SOURCE - Abbé Jürgen Wegner, fsspx - District du Canada - 22 février 2013
Fraternité St Pie X - District de Canada - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs
Fraternité St Pie X - District de Canada - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs
Chaire of St Pierre, Apôtre
22 février 2013
Chers fidèles,
La doctrine selon laquelle saint Joseph est le plus grand des saints après Notre-Dame devient de jour en jour l’opinion la plus commune de l’Église. Mais comment cet humble charpentier peut-il être plus élevé en grâce et en gloire éternelle que tous les patriarches et prophètes, plus haut que saint Jean-Baptiste, que les apôtres, les martyrs et les grands docteurs de l’Église ? Le pape Léon XIII peut nous aider à jeter la lumière sur cette vérité.
Le 15 août 1899, il a publié l’encyclique Quamquam pluries au sujet de la dévotion à saint Joseph, et il y explique pourquoi saint Joseph tient une place prééminente par rapport au reste des saints.
Sa place au-dessus des autres saints
Léon XIII commence par rappeler que « la dignité de la Mère de Dieu est si élevée qu’il ne peut y en avoir de plus grande parmi les créatures. Mais puisque saint Joseph était uni à la Vierge Marie par le lien conjugal, il n’y a pas de doute qu’il s’est approché plus que tout autre de cette éminente dignité par laquelle la Mère de Dieu surpasse toutes les natures créées. » Le pape continue en ajoutant que personne ne fut plus près de la Vierge Marie et de son Fils que saint Joseph, et donc que personne n’a vécu plus intimement, avec un cœur plus aimant, et avec autant de fidélité en leur présence que saint Joseph. Assurément, donc, Joseph a profité grandement de cette sanctifiante proximité et est donc élevé au-dessus de tous les autres saints. Saint Bernard, de son côté, a soigneusement consigné cet enseignement : « Il (Joseph) est le serviteur fidèle et prudent que le Seigneur a établi soutien de sa Mère, le père nourricier de sa chair, et le plus fidèle coopérateur de son grand dessein sur terre »
Mission exceptionnelle
Saint Thomas, lorsqu’il discute de la plénitude de grâce en Jésus et sa sainteté incomparable, établi le principe suivant : « Une mission divine exceptionnelle demande un degré correspondant de grâce. » Jésus est le Rédempteur de tous les hommes, et, conséquemment, il reçoit la plénitude de grâce pour accomplir sa mission. Dans le même traité, Saint Thomas applique ce principe à Marie également. Puisqu’elle a été appelée à être la Mère de Dieu, au premier instant de son existence, elle a reçu une plénitude de grâces supérieure à toutes les grâces des autres saints réunis ensembles. Elle était destinée à être la Mère du Fils de Dieu, source de la grâce, et c’est pourquoi elle a reçu la grâce plus abondamment. Le même principe peut nous aider à mettre en lumière la place de choix de Joseph au-dessus des autres saints. Dieu l’a choisi pour être l’époux de la Bienheureuse Vierge Marie, et le père nourricier de son Fils. Puisqu’ainsi Joseph était appelé à participer d’une manière distincte et éminente à l’œuvre de la rédemption, Dieu a dû lui donner une plénitude proportionnée de grâce. C’est en fait l’enseignement même de Saint Bernardin de Sienne, qui explique : « Quand Dieu choisit une personne par sa grâce pour une mission élevée, il lui donne toutes les grâces qui sont requises à cette mission. Ceci se vérifie d’une façon évidente dans le cas de saint Joseph, père nourricier de Notre-Seigneur Jésus-Christ et époux de Marie. »
Nature de la mission saint Joseph
Afin de comprendre la nature et l’étendue de la mission de saint Joseph, ainsi que les grâces qui l’ont accompagnée, il faut se rappeler que la Sainte Famille était une famille humaine. Les membres de cette famille n’étaient pas trois individus indépendants et autonomes vivant simplement sous le même toit ; ils étaient plutôt tous membres de la même famille humaine bien réelle, ayant des relations constantes les-uns aux autres. Jésus, Marie et Joseph étaient tous des parties essentielles d’un tout intégral, jouant chacun un rôle crucial. Jésus, le Fils de Dieu, était, sans aucun doute, la personne la plus importante et la plus digne de cette famille. De plus, la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, reçu évidemment beaucoup plus de grâces que saint Joseph. Et cependant, selon la volonté de Dieu, a Joseph fut donné le rôle capital de mari et père. Marie était « soumise à son mari, comme au Seigneur, car le mari est le chef de la femme » (Eph. 5,22), et Jésus « leur était soumis » à tous deux (Luc 2,51).
Époux de la Vierge Marie
Guidé par la volonté de Dieu, Joseph et Marie contractèrent un saint mariage, unissant leurs cœurs dans un amour très profond, très pur et mutuel. Léon XIII explique dans Quamquam pluries que le « mariage est la plus intime des unions, et implique de son essence une communauté de dons entre ceux qui par lui sont unis ensemble. Ainsi donc, en donnant à Joseph la Bienheureuse Vierge Marie comme épouse, Dieu lui a demandé d’être non seulement le compagnon de sa vie, le témoin de sa virginité et le protecteur de son honneur, mais aussi, en vertu du lien conjugal, un participant de son éminente dignité. » Comme mari et femme, Joseph et Marie ont partagé leur vie. Ils ont passé leur temps sur la terre à travailler, à prier et à parler ensemble dans cette union sainte. Ils ont partagé joies et peines, se révélant l’un à l’autre les mouvements intimes de leurs âmes alors qu’ils luttaient ensemble pour faire la volonté de Dieu en toutes choses. Vraiment, les cœurs de Marie et Joseph étaient réunis en un seul cœur. Ceci n’est pas simplement une pieuse spéculation ; c’est la sublime réalité du plan de Dieu dans leurs vies ! Il nous est impossible de nous rendre compte de l’abondance des grâces que saint Joseph a reçues en étant l’époux de la bienheureuse Vierge Marie.
Père nourricier du Fils de Dieu
Il est évident que Joseph n’était pas le père biologique de Jésus ; néanmoins, le Christ enfant a réellement été donné à Joseph comme un fils. Le titre de « père nourricier » n’explique pas totalement l’union mystérieuse, surnaturelle entre les deux. À un niveau purement humain, un père nourricier choisit l’enfant qu’il va adopter comme sien. Le père adoptif décide cela de lui-même, selon les dispositions qu’Il a en lui. Joseph, quant à lui, n’a pas eu ce choix. Il a été choisi ! Dieu a créé saint Joseph pour cette mission spécifique d’être le père nourricier du Rédempteur. Bossuet exprime bien cela : « Il faut ici voir l’action de Dieu. C’est par l’action de Dieu que Joseph a un cœur de père... C’est lui qui a donné à Joseph un cœur de père et à Jésus un cœur de fils... C’est pourquoi Jésus obéit, et Joseph ne craint pas de commander. Comment a-t-il le courage de commander à son créateur ? C’est parce que le vrai père de Jésus-Christ, le Dieu qui lui a donné naissance de toute éternité, ayant choisi Joseph pour être le père de son Fils unique dans le temps, a mis dans son sein un rayon ou une étincelle de son amour infini pour son Fils ; c’est ce qui a changé son cœur, c’est ce qui lui a donné un amour paternel, et Joseph, l’homme juste qui ressent cet amour de père en lui-même, sent aussi que Dieu désire qu’il use de son autorité paternelle afin de commander à celui qu’il sait être son maître.
Protecteur de l’Église
Léon XIII, s’appuyant sur tous les arguments précédents, conclut son encyclique Quamquam pluries en disant que la mission de Joseph n’est pas limitée au soin de la seule Sainte Famille. Le pape insiste : « Et en raison de cela, le bienheureux patriarche (Joseph) regarde la multitude des chrétiens qui composent l’Église comme spécialement confiés à ses soins, cette famille sans limites dispersée sur la terre, sur laquelle il a comme une autorité paternelle, parce qu’il est l’époux de Marie et le père de Jésus-Christ. Il est donc naturel et digne que de la même façon que le bienheureux Joseph a pris soin de tous les besoins de la Sainte Famille à Nazareth et l’a enveloppée de sa protection, de même il couvre maintenant du manteau de son patronage céleste et défend l’Église de Jésus-Christ. »
Consécration de la FSSPX à saint Joseph
Peut-être que la qualité la plus frappante de saint Joseph est cet équilibre mystérieux entre la bassesse et la grandeur. Un pauvre charpentier, le voilà appelé à diriger la Sainte Famille. Modèle et guide de l’humble artisan, Joseph défend néanmoins quiconque se tourne vers lui, car il est le mystérieux protecteur du Corps tout entier du Christ, l’Église. Son action, quoique commençant au niveau spirituel, ne s’en étend pas moins aux affaires temporelles. Il a une grande influence sur l’Église universelle, mais en même temps, son soin touche les moindres détails. Il s’occupe des chrétiens de toute condition, de toutes contrées. Il guide les pères de famille, le mari et la femme, les vierges consacrées, les enfants et les jeunes, le riche et le pauvre. Il est attentif aux besoins à la fois du grand pécheur et de celui qui est très avancé en vertu. Dans l’ordre biologique, il n’est le père de personne, mais spirituellement, il est le père de tous.
C’est là que l’on trouve l’explication de la volonté de notre petite Fraternité, dans ces jours difficiles de l’Église, de se consacrer totalement – prêtres, frères, sœurs, fidèles, prieurés, écoles, biens matériels et spirituels- à la protection de saint Joseph. Ce n’est rien d’autre que l’expression de notre fidélité à l’Église, rien d’autre qu’une obéissance d’enfant au plan de Dieu et aux désirs de l’Église. Léon XIII en effet nous dit qu’ « il est très important que la dévotion à Saint-Joseph se greffe sur la dévotion quotidienne des catholiques, et nous désirons que le peuple chrétien y soit fortement invité surtout par nos paroles et notre autorité.»
Cette consécration aura lieu dans nos prieurés et dans autant de chapelles que possible le 19 mars. Nous réciterons, devant le Saint-Sacrement, une prière de consécration publiée par notre Maison Générale. Entretemps, pour mieux nous préparer à cet important moment, nous commencerons une neuvaine, comprenant les litanies de saint Joseph et d’autres prières semblables, le dimanche 10 mars. Vous êtes priés de vous joindre à nous et de confier tous vos travaux et désirs au soin paternel du bon Saint Joseph !
Sincèrement vôtres dans le Christ, Abbé Jürgen Wegner