SOURCE - Credidimus Caritati - 9 mars 2013
Le 24 mars 1977, Mgr Marcel Lefebvre parla du zèle amer à ses futurs prêtres. Le séminaire d'Ecône se trouvait à la veille d'une grave crise qui fut essentiellement marquée par le départ de son corps professoral. Des défections avaient déjà eu lieu au cours des années passées et il était parfois tentant d'extrapoler, ou de tout réduire à quelques jugements faussés.
Le 24 mars 1977, Mgr Marcel Lefebvre parla du zèle amer à ses futurs prêtres. Le séminaire d'Ecône se trouvait à la veille d'une grave crise qui fut essentiellement marquée par le départ de son corps professoral. Des défections avaient déjà eu lieu au cours des années passées et il était parfois tentant d'extrapoler, ou de tout réduire à quelques jugements faussés.
« Regardez Notre Seigneur. Moi je ne vous demande pas autre chose, je ne vous demande pas de faire des choses extraordinaires. Regardez Notre Seigneur, regardons notre modèle. Regardez comme Notre Seigneur était dur avec les ennemis déclarés de l’Eglise, oui ! contre les erreurs, contre ceux qui répandaient autour d’eux des erreurs ouvertement, qui le faisaient d’une manière manifeste. Que nous soyons opposés aux francs-maçons, aux communistes, aux socialistes, à ceux qui détruisent la révélation, qui sont des ennemis déclarés de l’Eglise, comme Notre Seigneur l’était avec les scribes et les pharisiens, c’est bien. Mais regardez par contre la charité de Notre Seigneur avec ses apôtres ! Et vous croyez que ces apôtres étaient tous parfaits ? Notre Seigneur a eu parfois des réflexions, il a dit : – Jusqu’à quand vous supporterai-je ?… Et c’était Notre Seigneur, attention ! Mais Notre Seigneur a été compatissant, a été patient, a été condescendant avec eux, les a repris, mais d’une manière aimable, patiente et douce, mais ferme en même temps !
« Alors agir autrement, agir avec une dureté continuelle, des exigences continuelles… encore une fois, je vous l’ai dit déjà, c’est du zèle amer. C’est ce qu’on appelle du zèle amer. Et je vous ai déjà fait lire l’année dernière, si je me trompe, le chapitre du livre Le Christ, idéal du moine, de Dom Marmion, qui développe ce thème du zèle amer qui se trouve quelquefois dans les couvents, qui se trouve même dans des abbayes. Ce zèle amer comme le qualifie notre saint législateur, qui est qualifié d’ailleurs comme ça par Saint Thomas aussi, a sa source non dans l’amour de Dieu et du prochain, mais dans l’orgueil.
« Tout ce qui ne s’accorde pas avec leur idéal est nécessairement blâmé. Ils veulent tout plier à leur manière de voir et de faire. De là les dissensions. Et ce zèle aboutit à la haine.
« Et à ce zèle excessif, toujours tendu, toujours inquiet, tourmenté, agité, rien n’est jamais assez parfait pour les âmes possédées de cette ardeur.
« Ils voudraient que tout le monde soit parfait. Mais, mon Dieu, tout le monde n’est pas fait d’hommes parfaits. D’abord, qu’ils cherchent la perfection pour eux, c’est la première chose à faire ! Et puis ensuite, qu’est-ce que vous voulez, bien sûr que nous sommes dans un monde de pécheurs, bien sûr que nous sommes nous-mêmes des pécheurs…
« Le vrai zèle est tout autre que celui-là, tout autre ! Et puis, je pense que ce sera la meilleure manière pour ceux qui auraient cette tendance, de réfléchir et de rechercher à être vraiment charitables autour d’eux afin d’attirer le monde, d’attirer les âmes et de ne pas les repousser. Sinon, qu’est-ce qui leur arrivera quand ils seront dans le ministère ? Ils auront dix ou quinze personnes qui seront des admirateurs, des gens qui loueront ce prêtre, de docteur, et puis c’este fini. Il sera entouré d’une dizaine de personnes, c’est terminé, son ministère s’arrêtera là parce qu’il aura chassé tous les autres. Ce n’est pas cela quand même que le Bon Dieu nous demande ! »