17 septembre 2006

Un Nouvel Institut à Bordeaux
17 septembre 2006 - Association Pro Liturgia
Le 8 septembre 2006, la Congrégation pour le Clergé a érigé un nouvel Institut religieux appelé "Le Bon Pasteur" dont le but est d'accueillir des prêtres et des séminaristes ayant appartenu à la Fraternité Saint Pie X fondée par Mgr Lefebvre en 1970. Le siège de ce nouvel institut se trouve à Bordeaux. A propos de la création de l'institut du "Bon Pasteur", le Cardinal Ricrad, Archevêque de Bordeaux, a fait diffuser le communiqué suivant: "En cette fête de la Nativité de la Vierge vient d'être érigé à Rome le nouvel institut du Bon Pasteur. Il s'agit d'une société de vie apostolique de droit pontifical qui est composé de membres attachés aux formes de la liturgie en vigueur en 1962. La plupart ont appartenu à la Fraternité Saint Pie X mais ont souhaité vivre en pleine communion avec le Siège de Rome. Cet Institut regroupe des prêtres qui veulent "exercer leur sacerdoce dans la Tradition doctrinale et liturgique de la Sainte Eglise Catholique Romaine". Depuis le début de son pontificat, le pape Benoît XVI a porté le souci d'un retour à la pleine communion de ceux qui ont suivi Mgr Lefebvre et a désiré faire des gestes d'accueil à leur égard. C'est dans ce sens qu'a été manifestement prise par le pape lui-même la décision d'ériger ce nouvel Institut. Il y a dans cette décision la volonté de proposer une expérience de réconciliation et de communion qui devra encore s'affermir et s'approfondir dans les faits. C'est pourquoi les statuts de cet Institut sont ad experimentum pour une période de 5 ans. Nous partageons profondément ce souci de réconciliation et de communion du pape et nous accueillons filialement sa décision. A Bordeaux, la présence de cet Institut appelle une convention entre cet Institut et le diocèse, comme c'est le cas d'ailleurs pour tout autre Institut. L'élaboration de cette convention est encore à faire. Il faudra préciser les modalités de la présence et de la mission de cet Institut et les conditions qui y seront mises. Une information sera donnée en son temps. Tout un travail de pacification, de réconciliation et de communion est encore à faire car la violence a marqué jusqu'à ces derniers mois les relations de plusieurs membres de cet Institut avec l'Eglise diocésaine. Il faudra que chacun y mette du sien. La communion fraternelle dans l'Eglise implique vérité, accueil de l'autre et réconciliation. Elle est un don de Dieu. Elle nous est offerte par le Christ, qui sur la croix a "tué la haine" (Eph 2, 16) Seule la prière peut l'obtenir pour tous." L'Institut du Bon Pasteur est reconnu comme étant de Droit pontifical; il relève donc directement du Saint-Siège. Son Supérieur a le pouvoir de juridiction ordinaire, aux fors interne et externe, sur tous les membres de l'Institut et peut ouvrir un séminaire pour appeler aux ordres mineurs (portier, exorciste, lecteur, sous-diacre) et majeurs (diacre, prêtre) les candidats reconnus aptes au sacerdoce. Le Siège apostolique octroie aux membres de l'Institut "l'usage exclusif de la liturgie grégorienne" (cf statuts). Chaque membre fondateur de l'Institut reconnaît personnellement "respecter le Magistère authentique" du Siège romain, dans "une fidélité entière au Magistère infaillible de l'Eglise" (cf statuts. De plus, conformément au discours fait par Benoît XVI à la Curie Romaine le 22 décembre 2005, les membres de l'Institut sont engagés, par une "critique sérieuse et constructive" du concile Vatican II, à permettre au Siège apostolique d'en donner l'interprétation authentique. Les premières réactions ne se sont pas faites attendre. La Fraternité Sacerdotale Saint Pie X de Mgr Lefebvre, en prenant acte de la création de l'Institut du Bon Pasteur, a tenu à rappeler "qu'elle ne peut faire sienne une solution communautariste où la messe tridentine serait confinée dans un statut particulier", et souligne l'actuelle précarité d'autres Instituts ouverts par Rome pour les fidèles "traditionalistes". Par ailleurs, certains fidèles soulignent, eux aussi, les incertitudes devant l'avenir du nouvel Institut "dont les responsables devront se montrer conciliants sans pour autant devenir conciliaires" (sic).
C'est dire que, que dans le climat franco-français et au milieu des structures paroissiales mises en place depuis un quart de siècle dans les diocèses, le mouvement "traditionaliste" aura probablement quelques difficultés pour trouver sa place, toute sa place.
A côté de ces problèmes, d'autres grandes questions restent posées. Au Vatican, on précise que c'est Benoît XVI lui-même qui a souhaité faire, par la création du Bon Pasteur, une démarche dans laquelle "le missel traditionnel de S. Pie V n'est pas un missel à part, mais bien une forme extraordinaire de l'unique rite romain".
Que feront alors les évêques pour les fidèles qui déplorent que la quasi totalité des messes paroissiales soient aujourd'hui diluées dans des pratiques liturgiques qui n'ont rien à voir avec la "forme ordinaire" de l'unique rite romain? Où devront aller ces fidèles qui sont lassés des liturgies aléatoires actuelles mais ne souhaitent pas pour autant un retour aux rites anciens? Ou devront aller ces fidèles qui souhaitent la messe latine et grégorienne sous sa forme "ordinaire"?
Pour l'heure, ces questions semblent n'avoir suscité que le silence gêné d'un épiscopat qui n'a toujours pas mesuré l'impact positif que pourraient avoir, dans les diocèses français, des liturgies enfin conformes aux règles données par le missel romain.