12 février 2007

[FSSPX Belgique] Signature entre le diocèse de Bordeaux et l'Institut du Bon Pasteur

SOURCE - FSSPX Belgique - 12 février 2007

Le 1er février 2007 a été signée une convention entre le diocèse de Bordeaux et l'Institut du Bon Pasteur. Le document se réfère au décret d'érection du 8 septembre 2006 de la Commission pontificale Ecclesia Dei, et fixe les conditions dans lesquelles l'Institut du Bon Pasteur peut disposer de l'église Saint-Eloi dont il est rappelé que le diocèse de Bordeaux est l'affectataire.

Cet accord stipule que l'archevêque nomme le curé et le vicaire de la paroisse personnelle Saint-Eloi confiée à l'Institut du Bon Pasteur, sur proposition de son supérieur général. Les offices et sacrements de la paroisse personnelle doivent être célébrés exclusivement dans l'église Saint-Eloi. Les processions et autres manifestations hors de l'église seront soumises à l'autorisation écrite de l'archevêque. Le cardinal Jean-Pierre Ricard se réserve la possibilité de célébrer dans l'église Saint-Eloi. Ses lettres pastorales et autres textes officiels devront être lus dans l'église où un panneau sera mis à la disposition des avis et annonces du diocèse.
 
Au plan matériel, les quêtes ordinaires reviendront à la paroisse personnelle, et les quêtes prescrites par l'archevêque devront être « annoncées, collectées et remises » au diocèse, tout comme le denier du culte.
 
Cette convention est établie ad experimentum pour cinq ans, mais elle « sera soumise à réévaluation chaque année pendant cinq ans ».

Dans un texte de présentation, daté du 2 février et disponible sur le site Internet de son diocèse, le cardinal Ricard précise le sens et la portée de cette convention. Il prend acte des nouvelles dispositions du supérieur de l'Institut du Bon Pasteur : « Une lettre personnelle que m'a adressée l'abbé Laguérie, souhaitant, après des années de polémique, nouer avec le diocèse des relations plus fraternelles, m'a convaincu que le temps était venu de signer avec l'Institut une convention ». Et il poursuit : la signature de cet accord est «l'expression d'une volonté d'accueil et de communion dans le diocèse de Bordeaux de ces prêtres et de ces fidèles qui ont souhaité retrouver la pleine communion avec le Siège de Rome».

Dans un entretien accordé à La Croix du 4 février, l'archevêque de Bordeaux ajoute : «Je dois avouer que j'ai été inquiet après la création de cet Institut par Rome par des affirmations comme « Nous avons gagné », « Nous n'avons rien cédé », « Nous serons les sauveurs d'une Église en ruine » ! De tels propos ont eu des effets ravageurs. La signature d'une convention dans cet état d'esprit n'aurait pas été possible. Or, je sens aujourd'hui chez l'abbé Laguérie et les prêtres de l'Institut du Bon Pasteur une volonté d'être en pleine communion avec Rome et d'intégrer, sous ma responsabilité épiscopale, la famille diocésaine».
 
Dans sa présentation sur Internet, le cardinal Ricard situe la paroisse personnelle Saint-Eloi dans la « pastorale d'ensemble » du diocèse de Bordeaux : « Elle prend sa place parmi les autres communautés, où cette liturgie est célébrée en accord avec l'archevêque : chapelles du Christ-Rédempteur (à Talence) et de Saint-Germain (à Auros), église Saint-Bruno (à Bordeaux). (...) Cette paroisse personnelle a les mêmes droits et devoirs que les autres paroisses du diocèse, tels qu'ils sont définis par nos statuts diocésains et le droit universel de l'Eglise ». Et pour éviter tout malentendu, une commission spéciale est mise en place : « Sur la suggestion du Conseil presbytéral, j'ai décidé la création d'une commission de dialogue (de 5 à 7 personnes) qui sera en relation habituelle avec cette paroisse confiée à l'Institut du Bon Pasteur et aidera à une meilleure connaissance réciproque ».
 
Un communiqué commun du 1er février, signé par le cardinal Ricard et l'abbé Laguérie, donne l'esprit qui préside à la conclusion de cet accord. Il s'agit de donner « un cadre pour une connaissance mutuelle et un dialogue constructif. Le respect mutuel permettra un débat serein sur la réception du Concile Vatican II, en fidélité au Magistère, et sur les enjeux d'une évangélisation aujourd'hui ». Dans son texte de présentation, le cardinal Ricard fait savoir ce qu'il entend concrètement par « débat serein sur la réception de Vatican II » : « Le 8 septembre dernier, les prêtres de cet Institut ont déclaré ‘accepter la doctrine, contenue dans le n°25 de la Constitution dogmatique Lumen Gentium du Concile Vatican II sur le Magistère de l'Eglise et l'adhésion qui lui est due'. Ils ont accepté aussi de préciser : ‘A propos de certains points enseignés par le Concile Vatican II ou concernant les réformes postérieures de la liturgie et du droit, et qui nous paraissent difficilement conciliables avec la Tradition, nous nous engageons à avoir une attitude positive d'étude et de communication avec le Siège Apostolique, en évitant toute polémique' (Acte d'adhésion - Il s'agit de la formula adhaesionis que la Commission Ecclesia Dei exige des prêtres qui quittent la Fraternité Saint Pie X, ndlr). Il est donc possible - poursuit le cardinal Ricard - en fidélité au Magistère actuel, de pouvoir parler avec les membres de l'Institut et avec les fidèles qui les rejoignent, des différents points qui leur font difficulté dans le Concile Vatican II ». Et de préciser : « Le Concile Vatican II, situé dans toute la Tradition de l'Eglise, est pour nous, comme l'ont dit les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, une ‘boussole' pour notre marche ecclésiale ».
 
A la fin de son entretien dans La Croix, le cardinal Ricard répond à deux questions : l'une sur la possible extension de cette convention, l'autre sur l'éventualité d'un Motu proprio libéralisant la messe tridentine :
 
- L'abbé Laguérie avait estimé que cette convention pourrait servir de « prototype » pour d'autres diocèses : le président de la Conférence des évêques que vous êtes encourage-t-il une telle diffusion ?
 
- Cette convention est faite pour le diocèse de Bordeaux et fait référence à une situation particulière. Il est toujours possible de s'en inspirer, mais chaque évêque reste juge dans son diocèse de l'opportunité ou pas de faire appel à l'Institut du Bon Pasteur.
 
- La décision du 8 septembre a provoqué une onde de choc dans le catholicisme français et beaucoup d'interrogations subsistent à propos d'un éventuel Motu proprio libéralisant la messe tridentine. Vous êtes membre de la commission Ecclesia Dei en charge de ce dossier à Rome, le Saint-Siège va-t-il vraiment poursuivre cette voie de réforme ?
 
- Benoît XVI souhaite poursuivre un travail de réconciliation avec ces prêtres et fidèles qui ont quitté la pleine communion avec le Siège de Pierre (en particulier la Fraternité Saint-Pie-X). Il se pose également la question d'une « libéralisation » de la messe tridentine. Le pape a en mains tous les éléments du dossier. Il prend son temps avant d'arrêter sa décision sur une question de cette importance.