La Lettre de Paix Liturgique 92 - Numéro 42 - 4 août 2005
► Nous avons le plaisir de vous faire connaître « les impressions d’un simple fidèle de Nanterre », un article de monsieur Jean Madiran, qui réagit aux propos étonnants publiés dans l’édition du 22 juillet du journal La Croix :
Après avoir remercié monsieur Madiran pour la clarté de son article, nous revenons sur quelques points qui nous paraissent essentiels…
Il est temps qu’une réconciliation globale, large, généreuse et véritable se mette en oeuvre dans le diocèse de Nanterre ainsi que dans de nombreux diocèses de France où la liturgie traditionnelle, dont le Cardinal Castrillon Hoyos rappelait pourtant en mai 2003 le droit de citoyenneté, continue hélas, de faire l’objet de nombreux obstacles.
Trop souvent les prêtres qui la célèbrent et les fidèles qui s’en nourrissent sont traités comme des catholiques de seconde catégorie ou dans les meilleurs des cas, comme des « bêtes curieuses » qu’il est parfois permis de « tolérer » à condition qu’on ne les entende pas…
Or, une paix ne peut être sincère qu’avec la reconnaissance de la richesse de l’autre. Elle ne peut être globale que si l’on accepte enfin de considérer le charisme propre des familles attachées à la liturgie traditionnelle de l’Eglise comme une chance et une richesse pour le diocèse et non comme un problème à gérer, un virus dangereux à isoler…
Après ces douloureuses vingt dernières années d’exclusion dans le diocèse de Nanterre, toutes ces familles souhaitent être aimées comme elles sont et bénéficier du même traitement que tout autre catholique du diocèse.
Des bruits de sacristies nous disent que certaines personnes mal intentionnées souhaiteraient faire de Sainte-Marie-des-Fontenelles la « réserve indienne » du diocèse dont tout développement sera de toute façon mécaniquement empêché. Preuve en serait la lecture hyperrestrictive que le diocèse souhaiterait donner au Motu Proprio Ecclesia Dei, en ne donnant qu’une seule petite église pour le grand diocèse de Nanterre et en faisant tourner les prêtres pour éviter qu’un seul puisse vraiment s’investir dans la régularité avec cette communauté et ainsi freiner tout développement. Un prêtre ami du diocèse nous confiait même récemment que même le choix du calendrier irait dans ce sens. Selon lui commencer la messe le premier dimanche de l’Avent permettrait quelques jours seulement après le début de cette messe de casser la dynamique de lancement avec les départs des familles entre Noël et le jour de l’an, cette messe étant alors trop récente pour que les familles y aient pris leurs habitudes. De même, les grandes vacances d’été arrivant six mois après, une deuxième grande cassure viendrait perturber le rythme. Au final, la première année dont notre évêque a décidé qu’elle serait « ad experimentum » serait fortement hachée et tout cela ne serait pas sans conséquence sur le lancement de Sainte-Marie-des-Fontenelles et « l’évaluation de fin d’année ».
Ces bruits nous semblent trop précoces pour être accrédités et nous espérons que ces personnes, probablement rendues prudentes par toutes ces années d’apartheid liturgique, pourront réviser leur jugement dans quelques mois.
L’identité des quatre prêtres nommés aux côtés du père Yvon Aybram n’étant pas encore connue, il nous paraît imprudent et déplacé de remettre en cause leur bonne volonté à célébrer dignement la liturgie de 1962 demain à Nanterre, même si, dit-on, aucun d’eux ne savait la célébrer il y a encore quelques semaines. S’il est possible d’être surpris d’apprendre que l’on va chercher des prêtres qui ne savent pas célébrer la liturgie traditionnelle alors que nous connaissons tant de prêtres du diocèse qui, aimant profondément cette liturgie, la célèbrent déjà occasionnellement en privé, il nous semble prématuré et exagéré d’y voir une manoeuvre frauduleuse.
Nous souhaitons ardemment qu’une solution soit rapidement trouvée pour la zone sud du diocèse qui est trop éloignée de Nanterre pour bénéficier de la messe à Sainte-Marie-des-Fontenelles. La mise en place de cette deuxième église concomitamment à celle de Nanterre serait une belle preuve de volonté diocésaine d’appréhender la question dans sa globalité.
A l’heure actuelle, nous ne pouvons que renouveler nos voeux de paix et d’unité diocésaine retrouvée. Nous croyons que cette paix ne peut passer que par le dialogue honnête et l’incorporation véritable des familles attachées à la liturgie traditionnelle de l’Eglise à la vie du diocèse. Cette incorporation ne peut passer que par la recherche de solutions honnêtes et globales.
[SIGNATURES, puis PRESENTATION DE "PAIX LITURGIQUE 92"]
► Nous avons le plaisir de vous faire connaître « les impressions d’un simple fidèle de Nanterre », un article de monsieur Jean Madiran, qui réagit aux propos étonnants publiés dans l’édition du 22 juillet du journal La Croix :
La messe à NanterreLes réactions de Paix liturgique :
Une « messe tridentine » est autorisée à Nanterre, annonçait La Croix en fin de semaine (22 juillet), précisant : « Après un an de réflexion, l’évêque de Nanterre autorise une célébration hebdomadaire selon le rite de saint Pie V dans une paroisse de son diocèse. »
Il n’est pas le premier. Mais c’est un nouveau petit progrès de la messe traditionnelle, et claironné.
Impressions d’un simple fidèle de Nanterre
La MESSE CATHOLIQUE TRADITIONNELLE, LATINE ET GRÉGORIENNE SELON LE MISSEL ROMAIN DE SAINT PIE V était épiscopalement interdite dans le diocèse depuis 1970, elle l’est encore, elle cessera de l’être tout à fait (je ne dis pas qu’elle cessera tout à fait de l’être) à partir du premier dimanche de l’Avent, le 27 novembre. Les catholiques qui voulaient demeurer fidèles à la messe traditionnelle étaient (et sont jusqu’au 27 novembre) liturgiquement exilés par l’évêque : il leur disait et répétait qu’ils n’avaient qu’à aller à la messe dans un autre diocèse. On risque maintenant de vérifier qu’il en va pour les proscrits religieux comme pour les proscrits politiques. Pour qu’ils reviennent, il ne suffit pas toujours que la proscription soit levée.
L’évêque de Nanterre a donc décidé d’appliquer, dit-il, Ecclesia Dei. Il me semble me souvenir que ce document pontifical était intitulé Ecclesia Dei afflicta. Il est de 1988. Pour le mettre en application dix-sept ans plus tard, l’évêque de Nanterre a eu besoin d’une année de réflexion. Il n’a pas péché par précipitation.
La messe traditionnelle sera célébrée en l’église Sainte-Marie-des-Fontenelles de Nanterre. L’évêque ne paraît pas avoir souhaité la célébrer lui-même. Il a prévu pour cela quatre prêtres, et un cinquième, le curé doyen de Saint-Cloud, est nommé vicaire épiscopal chargé de l’application d’Ecclesia Dei. Tous les cinq disent qu’ils n’ont « jamais célébré selon le rite de saint Pie V » sans qu’on distingue s’ils le déclarent sur le ton de l’aveu repentant ou bien de la vantardise matamore. Ils auront donc un gros retard à rattraper pour arriver à célébrer et chanter en grégorien la grand-messe et les vêpres, cela ne s’improvise pas. Il est vrai toutefois que l’évêque les a débarrassés des vêpres, les « tradis » n’y auront pas droit, l’évêque stipule que sa décision « ne concerne que la messe et seulement la messe ». Dans le texte même d’Ecclesia Dei afflicta, le Pape demandait aux évêques d’en faire une application qui soit « généreuse ». Nanterre a précautionneusement choisi d’en faire une application circonspecte.
Quels que soient les sentiments que l’on ait à l’égard des liturgies nouvelles inventées sous le règne de Paul VI, et même s’ils sont d’une admiration sans réserve, il reste le point probablement essentiel, et qui finalement s’impose peu à peu comme indiscutable : l’interdiction de la messe traditionnelle ne tient pas, elle n’est ni légitime ni licite. La placer sous le régime de l’autorisation préalable ne tient pas davantage, c’est un affront au rite romain millénaire et à toute l’Eglise latine dans laquelle elle a droit de cité. Il ne sera jamais convenable pour un évêque de l’admettre chichement, avec condescendance et mépris, comme si elle était concédée par lassitude à des débiles et des retardataires.
Ce n’est pas que je prête forcément une telle attitude à l’évêque de Nanterre. Mais la présentation (peut-être tendancieuse ?) qu’en fait La Croix (N.D.L.R. : dans son article en date du 22 juillet 2005) inspire à un simple fidèle liturgiquement exilé du diocèse les impressions, vives et nettes, que je viens de dire.
JEAN MADIRAN
Après avoir remercié monsieur Madiran pour la clarté de son article, nous revenons sur quelques points qui nous paraissent essentiels…
Il est temps qu’une réconciliation globale, large, généreuse et véritable se mette en oeuvre dans le diocèse de Nanterre ainsi que dans de nombreux diocèses de France où la liturgie traditionnelle, dont le Cardinal Castrillon Hoyos rappelait pourtant en mai 2003 le droit de citoyenneté, continue hélas, de faire l’objet de nombreux obstacles.
Trop souvent les prêtres qui la célèbrent et les fidèles qui s’en nourrissent sont traités comme des catholiques de seconde catégorie ou dans les meilleurs des cas, comme des « bêtes curieuses » qu’il est parfois permis de « tolérer » à condition qu’on ne les entende pas…
Or, une paix ne peut être sincère qu’avec la reconnaissance de la richesse de l’autre. Elle ne peut être globale que si l’on accepte enfin de considérer le charisme propre des familles attachées à la liturgie traditionnelle de l’Eglise comme une chance et une richesse pour le diocèse et non comme un problème à gérer, un virus dangereux à isoler…
Après ces douloureuses vingt dernières années d’exclusion dans le diocèse de Nanterre, toutes ces familles souhaitent être aimées comme elles sont et bénéficier du même traitement que tout autre catholique du diocèse.
Des bruits de sacristies nous disent que certaines personnes mal intentionnées souhaiteraient faire de Sainte-Marie-des-Fontenelles la « réserve indienne » du diocèse dont tout développement sera de toute façon mécaniquement empêché. Preuve en serait la lecture hyperrestrictive que le diocèse souhaiterait donner au Motu Proprio Ecclesia Dei, en ne donnant qu’une seule petite église pour le grand diocèse de Nanterre et en faisant tourner les prêtres pour éviter qu’un seul puisse vraiment s’investir dans la régularité avec cette communauté et ainsi freiner tout développement. Un prêtre ami du diocèse nous confiait même récemment que même le choix du calendrier irait dans ce sens. Selon lui commencer la messe le premier dimanche de l’Avent permettrait quelques jours seulement après le début de cette messe de casser la dynamique de lancement avec les départs des familles entre Noël et le jour de l’an, cette messe étant alors trop récente pour que les familles y aient pris leurs habitudes. De même, les grandes vacances d’été arrivant six mois après, une deuxième grande cassure viendrait perturber le rythme. Au final, la première année dont notre évêque a décidé qu’elle serait « ad experimentum » serait fortement hachée et tout cela ne serait pas sans conséquence sur le lancement de Sainte-Marie-des-Fontenelles et « l’évaluation de fin d’année ».
Ces bruits nous semblent trop précoces pour être accrédités et nous espérons que ces personnes, probablement rendues prudentes par toutes ces années d’apartheid liturgique, pourront réviser leur jugement dans quelques mois.
L’identité des quatre prêtres nommés aux côtés du père Yvon Aybram n’étant pas encore connue, il nous paraît imprudent et déplacé de remettre en cause leur bonne volonté à célébrer dignement la liturgie de 1962 demain à Nanterre, même si, dit-on, aucun d’eux ne savait la célébrer il y a encore quelques semaines. S’il est possible d’être surpris d’apprendre que l’on va chercher des prêtres qui ne savent pas célébrer la liturgie traditionnelle alors que nous connaissons tant de prêtres du diocèse qui, aimant profondément cette liturgie, la célèbrent déjà occasionnellement en privé, il nous semble prématuré et exagéré d’y voir une manoeuvre frauduleuse.
Nous souhaitons ardemment qu’une solution soit rapidement trouvée pour la zone sud du diocèse qui est trop éloignée de Nanterre pour bénéficier de la messe à Sainte-Marie-des-Fontenelles. La mise en place de cette deuxième église concomitamment à celle de Nanterre serait une belle preuve de volonté diocésaine d’appréhender la question dans sa globalité.
A l’heure actuelle, nous ne pouvons que renouveler nos voeux de paix et d’unité diocésaine retrouvée. Nous croyons que cette paix ne peut passer que par le dialogue honnête et l’incorporation véritable des familles attachées à la liturgie traditionnelle de l’Eglise à la vie du diocèse. Cette incorporation ne peut passer que par la recherche de solutions honnêtes et globales.
[SIGNATURES, puis PRESENTATION DE "PAIX LITURGIQUE 92"]