13 juillet 2018

[Nathalie Courtial - L'Eveil de Haute-Loire] L’ancienne chapelle de la Visitation est en passe de redevenir un lieu de culte… traditionaliste


SOURCE - Nathalie Courtial - L'Eveil de Haute-Loire - 13 juillet 2018

Va-t-on entendre chanter la messe en latin dans l’ancienne chapelle de la Visitation, place de la Platrière, au Puy ?

Si le projet de logements d'un promoteur ponot a été retoqué, celui de la Fraternité Saint Pie X est en passe de voir le jour dans l'ancienne chapelle de la Visitation : le compromis est signé et la vente devrait être faite sous deux mois.

Le bâtiment, qui appartient à un promoteur ponot privé, est à l'abandon depuis des années. Il affiche depuis peu le permis de construire qu'a déposé la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (FSSPX).

Autrement dit, la branche de l'Église catholique romaine rassemblant les traditionalistes, fidèles aux préceptes de Mgr Lefebvre, principal dissident de Vatican II.

Si Saint-Nicolas-du-Chardonnet demeure le fleuron du mouvement lefebvriste, ce dernier a désormais étendu son maillage au reste du pays : rien d'étonnant à ce qu'il souhaite s'implanter au Puy, sanctuaire marial et ville de pèlerinage séculaire.

« Le Puy est un lieu important de la chrétienté, historiquement c'est plus important que Lourdes. Notre jubilé, en 2016, nous a donné l'opportunité de sensibiliser nos fidèles à ce projet. Beaucoup ont répondu, ce qui nous a convaincus de continuer », souligne l'abbé Pierre Barrere au prieuré Saint François Régis d'Unieux, dans la Loire, qui porte le projet.

Ce dernier entend rendre à la chapelle sa vocation première, perdue depuis des siècles. En réalité, la Fraternité Saint Pie X était sur l'affaire depuis plusieurs années et ne cache pas sa volonté de « rendre au culte les églises menacées de disparition ».

Si la Fraternité Saint Pie X est attachée à cette chapelle au style classique et sobre, édifiée en 1655 pour le couvent de la Visitation, c'est aussi parce qu'elle est riche en symboles.
« Rendre au culte les églises menacées de disparition »
En effet, la chapelle servit de tribunal pendant la Révolution comme le rappelle la plaque apposée sur la façade. Des prêtres réfractaires y furent jugés et condamnés à mort ainsi que de nombreux catholiques.

Une histoire qui fait écho aux convictions de la Fraternité : « Cette chapelle est un symbole de résistance face à un état d'esprit qui veut s'attaquer à Dieu. Elle rappelle l'existence de héros de la foi. La Révolution a voulu chasser Dieu de la société et instaurer des droits de l'homme sans Dieu », souligne l'abbé Pierre Barrere tandis que le site internet résume : « l'histoire de cette chapelle nous plonge au cœur de la résistance catholique et royaliste. Elle fut le témoin de la vivacité de la chouannerie du Velay, seconde Vendée dans la foi et dans la bravoure ».

Les messes sont d'ores et déjà prévues tous les dimanches, sauf le 1 er dimanche du mois, à 17 h 30 et seront célébrées par les prêtres du Prieuré Saint François-Régis d'Unieux, qui assureraient le ministère le week-end. Des messes qui pourraient être célébrées au plus tôt dès l'été 2019.

Le père Emmanuel Dursapt, vicaire général du diocèse, réagit à l'implantation des prêtres catholiques traditionalistes dans le diocèse du Puy en ces termes : « la Fraternité Saint Pie X est une société de prêtres qui célèbrent exclusivement selon le rite de Saint Pie V. Du point de vue du Droit Canonique de l'Église Catholique Romaine, cette Fraternité a été une œuvre de l'Église entre 1970 et 1975, mais, à ce jour, elle ne l'est plus. Cela signifie que l'Évêque du Puy n'a pas autorité sur elle.

Par suite, et de façon logique, l'initiative de la Fraternité Saint Pie X a été prise sans relation avec l'Église diocésaine qui, pour sa part, ne peut ni encourager, ni s'opposer à cette acquisition ».

« On a des rapports assez distants avec le diocèse du Puy », concède l'abbé Pierre Barrere du Prieuré Saint François Régis d'Unieux ; « du point de vue religieux, on défend une autre expression de l'Église, celle de la tradition ».

Et d'ajouter : « on ne vient pas dans un but polémique, on vient pour témoigner de notre foi. On n'a pas eu de difficultés majeures pour obtenir le permis. On n'a pas senti spécialement de réticences. Peut-être qu'il y avait un a priori défavorable parce qu'on n'est pas forcément en bons termes absolus avec le diocèse, mais on n'est pas en état de polémique permanente non plus. Ce sont des querelles internes à l'Église catholique ».

Reste que depuis son arrivée, en 2015, l'évêque s'est évertué à écarter les éléments jugés trop conservateurs, poussant vers la sortie -si l'on peut dire- la communauté Saint-Martin, ces prêtres en soutane qui officiaient dans les paroisses de Saint-Laurent au Puy, Polignac, Espaly et Ceyssac ; ou encore exigeant la réforme des sessions Agapé par exemple. Les « Agapè » du Puy-en-Velay, ces sessions dites autrefois "psycho-spirituelles" ont en effet été suspendues avant d'être totalement refondues.

Du côté de la municipalité, qui a délivré le permis de construire, on met en avant le caractère légal du dépôt de ce permis.

Le Prieuré Saint-François Régis a donc lancé un appel aux dons en ligne en 2016 et les religieux ont réuni les 150.000 euros nécessaires à l'achat de la chapelle. Reste à financer les travaux, somme qui pourrait être avancée par les supérieurs de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X. Une première tranche est estimée à 95.000 €.

« Il faut tout refaire », résume l'abbé Barrere : révision de la toiture, isolation des combles, remplacement des huisseries, installation de l'eau et de l'électricité, restauration du plafond, aménagement de l'entrée, d'un bureau et de toilettes et de l'escalier du chœur, ainsi que de la tribune et de la sacristie. Une issue de secours sera aussi aménagée.

Nathalie Courtial