SOURCE - Yves Chiron - Aletheia - 11 septembre 2006
Le 8 septembre, la Commission Ecclesia Dei, par un décret canonique, a érigé un nouvel Institut de droit pontifical, c’est-à-dire qui relève directement du Saint-Siège. Ce nouvel Institut, « société de vie apostolique », s’est placé sous le patronage du Bon Pasteur. Il regroupe, selon ses statuts, des prêtres appelés à « servir les paroisses (avec mission canonique de l’Ordinaire »), qui auront comme « rite propre » la liturgie traditionnelle, avec faculté d’ouvrir un séminaire. Les fondateurs de cet Institut sont cinq prêtres qui ont été exclus de la Fraternité Saint-Pie X, ces dernières années, ou qui s’en sont séparés : les abbés Philippe Laguérie (nommé premier supérieur du nouvel Institut), Paul Aulagnier, Guillaume de Tanoüarn, Christophe Héry et Henri Forestier. Sans doute espèrent-ils que d’autres prêtres de la FSSPX les rejoindront.
Le siège de ce nouvel Institut sera à Bordeaux, où certains de ces prêtres exercent, depuis 2002, leur ministère dans l’église Saint-Eloi, avec l’accord du conseil municipal mais contre la volonté des autorités diocésaines. Le cardinal Ricard, archevêque de Bordeaux, s’est déclaré, dans un communiqué, prêt à signer une « convention » avec ce nouvel Institut. Il ne cache pas que des « conditions » seront posées. Mais il est disposé aussi à rétablir une communion fraternelle : « Tout un travail de pacification, de réconciliation et de communion est encore à faire car la violence a marqué jusqu’à ces derniers mois les relations de plusieurs membres de cet Institut avec l’Eglise diocésaine. Il faudra que chacun y mette du sien. »
Que le cardinal Ricard soit, depuis le « schisme » de Mgr Lefebvre, le premier évêque français à favoriser la création d’un Institut traditionaliste, n’est pas un hasard. Il s’est voulu, depuis le début de son épiscopat, un « tisserand d’unité ». Cette belle formule n’a pas été un vain mot. Quand il avait été élu président de la Conférence épiscopale de France, le portrait que j’avais fait de lui (Aletheia, n° 20, 7 novembre 2001) avait fait sourire certains et avait laissé sceptiques nombre de lecteurs. Quand, quelques mois plus tard, il avait été nommé membre de la Commission Ecclesia Dei, j’avais écrit : « Les traditionalistes français devraient trouver auprès de lui un accueil attentif et non prévenu » (Aletheia, n° 29, 30 juillet 2002). La formule avait irrité à Bordeaux – à Saint-Eloi, pas à l’Archevêché –, et voilà que c’est de Bordeaux que jaillit, en accord avec le cardinal Ricard et par la volonté de Benoît XVI, une société de vie apostolique composée de prêtres qui veulent « exercer leur sacerdoce dans la tradition doctrinale et liturgique de la Sainte Eglise ».
Cet accord pratique – qui en rappelle d’autres – peut surprendre de la part de prêtres (les abbés Laguérie et Tanoüarn) qui ont eu, sur l’opportunité et la possibilité de tels accords, des positions successives contradictoires. En revanche, un autre des fondateurs, l’abbé Aulagnier, n’a jamais varié sur la nécessité et l’utilité d’accords pratiques, cela avait même été le motif de son exclusion de la FSSPX.
La Fraternité Saint-Pie X, elle, n’a pas varié sur son refus de tels « accords pratiques » immédiats. Elle pose toujours deux préalables (liberté universelle de la messe tridentine et retrait officiel du décret d’excommunication), elle demande aussi que des discussions doctrinales aient lieu sur les questions controversées (liberté religieuse, œcuménisme, etc.), ce n’est qu’ensuite qu’un accord canonique pourrait intervenir.
Les fondateurs de l’Institut du Bon Pasteur ont, eux, vu dans l’élection de Benoît XVI, un kairos (un « moment favorable »). Aujourd’hui, le supérieur du nouvel Institut, l’abbé Philippe Laguérie, va jusqu’à qualifier Benoît XVI de « pape traditionaliste » : « On a un nouveau pape qui a compris la tradition, on n’a pas encore remis la tradition complètement dans ses droits, mais le chemin se fait. »
Qualifier Benoît XVI de « traditionaliste » est un formule simplificatrice et fausse. Ni la pensée ni l’action de Benoît XVI ne peuvent se laisser enfermer dans l’étiquette du « traditionalisme ». L’Institut du Bon Pasteur a obtenu que la liturgie traditionnelle soit reconnue comme son « rite propre », mais ce serait se tromper que de croire que Benoît XVI ait la volonté de restaurer la liturgie traditionnelle dans toute l’Eglise. C’est lors des rencontres de Fontgombault, pas loin d’ici, il y a cinq ans, que celui qui était encore Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a exprimé de manière la plus développée et, très clairement, sa position sur le sujet [1]. Il se prononçait pour « une réforme de la réforme » (du Missel de 1969) mais il envisageait aussi une évolution du Missel de 1962 (en introduisant de nouveaux saints, des préfaces supplémentaires, etc.). Ailleurs, il a évoqué, pour l’avenir, la nécessité, pour l’Eglise, d’avoir « un seul rite » (cf. Aletheia, n° 89, 19 février 2006). Certains fidèles devraient avoir cette pensée lorsqu’ils assistent à la messe, dans l’un ou l’autre rite, et leurs pasteurs devraient y songer aussi en célébrant, dans l’un ou l’autre rite.
Le siège de ce nouvel Institut sera à Bordeaux, où certains de ces prêtres exercent, depuis 2002, leur ministère dans l’église Saint-Eloi, avec l’accord du conseil municipal mais contre la volonté des autorités diocésaines. Le cardinal Ricard, archevêque de Bordeaux, s’est déclaré, dans un communiqué, prêt à signer une « convention » avec ce nouvel Institut. Il ne cache pas que des « conditions » seront posées. Mais il est disposé aussi à rétablir une communion fraternelle : « Tout un travail de pacification, de réconciliation et de communion est encore à faire car la violence a marqué jusqu’à ces derniers mois les relations de plusieurs membres de cet Institut avec l’Eglise diocésaine. Il faudra que chacun y mette du sien. »
Que le cardinal Ricard soit, depuis le « schisme » de Mgr Lefebvre, le premier évêque français à favoriser la création d’un Institut traditionaliste, n’est pas un hasard. Il s’est voulu, depuis le début de son épiscopat, un « tisserand d’unité ». Cette belle formule n’a pas été un vain mot. Quand il avait été élu président de la Conférence épiscopale de France, le portrait que j’avais fait de lui (Aletheia, n° 20, 7 novembre 2001) avait fait sourire certains et avait laissé sceptiques nombre de lecteurs. Quand, quelques mois plus tard, il avait été nommé membre de la Commission Ecclesia Dei, j’avais écrit : « Les traditionalistes français devraient trouver auprès de lui un accueil attentif et non prévenu » (Aletheia, n° 29, 30 juillet 2002). La formule avait irrité à Bordeaux – à Saint-Eloi, pas à l’Archevêché –, et voilà que c’est de Bordeaux que jaillit, en accord avec le cardinal Ricard et par la volonté de Benoît XVI, une société de vie apostolique composée de prêtres qui veulent « exercer leur sacerdoce dans la tradition doctrinale et liturgique de la Sainte Eglise ».
Cet accord pratique – qui en rappelle d’autres – peut surprendre de la part de prêtres (les abbés Laguérie et Tanoüarn) qui ont eu, sur l’opportunité et la possibilité de tels accords, des positions successives contradictoires. En revanche, un autre des fondateurs, l’abbé Aulagnier, n’a jamais varié sur la nécessité et l’utilité d’accords pratiques, cela avait même été le motif de son exclusion de la FSSPX.
La Fraternité Saint-Pie X, elle, n’a pas varié sur son refus de tels « accords pratiques » immédiats. Elle pose toujours deux préalables (liberté universelle de la messe tridentine et retrait officiel du décret d’excommunication), elle demande aussi que des discussions doctrinales aient lieu sur les questions controversées (liberté religieuse, œcuménisme, etc.), ce n’est qu’ensuite qu’un accord canonique pourrait intervenir.
Les fondateurs de l’Institut du Bon Pasteur ont, eux, vu dans l’élection de Benoît XVI, un kairos (un « moment favorable »). Aujourd’hui, le supérieur du nouvel Institut, l’abbé Philippe Laguérie, va jusqu’à qualifier Benoît XVI de « pape traditionaliste » : « On a un nouveau pape qui a compris la tradition, on n’a pas encore remis la tradition complètement dans ses droits, mais le chemin se fait. »
Qualifier Benoît XVI de « traditionaliste » est un formule simplificatrice et fausse. Ni la pensée ni l’action de Benoît XVI ne peuvent se laisser enfermer dans l’étiquette du « traditionalisme ». L’Institut du Bon Pasteur a obtenu que la liturgie traditionnelle soit reconnue comme son « rite propre », mais ce serait se tromper que de croire que Benoît XVI ait la volonté de restaurer la liturgie traditionnelle dans toute l’Eglise. C’est lors des rencontres de Fontgombault, pas loin d’ici, il y a cinq ans, que celui qui était encore Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a exprimé de manière la plus développée et, très clairement, sa position sur le sujet [1]. Il se prononçait pour « une réforme de la réforme » (du Missel de 1969) mais il envisageait aussi une évolution du Missel de 1962 (en introduisant de nouveaux saints, des préfaces supplémentaires, etc.). Ailleurs, il a évoqué, pour l’avenir, la nécessité, pour l’Eglise, d’avoir « un seul rite » (cf. Aletheia, n° 89, 19 février 2006). Certains fidèles devraient avoir cette pensée lorsqu’ils assistent à la messe, dans l’un ou l’autre rite, et leurs pasteurs devraient y songer aussi en célébrant, dans l’un ou l’autre rite.