7 octobre 2015

[Abbé Daniel Couture - Lettre aux amis et bienfaiteurs - FSSPX Canada] Le mystère du 13 octobre

SOURCE - Abbé Daniel Couture - Lettre aux amis et bienfaiteurs - FSSPX Canada - octobre 2015

Le 1er octobre 2015

Le mystère du 13 octobre

Chers amis et bienfaiteurs,

Le mystère de Fatima -et avec lui la paix dans le monde- est largement centré sur le mystère du Saint-Père, en particulier avec la consécration de la Russie et la révélation du Troisième Secret.

Margherita Guarducci, l'épigraphiste et archéologue qui a identifié les ossements de l'apôtre Saint Pierre au Vatican en 1968, a fait une recherche des plus intéressantes sur la date réelle de la mort du premier pape. Le texte suivant est tiré d'un résumé de sa recherche publiée en 1968 à Naples: « La data del martirio di San Pietro », dans La Parola del passato: Rivista di studi Antichi, n ° 267. Ses sources sont la première lettre de saint Clément aux Corinthiens, les Annales de Tacite, et deux textes anonymes du premier siècle, l'Apocalypse de Pierre et l'Ascension d'Isaïe.


Selon Tacite les chrétiens, qu'il décrit comme une «multitude considérable », ont été condamnés à mort non pas tant pour avoir provoqué l'incendie de Rome (juillet 64), mais parce qu'ils étaient coupables de « haine envers la race humaine ». Ce fut une accusation grave, car l'identification de la race humaine avec l'empire lui-même signifiait que quelqu'un qui était accusé de ce crime était considéré comme un ennemi de l'empire. L'exécution des condamnés, selon les informations de Tacite, eurent lieu lors de spectacles grandioses, pour lesquels Néron offrit son propre cirque au Vatican qui était l'ornement principal de ses jardins. En fait, le circus maximus-lieu habituel des circensia ludrica de Rome-ne pouvait pas être utilisé à ce moment-là en raison des dégâts causés par l’incendie de l’été. Tacite poursuit en ajoutant un détail intéressant: Néron lui-même honora les spectacles du Vatican de sa présence. Mêlé à la foule, déguisé en pilote de char de course, il tournait autour de la piste du cirque.

Il s’agit maintenant de savoir exactement quand ces événements ont été organisés.

Tacite n’a aucune hésitation à désigner l'année 64. Si nous regardons la série d'événements qui eurent lieu entre l'incendie de Rome (18-19 juillet) et la fin de l'année, nous pouvons établir que les spectacles du Vatican se sont déroulés dans la première moitié d’octobre. Il n’est pas non plus difficile de prouver qu’entre la fin de l’an 64 et la mort de Néron le 9 juin 68 il n'y a pas eu d'autres persécutions anti-chrétiennes semblables à celles que Tacite et St Clément décrivent. Il est également utile de noter que la période comprise entre la fin de septembre 66 et le début de 68 peut être exclue sans le moindre doute puisque Néron voyageait en Grèce.

Mais ce qui confirme la datation proposée pour les jeux du cirque et, par conséquent, pour le martyre de Pierre, ce sont deux autres textes grecs anonymes importants, contenus dans un papyrus conservé aujourd'hui à Vienne. Ce sont l'Apocalypse de Pierre et l'Ascension d'Isaïe. Ces textes appartiennent à la soi-disant littérature apocalyptique, un type d’écrit très commun entre la fin du premier siècle et la première moitié du deuxième, qui utilisent un langage prophétique et symbolique pour interpréter les événements historiques de l'époque. Ils sont si bien informés sur l'histoire de la période de Néron qu'ils doivent avoir été écrits peu de temps après les événements de 64 (probablement avant l'an 80). Après avoir abordé les infamies de Néron, les auteurs des deux textes annoncent sa punition comme imminente. Selon l'auteur de L'Apocalypse, ce serait le martyre de Pierre qui marqua le début de la fin de l'empereur. Cette déclaration est reprise par le texte de L'Ascension qui affirme que le règne de Néron aurait duré « trois ans, sept mois et 27 jours» après la mort de l'apôtre. Si nous soustrayons trois ans, sept mois et 27 jours de la mort de Néron (9 juin, 68), nous arrivons à l'année 64, le 13 octobre pour être précis. Cette date tombe parfaitement dans la période dans laquelle, selon le passage de Tacite , nous avons mis le déchaînement des persécutions de Néron.

La date calculée trois ans, sept mois et 27 jours avant la mort de Néron est confirmée par un autre point décisif. Le 13 octobre n’était pas seulement un jour ordinaire. C’était le dixième anniversaire de l'ascension de Néron sur le trône, son dies imperii. Ces anniversaires étaient des dates importantes dans le calendrier officiel des Romains à l'époque de l'empire. De nombreuses sources attestent qu’entre les premier et quatrième siècles, ils ont été célébrés plus ou moins solennellement avec des sacrifices, des fêtes, des concours et des dons de l'empereur au peuple. Il a également été noté que ce fut à l'occasion de ces anniversaires que juifs et chrétiens étaient souvent sacrifiés. Le martyre de Saint Polycarpe coïncide avec le dies imperii d'Antonin le Pieux et celui des chrétiens de Lyon avec le dies imperii de Marc-Aurèle. Il est fort probable alors que l'empereur Néron, qui aimait les manifestations aussi spectaculaires que possible, ait encouragé des spectacles cruels pour son decennalia, son dixième anniversaire. Il est très probable aussi qu'il ait organisé l'exécution de ces chrétiens déjà condamnés comme ennemis de l'empire.

De l’étude de l'ensemble de cette série de témoignages, nous pouvons tirer deux conclusions importantes. Tout d'abord cela confirme l'hypothèse fondée sur le témoignage de Tacite que la persécution de Néron dans lequel Pierre a souffert le martyre eut lieu en octobre 64. Secondement, il semble très probable que nous devions fixer la date du martyre du Prince des Apôtres au 13 octobre de la même année.

«Sur cette pierre je bâtirai mon Église!» Oui, la pierre angulaire de tout le mystère de l'Église est bien la papauté. Nous voyons cela sous un angle tragique en ce moment où le Synode romain est sur le point de s’ouvrir, pendant que les fidèles de l'Eglise supplient le Saint-Père de confirmer ses frères dans la foi et dans la morale intègres. Personne sur terre ne peut parler avec autant d’autorité que le Vicaire du Christ. Cette autorité est vraiment unique et universelle. Il est le gardien de la morale, et le monde lui-même est forcé de le reconnaître. Ainsi, n’est-ce pas un coup de maître céleste d’avoir choisi la date du 13 octobre comme la fin solennelle des apparitions de Fatima quand on découvre que c’est la date même du martyre de saint Pierre?

Le pape consacrera un jour la Russie au Cœur Immaculé et un temps de paix sera alors, seulement alors, donné au monde. Faisons violence au Ciel pendant ce mois du rosaire avec nos chapelets, nos sacrifices et nos saintes communions pour notre Sainte Mère l'Église « et pour le Saint-Père ».

Bien vôtre au service de Jésus et de Notre-Dame du Rosaire

Abbé Daniel Couture
Supérieur de District