SOURCE - Sophie de       Ravinel  - Le Figaro - 9 septembre 2006
Ravis de n'avoir rien concédé, ces francs-tireurs       sont observés avec méfiance par l'épiscopat français. 
L'ABBÉ PHILIPPE LAGUÉRIE peut se vanter d'avoir gagné une nouvelle       bataille. Supérieur général du tout nouvel Institut du Bon Pasteur       voulu par Rome, réunissant des anciens prêtres lefebvristes mis au ban       de la Fraternité Saint-Pie X, le bouillonnant curé de la paroisse       bordelaise Saint-Eloi va l'inscrire à un palmarès déjà chargé. «C'est       une victoire pour nous !», clame un membre de l'institut qui souhaite       conserver l'anonymat jusqu'à ce que le nouveau supérieur officialise les       structures, en milieu de semaine prochaine. «Nous ne renions rien de       notre passé ou de notre formation, assure-t-il. Aucune concession       n'a été faite!»
Ce n'est pas une aile dissidente libérale de la Fraternité Saint Pie       X qui vient de retrouver le chemin de Rome, c'est un groupe de       francs-tireurs ayant dépassé la cinquantaine pour certains. «Nous       avons été exclus de la Fraternité, disent-ils, car Mgr Bernard Fellay est un frileux qui a peur des caractères trop trempés.»
         
Ce nouvel institut n'est pas le fruit d'une évolution doctrinale.       Leurs nouveaux statuts, comme ils l'affirment avec fierté, les autorisent       à formuler «des critiques constructives de Vatican II». S'ils       vont continuer à refuser de célébrer la messe post-Vatican II et tout       autant de concélébrer, ne serait-ce qu'avec leur évêque le jeudi Saint       – ces fortes têtes affirment quand même vouloir «soutenir Benoît       XVI et être missionnaire avec lui dans un monde et une Église qui ont       perdu le Nord».
        
À Bordeaux, la paroisse Saint-Éloi va être le siège principal de       l'institut. Cette église est le fruit d'une autre bataille gagnée par       l'abbé Laguérie contre le cardinal Jean-Pierre Ricard, en 2002.       L'archevêque de Bordeaux s'était alors allié à l'aile gauche de la       municipalité bordelaise pour s'opposer à l'installation de l'abbé et de       ses ouailles lefebvristes dans cette église plus ou moins désaffectée       qui leur avait été confiée par le maire Alain Juppé.       
Mgr Ricard : «Une expérience qui devra s'affermir»
Les noms d'oiseaux avaient fusé de part et d'autre, jusqu'à la       trêve, il y a deux ans. Une trêve officieuse intervenue lorsque la       Fraternité Saint-Pie X a désavoué l'abbé Laguérie et son adjoint,       l'abbé Christophe Héry, sans que ces derniers ne quittent Saint-Éloi.
Outre Bordeaux, l'institut sera implanté à Paris, dans le Centre Saint-Paul, dirigé par l'abbé Guillaume de Tanouärn, autre exclu de la Fraternité. Pour l'instant, l'archevêché parisien affirme ne pas avoir reçu d'information officielle en provenance de Rome.
Autre habitué des coups de gueule et des occupations d'églises, l'abbé Paul Aulagnier devrait être responsable d'une sorte de séminaire, dans le diocèse de Chartres, à Courtalain. Six futurs prêtres pourraient y être accueillis sous peu. La cohabitation avec les évêques de France s'annonce délicate, comme en témoigne la réaction de grande prudence de l'archevêque de Bordeaux hier soir. «Il s'agit d'une expérience de réconciliation et de communion qui devra encore s'affermir et s'approfondir dans les faits», a commenté Mgr Ricard, rappelant «la violence [qui] a marqué jusqu'à ces derniers mois les relations» de certains des ralliés avec les diocèses.
Outre Bordeaux, l'institut sera implanté à Paris, dans le Centre Saint-Paul, dirigé par l'abbé Guillaume de Tanouärn, autre exclu de la Fraternité. Pour l'instant, l'archevêché parisien affirme ne pas avoir reçu d'information officielle en provenance de Rome.
Autre habitué des coups de gueule et des occupations d'églises, l'abbé Paul Aulagnier devrait être responsable d'une sorte de séminaire, dans le diocèse de Chartres, à Courtalain. Six futurs prêtres pourraient y être accueillis sous peu. La cohabitation avec les évêques de France s'annonce délicate, comme en témoigne la réaction de grande prudence de l'archevêque de Bordeaux hier soir. «Il s'agit d'une expérience de réconciliation et de communion qui devra encore s'affermir et s'approfondir dans les faits», a commenté Mgr Ricard, rappelant «la violence [qui] a marqué jusqu'à ces derniers mois les relations» de certains des ralliés avec les diocèses.
