7 juillet 2007





Benoît XVI autorise la messe en latin
7 juillet 2007 - La Tribune de Genève
Le Vatican a publié samedi le motu proprio (décret) du pape Benoît XVI autorisant largement la célébration de l'ancienne messe en latin.

Le Vatican a publié samedi le motu proprio (décret) du pape Benoît XVI autorisant largement la célébration de l'ancienne messe en latin, à la satisfaction des catholiques traditionalistes qui ont fait du "missel de Saint Pie V" leur signe distinctif.
Cette décision du pape inquiète en revanche certains évêques, notamment en France, ainsi que de nombreux catholiques qui déplorent ce gage donné aux conservateurs et craignent une remise en cause de l'esprit du concile Vatican II (1962-65) marqué par une ouverture de l'Eglise à la société.
Le cardinal Jean-Pierre Ricard, président de la conférence épiscopale française, a confié sa peur que "les motivations du pape ne soient pas bien comprises".
Un geste vers les traditionalistes
Le pape a justifié sa décision par un souci de "réconciliation" au sein de l'Eglise catholique, 19 ans après le schisme des adeptes de Mgr Marcel Lefebvre, l'évêque français (décédé en 1991) qui avait refusé Vatican II.
Ces derniers se sont aussitôt félicités du "rétablissement dans ses droits de la messe tridentine". Leur chef de file Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, "se réjouit de voir l’Eglise retrouver ainsi sa tradition liturgique".
Benoît XVI a souligné que 37 ans après la réforme "de nombreuses personnes" restent fortement attachées au rite ancien de leur enfance, qui attire aussi "des personnes jeunes". Il en attribue une part de responsabilité aux "déformations de la liturgie à la limite du supportable" qui ont "souvent" accompagné la mise en oeuvre du nouveau livre de messe.
Plus d'écarts tolérés
Benoît XVI a souvent eu des mots très durs pour les "abus" introduits par certains prêtres dans les célébrations - chants profanes, danses - au nom de la "créativit".
Son décret demande aux curés des paroisses de satisfaire les demandes de messes à l'ancienne formulées par des "groupes stables de fidèles". En cas de refus du prêtre, l'évêque sera "instamment prié d'exaucer" leur désir. L'ancien missel pourra aussi être utilisé à la demande pour les baptêmes, communions, mariages, enterrements, et dans les pèlerinages.
La liturgie en langue "vulgaire" adoptée par l'Eglise catholique en 1970, après le Concile Vatican II, reste la forme "ordinaire" de célébration, mais Benoît XVI souhaite que ce retour en faveur de la messe ancienne incite toute l'Eglise à un plus grand respect du caractère "sacr" de la liturgie.
Le chef de l'Eglise catholique qui avait reçu en privé Mgr Fellay dans les premiers mois de son pontificat, reconnaît que "les raisons de la fracture" avec les intégristes "étaient plus profondes" que la question liturgique.
Il assure également rester fidèle à Vatican II. Son interprétation du Concile est celle d'une "continuit" dans la vie de l'Eglise plus que d'une "rupture", a souligné son porte-parole, le père Federico Lombardi.
Mais les évêques attachés à l'ouverture oecuménique de Vatican II s'inquiètent aussi d'un autre texte du Vatican qu'ils viennent de recevoir et qui sera publié prochainement: il s'agit d'une note de la congrégation pour la doctrine de la foi affirmant que "l'Eglise du Christ" se trouve "seulement" dans l'Eglise catholique.
Un document dans le même esprit publié en 2000, "Dominus Iesus" avait provoqué une crise dans les relations avec les protestants.