L’association Communauté chrétienne Sainte-Rita appelle à se rassembler autour de l’abbé Guillaume de Tanoüarn pour la défense de cette église.
— Monsieur l’abbé, pourquoi cet appel à une mobilisation générale autour de l’église Sainte-Rita du XVe arrondissement de Paris ?
— Sainte-Rita est une magnifique église, une des premières à pouvoir concilier le béton et le gothique ; une église en plein Paris, une église avec une acoustique somptueuse, cristalline.
C’est une église qui ne doit pas disparaître au nom d’un calcul de rentabilité fait par un promoteur qui cherche à bâtir des logements sociaux. Si la rentabilité est toujours supérieure à toute autre considération, on peut se préparer à détruire toutes les églises de Paris en son nom.
— Y a-t-il une alternative à sa destruction ?
— Il y a plusieurs alternatives : plusieurs groupes cherchent à acheter cette église, des orthodoxes, des catholiques, en particulier nous, et il y a aussi un projet alternatif de construction qui prévoit que l’église soit respectée dans sa surface et dans sa hauteur, donc qu’elle ne bouge pas et qu’elle soit, un peu comme Saint-Ignace rue de Sèvres à Paris, l’église des Jésuites, insérée dans un bâtiment plus important. En tout cas, il y a des possibilités.
Evidemment, juridiquement, on pense tout de suite au droit de propriété mais, humainement, je crois qu’on ne peut pas traiter une église comme n’importe quel bien de consommation, et on doit imaginer que ceux qui, aujourd’hui, dimanche 29 mai, et dimanche prochain, 5 juin, en particulier pour la procession de sainte Rita, se préparent à venir, que tous ces gens ne sont pas des occupants sans titre, mais des chrétiens qui font vivre cet espace sacré selon ce qui est sa vocation de toujours.
— Vous pensez donc qu’il est important que l’on puise compter un grand nombre de participants à la procession du 5 juin, que cela peut jouer un rôle dans le fait d’empêcher la destruction de l’Eglise ?
— Je pense qu’aujourd’hui, pour empêcher la destruction de l’église, il faut voter avec ses pieds, et montrer que les chrétiens défendent les édifices qui sont voués au culte du Christ et qu’ils sont prêts, pour les défendre, à se mobiliser très nombreux.
Propos recueillis par Anne Le Pape
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Eglise Sainte-Rita, 27 rue François-Bonvin, 75 015, Paris (sur cette église, voir Présent du 2 janvier 2016). Messes à 11 heures et 16 heures. Dimanche 5 juin, procession avant la messe de 16 heures dans les rues du XVe arrondissement.
----------Le père Argouac’h, de la communauté de Riaumont – inutile de le présenter aux lecteurs de Présent qui le connaissent bien – était à Sainte-Rita ce dimanche 29 mai.
— Mon père, vous êtes donc venu soutenir l’abbé de Tanoüarn ?— Abbé de Tanoüarn : Vous êtes militant dans l’âme ! Vous êtes membre de l’Eglise militante.— Père Argouac’h (riant) : Je ne suis pas encore dans l’Eglise du purgatoire, j’espère ne pas aller en enfer et je ne suis pas encore dans l’Eglise du ciel, mais je suis militant ! Avec vous, pour défendre l’Eglise dans ce site extraordinaire.J’ajoute que je dois beaucoup à sainte Rita, parce que mon ordination à Toulon étant très compromise, j’avais décidé de remplir ma cantine et de repartir pour Riaumont, quand l’abbé Philippe Le Pivain, qui avait une relique de sainte Rita, l’a prise sur lui pour aller voir l’évêque, Mgr Madec. Celui-ci, qui avait déclaré qu’il ne m’ordonnerait pas, a changé d’avis en une minute – grâce à sainte Rita !
— Le combat pour cette église vous paraît important ?
— Oui ! Vous pouvez le dire et l’écrire !
A.L.P.