Poussé par de nombreux responsables religieux, ainsi que par la chancelière allemande Angela Merkel, le Pape affirme mercredi qu'il ignorait les propos tenus par l'évêque intégriste qui a nié l'existence des chambres à gaz, lorsqu'il a accepté de lever son excommunication. Sous la pression de la polémique, le Vatican est contraint de clarifier sa position. Quinze jours après avoir établi le décret levant l'excommunication de l'évêque intégriste négationniste Richard Williamson, le Vatican exige explicitement que celui-ci prenne «sans équivoque et publiquement ses distances» avec ses déclarations révisionnistes sur la Shoah, préalable à sa réhabilitation au sein de l'église.
Richard Williamson, l'un des quatre évêques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X dont l'excommunication a été levée par le Pape le 24 janvier, avait en effet nié l'existence des chambres à gaz dans un entretien à la télévision suédoise. Le Vatican se défend et assure que ces déclarations n'étaient «pas connues» du pape Benoît XVI «au moment de la levée de l'excommunication». Pourtant, ces déclarations ont bien été diffusées deux jours avant la publication le 24 janvier du décret levant l'excommunication, décret qui porte, il est vrai, la date du 21 janvier.
La communauté juive, notamment, avait été profondément scandalisée. Le rabbin David Rosen, président du Comité juif international pour les consultations interreligieuses, avait estimé alors que «tant que le Vatican n'exige pas la rétractation (de ces propos), c'est l'Église tout entière qui est contaminée».
Intervention de Merkel
Fait exceptionnel, l'émotion provoquée par cette mesure avait conduit le pape à intervenir publiquement le 28 janvier dernier. A cette occasion, il avait «fermement condamné le négationnisme» et avait «renouvelé» sa « solidarité » avec les juifs. Cependant, des voix ont continué de s'élever pour réclamer au Pape d'aller plus loin. La chancelière allemande Angela Merkel a jugé mardi que la clarification du Pape, lui-même allemand, était « insuffisante », et qu'il devait affirmer clairement «qu'on ne peut pas nier l'Holocauste».
Concernant plus généralement les évêques de la Fraternité Saint-Pie X, le Vatican a exigé mercredi de leur part «la pleine reconnaissance du concile Vatican II et des papes qui ont suivi ce concile», «condition indispensable à une future reconnaissance de la Fraternité Saint-Pie X».
Les catholiques intégristes avaient rompu avec le Vatican en 1988 après l'ordination de quatre évêques par le fondateur de la Fraternité Saint-Pie X, Mgr Marcel Lefebvre, sans l'accord du Pape. Ils étaient en désaccord avec les nouvelles orientations de l'Eglise catholique adoptées par le concile Vatican II (1962-65), notamment la reconnaissance de la liberté religieuse et l'abandon de la doctrine attribuant aux juifs la responsabilité de la mort du Christ. |