26 avril 2016

[Marie Malzac - La Croix] L’ancien chef des lefebvristes plaide pour un accord avec Rome

SOURCE - Marie Malzac - 26 avril 2016

Dans un long document envoyé à quelques responsables de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) il y a quelques mois, l’ancien chef de file des lefebvristes, l’abbé Franz Schmidberger expose les arguments en faveur d’un accord avec Rome.

Dans un communiqué diffusé le 15 avril, le prêtre allemand, proche de l’actuel supérieur, Mgr Bernard Fellay, souligne le « caractère privé » de ces réflexions, après que sa prise de position a suscité un vif débat dans les rangs traditionalistes.
L’abbé Franz Schmidberger, ancien Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie-X (FSSPX), a longuement détaillé dans un document adressé le 19 février à quelques responsables lefebvristes, dont l’actuel chef de file, Mgr Bernard Fellay, les arguments qui justifieraient une réintégration par Rome.

À la suite des remous suscités dans la sphère traditionaliste par ce texte, diffusé notamment par le site d’extrême-droite medias-presse.info, le prêtre allemand a publié le 15 avril dernier un communiqué pour rappeler le « caractère privé » de cet exposé.
Étant donné les « exigences » du Vatican revues à la baisse, « semble être arrivé le bon moment pour régulariser la situation de la Fraternité », et ce pour plusieurs raisons, estime ainsi l’abbé Schmidberger dans ce document intitulé « Réflexions sur l’Église et la position de la FSSPX en son sein ».

Il avance tout d’abord que « toute situation anormale tend de par sa nature vers la normalisation » et met en garde contre le « risque » de la perte du « sensus ecclesiæ » chez certains membres de la FSSPX.
Demander la permission pour ordonner des évêques
Autre argument en faveur d’un accord avec Rome : la réintégration ferait tomber « maintes barrières et maints blocages » dans l’Église et chez les catholiques, juge le prêtre allemand. « Les mentions dans les mass média et ailleurs d’une fraternité schismatique ou apostate ou séparée de l’Église seraient à tout jamais déracinées ».

Ainsi, « un acte formel de reconnaissance de la fraternité déclencherait une agitation salutaire à l’intérieur de l’Église. Les bons seraient encouragés, les méchants essuieraient une déroute ».

En outre, concernant les évêques, « les sacrer sans mandat papal est certainement possible dans une situation d’extrême urgence. Mais si l’on peut sacrer des évêques avec la permission de Rome, il faut demander cette permission », souligne l’abbé Schmidberger.
Pour réaliser ce retour, il faudrait pour le pape résister à bien des critiques. « C’est peut-être justement le pape François avec son caractère imprévisible et ses improvisations qui serait capable d’une pareille enjambée », relève en ce sens l’ancien supérieur général de la FSSPX. « Les mass média lui pardonneront peut-être une telle mesure là où ils ne l’auraient jamais de la vie pardonnée à Benoît XVI. Avec son style de gouvernement autoritaire, pour ne pas dire tyrannique, il serait très probablement capable d’imposer une telle mesure même contre une levée de boucliers ».

Quant à la « résistance » de l’aile dure des lefebvristes, l’abbé allemand suggère qu’il faudrait passer outre  : « nous ne pouvons pas orienter nos actions sur des gens qui ont de toute évidence perdu le sens et l’amour de l’Église dans sa forme concrète. Ils sont d’ailleurs entre-temps totalement déchirés par des luttes intestines ».
« Nous ne nous laissons pas museler »
Une reconnaissance d’un statut officiel au sein de l’Église ne voudrait pas dire « se taire », appuie toutefois l’abbé Schmidberger. « Nous ne nous laissons pas museler, précise-t-il, nous désignons les erreurs par leurs noms avant une normalisation et également après une normalisation ». « Nous voulons retourner de l’« exil » dans l’état où nous sommes aujourd’hui », insiste le prêtre allemand.

Dans ce document, l’abbé Schmidberger n’en reste pas moins très sévère envers l’Église de Rome, expliquant notamment que lorsque « le Christ instaura l’Église, il prévoyait tout le lignage des papes à travers l’histoire entière de l’Église, même un pape François ». « De façon analogue, le Seigneur a instauré le Saint-Sacrement de l’autel tout en prévoyant bien des sacrilèges au cours de l’histoire ».
Ce n’est pas la première fois que l’abbé Schmidberger prend position sur le sujet. Par ailleurs, la question de la régularisation canonique de la fraternité, peut-être sous la forme d’une prélature personnelle, est récemment revenue dans l’actualité, à l’occasion de la rencontre le 4 avril dernier entre le supérieur actuel, Mgr Bernard Fellay, et le pape François. Par le passé, il avait cependant rejeté l’idée d’un ralliement.
 
Marie Malzac