Les élégiaques d'une certaine idée de Vatican II n'ont pas été très surpris. Avant même sa visite en Bavière natale, le pape Benoît XVI a annoncé que Rome venait d'accepter d'importantes concessions (messe en latin selon la liturgie de Pie V, relecture de Vatican II...) à un petit groupe dissident de la Fraternité Saint-Pie X, ouvrant non seulement une nouvelle brèche «ultraconservatrice» dans l'approche liturgique et idéologique du Vatican mais, surtout, acceptant de voir se rallier officiellement à l'Église une poignée d'anciens prêtres et séminaristes, tous disciples du tristement célèbre Mgr Lefebvre, excommunié en 1988 par Jean-Paul II. Bien qu'il ait toujours gardé une certaine tendresse théorique envers les lefebvristes, cette décision est néanmoins un tournant inquiétant dans le "traitement" par le pape de la crise traditionaliste. Par un décret en latin, la congrégation pour le clergé a en effet érigé un nouvel institut religieux de droit pontifical, celui du "bon pasteur", appelé à accueillir massivement les transfuges de ce courant. Son supérieur n'est autre que Philippe Laguérie, ancien curé de choc de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, adepte du verbe imprécateur et icône des catholiques traditionalistes du Front national. Avec la bénédiction de Benoît XVI... qui déplorait, hier, un monde occidental devenu "sourd à Dieu". Jean de Leyzieu |