6 juillet 2007





Retour de la messe en latin : fin du suspense samedi
6 juillet 2007 - AFP
PARIS, 6 juil 2007 (AFP) - Retour de la messe en latin : fin du suspense samedi Le "motu proprio" (décret papal) facilitant la célébration de la messe en latin d'avant Vatican II doit être publié samedi après dix mois de suspense et risque de troubler les modernes sans pour autant satisfaire les traditionalistes.
Cette décision du pape est un "geste pastoral" destiné à réconcilier avec le Vatican les intégristes qui eux sont restés fidèles au rite ancien, explique l'entourage du pape.
Depuis le concile Vatican II (1962-1965), la messe "officielle" est celle de Paul VI, dite dans la langue du pays, le prêtre face aux fidèles, enrichie de textes de l'ancien Testament et sans la référence aux juifs "perfides". L'ancienne messe de saint Pie V, rite tridentin (référence au concile de Trente 1545-1563) en latin n'a pas été strictement interdite mais sa célébration était soumise à l'autorisation de l'évêque.
Mgr Marcel Lefebvre, chef de file des traditionalistes a décidé de s'en tenir au rite ancien et a été excommunié pour avoir ordonné des évêques refusant eux aussi la messe moderne et l'ensemble des préceptes de Vatican II (oecuménisme, dialogue inter-religieux, ouverture au siècle).
Avec le motu proprio, des fidèles peuvent demander une messe tridentine au prêtre d'une paroisse, plus besoin de remonter jusqu'à l'évêque.
Tout ça pourrait sembler anodin mais le retour de la messe en latin contrarie une majorité de catholiques. Selon un sondage récent de TNS-Sofres pour le Pélerin, 65% des catholiques pratiquants y sont opposés et 29% en sont satisfaits.
Plusieurs évêques interrogés vendredi par l'AFP disent que le retour de la messe en latin provoque de "fortes réactions" parmi les fidèles et les prêtres. "Nous, évêques, nous allons faire en sorte qu'il soit accueilli le mieux possible", dit l'un d'eux.
Il y a une difficulté pratique, ajoute un autre évêque : "les vieux prêtres ont perdu l'habitude de la messe en latin et les jeunes ne la connaissent pas. Il va falloir s'organiser, voir combien de prêtres accepteraient de se mettre à la messe en latin, sinon on demandera aux fidèles qui veulent la messe de saint Pie V de venir avec leur prêtre".
En octobre dernier, quand le Vatican avait annoncé le motu proprio, un groupe de jeunes prêtres avaient écrit à la Conférence des évêques de France pour dire leur refus de se "replonger dans une vie liturgique d'un autre âge".
Une partie des catholiques craint que le retour de la messe en latin ne soit le début d'une mise en cause de Vatican II dans son ensemble, au nom de la réconciliation avec les intégristes.
Du côté des intégristes, on attend toujours de voir les textes du Vatican, de savoir s'il y a des "conditions" à la libéralisation de la messe tridentine.
Samedi matin à Paris, le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France (CEF), doit expliquer le décret papal et sa lettre d'accompagnement devant la presse. Les évêques vont à leur tour parler aux prêtres de leurs diocèses et à leurs ouailles, dans la perspective de l'entrée en vigueur du motu proprio, le 14 septembre.