SOURCE - Abbé Xavier Beauvais, fsspx - via medias-presse.info - 10 octobre 2015
[Allocution devant la nonciature apostolique à Paris]
Le 4 octobre s’est ouvert à Rome un synode sur la famille dont la première partie a eu lieu il y a un an, et qui avait déjà ouvert la voie de la reconnaissance des couples d’invertis, et à la possibilité de l’accès aux sacrements pour les divorcés remariés. C’est parce qu’un risque se présentait que de nombreuses voix se sont élevées et qu’ont été dirigées vers Dieu de nombreuses prières de par le monde.
De quel risque s’agit-il ? Celui d’achever le démantèlement de la morale familiale et conjugale et ce, non plus par des gouvernements fantoches et impies comme le nôtre, mais par les plus hautes autorités catholiques. Le risque d’achever la confusion parmi les catholiques eux-mêmes, le relativisme moral et doctrinal et au final l’apostasie générale, rendant les nations et les peuples de notre Europe chrétienne et du monde encore plus vulnérables face à toutes les entreprises de dissolution, à tous les poisons immoraux et contre-nature.
Certains parmi nous ont estimé inopportun ce genre de rassemblement. Question d’opinion ! Nous sommes d’une opinion contraire.
Certains pensent que les catholiques auraient tort de dépenser tant de zèle pour maintenir la doctrine intégrale de l’Eglise. Bien des choses vont mal mais, disent-il, tout s’arrangera puisque Dieu nous l’a promis. Ne vous en faites pas, tout ira bien. Lorsque Notre Seigneur recommande à Ses disciples de ne pas craindre les impies et de ne pas se troubler au cours des persécutions, ce n’est pas du tout pour les inviter à l’optimisme mais pour qu’ils se préparent, les yeux fixés sur Lui, aux souffrances et aux sévices qu’attirera sur eux l’amour qu’ils Lui portent.
Beaucoup de catholiques, prenant la sainte Ecriture au sérieux, voyant ce qui se passe, prévoyant ce qui va venir, n’éprouvent pas du tout le besoin de prendre un air guilleret et de s’exclamer en se frottant les mains : « Allons, allons, pas de bile ; Nous avons lieu de nous réjouir et même, pourquoi pas, de danser la carmagnole en prêchant l’insouciance. Evidemment, il arrive des aventures fâcheuses à l’Eglise, mais ne nous en occupons pas trop, surtout vous les laïcs. Dieu aplanira tout un jour ou l’autre ».
Or, pour que le règne de Dieu arrive, il ne suffit pas de concéder que bien des choses vont mal, puis de faire une pirouette et de se réfugier ensuite dans un optimisme béat et dans la seule prière, en laissant à qui voudra le soin de lutter pour l’Eglise. Certes, nous savons que Dieu la protège, mais nous savons aussi que pour la défense de sa doctrine, et maintenant en plus de sa morale, Il exige notre collaboration perpétuelle. Ce rassemblement aujourd’hui est une des manifestations de cette collaboration. Nous dérober, c’est nous conduire en fatalistes, et dans ce cas nous nous rendons indignes que Dieu écarte de nous la tentation et qu’Il nous délivre du mal car la foi qui n’agit pas, est-ce encore une foi sincère ?
Le synode sur la famille s’est donc ouvert à Rome depuis quelques jours. Comme l’a écrire Monsieur l’abbé Bouchacourt, supérieur du district de France pour la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X : « Il pourrait avoir de graves conséquences sur la vie de l’Eglise et de la société ». Face à ce danger, le district de France a organisé une semaine de prières. La société est concernée, et si, devant un tel péril pour nos âmes et pour la société nous ne pouvons rester passifs, c’est tout à l’honneur de Civitas et de son président d’organiser ces trois journées de 3, 10 et 17 octobre, comme une profession publique de la foi catholique et de la morale que l’Eglise a toujours enseignée, et comme un acte de non passivité. Je ne peux donc que recommander fortement de vous procurer le livre de Monsieur François-Xavier Peron 1, livre qui vient de sortir sur ce sujet.
Ne pas prendre parti pour qui a raison – en l’occurrence le Magistère de l’Eglise de toujours en matière morale – c’est prendre parti pour l’erreur et se faire complice du désordre. Dans leur souci de rester au dehors et au dessus de la mêlée, c’est à quoi aboutissent ces faux spirituels. Civitas a choisi de n’être pas de ceux-là cet après-midi.
Il y a un abandon à Dieu qui vient de la force et de la piété, il y en un qui vient de la paresse. S’abandonner à Dieu sans faire, de son côté, tout ce qu’on peut c’est lâcheté et nonchalance que Dieu ne nous pardonnera pas quand il s’agit, ici en l’occurrence, de la morale chrétienne et spécialement du sacrement de mariage qu’Il a lui-même institué.
Nous ne pouvons donc pas rester indifférents. Nous voyons le comble de l’horreur dans l’indifférence au bien et au mal vers laquelle notre époque s’enlise avec une rapidité effrayante et qui s’explique sans s’excuser par la répétition des omissions, des lâchetés de ceux qu’elle envahit, en chloroformant leur esprit d’abord, leur conscience ensuite. Indifférence qui ne se contente pas d’exister honteusement mais qui ose s’afficher comme chrétienne, qui ose se justifier en prostituant le mot de miséricorde ; et elle a, de plus, l’audace de s’ériger en juge sévère de ceux qui s’entêtent à rester intraitables pour le péché.
L’époque de la réaction, c’est toujours aujourd’hui car si les autorités ecclésiastiques suivent la sagesse du monde et ses méthodes, finissant par trahir Notre Seigneur Jésus-Christ et son Evangile comme son Magistère de toujours, et conduisant l’Eglise et la société à leur perte, c’est à vous, catholiques, laïcs catholiques, de réagir. Trop souvent silencieux et impuissants, nous n’avons pas le droit de subir le déferlement d’un raz de marée qui menace de submerger le véritable esprit de l’Eglise.
Quand on veut faire abstraction de la morale chrétienne, on revient aux plus sombres heures de l’Histoire qui ont précédé la naissance du Christ. « A force de tout voir, on finit par tout supporter. A force de tout supporter, on finit par tout accepter ». Ainsi s’exprimait saint Augustin.
Et c’est toute la raison de notre présence ici et du combat que mène inlassablement Civitas pour vivre de la Vérité et ne pas supporter, accepter, approuver le mal. Il n’y a pas pire chose que celle de s’habituer au mal, au péché.
A force de côtoyer le mal, le péché, l’erreur, le vice, on risque de ne plus réagir contre lui, de vivre avec, on n’en prend plus la mesure, on l’accepte peu à peu et on l’assimile. Ce qui est un mal est bientôt considéré comme indifférent, puis comme un bien, puis comme la norme. C’est là la triste histoire de toutes les décadences et de tous les abandons, au point même qu’on entend parfois, parmi les meilleurs d’entre nous, finir par dire : « Faut pas exagérer ».Mais où est donc le ressort qui nous permet de rejeter toutes les perversions morales destructrices de la famille, de l’ordre naturel, qui ont pignon sur rue, que la loi civile prétend même nous interdire de fustiger et qui, hélas, semblent trouver une place de choix au Vatican ?
Combattons toute présomption en ce domaine. Oh, on peut toujours arguer qu’on veille au grain, qu’on tient les remèdes à portée de main et qu’on ne se laissera pas surprendre. C’est oublier qu’une pratique, une personne, une institution ont beaucoup plus d’influence par ce qu’elles sont, par les principes qu’elles mettent en jeu ou professent, que par ce qui paraît à l’extérieur par les paroles ou les intentions.
N’ayons pas d’illusion, nous sommes fortement marqués par l’esprit du monde, par les erreurs universelles professées par ce que saint Paul appelle : « Les esprits des ténèbres répandus dans les airs ». Bon gré, mal gré, nous héritons de manière plus ou moins marquée, nous héritons du monde une mentalité individualiste, un mépris du bien commun et de la discipline qu’il requiert, l’illusion que chacun de nous est un cas particulier ayant droit à des privilèges intangibles.
En laissant triompher les forces d’en bas, celles de la nature et de la chair, il est clair que, bien loin d’acquérir l’autonomie et la liberté, nous les perdons et devenons de plus en plus esclaves, avec de moins en moins de personnalité. Dans la fausse liberté ou licence, il y a décadence de la personnalité. On est dominé, on est de plus en plus une chose et de moins en moins un homme, un chrétien.
Défendons donc notre liberté contre la tyrannie de la perversité.
Que se passe-t-il alors aujourd’hui ?
On a beau rappeler que le mariage est indissoluble, on a beau rappeler que le mariage c’est entre un homme et une femme, mais que valent de si beaux rappels si tout, dans la pratique, dans les actes publics, ces rappels sont foulés aux pieds au point que certains parlent déjà d’un divorce catholique ? On croit rêver ! On feint de rappeler les principes pour mieux les transgresser allègrement. On rappelle la théorie de l’indissolubilité du mariage, mais en pratique on l’édulcore.
Or, le Pape vient de sortir deux décrets Motu Proprio qui révisent la procédure de déclaration de nullité de mariage. Il l’avait annoncé, il n’y a pas eu de Commission officielle comme les évêques l’avaient demandée. Ces décrets ont pour but de faciliter les annulations
Première chose, et c’est la grande révolution, c’est que maintenant il n’y a plus besoin que d’une sentence au lieu de deux. Il n’y a plus d’appel automatique à un deuxième tribunal, ce qui enlève une garantie car, jusqu’à maintenant, quand un mariage était déclaré nul, on avait la certitude qu’il était passé au moins par six juges ecclésiastiques. Ajoutez à cela, un avocat et un défenseur du lien. Selon le nouveau décret, une seule sentence suffit et, de plus, le Pape autorise à ce que le jugement soit porté par un seul juge. C’est la première révolution. On aura donc une accélération des procès de mariage.
En plus de cela, le Pape demande qu’on introduise une procédure accélérée. On est donc ici, dans une situation catastrophique parce que, là, c’est l’indissolubilité du mariage qui est directement atteinte. Il sera donc beaucoup plus facile de divorcer.
Quelles en seront les conséquences ? Et bien, c’est que les gens vont se marier beaucoup moins sérieusement parce que ce sera relativement facile d’obtenir un divorce. On s’expose alors la question : n’y aurait-il pas là une manœuvre oblique pour la communion des divorcés-remariés ?Obtenant si facilement la nullité de leur mariage, leur remariage serait ainsi rendu possible.
C’est dramatique et pour l’Eglise et pour la société.
Il y a eu des protestations de cardinaux, d’évêques, mais mollement. Ce qui vient de se passer est dramatique. C’est pour cela que nous réagissons ici, car on ne peut laisser passer cela dans l’indifférence générale. Ce qui se passe est extrêmement grave. De l’état de santé du mariage dépend l’état de santé de la société et de la société ecclésiastique. Le Pape a donc pris les devants et montre sans état d’âme sa volonté de faire bouger les choses, voire de tout chambouler. Ces deux documents, bourrés de sauce miséricordieuse, sont sortis pour accélérer et simplifier la procédure de nullité de certains mariages.
Une révolution qui correspond à ce que le pape François a déclaré lui-même en Equateur de sa propre foi , « la foi du Pape est toujours révolutionnaire ».
En aucun cas nous n’écouterons sa voix en ce domaine et les arguments fallacieux de ceux qui ont déjà détruit tant de vérités et qui entament désormais une destruction complète de la morale chrétienne et même naturelle. Il n’est pas possible de jeter un voile pudique sur ne révolution en marche, une révolution qui s’évertue à calmer les craintes pour amenuiser les réactions et lui permettre de poursuivre tranquillement un travail de sape.
Ainsi, comme l’écrivait il y a peu Monsieur l’abbé de la Rocque : « Que vient faire au synode monseigneur Bonney, évêque d’Anvers, fervent promoteur de la cause homosexuelle ? ».
Non, ce n’est pas en s’adaptant à l’homme, soi-disant parvenu désormais à l’âge adulte que l’Eglise ramènera plus facilement les pécheurs à la Vérité.
Non, ce n’est pas en relâchant son ancienne rigueur pleine de charité, et en se montrant plus indulgente à l’égard des aspirations et des exigences des peuples modernes, que l’Eglise nous conduira à la vie éternelle.
Non, ce n’est pas en passant sous silence la vérité doctrinale auprès des pécheurs que la grâce leur sera retrouvée, pas plus qu’en démolissant cette Vérité de manière à ne plus lui conférer le sens traditionnel auquel l’Eglise s’est toujours tenue.
On nous dit qu’il faut introduire une certaine liberté dans l’Eglise, afin que la puissance et la vigilance d e l’autorité en matière doctrinale sur le mariage indissoluble et l’attitude des invertis aient la faculté de développer plus librement les ressources de leur activité et de leur initiative dans l’Eglise elle-même.
Non, cette liberté ne serait autre qu’un libertinage aspergé d’eau bénite.
Nous serions alors dans l’hypocrisie la plus totale. On aura beau dire : si le Pape François a rappelé au début du synode quelques éléments doctrinaux, il ne peut être passé sous silence qu’en s’appuyant sur le sinistre cardinal Walter Kasper, le Pape veuille favoriser la possibilité d’une deuxième chance pour ceux dont le premier mariage religieux a été un échec. Il s’agit donc ni plus ni moins d’une tentative, non seulement inédite mais scandaleuse et catastrophique, de justifier l’adultère, l’état d’adultère, avec petite bénédiction à la clef s’il vous plaît.
Chez quelqu’un qui doit être le guide des aveugles dans la foi et la morale – et c’est le cas des évêques et du Pape -, l’hypocrisie qui détourne de la Vérité et de la sainteté des mœurs est une abomination d’autant plus grande, que grande est l’autorité du Pape auprès du peuple.
Malheur à vous donc, ecclésiastiques hypocrites, parce que vous fermez alors, au nez des hommes, le royaume des cieux par une pastorale qui n’est qu’hypocrisie et lâcheté !
La subversion étant toujours à l’œuvre dans l’Eglise, voilà cinquante ans que la pastorale conciliaire fait l’impasse sur la doctrine et, par voie de conséquence, a laissé s’éclore les désordres les plus grands jusque dans les familles. Et l’Eglise voudrait maintenant adapter l’enseignement de l’Eglise pour justifier les dégringolades pastorales les plus lamentables ? Il se justifie l’adage : « A force de ne pas vivre comme on pense, on finit par penser comme on vit ». On est donc ici en pleine morale de circonstance et en plein laxisme :
Accès des divorcés remariés à la communion,
Acceptation des remariages de divorcés,
Approbation des unions homosexuelles.
On adapte ainsi la pastorale aux signes des temps. Mai 68 a produit une « libération sexuelle », mais qui aurait pu imaginer qu’aujourd’hui il en serait de même dans l’Eglise ? Qui aurait pu imaginer cette révolution doctrinale qui se prépare sous couvert de pastorale ?
Quelques voix se sont faites entendre pour rappeler les principes doctrinaux, quelques cardinaux, quelques évêques qui ont tenté de réagir, de dénoncer le nouveau langage, de dénoncer ces glissements dans les formulations qui permettent de dire une chose qui, doctrinalement, ne souffre aucune contestation pour finir par une proposition irrecevable ou équivoque.
Très bien, mais Messieurs les cardinaux et évêques, soyez logiques, allez jusqu’au bout, c’est le concile Vatican II qu’il faut dénoncer. Vous dénoncez un mal, mais vous attaquez-vous aux causes ? N’hésitez plus, allez-y, c’est l’humanisme de Vatican II axé sur le culte de l’homme et de la personne qu’il faut attaquer, car c’est lui qui fait oublier l’existence de la morale naturelle la plus élémentaire.
L’Eglise ne pourra maintenir la sainteté de sa morale que par l’intégrité de sa foi. Si, comme aujourd’hui on épure les dogmes chrétiens, on leur retire toute valeur de commandement moral et intellectuel, toute existence objective, particulièrement au profit d’un vague sentimentalisme qui n’est pas catholique.
Etait-il prudent de réunir un tel synode en cette époque de subjectivisme qui submerge toute pensée, où la morale tend de plus en plus à ne plus dépendre que de la conscience ? C’est aujourd’hui du sein de la conscience et séparée de tout ce qui n’est pas elle que jaillissent désormais les valeurs morales. Déjà à partir de Kant, toute la morale, au lieu de dépendre de la prudence, reine des vertus morales, ne dépendra plus que de la conscience. A l’objectivité de la prudence, par conséquent, se substitue peu à peu la subjectivité de la conscience, origine du chaos actuel dans la pensée moderne et, hélas aujourd’hui, dans la pensée des hommes d’Eglise les plus hauts placés. La conscience individuelle va s’érigeant d’elle-même, peu à peu, en juge unique du bien et du mal, d’où le danger présent au synode d’incliner la morale vers le subjectivisme, substituant la logique au réel et l’utopie à l’être. Saint Thomas d’Aquin s’était pourtant bien gardé d’accorder à la conscience une place exorbitante dans l’activité morale de l’homme. Comme l’a si bien expliqué Marcel de Corte : « Son sens de l’objet pressentait combien cette reflexivité continue, propension maladive de tant d’intellectuels débranchés du réel, dénature la morale et finit pas naturaliser le surnaturel lui-même ».
C’est ce que nous constatons aujourd’hui : la disparition de la vertu de prudence a engendré l’apparition d’un succédané qui a, lui-même, dégénéré en vice : on ne peut appeler autrement « la conscience collective, alibi de toutes les démissions ».
Par notre attitude ferme dans la foi, et dans la morale chrétienne qui en découle, nous accorderons à ces pauvres pécheurs qui demeurent nos frères, ce que le pape Pie XII appelait la première charité, celle de la Vérité. Et c’est cette Vérité qui els délivrera. N’oublions jamais cette remarque de saint Pie X : « Si Jésus a été bon pour les égarés et les pécheurs, Il n’a pas respecté leurs convictions erronées, quelques sincères qu’elles paraissent ; Il les a tous aimés pour les instruire, les Convertir et les sauver ». Voilà la seule attitude chrétienne concevable pour les divorcés remariés et les homosexuels : les aimer pour les instruire, les corriger, les guérir, les convertir et les sauver, prier pour eux, les encourager à les sortir de leur état de péché, les aider à surmonter les difficultés pour se mettre en règle avec la loi de Dieu, dût-il y avoir réprimande sévère au pécheur en vue de le réconcilier avec Dieu.
Il en est de même en ce qui concerne les invertis. L’homosexualité est un désordre grave, un péché dont l’acte spécifique est rangé par la Sainte Ecriture parmi « les péchés criant contre le ciel ». Et l’Eglise doit échapper à la pression venue d’un monde dépravé et de mœurs corrompues. Or, scandale, elle prône l’accueil des invertis en tant que tels et n’appelle plus à la conversion, à la pénitence, au combat contre des tendances désordonnées et peccamineuses.
« Comment, écrivait Monsieur l’abbé Thouvenot, comment un comportement contre nature et intrinsèquement désordonné peut-il être présenté positivement ? Comment un péché qui crie contre le ciel est-il devenu une « orientation sexuelle » capable d’apporter « des dons et des qualités » à la communauté chrétienne ? Que signifie cet éloge à peine déguisé du sens du sacrifice entre personnes inverties ? Veut-on aller jusqu’à comparer cette « aide précieuse pour la vie des partenaires » à la fidélité et au soutien des époux dans le mariage ? Ce serait l’un de ces « rapprochements blasphématoires » entre l’Evangile et la révolution que saint Pie X dénonçait il y a plus d’un siècle. Comment des hommes d’Eglise peuvent-ils trouver des valeurs positives ou des sujets d’édification dans de tels vices qui sont autant de situations de péché ? ».
Je vous le demande : que peuvent donc bien nous apporter comme dons et qualités les personnes inverties ? Garantissons-leur un espace de fraternité ? Et quoi encore ! ces dons et qualités viendraient-ils de leur homosexualité ? Depuis quand l’Eglise devrait-elle accepter un comportement désordonné et contre-nature, nommé pudique orientation ?
Dans le combat que nous menons, gardons-nous de tout romantisme. Les romantiques sont essentiellement ceux qui n’appellent pas les choses par leur nom. Individualistes, ils nomment cet individualisme « charité », font goûter l’amour humain comme divin, ont mis l’homme à la place de Dieu et l’ont appelé Dieu, leur lyrisme a partout substitué de fausses et confuses images à des notions réelles et précises. Ces confusions du langage, cette corruption des mots, signe d’un déséquilibre de la pensée et du cœur, sont d’autant plus redoutables que, le langage étant essentiellement social, a un pouvoir de contagion immédiat. C’était une citation d’Henri Massis.
[En appliquant maintenant aux mœurs l’esprit et la théologie nouvelle du concile Vatican II, qui substitue l’adoration de la créature à celle du Créateur et se tourne vers une exaltation de la dignité presque infinie de la personne humaine, c’est tout l’anthropocentrisme du concile Vatican II qui s’impose, c’est-à-dire l’évacuation de toute référence à Dieu pour ne considérer que l’homme dans son indépendance.
« On sort, écrira le cardinal Burke, on sort du cadre traditionnel où prévaut l’institution du mariage pour entrer dans celui très moderne où prime l’individu ».
Le bien de la personne semble aujourd’hui être ce qu’il y a de premier. On a même entendu qu’on ne pouvait opposer la loi au bien de la personne, pour ne pas trahir sa propre vérité.
Fin XIXème, on entendait déjà des ecclésiastiques, ainsi le P. Hecker, clamer :
« L’Eglise est fermée, et pour faire entrer les dissidents dans son enceinte, il ne suffit pas de les amener à elle, il faut abaisser les barrières, élargir les portes ».
Ce fut chose faire quant à la foi au concile Vatican II. On a ouvert les fenêtres par lesquelles tant d’erreurs se sont engouffrées. Les fruits sont terriblement amers. Mais, de même qu’un autre sinistre personnage du nom de Peillon a pu dire en son temps que 1789 n’était pas terminé, de même Vatican II qui fut, aux dires du cardinal Suenens, 1789 dans l’Eglise, Vatican II n’a pas terminé ses ravages. Après avoir laissé les portes ouvertes à toutes sortes d’hérésies et de pratiques insensées du point de vue doctrinal, voilà qu’on continue cette œuvre de destruction en touchant à la morale. Et c’est ainsi que le pape François continue 1789. C’est qu’en effet la révolution ne s’arrête pas tant qu’elle n’a pas atteint ses objectifs. La révolution copernicienne dans l’Eglise, c’est la pastorale se substituant au dogme.
Or, si l’apôtre doit semer la Vérité toute entière,al donner parfois par miettes, il ne peut jamais la cacher, l’édulcorer, la déformer.
Il doit la donner avec l’autorité de l’Eglise de toujours, l’autorité qu’elle tient de Notre-Seigneur Jésus-Christ, une autorité qui peut, à l’occasion, être adoucie de compréhension mais qui doit, cependant, toujours s’affirmer.
Or, la pastorale conciliaire a déplacé son objet. Au lieu de faire à Dieu sa place haute et grande, elle exalte l’homme en cherchant à le diviniser sans purification, au rabais, le diviniser sans Dieu mais pour en faire un dieu. C’est cette pastorale qui, oubliant Dieu et Ses exigences, va orienter les âmes sur le social, l’écologie, la protection de la planète et autres billevesées mondialistes.
Et l’ont trahit l’Evangile. Nous crions aujourd’hui à la trahison, une trahison où la foi cède la place à tout un pathos sentimental. Depuis 2014, nous arrivons ainsi à une nouvelle étape : la doctrine et la liturgie ont été quasiment réduites en miettes, il faut alors passer à la vitesse supérieure et attaquer les principes de la morale catholique en justifiant le péché. Et cela nous ne le pouvons pas.
Il faut enfin dire un mot sur un thème qui plane depuis quelques temps sur le synode et dans les expressions du pape François, un thème qui reviendra comme un refrain tout au long de l’année qui vient : celui de la miséricorde.
Il convient avant tout de rappeler et de marteler ce que saint Pie X disait aux âmes, certes généreuses, mais dévoyées du Sillon : « La doctrine catholique nous enseigne que le premier devoir de la charité n’est pas dans la tolérance des convictions erronées, même sincères, ni dans l’indifférence théorique ou pratique pour l’erreur ou le vice où nous voyons plongés nos frères, mais dans le zèle pour leur amélioration intellectuelle et morale non moins que pour leur bien être matériel ».
Il ne peut y avoir opposition entre miséricorde et Vérité. Pour qu’il y ait une authentique miséricorde, il faut qu’elle soit fondée sur la Vérité. Or, on sait que les « exceptions pastorales » des progressistes finiront par devenir la règle. Toute miséricorde doit être finalisée par la conversion, et cette dernière est toujours une conversion à la Vérité.
Quand le pape François cite le discours de Jean XXIII pour l’ouverture du concile Vatican II :« Aujourd’hui, l’Epouse du Christ, préfère recourir au remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité », on sait bien ce que signifie, au fond, cette miséricorde et tous les abandons qu’elle contient ; La vérité c’est que condamner l’erreur est précisément une grande miséricorde parce que l’erreur menace le troupeau.
La vraie miséricorde est celle qui consiste à avoir grande pitié de ces âmes gisant dans l’ombre de la mort, à leur prêcher la Vérité incarnée, Jésus-Christ, la foi indispensable au salut.
Or, la nouvelle doctrine sur la miséricorde permet de donner à l’église conciliaire un esprit, une mystique qui lui corresponde. Cette miséricorde est entendue comme une sorte d’humanitarisme universel qui prétend unir les hommes, non plus sur Jésus-Christ et la Vérité, mais sur les droits de l’homme et des peuples, dans un mondialisme multi culturaliste et œcuméniste. En s’hypnotisant par une fausse miséricorde sur certains cas limites, douloureux certes, on risque fort de perdre de vue le bien commun de la société toute entière et de l’Eglise.
Pastorale de miséricorde et non de répression ? Nous voilà en plein relativisme ! Pénitence, regret, conversion ne seraient-ils plus que des termes correspondant à une pastorale de répression ? C’est là une dialectique inacceptable ! Elle trompe sur les mots et détruit la vraie notion de miséricorde. La miséricorde dévoyée est la pire des choses.
Notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas hésité à fréquenter les pécheurs, mais dans le but de faire du bien à leurs âmes, dans le but de les attirer à la Vérité et les convertir et certainement pas en prenant des moyens soi disant pastoraux qui les auraient maintenus dans leurs péchés.
Comme tout ce qui existe sur terre, ce noble sentiment de miséricorde, de compassion, peut être déformé et utilisé abusivement.
« Qui suis-je pour juger ? » a-t-on entendu. Une telle affirmation est l’indice d’une incompréhension de ce qu’est la compassion. Au cœur de ce malentendu se trouve l’idée fausse que la compassion vient seulement des émotions, sans implication de la raison et en particulier du jugement moral.
Dans cette perspective erronée, la compassion envers le prochain se concentre exclusivement sur la satisfaction des besoins et le soulagement de la souffrance. Mais si cette souffrance est causée par une conduite pécheresse, comme c’est le cas dans l’homosexualité, alors la compassion consisterait à accepter cette conduite et non à la rejeter. C’est la compassion libérale qui embrasse tout et ne juge pas.
Cette compassion qui ne juge pas est à la fois fausse et absurde. Saint Thomas d’Aquin enseigne que le sentiment de compassion ne devient une vertu que quand il est guidé par la raison car il est essentiel pour la vertu humaine que les mouvements de l’âme soient régulés par la raison. Sans cette régulation, la compassion n’est qu’une passion. Comme les passions, la compassion est alors une inclination puissante mais irrationnelle, et elle est donc potentiellement dangereuse puisqu’elle peut favoriser non seulement le bien mais aussi le mal.
Tout faire pour aider les pécheurs ne signifie pas les aider à pécher ou à rester dans le vice. A cause de la faiblesse humaine, un pécheur mérite pitié, compassion, miséricorde. Mais le vice et le péché doivent être exclus de cette compassion car le péché ne peut jamais être le véritable objet de la compassion.
Parler donc de compassion qui ne juge pas est une contradiction dans les termes puisque cela revient à nier le rôle fondamental de la raison et de la morale.
D’un point de vue catholique et rationnel, la compassion n’est authentique que lorsqu’elle vise au bien du prochain. Ce bien consiste avant tout dans son salut éternel et comprend aussi le soulagement de ses souffrances temporelles. L’aider à rester dans le vice et le péché à cause d’une pitié inconsidérée pour ses souffrances temporelles revient à faire di de son bien spirituel et de son salut éternel. Il n’existe pas de plus grande cruauté.
Alors, par pitié, Très Saint Père, ne nous parlez plus d’écologie, de pauvreté révolutionnaire, de protection de l’environnement, ne nous parlez plus d’accueil des migrants, parlez-nous de Jésus-Christ Sauveur du monde, de grâce parlez-nous en Pape, c’est de cela dont le peuple a faim et soif. Très Saint Père, vos actes et vos paroles dont de nous des affamés, nous avons faim et soif, ne nous laissez pas mourir, nous ne voudrions pas devoir dire un jour ce que sainte Jeanne d’Arc avait dit à l’évêque Cauchon :
« François, c’est par toi que je meurs ».
Abbé Xavier Beauvais
Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X