14 février 2017

[Luc Perrin - Le Forum Catholique] Une démarche judicieuse

SOURCE - Luc Perrin - Le Forum Catholique - 14 février 2017

Je l'ai déjà écrit à de nombreuses reprises et dès les premiers signaux donnés par le pape François, le Kasperic coulera et son naufrage sera douloureux : on voit déjà les souffrances (FMI, Ordre de Malte, des cardinaux etc.) qui accompagnent l'eau qui a commencé à envahir le navire.

Le kaspéro-catholicisme n'entraîne aucun renouveau nulle part : il paralyse les forces vives qui avaient revitalisé l'Église de 1975 à 2013, ne suscite aucun réveil des vocations là où elles manquent - bien au contraire -, sème le trouble chez les catholiques engagés et la confusion dans le grand public.

Il est juste de bien étudier le statut, ses stipulations dans le détail : la secousse infligée à l'Ordre de Malte ne manque pas d'inquiéter, comme la destruction des FMI et SMI.
Certains ont noté que la destruction de la Prélature de la même façon serait "politiquement" plus difficile puisque le pape aurait engagé au préalable tout son poids pour cette reconnaissance. Notons que les gestes du pape ont été constants depuis son élection en 2013 et sans les hésitations ou les zigzags de Benoît XVI.

On peut penser que le pape aura en effet à surmonter pour cela de grosses oppositions : Jean-Paul II a reculé devant elles à plusieurs reprises (1984-1986), en 1988, en 2001-2002 ; Benoît XVI a multiplié les hésitations et temporisations comme on sait jusqu'à une débandade complète en 2012 prélude à sa démission annoncée en février suivant.
Ce n'est pas mince : François est peut-être en capacité de vaincre ce mur curial, épiscopal et venant d'ordres/congrégations religieuses, sans parler de lobbies catholiques laïcs puissants (ex. les media dits catholiques). 3 papes, si on compte quelques velléités de Paul VI, ont capitulé en partie devant ce mur du refus. De petites portes ont été cependant ouvertes (les instituts E.D., SP) dans ce mur, les papes ont continué à parler à la FSSPX par dessus ce mur.

L'idée d'avoir fait une place, bien entourée de barrières, à une réserve d'Indiens tradis peut satisfaire les pragmatiques de la Curie et parmi les évêques. Comme les kaspérites sont persuadés d'être dans le vent de l'histoire et que les tradis sont condamnés à dépérir par eux-mêmes, François pourrait leur faire accepter sa politique de réconciliation canonique.

A priori, les intervenants du FC font le pari contraire - la Tradition est solide et pérenne, correspond à l'évolution historique et se trouve plus adaptée à une survie du christianisme dans le contexte d'une modernité sécularisatrice aggressive - aussi la consolidation canonique, pour peu qu'elle soit bien faite, devrait rallier leurs suffrages.