26 février 2016

[Nicolas Senèze - La Croix] La Fraternité Saint-Pie-X croit possible une reconnaissance unilatérale par le pape

SOURCE - La Croix - 26 février 2016

Mgr Alfonso de Galaretta, un des quatre évêques de la FSSPX, a révélé que la Congrégation pour la doctrine de la foi a officiellement proposé à la FSSPX le statut de prélature personnelle à l’été 2015.
Dans une conférence donnée le 17 janvier à Bailly (Yvelines), Mgr Alfonso de Galaretta, un des trois évêques de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX), est revenu sur les discussions des intégristes avec Rome, évoquant la possibilité d’une « reconnaissance unilatérale » de la FSSPX par le pape.
Dans cette conférence, dont le texte a été diffusé par Dici, le site d’information officiel de la FSSPX, Mgr de Galarreta indique que, à l’été 2015, la Congrégation pour la doctrine de la foi a officiellement proposé à la FSSPX le statut de prélature personnelle, accompagné d’une proposition de déclaration doctrinale à accepter par les lefebvristes.

Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité, « a envoyé les deux textes romains à tous les supérieurs majeurs et à quelques théologiens de la Fraternité, ainsi qu’aux évêques pour qu’on lui donne notre avis », a expliqué Mgr de Galarreta qui a ensuite développé le contenu de la déclaration doctrinale.

« Ils enlèvent des conditions pour essayer d’arriver à un accord »

« Ce que l’on voit, c’est qu’il n’y a plus la profession de foi du cardinal Ratzinger. Les autorités romaines nous demandent la profession de foi de Pie IV, c’est-à-dire la profession de foi du concile de Trente », explique l’évêque argentin. « Ensuite, dans la précédente proposition, il y avait un paragraphe sur la liberté religieuse. Ils ont supprimé cette exigence. L’œcuménisme est supprimé. Sur la messe ils nous demandent de reconnaître la validité des nouveaux sacrements, de la nouvelle messe, selon l’édition typique, l’édition latine originale. Ce que la Fraternité a toujours reconnu. Voyez, ils enlèvent des conditions pour essayer d’arriver à un accord. »

Selon Mgr de Galarreta, ces propositions romaines demeurent néanmoins insuffisantes. « Eux, ils entendent surtout et toujours nous faire accepter, au moins vaguement, au moins en principe, le concile Vatican II et ses erreurs », estime Mgr de Galarreta pour qui, dans la proposition de prélature personnelle reflète toujours « d’une façon ou d’une autre, une soumission par rapport aux dicastères romains ou par rapport aux évêques ».

« Un accord avec la Rome actuelle est exclu »

« Pour moi, un accord avec la Rome actuelle est exclu », juge donc Mgr de Galarreta même s’il estime ne pas refuser un accord « de façon absolue et théorique » comme le fait Mgr Richard Williamson, animateur d’une « résistance » dans le mouvement intégriste et qui vient d’annoncer son intention d’ordonner illicitement un nouvel évêque le 19 mars prochain.

Selon Mgr de Galarreta, ce refus d’un accord avec Rome pourrait néanmoins ne pas empêcher le pape François de conférer de lui-même un statut à la Fraternité Saint-Pie X.

« Ce pape va passer outre toute condition doctrinale »

« Ce pape qui dit à qui veut l’entendre que nous sommes catholiques, qui dit et répète que la Fraternité est catholique, que nous sommes catholiques, qu’il ne va jamais nous condamner et qu’il faut régler notre “affaire”, quand il verra qu’il n’y a pas d’entente avec la Congrégation pour la doctrine de la foi, va passer outre toute condition doctrinale, théorique, pratique, ou quoi que ce soit… »

« Je pense que le pape va aller dans le sens d’une reconnaissance unilatérale de la Fraternité, et plutôt par la voie des faits que par une voie de droit ou légale, canonique », estime donc l’évêque argentin pour qui « cette reconnaissance de fait aura un effet extraordinaire ».