Le 11 février 1818, un épais brouillard s'est répandu sur la Dombes. Désorienté, un jeune prêtre, Jean-Marie Vianney, cherche son chemin. Entendant le son de petites cloches portées habi-tuellement par les moutons de la région, il suppose la présence d'un berger et l'appelle. Un jeune garçon, Antoine Givre, s'avance et, voyant ce prêtre en soutane, lui demande s'il est le nouveau curé at-tendu. Ayant eu une réponse affirmative, il lui indique alors la direc-tion d'Ars. Le nouveau curé le remercie en lui montrant le ciel du doigt : « Tu m'as montré le chemin d'Ars, je te montrerai celui du Ciel » Ces paroles étaient prophétiques car, quarante-et-un ans plus tard, le Saint curé rendait sa belle âme à Dieu. Antoine Givre le suivait cinq jours après dans l'éternité !
Cet épisode bien connu illustre le rôle du prêtre voulu par Notre-Seigneur : conduire au Ciel les âmes qui lui sont confiées en leur donnant Dieu. Sans prêtre, les âmes sont sans pasteur. Désorientées, elles ne savent plus regarder vers Dieu ou n'ont plus la force de le faire, tellement elles sont écrasées par les épreuves ou les blessures de la vie. Sans prêtre, la charité se refroidit et Satan a alors le champ libre pour pervertir les âmes et les conduire à la perdition. C'est le drame de notre époque. La violence, les guerres, l'égoïsme, la disparition de la foi qui semblent triompher dans le monde d'aujour-d'hui s'expliquent en grande partie par la raréfaction des prêtres qui ne sont plus là pour enseigner, guider les âmes, les fortifier et les sanctifier.
A son évêque qui se plaignait de l'impiété qui régnait dans son dio-cèse, le même Curé d'Ars répondait : « si vous voulez convertir votre dio-cèse, il faut faire des saints de tous vos curés ». Lui-même ajoutait : « Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre et y on y adorera les bêtes ». En effet, l'avenir de notre sainte religion et le salut de la société reposent sur le nombre et la qualité des prêtres qui sortent des séminaires.
Le prêtre est l'instrument que le Christ veut utiliser pour répandre la charité. En célébrant la sainte Messe, il perpétue quotidiennement l'acte de charité le plus grand qui ait été accompli sur la terre, à savoir le sacrifice de notre Rédempteur sur la Croix. En élevant l'hostie et le calice au moment de la consécration, le prêtre brise la glace que le Ma-lin veut étendre comme un couvercle sur le monde pour le séparer de Dieu, et ouvre un canal par lequel la charité du Christ peut se diffuser. De même, lorsqu'il récite son bréviaire, le prêtre prolonge la louange du Christ envers son Père et prie pour le troupeau qui lui est confié. En administrant les sacrements, il continue l'action du Christ envers les âmes en les faisant naitre à la grâce, en les restaurant dans la charité ou en les fortifiant dans l'amour divin. Cela n'est pas sans effet sur les per-sonnes, les familles et la société. Plus il y a de prêtre, plus le Christ-Roi peut régner.
Monseigneur Lefebvre exprimait cette vérité dans son Itinéraire spirituel :
« Le rayonnement de la grâce sacerdotale, c'est le rayonnement de la Croix. Le prêtre est donc au coeur de la rénovation méritée par Notre-Seigneur. Son influence sera déterminante sur les âmes et la société. Un prêtre illuminé par sa foi et rempli des vertus des dons de l'Esprit de Jésus peut convertir de nombreuses âmes à Jésus-Christ, susciter des vocations, transformer une socié-té païenne en société chrétienne(1) ».
En effet si le ministère du prêtre venait à cesser, le monde retournerait au paganisme. C'est le triste constat qu'il nous faut faire aujourd'hui.
Il ne faut pas oublier aussi le rôle des religieux et religieuses dans le plan divin pour sauver les âmes. Le Père Eugène de Villeurbanne, fondateur des capucins de Morgon, le rappelle à merveille :
« L'Eglise doit sans cesse louer Dieu. Il lui faut une milice spéciale consacrée à un complément de louange et d'attention directe à Dieu que ne peuvent donner des bap-tisés impliqués par nécessité dans les affaires profanes. Ici se situe le rôle des religieux(2) ».
Prions donc avec confiance le Bon Dieu, afin que ceux et celles qu'Il appelle à son service répondent généreusement, sans retard, sans regarder en arrière.
Cette croisade des vocations est d'une nécessité urgente. Du nombre de prêtres dépend le salut d'un nombre immense d'âmes. Que les parents, et tout spécialement, les mamans prient le Bon Dieu afin qu'Il choisisse un de leurs enfants à son service. C'est un immense honneur pour une famille, une grande source de grâces et une pierre précieuse sertie pour l'éternité dans la couronne des parents chrétiens qui ont donner une fille ou un fils à l'Eglise. Mais pour que ces voca-tions puissent germer sans entrave, il faut que règne dans vos foyers l'esprit de sacrifice, terreau indispensable pour que l'appel divin puisse trouver un écho favorable. « Vos prêtres seront ce que vous les aurez faits par l'éducation(3) » disait saint Pie X.
Pour être entendu du Bon Dieu, rien ne vaut plus que la prière des enfants. Aussi j'invite les enfants de nos écoles, de nos familles à prier tout spécialement du 28 avril, jour de la fête de saint Louis-Marie Grignon de Montfort au 6 mai, fête de saint Dominique Savio, à cette intention qui nous est si chère. Une prière spéciale vous sera communiquée à cet effet prochainement. En effet, n'oublions pas que la Très Sainte Vierge Marie à Pontmain, il y a 145 ans, avait exprimé sur un ban-deau qui s'affichait sous elle et que seul les enfants voyaient :
« Mais priez, mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher ».
Chers croisés, récitez avec ferveur la prière qui se trouve au verso de l'image ci-jointe et n'oubliez pas d'y ajouter une partie de votre chapelet quo-tidien afin que Notre-Dame du Clergé présente ces demandes pressantes à son Divin Fils. Faites-le avec ferveur. Que Dieu vous bénisse !
Abbé Christian BOUCHACOURT+, Supérieur du District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X