SOURCE - Credidimus Caritati - 23 mars 2013
Le 8 juin 1975, Mgr Lefebvre prévenait ses séminaristes : « Supportez-vous mutuellement ». La Fraternité, en perpétuelle tension, tantôt se rapprochant de Rome, tantôt s’en écartant, pouvait apparaître comme une barque ballotée par la houle. Quelques jours plus tard, la FSSPX allait être supprimée canoniquement par l’évêque de Fribourg, suscitant un mouvement de contestation interne et des vagues de départs, d’un côté, puis de l’autre. Mais le fondateur montre bien qu’il est dangereux de se laisser gagner par l’animosité. Il l’indique. Dans une communauté relativement importante – aujourd’hui elle l’est dix fois, vingt fois plus ! – imaginer que tout le monde puisse penser la même chose en tous points est un leurre. Certains brandiront la foi ? Dans ces contextes enflammés, Mgr Lefebvre parle de charité.
Le 8 juin 1975, Mgr Lefebvre prévenait ses séminaristes : « Supportez-vous mutuellement ». La Fraternité, en perpétuelle tension, tantôt se rapprochant de Rome, tantôt s’en écartant, pouvait apparaître comme une barque ballotée par la houle. Quelques jours plus tard, la FSSPX allait être supprimée canoniquement par l’évêque de Fribourg, suscitant un mouvement de contestation interne et des vagues de départs, d’un côté, puis de l’autre. Mais le fondateur montre bien qu’il est dangereux de se laisser gagner par l’animosité. Il l’indique. Dans une communauté relativement importante – aujourd’hui elle l’est dix fois, vingt fois plus ! – imaginer que tout le monde puisse penser la même chose en tous points est un leurre. Certains brandiront la foi ? Dans ces contextes enflammés, Mgr Lefebvre parle de charité.
« Et puis, je pense qu’il faut en plus de pratiquer la charité vis-à-vis de Dieu, donc l’amour de Dieu, il faut se mettre davantage dans cette ambiance de l’amour de Dieu, et aussi pratiquer l’amour du prochain. Et là, je voudrais insister auprès des uns et des autres. Je ne fais pas d’allusion personnelle... Mais je pense que là aussi il y a certainement un effort à faire pour ne pas se laisser aller à des ressentiments, à des critiques, à une espèce d’orgueil personnel aussi : croyant peut-être être seul à avoir la vérité, seul à avoir la vraie manière de penser, de concevoir, de ce qu’il faut penser actuellement, de ce qu’il faut penser de notre Saint Père le Pape, des évêques, des cardinaux, de l’Église, de tout cela. Alors chacun risque de se faire là un peu son propre juge et de ne plus croire qu’à ce qu’il pense, de ne pas chercher même à connaître ce que la Fraternité, ce que les responsables de la Fraternité et du séminaire pensent.
« Et trop facilement, j’ai l’impression qu’il y en a qui s’égarent : un certain nombre qui s’écartent dans un sens je dirais de rigidité, de dureté, d’aigreur contre les personnes, et d’autres qui seraient tentés au contraire de ne pas suffisamment prendre conscience de la crise que subit l’Église et de ne pas en rechercher véritablement les causes. On peut tomber dans les deux excès ! Alors fatalement il y aura toujours dans un groupe comme le vôtre, assez important comme le vôtre, eh bien il y aura toujours forcément quelques tendances, quelques tendances vers une position plus dure, plus agressive vis-à-vis des autorités, des autorités romaines, des autorités de l’Église et d’autres qui auront une attitude, je dirais peut-être plus débonnaire, enfin moins agressive et moins dure, qui trouveront que c’est exagéré, qu’il ne faut pas parler d’une manière méprisante, qu’il ne faut pas parler d’une manière trop dure enfin, et trop agressive.»
« Alors il faudrait quand même que les uns et les autres sachent se supporter mutuellement parce vous n’arriverez jamais à faire que tout le monde pense et parle exactement de la même manière, que personne, qu’aucune parole ne sorte de tout le séminaire qui ne puisse être critiquée ou critiquable. Enfin c’est impossible, c’est impensable, vous ne trouverez jamais dans une communauté de dix personnes la même manière de parler des événements, des personnes ; c’est fatal ! Alors si vous ne pouvez pas vous supporter mutuellement… » « Que vous en parliez, c’est normal qu’on parle des choses présentes… Encore qu’il ne faut pas n’avoir plus que cela en tête, comme s’il n’y avait que cela, comme s’il n’y avait plus rien d’autre, comme si par exemple vous ne pouviez plus parler même de vos études, de choses spirituelles, de choses que vous avez lues, de vos lectures, enfin de choses qui ne sont pas toujours, qui ne vous mettent pas toujours dans une espèce de rancœur et de guerre, en quelque sorte intime, contre ceux qui nous font souffrir, contre ceux qui nous frappent. Il faut quand même laisser quelque fois ces choses-là de côté, laisser ces choses-là à Dieu. Et puis ma foi, qu’est-ce que vous voulez ? Priez justement et puis restez dans la paix et dans le calme, sinon vous n’avez plus la paix intérieure non plus : toujours en tension, dans un état de tension ! Alors cet état de tension finit par se faire sentir dans la communauté aussi, et alors s’il y a un état de tension dans la communauté avec tant soit peu la fatigue d’un trimestre, les examens qui viennent et tout cela, alors l’ambiance devient un peu pénible, ce n’est plus une ambiance vraiment fraternelle, paisible, sereine et charitable n’est-ce pas!»
« Il ne faut pas vous laisser aller à des mouvements primo-primi qui font sortir des phrases auxquelles, au fond, vous ne tenez pas, qui ne sont pas vraiment ce que vous pensez véritablement. Mais une fois que c’est sorti, c’est répété, c’est dit, c’est commenté, c’est : « untel a dit ceci, l’autre a dit cela, comment peut-il dire une chose pareille ? Comment peut-on dire une chose comme celle-là ? » Alors celui-là est considéré évidemment comme un progressiste, celui-là est considéré comme un intégriste 150%. Je pense que dans toutes ces choses-là, il faut savoir quand même avoir un peu de fair-play, savoir supporter les choses.»