SOURCE - Abbé P. Troadec, fsspx - LAB du séminaire St-Curé-d'Ars n° 89 - 31 mai 2016
Chers amis et bienfaiteurs,
Chers amis et bienfaiteurs,
Voilà déjà 25 ans que Mgr LEFEBVRE a été rappelé par le bon Dieu. Aussi, est-ce l'occasion pour moi de lui exprimer une nouvelle fois ma reconnaissance pour tout ce que nous avons reçu de lui.
Mgr LEFEBVRE était un homme de Dieu. Il était par conséquent un homme d'Église. En effet, « nul ne peut avoir Dieu comme Père, qui n'ait l'Église comme Mère (1) », disait saint Cyprien. Son amour de l'Église l'a conduit à lui donner sa vie. C'est aussi en raison de cet amour que ses supérieurs l'ont élevé à l'honneur et à la lourde charge de l'épiscopat, puis l'ont nommé délégué apostolique en Afrique ainsi que membre de la Commission centrale préparatoire au Concile et assistant au trône pontifical.données des années 1986 à 1995 pour discerner les différences de profil de séminaristes entre cette période et les 20 dernières années.
Ce même amour de l'Église l'a contraint à refuser les nouvelles orientations données par les hommes d'Église après le Concile Vatican II et notamment la nouvelle messe qui en est l'un des fruits les plus déplorables car elle fait perdre le sens du sacré et le sens du sacrifice.
Mais il ne s'est pas contenté de dénoncer les erreurs. Comme il le disait à la fin de sa vie : « Je ne me contente pas d'assister les bras ballants à l'agonie de ma Mère la Sainte Église (2). » Et avec son sens pratique avisé, il ajoutait : « C'est tout un tissu de vie sociale chrétienne, de coutumes chrétiennes, de réflexes chrétiens, qu'il nous faut restaurer, à l'échelle que Dieu voudra, le temps que Dieu voudra. Tout ce que je sais, la foi nous l'enseigne, c'est que Notre Seigneur Jésus-Christ doit régner ici-bas, maintenant et non seulement à la fin du monde, comme le voudraient les libéraux (3) ! ».
C'est ainsi qu'il a fondé une oeuvre sacerdotale avec pour mission de donner à l'Église les prêtres dont elle a besoin : la Fraternité Saint-Pie X. Et pour susciter de bonnes et saintes vocations, il s'est intéressé également aux écoles catholiques. En effet, dans les statuts de la Fraternité, il est écrit : « Les écoles catholiques seront encouragées et éventuellement fondées par les membres de la Fraternité. C'est d'elles que sortiront les vocations et les foyers chrétiens.»
45 ans plus tard, nous pouvons apprécier la justesse de son analyse. À la place qui est la mienne au sein du Séminaire Saint-Curé-d'Ars, j'admire avec mes confrères les fruits merveilleux provenant de l'éducation de familles saines et équilibrées et ceux issus de bonnes écoles. La vocation sacerdotale ou religieuse germe spontanément dans ce terreau favorable chez les âmes bien disposées.
Le père Marcel à Donguila
L'histoire de l'un des séminaristes actuellement à Flavigny mérite d'être racontée car elle est liée directement à l'ancien missionnaire que fut Mgr LEFEBVRE. En effet, lorsque le père LEFEBVRE était à Donguila au Gabon, il recueillit un petit enfant orphelin de père et de mère qui passa plusieurs années à la mission. Cet enfant a été marqué à vie par le futur évêque de Dakar, alors qu'il était simple prêtre, au point qu'il le considérait presque comme son père. Il a surtout reçu du père Marcel son amour de la messe. Devenu adulte, il s'est marié et a eu 9 enfants. L'un d'entre eux a eu à son tour 9 enfants dont l'un est séminariste à Flavigny.
Or ce séminariste a raconté à quel point il a toujours admiré son père et désiré lui ressembler. Et voyant son père assister presque tous les jours à la messe, à l'âge de l'adolescence, il s'est dit que pour reproduire plus tard ses vertus, il se devait lui aussi d'assister à la messe quotidiennement. Ce qu'il a fait. Et finalement, son amour de la messe ne faisant que croître, il a décidé de frapper à la porte du séminaire pour devenir prêtre. Ainsi, aujourd'hui encore, nous voyons les fruits merveilleux de l'apostolat de Mgr LEFEBVRE en Afrique dans les années 1940.
J'ai transmis ce que j'ai reçu.
Quant aux séminaristes qui n'ont pas eu la grâce d'être issus d'une famille traditionnelle, il est remarquable de constater qu'ils ont, eux aussi, été impressionnés un jour ou l'autre par la figure de Mgr LEFEBVRE. Ainsi, l'un des séminaristes actuellement à Flavigny a toujours été catholique pratiquant. Cependant, pendant son enfance, il assistait à la nouvelle messe et plus il grandissait, plus il se demandait quel en était l'intérêt, au point qu'une fois adolescent, il songea à abandonner toute pratique religieuse comme le font beaucoup de jeunes actuellement. Heureusement, la Providence veillait. En effet, un beau jour, alors qu'il était âgé de 13 ans, il découvrit la messe traditionnelle par l'intermédiaire de religieux d'une communauté Ecclesia Dei. Là, immédiatement, il fut subjugué par la messe de toujours. Cependant, au fil du temps, il a fini par éprouver une certaine gêne en entendant les sermons qui manquaient de clarté du point de vue doctrinal. Il entendait par exemple les prêtres faire l'éloge des derniers papes qui ont été à la source de l'affadissement de la foi et des déviations conciliaires. C'est pourquoi il se demandait comment ces prêtres pouvaient associer la messe traditionnelle avec une doctrine libérale.
Aussi, voulant mieux connaître l'origine de la crise religieuse, il s'est rendu sur internet et est tombé sur le site « La Porte Latine ». Là, il a écouté de nombreux sermons et conférences de Mgr LEFEBVRE. Touché alors par la clarté de son discours et la profondeur de ses paroles, il a fini par m'adresser un courrier dans lequel il m'écrivait : « Mgr LEFEBVRE a voulu que l'on mette sur sa tombe la parole de saint Paul : j'ai transmis ce que j'ai reçu, eh bien moi, je veux à mon tour transmettre ce que j'ai reçu de Mgr LEFEBVRE.»
Mgr LEFEBVRE sur YouTube
Les parcours des séminaristes étant très divers, voici comment un autre est arrivé à Flavigny en octobre dernier. Il a eu la grâce de recevoir une bonne formation religieuse durant son adolescence, par un professeur laïc, mais n'a cependant pas connu tout de suite la messe traditionnelle. Ce n'est que vers l'âge de 22 ans que ce professeur lui a fait découvrir la messe tridentine. Mais ce séminariste, à l'inverse du précédent, n'a pas du tout été emballé par cette messe. Il a été très gêné par le fait qu'il n'y comprenait rien et qu'il n'arrivait pas à la suivre, ne sachant comment participer à une liturgie dont il ne connaissait pas la langue, ni comment combler les temps de silence qui jalonnent la messe. Aussi, après avoir remercié aimablement son professeur, il a continué à assister aux nouvelles messes, jusqu'au jour où il en a parlé à un ami qui avait connu la messe traditionnelle en même temps que lui, mais qui, lui, avait continué à y assister tous les dimanches. Ce dernier lui dit : « Ce n'est pas étonnant que tu n'aies rien compris à la messe traditionnelle.
Pour la goûter vraiment, il faut y aller régulièrement. » Le séminariste raconte alors comment, fort de ces paroles, il a assisté à la messe tous les jours durant 6 mois, vivant une vie quasi érémitique, partageant son temps entre la prière et l'étude. Appréciant de plus en plus la grandeur et la beauté du saint sacrifice de la messe, il a éprouvé le désir de faire une retraite pour savoir ce que Dieu attendait de lui. Au fond de son coeur, il espérait bien que le bon Dieu le laisserait à son idée de s'engager un jour dans la voie du mariage car depuis son plus jeune âge il pensait fonder une famille. Mais le bon Dieu en avait décidé autrement. En effet, au sortir de la retraite, il a eu l'intime conviction que le bon Dieu le voulait à son service. Cependant, restait à savoir dans quel séminaire il pourrait concrétiser sa vocation. Il était alors gêné de ce que la Fraternité Saint-Pie X ait perdu sa reconnaissance canonique suite aux démêlés de Mgr LEFEBVRE avec Rome en 1975. Cherchant à mieux connaître les raisons de ses convictions, il est allé sur YouTube et il est tombé sur un sermon qu'il avait donné en 1974 dans sa langue maternelle. Et là, immédiatement, il a été conquis. Il s'est dit en lui-même : « Cet évêque qui affirme avec tant de conviction la doctrine catholique dans toute son amplitude, cet évêque qui ose défendre haut et fort le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ, ce que je n'ai jamais entendu dans la bouche d'un autre évêque, comment serait-il possible qu'il soit excommunié, hors de l'Église ? Ce n'est pas possible. C'est évident que c'est lui qui a raison. J'entre dans l'un de ses séminaires. » Deux mois de prière intense suivis d'une neuvaine au Saint-Esprit ont achevé de lui enlever ses derniers doutes. Et maintenant, il est très satisfait de son choix.
Vous voyez ainsi comment Mgr LEFEBVRE continue aujourd'hui l'oeuvre qu'il a entreprise de son vivant en éclairant les jeunes de bonne volonté et en les menant sur la voie du sacerdoce.
Cela doit vous encourager à poursuivre vos prières pour que le bon Dieu suscite de nombreuses et saintes vocations pour le bien de vos âmes et celui de vos enfants.
Mgr LEFEBVRE au service de l'Église
Nous pouvons ajouter que l'action de Mgr LEFEBVRE au sein de l'Église a été encore plus étendue que celle que nous voyons au sein de la Fraternité Saint-Pie X ou des communautés amies, car il ne faut pas oublier que la liberté redonnée à la messe traditionnelle par le Motu proprio de 2007 lui est due. En effet, lorsque le pape Jean-Paul II a accordé la possibilité de la célébration de la messe traditionnelle à la Fraternité Saint-Pierre en 1988, c'était dans le but d'amener les fidèles à quitter la Fraternité Saint-Pie X pour bénéficier des privilèges accordés à cet Institut, mais c'est bel et bien grâce à Mgr LEFEBVRE que les prêtres de cet Institut ont obtenu alors la possibilité de célébrer dans ce rite. Et ce qui a été accordé depuis par le Motu proprio de Benoît XVI, n'est qu'une conséquence de cette démarche initiale. Aussi, les prêtres de ces Instituts qui aujourd'hui célèbrent la messe traditionnelle et les fidèles qui y assistent ne doivent pas oublier qu'ils le doivent à Mgr LEFEBVRE. Ceci montre bien que Mgr LEFEBVRE fut réellement un homme de Dieu et que sa fermeté face au courant novateur jointe à la reconnaissance des autorités en place a été l'attitude la plus adaptée pour faire face à la crise douloureuse que l'Église traverse depuis le Concile Vatican II.
En voyant les fruits merveilleux produits dans l'Église grâce à Mgr LEFEBVRE, notre souhait le plus cher est que le pape en personne lui rende justice un jour et reconnaisse devant toute l'Église que le prélat d'Écône ne fut pas un dissident réfractaire, ni un orgueilleux entêté, mais un homme humble, soumis à Notre Seigneur Jésus-Christ et à son unique Église, la sainte Église catholique romaine, et c'est pourquoi il fut allergique aux erreurs qui ont infiltré l'Église sous la forme du libéralisme, du modernisme et du faux oecuménisme, erreurs maintes fois condamnées par les papes des XIXème et XXème siècles jusqu'à Pie XII inclus.
C'est le même amour de Notre-Seigneur et de son Église que les prêtres du Séminaire transmettent aujourd'hui aux séminaristes et aux frères pour le plus grand bien de vos âmes et de celles de vos enfants. Nous vous remercions vivement pour votre soutien et nous vous assurons de nos prières reconnaissantes, le chapelet étant récité quotidiennement en communauté à vos intentions.
Abbé Patrick Troadec, Directeur,
Le 31 mai 2016, en la fête de Marie Reine