Recevant une délégation d'organisations juives américaines, jeudi 12 février, le pape Benoît XVI a dit vouloir "faire sienne" la demande de pardon formulée en 2000 par son prédécesseur Jean Paul II à propos du rôle de l'Eglise dans la Shoah. "Une fraternité nouvelle". La prière de repentance qu'avait prononcée le pape Jean Paul II, à Rome, en mars 2000, était la suivante : "Dieu de nos pères, tu as choisi Abraham et sa descendance pour que ton Nom soit apporté aux peuples. Nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui les ont fait souffrir, eux qui sont tes fils. En te demandant pardon, nous voulons nous engager à vivre une fraternité nouvelle."
L'origine de la polémique. Le 24 janvier, le pape Benoît XVI lève l'excommunication des évêques Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Alfonso de Galarreta et Richard Williamson. Peu avant sa réintégration dans l'Eglise, ce dernier tient des propos négationnistes, se disant convaincu, à la télévision suédoise, de la non-existence des chambres à gaz, et avait estimé à 300 000 le nombre de juifs morts dans les camps nazis, loin du chiffre de six millions accepté par la grande majorité des historiens. Tollé. "Nous voulons que le Vatican comprenne qu'en abritant des antisémites comme Williamson, il met en doute les aboutissements de quatre décennies de dialogue entre juifs et catholiques", déclare le président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder, le 9 février.
Confronté à la controverse provoquée par sa décision, Benoît XVI avait ordonné le 4 février à Richard Williamson de se rétracter. Interviewé dans le Spiegel du 7 février, Richard Williamson a refusé, demandant au préalable d'examiner les preuves historiques de l'Holocauste. Mais il apparaît de plus en plus isolé.
Le pape a saisi l'occasion de la réception de cette délégation de la Conférence des organisations juives américaines, conduite par le rabbin Arthur Schneier, pour dénoncer le négationnisme. "Toute négation ou minimisation du crime est intolérable et inacceptable, a lancé Benoît XVI. L'Eglise est profondément et irrévocablement engagée dans le rejet de l'antisémitisme."
Le pape a par ailleurs confirmé qu'il préparait un voyage en Israël, "une terre qui est sainte pour les chrétiens comme pour les juifs car les racines de notre foi sont à chercher là-bas". |