SOURCE - Abbé P. de La Rocque - Le Chardonnet - décembre 2014
De saint Jean le contemplatif, on dit qu’il avait un regard d’aigle, embrassant d’un seul coup d’œil le mystère divin incarné dans le temps; d’où le symbole de l’aigle prenant son envol pour représenter cet évangéliste, d’où aussi le fait qu’il soit le seul auteur du Nouveau Testament à avoir rédigé un libre prophétique, l’Apocalypse.
De saint Jean le contemplatif, on dit qu’il avait un regard d’aigle, embrassant d’un seul coup d’œil le mystère divin incarné dans le temps; d’où le symbole de l’aigle prenant son envol pour représenter cet évangéliste, d’où aussi le fait qu’il soit le seul auteur du Nouveau Testament à avoir rédigé un libre prophétique, l’Apocalypse.
A sa manière, saint Pie X, dont nous célébrons le centenaire de la mort, fut notre saint Jean des temps modernes. A lui aussi, il fut donné de voir d’un seul regard le mystère divin tel qu’incarné en notre siècle; d’un seul regard: tout à la fois pourfendeur du mal moderne, mais aussi prédicateur du salutaire remède.
Ses détracteurs lui reprochèrent suffisamment ses dénonciations implacables et ô combien précises du mystère d’iniquité à l’œuvre, que ce soit le laïcisme hors de l’Église ou le modernisme en son sein. Pourtant, reconnaîtra PieXII, « c’est là un service d’une extrême charité rendue par un saint à toute l’humanité ». Son intransigeance suite à la séparation de l’Église et de l’État français sauva notre catholicité, et sa si parfaite stigmatisation du modernisme fit perdre, de leur propre aveu, cinquante ans aux ennemis de l’Église.
Dénoncer l’erreur ne servirait de rien sans promouvoir le remède bienfaisant. Aux yeux de saint PieX, celui-ci tenait tout entier en quelques mots, qu’il prit pour devise: Omnia instaurare in Christo, tout placer sous le règne rédempteur de Notre Seigneur Jésus-Christ. Devant un monde épris d’indépendance, il n’eut d’autre soin que de tout remettre sous le doux joug du divin rédempteur. Il voulut que celui-ci régnât dès le plus jeune âge dans l’âme des enfants, et permit donc la communion précoce. Il voulut que chacun se donnât toujours plus au divin maître, d’où son décret sur la communion fréquente.
Plus que l’individu, c’est la société humaine elle-même que saint PieX entendait placer sous le règne bienfaisant de Notre Seigneur JésusChrist. Refuser le primat de Dieu sur la société revenait à diviniser l’homme et le peuple, ce qui ne peut mener la cité qu’à la ruine tout entière. Aussi condamna-t-il le Sillon, précisément parce que celui-ci voulait combattre les excès du capitalisme sans recourir pour autant au règne de Notre-Seigneur. Tentative vouée à l’échec, ainsi que notre monde présent ne le dit que trop. Et saint PieX de rappeler aux disciples de Marc Sangnier cette vérité si évidente à l’âme profondément catholique: « On ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l’a bâtie; on n’édifiera pas la société, si l’Église n’en jette les bases et ne dirige les travaux ; non, la civilisation n’est plus à inventer ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est; c’est la civilisation chrétienne, c’est la cité catholique ».
Un siècle a passé, le mal hélas n’a pas changé. Le remède reste donc d’une actualité brûlante: permettre aux âmes de se transformer par le règne de la grâce en elles ; faire en sorte que ce levain divin envahisse la vie de famille elle-même, pour la plus grande paix de ses membres. Il reviendra alors à ces familles renouvelées, aussi chrétiennes que rayonnantes, d’être le ferment de la cité tant désirée, celle qui, reconnaissant le Christ, pourra à nouveau bénéficier de tous ses bienfaits et de la seule paix digne de ce nom.
Abbé P. de LA ROCQUE