13 avril 2016

[Austrasian Report - via Reconquista] Sans croix, pas de victoire

SOURCE - Austrasian Report - via Reconquista - 13 avril 2016

Soldats du Christ,

Les consolations divines ne nous ont pas fait défaut, ni les progrès apostoliques, et 4 autres candidats se sont présentés au séminaire ce mois-ci (et j’en ai redirigé deux vers Avrillé, car l’organisation ici n’est pas encore au top), mais nous ne gagnerons jamais si nos vies ne sont pas marquées par la Croix.

Nous demandons donc à Dieu de nous envoyer des croix, sinon nous nous ferons fausse route … et nous deviendrons pire que les personnes auxquelles nous avons résisté en 2012; et par conséquent, nous avons eu …
… le calvaire de l’abbé Suelo.
Notre cher abbé Suelo, qui nous a tant aidé dans les missions et qui garantissait la messe quotidienne au séminaire est maintenant sérieusement paralysé et requiert des soins médicaux lourds et beaucoup d’attention et cela pour une durée indéterminée. [l’abbé Suelo est finalement décédé au mois de février].

Alors que nous pensions que le souci principal était le mauvais état de son cœur, nous n’avons pas vu le problème beaucoup plus important de son foie, qui a été intoxiqué par une utilisation excessive de médecines alternatives. Je ne savais pas que celles-ci pouvaient être aussi mortelles que des antibiotiques. Donc quand l’abbé Suelo est parti enterrer un de ses amis (qui a été brutalement tué à coup de machette) sur l’île de Paloilo, il a mangé des crabes délicieux de l’île et il s’est adonné à son hobby préféré qui est la recherche d’or.

Soudainement son foie s'est arrêté de fonctionner, et après quelques heures il est tombé dans le coma dans le petit hôpital de cette petite île, et bien sûr, cela alors qu’un typhon faisait rage. Et donc le voyage fut pénible, d’abord en catamaran et puis en ambulance pour rejoindre Manille et son frère, le notaire Suelo, qui décida de l’amener à l’hôpital de Manille qui est coûteux mais compétent. Ils ont vite décelé le problème majeur, c’est le foie qui empoisonne le reste du corps, en particulier le cerveau, le cœur, les reins. Nous pensions tous que nous allions perdre l’Abbé Suelo et l’abbé Fortin de la FSSPX eut la gentillesse de lui donner les derniers sacrements, pendant que quatre de ses confrères vinrent prier pour lui. Les médicaments de désintoxication furent extrêmement chers, ainsi le coût global des frais d’hôpital de l’abbé Suelo correspond à ceux de la construction du séminaire. Après deux semaines, l’Abbé Suelo est sorti de son coma, et sa réactivité s’améliore (forte poignée de main, bras et jambes qui bougent, parfait contact avec les yeux, expressions du visage et capacité de signaler des réponses par oui ou par non). Nourri directement par l’estomac et avec un tube respiratoire relié à sa trachée, l’Abbé est soumis à tous les tourments et humiliations, tout en étant conscient, et son visage exprime parfois une grande détresse. Quand nous avons interrompu les systèmes extraordinaires qui le maintenaient en vie, son corps et son âme n’ont pas flanché. Donc maintenant il est étendu, cloué à sa croix. Priez pour lui, pour que le courage ne lui fasse pas défaut.
La mort de Romeo à Dagohov, sur l’île de Bohol
Romeo était père de 8 enfants, chose remarquable dans un pays ou le contrôle des naissances prévaut et est encouragé par l’Eglise (contrôle naturel des naissances). Dès le début, il a soutenu la Résistance et est venu aider pour superviser la construction du Séminaire, mais malheureusement il n’a pas pu s’en occuper entièrement à cause d’une maladie critique du foie en phase 5. S’il avait été présent, peut être que les piliers de l’édifice supérieur ne seraient pas en danger, mais le pire est qu’il laisse une veuve et 8 orphelins. Et pourtant tout est grâce. Notre apostolat n’a jamais démarré à Bohol et je suis convaincu que cette lourde croix va tout changer.
Le séminaire se porte bien, 5 séminaristes et 3 professeurs (qui pourraient être aidés par des prêtres comme l’abbé Kramer), mais les évènements avec notre cher abbé Suelo ont compliqué les choses, en particulier pour le frère Jean, et il a dû faire une valise avec ses livres et veiller l’abbé Suelo pendant plus de deux mois. L’Abbé Suelo est maintenant à Cebu, et toutes les classes ont donc repris, et chacun de nous veille sur l’Abbé Suelo à tour de rôle.
Trois candidats ont été refusés en septembre dernier, pour plusieurs raisons, et le quatrième, originaire du Kentucky, fut renvoyé en octobre. Un candidat originaire d’Australie est venu faire un test en janvier, mais la pauvreté de l’endroit fut un peu trop dure pour lui, et il nous a fait un don, comme des fidèles de Corée, qui aimeraient que nous achetions une machine à laver le linge.
Mais quand je regarde sur youtube la présentation cinquantiste du séminaire de la FSSP et celle de la FSSPX, je suis franchement dégouté. Cette crise de 2012 a montré que beaucoup de prêtres sont d’accord avec la Résistance sur le plan doctrinal. Il y en a tellement. Mais ils ne souhaitent pas faire le pas, ils ne veulent pas sacrifier leur position et leur réputation au bénéfice de la vérité. Je me rappelle aussi très clairement que Monseigneur Lefebvre conseillait que dans la Fraternité, il n’y ait pas de vœux, SEULEMENT parce que cela compliquerait l’apostolat, mais que sinon il était pour les vœux. Il est donc peut-être temps de bâtir autre chose dans la tradition que des châteaux en Espagne. Le bambou a une belle apparence de toute façon. L’apathie des Pères Capucins montre néanmoins que la Sainte Pauvreté n’est pas la solution à elle seule. Et pourtant en Asie, la crainte bien concrète de manquer d’argent est peut-être le problème le plus important auquel nous et nos fidèles sommes confrontés, et donc, pas de lave-linge.
L’Abbé Picot enseigne maintenant l’Histoire de l’Eglise, la Liturgie, le Latin et donne parfois la conférence spirituelle journalière à 18h30 avant la récitation du Rosaire. Cela me laisse plus de temps pour enseigner les principaux sujets en Philosophie, Théologie et en Droit Canon. Le frère Jean enseigne le Latin chaque jour en l’absence de l’Abbé Picot. (son absence de deux mois a laissé un vide ici). Quand il sera ordonné prêtre, il s’occupera des sujets mineurs, tout en assurant la célébration quotidienne de la messe qui était célébrée dans le passé par l’abbé Suelo. Le choix des confesseurs va s'élargir pour les séminaristes, et pendant un an je ne devrais plus enseigner la Théologie, parce que les trois autres seront encore dans leur année de philosophie, et notre candidat carmélite fera son noviciat sous la houlette du futur père Jean, Deo volente. Les bâtiments du séminaire sont maintenant completss et pourraient accueillir quatre autres séminaristes et un prêtre en plus. Il se peut qu’un nous rejoigne de façon permanente, grâce à vos bonnes prières. J’ai décidé de me risquer à couper des bambous pour ajouter une tour en bambou de 6 mètres sur 6, à cause de vos dons très généreux, chers bienfaiteurs.
Les tribulations de la Résistance
L’année 2016 sera une dure année pour notre Opération Survie. Aux dernières nouvelles, je ne pense pas que beaucoup de prêtres vont nous rejoindre. Et certains qui avaient donné leur confiance aux Evêques Williamson et Faure, font marche arrière. Nous tous ici en Austrasie, (moi-même, les Abbés Picot (Suelo), Valan, Pancras, Suneel, Nariai) n’avons jamais pensé que Monseigneur Williamson était parfait. Il est probable, et même très probable, que nous sommes encore plus imparfaits et plus faillibles que lui, et tout aussi imparfait qu’il soit, il a mené le combat sur plusieurs fronts dans le passé (contre la liberté religieuse, la religion de l’Holocauste, les cacahuètes du Cardinal Hojos, etc). Donc la question essentielle est celle-ci : est-ce que Monseigneur Williamson nous ramène au Novus Ordo ? Est-ce qu’il punit ses prêtres parce qu'ils ne suivent pas une ligne libérale, comme le fait Monseigneur Fellay ?
Et puis l’autre question: est-ce que nous, qui constituons un nouveau « vestige » méritons un chef parfait de la même veine que Monseigneur Lefebvre ou Monseigneur de Castro de Mayer ? Ou bien méritons-nous une série de poupées russes (pour utiliser l’excellente métaFAURE) ?

[…] Il y a beaucoup d'autres batailles ailleurs, comme en Corée où le procès entre le docteur Kim et la néo-FSSPX est clôturé; la Cour a divisé en parts égales les avoirs du prieuré. A Bangkok, la famille qui sert de contact a été très éprouvée, et cela très vite après avoir rejoint la Résistance. Ailleurs, des incompréhensions surgissent parfois, mais il se peut qu'il y ait une seconde vocation en Corée (en fait il s'agit du 5ème candidat que j'ai refusé cette année, et Dom Thomas n’est pas sûr du possible postulant carmélite brésilien). Je vois d'autres visages à Tokyo, à Séoul, à Bangkok, Kuala Lumpur et à Singapour, mais ce n'est pas une augmentation ni un développement spectaculaire. On peut dire que les choses se présentent mieux en Asie. Aux Philippines, nos 4 groupes sur l'île de Luzon sont très fragiles pour différentes raisons, le plus spectaculaire est la chapelle Saint Raphael à Nueva Ecija, au nord de Manille. Les hommes placent leurs chapelets sur le rétroviseur bien sûr, mais c'est là la limite de leur dévotion. La plupart des habitudes catholiques ont disparu après 50 années sous Vatican II ... (à quoi vous attendez vous, monsieur l'abbé ?). Une vieille dame irritée a fait appel à un prêtre du nouvel ordo là-bas, pour s'occuper du groupe après notre passage, mais notre fidèle principal ne l'a pas laissée faire et donc nous y retournerons. 
L'ordination du Père Jean OCD, le 29 juin prochain, fera pencher la balance en notre faveur à Luzon, je pense. Mais il aura à gravir une montagne élevée; et la moindre des difficultés n'est pas le monastère Carmélite qu'il programme d'ouvrir à Laguna. Un postulant est arrivé et il est possible que Dom Thomas d'Aquin nous en envoie un deuxième en provenance du Brésil. Ne cuisons pas nos poulets, pour ce qui est de l'aspect matériel, le Frère Jean a quelques personnes sur lesquelles il peut compter. Il déclare que la communauté de Laguna est intéressée par la Tradition. A Leyte, le travail de l'abbé Picot prend racine. Il construit une église à Maasin qui pourra accueillir 100 fidèles, et à Hindang il y a déjà 20 fidèles accueillis dans une cathédrale de contreplaqué construite par un de nos croisés, célèbre sur facebook. A Ormoc, un meurtre brutal a eu lieu au vu et au su de tout le village. Les gens ont été sous le choc mais cet événement tragique a beaucoup renforcé la cohésion de la paroisse. A Cebu, les indigènes de la vallée de Pamutan sont toujours attendus, mais si on s'en tient à Cebu, la communauté s’agrandit. A Mindanao, il y a 5 groupes dont 4 qui sont des petits groupes, pendant ce temps à Camiguin les choses démarrent maintenant que la chapelle en béton est terminée. La procession que nous avons organisée et à laquelle participaient entre 70 et 80 fidèles, le jour de fête, a sidéré les locaux qui suivent le nouvel ordo. Plusieurs centaines d'entre eux attendaient le début de funérailles au moment où nous avancions en procession, en chantant et en priant, avec toutes les statues et les drapeaux. 
L'abbé Picot a eu quelques accrochages sur la route en Australie, mais peut être fallait-il s'y attendre. Notre nouvelle chapelle en Nouvelle Zélande a une bonne taille, mais pourtant aucune vocation sacerdotale ne s'est encore manifestée, ce qui signifie que cela prendra du temps avant que cette partie de l'Austrasie vole de ses propres ailes, ce qui n'est pas le cas de l'Inde ou la victoire de la Croix se sent déjà.