SOURCE - Edward Pentin - ncregister.com - 24 mai 2016
Le Cardinal Gerhard Müller a déclaré qu'il attend de la Fraternité Saint-Pie X, qui s’est toujours opposée aux déclarations du Concile Vatican II sur la liberté religieuse et l'œcuménisme, qu’elle «reconnaisse sans réserve» la liberté de religion comme un droit humain, et une obligation d’oecuménisme.
Le Cardinal Gerhard Müller a déclaré qu'il attend de la Fraternité Saint-Pie X, qui s’est toujours opposée aux déclarations du Concile Vatican II sur la liberté religieuse et l'œcuménisme, qu’elle «reconnaisse sans réserve» la liberté de religion comme un droit humain, et une obligation d’oecuménisme.
Dans une interview dans le numéro de Juin de la publication allemande Herder Korrespondenz, le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a dit que si l'on «veut être pleinement catholique, il faut reconnaître le Pape et le Concile Vatican II. »
Le Cardinal Müller a déclaré qu'il attend une reconnaissance de toutes les déclarations du Conseil qui traitent de ces questions, selon l'interview, dont rend compte ce 24 mai le site catholique autrichien Kathpress.
Ses commentaires viennent après les bruits selon lesquels la Fraternité Saint-Pie X, qui continue à s’opposer aux enseignements clés du Concile Vatican II concernant l'oecuménisme, la liberté de religion et les aspects de la réforme liturgique, pourrait être près d'être reconnue par le Saint-Siège.
En 1988, le fondateur de la Société, Mgr Marcel Lefebvre, a ordonné quatre évêques contre la volonté expresse du pape saint Jean-Paul II. Tous les cinq ont encouru l'excommunication automatique et, bien que Benoît XVI les ait levées en 2009, la société est restée dans une situation canoniquement irrégulière.
Auparavant, ce mois-ci, le supérieur général de la FSSPX, Mgr Bernard Fellay, a déclaré au Register que certains, à Rome, ont fait savoir à la Fraternité qu'il était maintenant possible de remettre en question les enseignements du Conseil sur ces questions «tout en restant catholiques.»
« Cela signifie également que les critères qu'ils nous imposeraient, pour que nous leur prouvions que nous sommes catholiques, ne seront plus ces points» a-t-il dit. «Pour nous, cela serait très important.» En outre, il a souligné que Rome avait deux approches différentes: «Nous devons distinguer la position du pape qui est une chose, de la position de la CDF», a déclaré Mgr Fellay, qui a également insisté que la FSSPX ne compromettrait pas sa position. «Ils n'ont pas la même approche mais ont la même conclusion, qui est de régler le problème en donnant la reconnaissance à la Société.»
Il a ajouté qu'il était «convaincu, au moins en partie, d’une approche différente» qui consiste à donner «moins d'importance au problème que nous considérons comme important, à savoir le Concile: c’est-à-dire de rendre le Concile moins obligatoire». Selon Mgr Fellay, le Pape voit la doctrine comme «un obstacle certain dans les rapports entre personnes», qui s’oppose à son souhait de voir «tout le monde sauvé», et il dénoue un nœud, «pour nous atteindre».
Mais le cardinal Müller, qui insiste nettement plus que le Saint-Père pour que la FSSPX adhère à l'enseignement du Concile, a déclaré au Herder Korrespondenz que l'on ne peut écarter le Concile comme «un simple bavardage pastoral», simplement parce qu’il n'a pas adopté de dogmes contraignants.
Le préfet de la CDF a dit qu’aucun pape n'a jamais proclamé la résurrection du Christ comme un dogme ex cathedra [infaillible], et pourtant cela «relève du centre de la foi, c’en est le fondement».
« Les déclarations clés, même si elles ne sont pas annoncés ex cathedra [infaillibles], sont cependant essentielles pour nous autres catholiques » a-t-il dit, ajoutant qu'il est «pas acceptable d’en prendre certaines en rejetant les autres»
Le Cardinal Müller a également déclaré dans l'interview qu’il n’y a pas besoin d’être fasciné par chaque homélie d'un évêque ou du pape. Seul doit être accepté le magistère, qui est une déclaration de foi, a souligné le cardinal, selon le compte-rendu de Kathpress.
«La liberté religieuse comme droit humain fondamental, et la liberté d’une religion [une conviction, NdT] véridique quant à la révélation surnaturelle en Jésus-Christ, doivent être reconnus sans réserve par tous les catholiques», a-t-il dit en référence aux déclarations du Concile sur ces sujets.
La reconnaissance du Concile Vatican II est un obstacle à surmonter qui n’est «pas excessivement élevé», a-t-il dit, ajoutant que c’était plutôt «le remède adéquat pour entrer en pleine communion avec le Pape et les évêques en communion avec lui». Le préfet de la CDF a en outre affirmé que la relation de François à la FSSPX ne diffère pas de celle du pape émérite Benoît XVI. « Il voit ce groupe et d’autres, similaires, comme catholiques, mais encore sur le chemin vers la pleine unité catholique ».
Un peu avant, ce mois-ci, François a laissé entendre que la réconciliation pourrait être proche, en disant au quotidien catholique français La Croix le 16 mai que la FSSPX est «catholique, en chemin vers la pleine communion» et que «un bon dialogue et du bon travail ont lieu».
Il a également reçu Mgr Fellay pour la première fois en audience privée le mois dernier, et a dit à La Croix que c’est « un homme avec qui on peut dialoguer ».
L'année dernière, le pape a fait sa première ouverture envers la Fraternité en annonçant que les confessions de la FSSPX seraient valides et licites pendant et après l'Année jubilaire de la Miséricorde. Jusque là, Rome les considérait comme canoniquement invalides parce qu'il leur manquait la juridiction nécessaire.