SOURCE - la-nouvelle-gazette.fr - 18 décembre 2014
Mercredi 17 décembre 2014, l’Institut Civitas a tenu une veillée de prières Place de l’Estrapade à Paris, devant les bureaux de la Libre Pensée.
Mercredi 17 décembre 2014, l’Institut Civitas a tenu une veillée de prières Place de l’Estrapade à Paris, devant les bureaux de la Libre Pensée.
Au nom de la loi de 1905, promulguant la séparation de l’Eglise et de l’Etat, cette fédération s’oppose à la présence de « crèches chrétiennes et non de simple crèches » (sic) dans les institutions de la République. La tribune ronflante, dont la portée pamphlétaire n’est pas sans rappeler les meilleurs tribunes de Rue 89, n’hésite pas à faire appel aux armes médiatiques traditionnelles afin de museler toute opinion contradictoire à la sienne : ainsi la résurgence du sentiment chrétien au sein de notre société rappellerait « la période du Régime de Vichy où cette loi a été violée en permanence » et les promoteurs de celui-ci seraient « des nostalgiques de cette sinistre période. » Stupeur de l’institution laïque, qui salue cependant les manifestants au creux de sa vitrine, indiquant sur une pancarte un « Joyeux Noël païen » dont le caractère profane, s’il est effectif, enjoint néanmoins à une certaine réflexion ontologique non dénuée de portée casuistique.
Si la contradiction ne semble pas choquer La Libre Pensée, l’anachronisme ne le fait pas davantage reculer : à ceux qui suggèrent que la France a des fondements historiques chrétiens expliquant la présence des crèches dans des lieux publics, l’institution aime à souligner l’inanité d’une telle religion, véhicule d’une haine responsable des grands maux du XXe siècle : « le christianisme a trouvé sa puissance dans la lutte contre le judaïsme. Il a une responsabilité écrasante dans l’antisémitisme. C’est le christianisme qui a fourbi les armes ayant conduit à Auschwitz. ». Dénonciation fallacieuse s’il en est, on appréciera cet argument auquel toute réponse constituerait sans nul doute une revendication fasciste ou antisémite. Que la Libre Pensée se rassure : plusieurs opposants se sont manifestés en ce sens durant la veillée. Couvrant les Gloria, certains habitants du quartier ont fait entendre leur désaccord, enceintes aux fenêtres et musique à tue-tête tentant de décourager l’assemblée. Mieux, une femme, se revendiquant chrétienne, lance : « Vous n’avez pas le droit de faire ça, c’est de l’incitation à la haine. […] Fascistes ! ». La République dans toute sa splendeur, est sauvée par ses dignes soldats.
L’abbé Bouchacourt a conclu cette veillée de prière animée d’une crèche vivante, en rappelant aux Catholiques les vertus de l’Espérance. Comme le soulignait Bernanos, « l’espérance [n’est-elle pas] un risque à courir » ?