histoire d’Église visible de Dom Gérard et de M. Madiran est enfantine. C’est incroyable que l’on puisse parler d’Église visible pour l’Église conciliaire par opposition à l’Église catholique que nous essayons de représenter et de continuer »(15).

« Où est l’Église visible ? L’Église visible se reconnaît aux signes qu'elle a toujours donnés pour sa visibilité : elle est Une, Sainte, Catholique et Apostolique. (…) où sont les véritables marques de l’Église ? Sont-elles davantage dans l’Église officielle (il ne s’agit pas de l’Église visible, il s’agit de l’Église officielle) ou chez nous, en ce que nous représentons, ce que nous sommes ?

S’il y a encore une visibilité de l’Église aujourd’hui, c’est grâce à vous. Ces signes ne se trouvent plus chez les autres. Il n’y a plus chez eux d’unité de la foi, or c’est la foi qui est la base de toute visibilité de l’Église. La catholicité, c’est la foi une dans l’espace. L’apostolicité c’est la foi une dans le temps et la sainteté c’est le fruit de la foi, qui se concrétise dans les âmes par la grâce du Bon Dieu, par la grâce des sacrements.

Il est tout à fait faux de nous considérer comme si nous ne faisions pas partie de l’Église visible. [... ] c'est se tromper en assimilant l’Église officielle et l’Église visible. » (17)
13) Est-il vrai qu’il est plus facile d’œuvrer pour la Tradition à l’intérieur de l’Eglise ?
Non, ce n’est pas vrai ; premièrement, parce que les traditionalistes ne sont pas en dehors de l’Eglise ; deuxièmement, parce que la défense de la Tradition suppose de se prémunir de la contagion conciliaire ; troisièmement parce que la profession de la foi suppose une distinction nette des positions qu’amoindrirait une collaboration officielle.

Ne serait-ce pas (…) dans le plan de la Providence, que la Tradition catholique de l’Eglise ne soit pas intégrée dans le pluralisme de l’Église conciliaire, tant que celle-ci souille l’honneur de l’Église catholique et offusque tant son unité que sa visibilité ? »(18)

« Ce sont des choses qui sont faciles à dire. Se mettre à l’intérieur de l’Église, qu’est-ce que cela veut dire ? Et d’abord de quelle Église parle-t-on ? Si c’est de l’Église conciliaire, il faudrait que nous qui avons lutté contre elle pendant 20 ans parce que nous voulons l’Église catholique, nous rentrions dans cette Église conciliaire pour soi-disant la rendre catholique. C’est une illusion totale »(19)

« Le renouveau ne peut désormais se réaliser que par des évêques libres de faire revivre la foi et la vertu chrétienne par les moyens que Notre-Seigneur a confiés à son Église pour la sanctification des prêtres et des fidèles. Seul un milieu entièrement dégagé des erreurs modernes et des mœurs modernes peut permettre ce renouveau. Ce milieu, c’est le milieu qu’ont visité le cardinal Gagnon et Monseigneur Perl, milieu formé de familles profondément chrétiennes, ayant de nombreux enfants, et d’où proviennent de nombreuses et excellentes vocations » (20)
14) Est-il vrai que les sacres du 30 juin 1988 sont un schisme ?
Le schisme est un refus d’obéir par principe à l’autorité du Saint-Père. Or, les sacres du 30 juin 1988 ne contiennent pas cette volonté. Les sacres de 1988 manifestent au contraire la fidélité de la FSSPX au Siège apostolique malgré ses errements. Une des plus grandes marques de fidélité au pape ne consiste pas à le suivre par une fausse obéissance dans ses erreurs mais à l’en détourner autant que possible.
15) Est-il au moins exact que suivre la Fraternité conduit au schisme ?
Il existe évidemment un danger de tendre au schisme en évitant de se soumettre à l’autorité pontificale imbue de ses erreurs, en prenant l’habitude d’agir indépendamment du pape.

« Il y aurait danger de schisme si les évêques sacrés par Monseigneur Lefebvre se constituaient en chefs d’églises autonomes (ou autocéphales, comme le disent les orthodoxes) »(21). Ce qui n’est pas le cas.

Cependant, ce danger est bien moindre que celui d’assimiler les erreurs conciliaires inoculées par les autorités ecclésiastiques.
    
« Il nous faut absolument convaincre les fidèles (…) que c’est un danger de se mettre entre les mains des évêques conciliaires et de la Rome moderniste. C’est le plus grand danger qui les menace. Si nous avons lutté pendant 20 ans pour éviter les erreurs conciliaires, ce n’est pas pour nous mettre maintenant dans les mains de ceux qui les professent »(22).

« Il me semble opportun d’analyser l’action du démon pour affaiblir ou réduire à néant notre œuvre. La première tentation consiste à maintenir de bons rapports avec le pape ou les évêques actuels. Évidemment il est plus normal d’être en harmonie avec les autorités que d’être en conflit avec elles. La Fraternité sera alors accusée d’exagérer les erreurs du Concile Vatican II, de critiquer abusivement les écrits et les actes du pape et des évêques, de s’attacher avec une rigidité excessive aux rites traditionnels et, en définitive, de présenter une tendance au sectarisme qui la conduira un jour au schisme. Une fois mentionné le mot schisme on s’en servira comme d’un épouvantail pour faire peur aux séminaristes et à leurs familles, les conduisant à abandonner la Fraternité d’autant plus facilement que les prêtres, les évêques et Rome elle-même prétendent offrir des garanties en faveur d’une certaine Tradition. »(23)
16) La position des ralliés conduit-elle au schisme ?
La position des ralliés conduit au schisme. Car le schisme consiste non seulement à refuser la primauté du pape mais à refuser la Tradition. Or, participer à cette démolition de la Tradition participe d’une attitude schismatique.

« Cette Église conciliaire est une église schismatique, parce qu’elle rompt avec l’Église catholique de toujours. Cette Église conciliaire est schismatique parce qu’elle a pris pour base de sa mise à jour des principes opposés à ceux de l’Église catholique. L’Église qui affirme de pareilles erreurs est à la fois schismatique et hérétique. Cette Église conciliaire n’est donc pas catholique. »(24)

« Dans la mesure où le pape s’éloignerait de cette tradition, il deviendrait schismatique, il romprait avec l’Église. (…) Tous ceux qui coopèrent à l’application de ce bouleversement acceptent et adhèrent à cette nouvelle église conciliaire et entrent dans le schisme. »(25)
17) Les sacrements des prêtres ralliés sont-ils valides ?
Les sacrements des prêtres ralliés sont valides dans la mesure où leurs ordinations le sont (pour les sacrements qui requièrent la prêtrise chez le ministre). Or, on peut avoir un doute sur le sacerdoce de clercs ralliés qui ont été ordonnés par des évêques eux-mêmes douteusement sacrés en raison d’intentions équivoques et du nouveau rite des sacres épiscopaux (après 1968).

Quant aux confirmations données dans les communautés ralliées, le doute de la validité se pose de surcroît relativement à la matière utilisée pour le Saint-Chrême. Si l’huile n’est pas de l’huile d’olive, comme cela est aujourd’hui autorisé et pratiqué, un doute demeure.

« Tous ces séminaristes qui sont ici présents, si demain le bon Dieu me rappelle, et ce sera sans doute sans tarder, eh bien, ces séminaristes de qui recevront-ils le sacrement de l’ordre ? Des évêques conciliaires, dont les sacrements sont tous douteux, parce qu’on ne sait pas exactement quelles sont leurs intentions ? Ce n’est pas possible ! »(26)
18) Peut-on se rendre aux messes des « ralliés » ?
Non, on ne peut pas se rendre aux messes des ralliés, premièrement parce que l’assistance à la messe est une profession publique de la foi et que cette profession de foi est altérée par les ralliés, deuxièmement parce que l’assistance à la messe ralliée entraîne une relativisation des oppositions doctrinales, troisièmement parce qu’une telle assistance développe des contacts périlleux pour la foi.

« Ils disent aussi : la messe est bien, nous y allons. Oui, il y a la messe. Elle est bien, mais il y a aussi le sermon ; il y a l'ambiance, les conversations, les contacts avant et après, qui font que tout doucement on change d'idées. C'est donc un danger et c'est pourquoi d'une manière générale j'estime que cela fait un tout. On ne va pas seulement à la messe, on fréquente un milieu.

Il y a évidemment des gens qui sont attirés par les belles cérémonies qui vont aussi à Fontgombault, où l'on a repris la messe ancienne. Ils se trouvent dans un climat d'ambiguïté qui à mon sens est dangereux. Dès lors que l'on se trouve dans cette ambiance, soumis au Vatican, soumis en définitive au Concile, on finit par devenir œcuméniste »(27).
19) Quelle doit être notre attitude vis-à-vis des ralliés ?
« [Dom Gérard] voudrait en même temps garder l’amitié et le soutien des traditionnalistes, ce qui est inconcevable. Il nous accuse d[‘être] “résistantialistes” »(28).

« Nous n’aurons plus aucun rapport avec le Barroux et nous avertirons tous nos fidèles de ne plus soutenir une œuvre désormais dans les mains de nos ennemis, ennemis de Notre-Seigneur et de son Règne universel »(29).

« Il est clair que tous ceux qui nous quittent ou qui nous ont quittés pour sédévacantisme ou parce qu’ils veulent être soumis à la hiérarchie actuelle de l’Eglise tout en espérant garder la Tradition, nous ne pouvons plus avoir de rapports avec eux. Ce n’est pas possible. Nous disons, nous, que l’on ne peut pas être soumis à l’autorité ecclésiastique et garder la Tradition. Eux affirment le contraire. C’est tromper les fidèles. (…) nous voulons être absolument indemnes de compromission tant à l’égard des sédévacantistes qu’à l’égard de ceux qui veulent être soumis à l’autorité ecclésiastique »(30). « Qu’on ait des contacts avec eux pour les ramener à la Tradition, les convertir, à la rigueur. C’est le bon œcuménisme. Mais donner l’impression qu’on regrette presque, et qu’après tout on irait bien parler avec eux, ce n’est pas possible »(31).
20) Ne faudrait-il pas au contraire s’unir et faire un front commun ?
Le pacte d’alliance était en vigueur depuis 15 ans. Il n’était que de le renouveler le 30 juin dans l’unanimité doctrinale et prudentielle : c’était indispensable pour continuer le combat pour le Christ Roi. (…) Celui [Dom Gérard] qui a rompu l’alliance sacrée en appelle maintenant à une nouvelle alliance »(32).

« Je crois que ce qui a contribué à perdre Dom Gérard c’est son souci de ‘s’ouvrir à tous ceux qui ne sont pas avec nous et qui peuvent aussi profiter de la liturgie traditionnelle’. Nous voulons essayer, disait-il, de ne plus avoir cette attitude critique, stérile, négative. Nous allons nous efforcer d’ouvrir nos portes à tous ceux qui éventuellement n’auraient pas nos idées, mais qui aimeraient la liturgie, afin de les faire profiter aussi des bienfaits de la vie monastique. Dès cette époque je m’étais inquiété de ce que je considérais comme une opération très dangereuse. C’était l’ouverture de l’Église au monde et on a bien dû constater que c’est le monde qui a converti l’Église. Dom Gérard s’est laissé contaminer par ce milieu qu’il a reçu dans son monastère »(33).
21) « N'est-ce pas un peu sévère ?
Mais non. (…) Ce n'est pas de gaieté de cœur que nous avons eu des difficultés avec Rome. Ce n'est pas par plaisir que nous avons dû nous battre. Nous l'avons fait pour des principes, pour garder la foi catholique. Et ils étaient d’accord avec nous. Ils collaboraient avec nous. Et puis tout à coup on abandonne le vrai combat pour s'allier aux démolisseurs sous prétexte qu'on leur accorde quelques privilèges. C'est inadmissible. Ils ont pratiquement abandonné le combat de la foi. Ils ne peuvent plus attaquer Rome »(34).

Abbé François-Marie Chautard, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
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Notes
(1) Mgr Lefebvre, lettre du 18 août 1988 au père Thomas d’Aquin
(2) Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de janvier-février 1991
(3) Pour plus de renseignements, on peut se reporter au Combat de la foi n° 176 « Ecclesia Dei ? Danger ! », mars 2016 ou à Abbé Gaudron, Catéchisme de la crise catholique dans l’Eglise, éd. Le Sel, dernier chapitre.
(4) Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de janvier-février 1991 
(5) Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de janvier-février 1991 
(6) Dans sa lettre au pape du 8 juillet 1988 Dom Gérard sollicitait pour ses moines « la grâce d’être relevés de toutes censures et irrégularités que nous aurions pu encourir du fait que la plupart de nos prêtres ont été ordonnés par Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre, alors suspens » Fideliter n° 67 janvier-février 1989, p. 10. « C’est une raison supplémentaire pour ne pas accepter un schisme et je l’ai dit publiquement dès les premières menaces faites à Écône, il y a déjà un an. » (R. P. Bruno de Blignières, Famille chrétienne, 21 juillet 1988) 
(7) Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de janvier-février 1991
(8) Sous la dépendance de la commission romaine fondée par le motu proprio éponyme condamnant les sacres de 1988.
(9) Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de janvier-février 1991
(10) Mgr Lefebvre, sermon à l’occasion des 20 ans de la Fraternité, Fideliter n° 76 de juillet-août 1990, p. 11
(11) « Toutes choses étant égales par ailleurs, c'est-à-dire la foi et les sacrements étant saufs, il est meilleur d’être en accord avec les lois de l’Eglise que d’y contrevenir » Déclaration de Dom Gérard, Fideliter n° 65 septembre-octobre 1988, p. 18.
(12) « Il est préjudiciable que la Tradition même de l’Eglise soit reléguée hors de son périmètre officiel visible. (…) La visibilité de l’Eglise est un de ces caractères essentiels » Déclaration de Dom Gérard, Fideliter n° 65 septembre-octobre 1988, p. 18.
(13) Mgr Lefebvre, lettre du 24 mai 1988 au cardinal Ratzinger
(14) Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de janvier-février 1991
(15) Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 68 de mars-avril 1989, p. 13-14
(16) Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de juillet-août 1989, p. 6
(17) Conférence de Mgr Lefebvre, Ecône 9 septembre 1988 
(18) Abbé Schmidberger, Fideliter n° 65 septembre-octobre 1988, p. 20
(19) Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de juillet-août 1989, p. 6.
(20) Mgr Lefebvre, lettre du 20 mai 1988 au pape Jean-Paul II
(21) Dom Gérard, sermon du 2 août 1987, Fideliter n° 67 janvier-février 1989, p. 5
(22) Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de juillet-août 1989, p. 13-14.
(23) Lettre de Mgr Lefebvre à Mgr de Galarreta en 1989
(24) Réflexions, 29 juillet 1976, Itinéraires, La condamnation sauvage, n°40.
(25) Mgr Lefebvre, interview au Figaro du 02 août 1976
(26) Mgr Lefebvre, sermon des sacres
(27) Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de janvier-février 1991
(28) Mgr Lefebvre, lettre du 18 août 1988 au père Thomas d’Aquin
(29) Mgr Lefebvre, lettre du 18 août 1988 au père Thomas d’Aquin 
(30) Conférence à Flavigny, décembre 1988, Fideliter n° 68, p. 16. 
(31) L’Eglise infiltrée par le modernisme, p. 139.
(32) Abbé Schmidberger, Fideliter n° 65 septembre-octobre 1988, p. 20
(33) Mgr Lefebvre, Fideliter n° 66 de novembre-décembre 1988, p. 14-15
(34) Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre – Fideliter n° 79 de janvier-février 1991