2 février 2009





À distance
2 février 2009 - Pietro di Paoli - la-croix.com
Alors qu’enflait le débat sur la question de la levée de l’excommunication des évêques ordonnés par Mgr Lefebvre, j’étais, et je crois bien que c’était une chance, retiré dans la solitude, à la campagne. Une chance, oui, une chance de ne pas « s’échauffer » en lisant les débats et les commentaires sur les sites qui, comme celui-ci, ont ouvert leurs pages.
Leur lecture, concentrée sur quelques heures à mon retour dans un lieu connecté, fait tourner la tête et donne mal au coeur. Tant de haine, tant de douleur… Je me prend à crier « Stop ». Oui, les propos de Williamson sont abjects, et sans doute Hippolyte Simon a-t-il raison de l’accuser de terrorisme. Oui, la levée de l’excommunication, annoncée comme elle l’a été, est pour le moins une faute de communication, oui, il y a scandale. Mais il y a pire, il y a le silence, le chagrin, les larmes, l’impuissance de ceux pour qui l’Évangile passe avant toute chose. Et avec eux, je pleure.
Je pleure avec mon vieux curé, une des rares visites que je fis dans ma retraite. Il a quatre-vingt cinq ans, toute sa tête et toute sa ferveur intactes. Curé de mon enfance et de ma prime jeunesse, il me fit aimer la Bible, aimer la messe, aimer l’Église. Trois pieds solides pour soutenir la foi !
Je voulais le lui dire et l’en remercier, mais je le trouvai si triste, si désolé ! Sur sa table où voisinaient sa bible, Prions en Église, son PTP et La Croix, il me montra le journal : « Que se passe-t-il ? » me demanda-t-il, « Où allons-nous ? ».
Oui, où allons-nous ? Allons-nous quelque part ? Est-il raisonnable, en ce monde en mal d’avenir de nous acharner sur le passé ? Qu’importerait qu’on rouvre la porte à une poignée de nostalgiques, d’égarés, voire, d’enragés si en même temps, nous étions une force d’espérance, si en même temps, nous étions des porteurs de fraternité, si l’on pouvait dire de nous, en nous entendant, « ils sont pleins de vin doux », parce que nous serions ivres de la joie de la promesse de Dieu à l’humanité.
En attendant, j’ai séché les larmes de mon vieil ami, et je lui ai promis que nous allions semer, semer à plein bras, parce que le temps des larmes est aussi celui des semailles.
Amis, ne baissons pas les bras. Semons, semons l’Évangile, il y aura des coeurs pour l’accueillir.
Pietro di Paoli