« Elle est plus mère que reine » disait Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus, et j’ose ajouter qu’elle a été de plus en plus mère : mère de Jésus dans sa double maternité divine et humaine – mère de plus en plus spirituelle dans l’ascèse purifiante de l’apostolat de son Fils – mère de St Jean dans son offrande au Calvaire – mère des apôtres dans leurs inquiétudes avant et après la résurrection, lors de l’Ascension – mère du collège apostolique, devenue mère de l’Eglise à la Pentecôte… tout est royal mais surtout maternel dans la vocation de Notre-Dame. Cette maternité donne à sa royauté un cachet de douceur et de persuasion qui nous rend la confiance plus profonde que la simple obéissance. Tant d’auteurs, de saints et de saintes ont aimé contempler Notre-Dame et nous ont livré le fruit de leur contemplation.
Et tous les papes également ont
aimé chanter Notre-Dame. Outre les grands textes pontificaux bien connus,
relevons quelques belles pensées éparses :
Stabat, Marie très sainte se tint
debout et ferme au pied de la croix jusqu'à l'achèvement de la grande
catastrophe. Enfin, elle se retira, et au milieu des ténèbres que Dieu voulut
pour affirmer en quelque sorte à l'univers le deuil de la nature, elle
descendit du Calvaire d'un pas assuré et, sans crainte se rendit à sa demeure,
où l'on peut croire précisément que son divin Fils se présenta à elle la
première pour la consoler; et il est à croire qu'en lui expliquant
l'accomplissement du grand mystère, il lui dévoila aussi les triomphes futurs
de l'Eglise, dont Marie elle-même devait voir les commencements. Pie IX. 20.
IX. 1874.
Nous aimons penser que la Sainte
Vierge ne fut pas absente du mont des Oliviers, lorsque son divin Fils bénit,
pour la dernière fois sur terre, ses disciples et monta au ciel. Qui fut alors
l'âme des premiers fidèles, sinon la Mère de Jésus ? Nous savons qu'elle était
au Cénacle durant les jours d'attente et de prière qui se terminèrent par la
glorieuse manifestation du Saint-Esprit. A elle seule, sa présence fut pour les
Apôtres et les disciples un stimulant à mieux aimer Jésus: la Sainte Vierge fut
pour eux la Mère du bon conseil, la Mère de la véritable et solide piété. Pie
XII 22 mai 1952.
Le mystère de la très grande
charité du Christ envers nous est clairement mis en lumière par ce fait qu'il a
voulu, à sa mort, laisser sa Mère à son disciple Jean, par ce testament
mémorable: " Voici votre fils". Or, en la personne de Jean, selon le
sentiment constant de l'Eglise, le Christ a désigné le genre humain, et, plus
spécialement, ceux qui s'attacheraient à Lui par la foi. C'est dans ce sens que saint Anselme de
Cantorbéry a dit:
"O Vierge, quel privilège
peut être plus estimé que celui par lequel tu es la Mère de ceux dont le Christ
daigne être le Père et le Frère ? " Marie a assuré et rempli généreusement
cette grande fonction et cette mission laborieuse dont les débuts furent
consacrés au Cénacle. Elle a admirablement soutenu les commencements du peuple
chrétien, par la sainteté de son exemple, l'autorité de ses conseils, la
douceur de ses encouragements, l'efficacité de ses saintes prières; vraiment
Mère de l'Eglise, Docteur et Reine des apôtres, à qui elle communiqua également
une part des divins oracles qu’Elle "conservait dans son cœur ".
Léon XIII. 5. IX.1895.
Celle-ci a montré par son exemple
aux apôtres, en ces heureux commencements du sacerdoce, comment ils devaient
être assidus à la prière commune, jusqu'à ce qu'ils fussent revêtus de la vertu
d'en haut; et cette vertu, elle la leur a obtenue certainement, par ses
prières, en bien plus grande abondance, en même temps qu'elle l'a accrue et
fortifiée par ses conseils, pour la plus grande fécondité de leurs travaux. Saint
Pie X Haerent animo, 4 septembre I908.
Le cœur transpercé d'un glaive,
elle se tient debout au pied de la croix de son divin Fils ; au milieu des
apôtres, elle prie et les prépare à recevoir la force d'en-haut pour la
diffusion de la Bonne Nouvelle. Pie XII. 25 octobre 1942.
Désormais, l'immense pouvoir d'intercession
que lui confère auprès de Jésus son titre de Mère, elle le consacre tout entier
à sauver ceux que Jésus lui désigne du haut du ciel, en lui disant encore:
" Femme, voici tes enfants". Demandez, chères enfants, à la Vierge
Immaculée, de vous obtenir un esprit filial vis-à-vis de Dieu. Qu'elle vous
enseigne à prier comme elle le fit dans son Magnificat, le regard tourné vers
le Tout-Puissant avec joie et reconnaissance; qu'elle vous enseigne la
docilité, comme elle le fit à Cana, quand elle suggéra aux serviteurs de faire
tout ce que leur dirait son divin Fils; qu'elle vous obtienne enfin une immense
charité fraternelle et apostolique, comme elle le fit par sa prière au milieu
des premiers chrétiens réunis au Cénacle. Pie XII 17.VII.1954
Le pape Pie XII, enfin, nous a
livré sur sa place dans l’Eglise une pensée splendide : « Plus élevée
que Pierre, vicaire du Christ sur terre, la Mère de Jésus Notre-Seigneur a en
commun avec Pierre, d'une manière qui lui est absolument propre, une dignité,
une autorité, un magistère qui l'associe, comme Reine, au Collège des Apôtres.
A elle qui aime le Christ plus que Pierre, Jésus confia, en la personne de
Jean, sous la croix rédemptrice du monde, en qualité de fils, tous les hommes,
brebis et agneaux d'un troupeau uni et dispersé, en la constituant ainsi divine
Bergère, Mère commune et universelle des croyants, et l'assimilant à Pierre qui
en est le Père commun et universel et le Pasteur terrestre.
C'est elle l'auguste Souveraine
de l'Eglise militante, souffrante et triomphante; c'est elle la Reine des
saints, elle la maîtresse de toute vertu, de l'amour et de la crainte, de la
science et de la sainte espérance. C'est pour elle qu'a germé la blanche rose
du Paradis; c'est pour elle que s'est inaugurée l'ère nouvelle de l'humanité,
où fleurissent, dans les jardins de l'Eglise, les lis, les violettes et les
corolles des plus suaves et merveilleux parfums.
Si Pierre a les clés du ciel,
Marie a les clés du Cœur de Dieu; si Pierre lie et délie, Marie aussi lie, mais
avec les chaînes de l'amour, elle délie, elle aussi, mais avec l'art du pardon.
Si Pierre est le gardien et le ministre de l'indulgence, Marie est la
munificente et sage trésorière des divines faveurs, et "vouloir la grâce
sans recourir à elle, c'est vouloir voler sans ailes"(Dante. Par. XXXIII,
13-15). (Pie XII 21 avril 1940 A des pèlerins génois).
Beau
et fervent mois de mai dans le cœur de notre mère Marie.