SOURCE - Bruno Bouvet - La Croix - 17 juillet 2012
Dans un long entretien publié lundi 16 juillet dans la soirée sur le site officiel de la Fraternité Saint-Pie-X, son supérieur général Mgr Bernard Fellay exprime l’état d’esprit des disciples de Mgr Lefebvre à l’issue de leur chapitre général qui s’est tenu à Écône (Suisse) du 10 au 14 juillet.
À la
lecture des propos de Mgr Fellay, il est toutefois bien difficile de
déterminer quelle position adoptera la Fraternité Saint-Pie-X (FSSPX)
vis-à-vis de la réponse que lui a adressée la Congrégation pour la
doctrine de la foi le 13 juin à Rome, visant le retour de la FSSPX dans
l’Église.
«Nous ferons très prochainement parvenir à Rome la position du chapitre qui nous a donné l’occasion de préciser notre feuille de route en insistant sur la conservation de notre identité, seul moyen efficace pour aider l’Église à restaurer la chrétienté» , indique Mgr Fellay, reprenant là une information déjà contenue dans le bref communiqué publié le 14 juillet par la FSSPX.
«Au sujet de Rome, nous sommes vraiment allés au fond des choses, et tous les capitulants ont pu prendre connaissance du dossier complet. Rien n’a été mis de côté, il n’y a pas de tabou entre nous. Je me devais d’exposer précisément l’ensemble des documents échangés avec le Vatican, ce qui avait été rendu difficile par le climat délétère de ces derniers mois. Cet exposé a permis une discussion franche qui a éclairé les doutes et dissipé les incompréhensions. Cela a favorisé la paix et l’unité des cœurs, et c’est très réjouissant», affirme ainsi Mgr Fellay.
«Dans cette démarche, nous entendons nous inspirer non seulement de la fermeté doctrinale de Mgr Lefebvre, mais aussi de sa charité pastorale. L’Église a toujours considéré que le meilleur témoignage en faveur de la vérité était donné par l’union des premiers chrétiens dans la prière et la charité. Ils ne faisaient «qu’un seul cœur et qu’une seule âme», nous disent les Actes des Apôtres (4, 32).
Le bulletin de liaison interne de la Fraternité Saint-Pie-X s’intitule Cor unum, c’est un idéal commun, un mot d’ordre pour tous. Aussi nous nous séparons avec force de tous ceux qui ont voulu profiter de la situation pour semer la zizanie, en opposant les membres de la Fraternité les uns aux autres. Cet esprit-là ne vient pas de Dieu» , poursuit-il.
«Pour autant il serait irréaliste de nier l’influence moderniste et libérale qui s’exerce dans l’Église depuis le concile Vatican II et les réformes qui en sont issues. En un mot, nous gardons la foi dans la primauté du Pontife romain et dans l’Église fondée sur Pierre, mais nous refusons tout ce qui contribue à l’«autodestruction de l’Église», reconnue par Paul VI lui-même, dès 1968.»
«Plus que jamais, nous devons effectivement garder cette ligne de crête fixée par notre vénéré fondateur. C’est une ligne difficile à tenir, mais absolument vitale pour l’Église et le trésor de sa Tradition. Nous sommes catholiques, nous reconnaissons le pape et les évêques, mais devons avant tout conserver inaltérée la foi, source de la grâce du Bon Dieu.
Il faut par conséquent éviter tout ce qui pourrait la mettre en danger, sans pourtant nous substituer à l’Église catholique, apostolique et romaine. Loin de nous l’idée de constituer une Église parallèle, exerçant un magistère parallèle !» , indique Mgr Fellay.
Selon les informations recueillies par La Croix, les évêques et cardinaux chargés du dossier ont manifesté une certaine exaspération lors de la dernière réunion de la Congrégation pour la doctrine de la foi, jugeant que les souhaits de Mgr Fellay s’accompagnaient d’une critique excessive du Concile.
Lors de leur discussion, tous leurs propos auraient été enregistrés et retranscrits au pape, qui n’aurait donc pas pris sa décision en solitaire.
Il semble que le pape ait adressé une réponse ferme à Mgr Fellay, l’engageant à respecter le magistère des derniers papes, Paul VI et Jean-Paul II, ainsi que le concile Vatican II.
C’est dans ce contexte qu’il fallait entendre, dimanche 15 juillet, l’homélie de Benoît XVI à Frascati, sur le Concile Vatican II : «Une énorme richesse pour la formation des nouvelles générations chrétiennes» , a rappelé le pape.
BRUNO BOUVET
«Nous ferons très prochainement parvenir à Rome la position du chapitre qui nous a donné l’occasion de préciser notre feuille de route en insistant sur la conservation de notre identité, seul moyen efficace pour aider l’Église à restaurer la chrétienté» , indique Mgr Fellay, reprenant là une information déjà contenue dans le bref communiqué publié le 14 juillet par la FSSPX.
Une unité restauréeIl semble que l’entretien accordé par le supérieur de la Fraternité ait d’abord pour but de montrer que les partisans de Mgr Lefebvre ont restauré une unité mise à mal ces derniers mois par les fortes dissensions qui se sont manifestées en leur sein.
«Au sujet de Rome, nous sommes vraiment allés au fond des choses, et tous les capitulants ont pu prendre connaissance du dossier complet. Rien n’a été mis de côté, il n’y a pas de tabou entre nous. Je me devais d’exposer précisément l’ensemble des documents échangés avec le Vatican, ce qui avait été rendu difficile par le climat délétère de ces derniers mois. Cet exposé a permis une discussion franche qui a éclairé les doutes et dissipé les incompréhensions. Cela a favorisé la paix et l’unité des cœurs, et c’est très réjouissant», affirme ainsi Mgr Fellay.
«Dans cette démarche, nous entendons nous inspirer non seulement de la fermeté doctrinale de Mgr Lefebvre, mais aussi de sa charité pastorale. L’Église a toujours considéré que le meilleur témoignage en faveur de la vérité était donné par l’union des premiers chrétiens dans la prière et la charité. Ils ne faisaient «qu’un seul cœur et qu’une seule âme», nous disent les Actes des Apôtres (4, 32).
Le bulletin de liaison interne de la Fraternité Saint-Pie-X s’intitule Cor unum, c’est un idéal commun, un mot d’ordre pour tous. Aussi nous nous séparons avec force de tous ceux qui ont voulu profiter de la situation pour semer la zizanie, en opposant les membres de la Fraternité les uns aux autres. Cet esprit-là ne vient pas de Dieu» , poursuit-il.
«Ce n’est pas nous qui romprons avec Rome»Quelle sera désormais l’attitude de la Fraternité Saint-Pie-X ? Dans un premier temps, son supérieur semble ne pas fermer la porte à un éventuel retour au sein de l’Église romaine. «Ce n’est pas nous qui romprons avec Rome, la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité» , affirme-t-il d’abord avant d’exprimer une posture critique maintes fois adoptée.
«Pour autant il serait irréaliste de nier l’influence moderniste et libérale qui s’exerce dans l’Église depuis le concile Vatican II et les réformes qui en sont issues. En un mot, nous gardons la foi dans la primauté du Pontife romain et dans l’Église fondée sur Pierre, mais nous refusons tout ce qui contribue à l’«autodestruction de l’Église», reconnue par Paul VI lui-même, dès 1968.»
Vives critiques contre le nouveau préfet de la Congrégation de la doctrine pour la foiEt de poursuivre l’offensive contre l’Église romaine: «Nous ne pouvons garder le silence devant la perte de la foi généralisée, ni devant la chute vertigineuse des vocations et de la pratique religieuse. Nous ne pouvons nous taire devant «l’apostasie silencieuse» et ses causes. Car le mutisme doctrinal n’est pas la réponse à cette «apostasie silencieuse» que même Jean-Paul II constatait, en 2003.»
«Plus que jamais, nous devons effectivement garder cette ligne de crête fixée par notre vénéré fondateur. C’est une ligne difficile à tenir, mais absolument vitale pour l’Église et le trésor de sa Tradition. Nous sommes catholiques, nous reconnaissons le pape et les évêques, mais devons avant tout conserver inaltérée la foi, source de la grâce du Bon Dieu.
Il faut par conséquent éviter tout ce qui pourrait la mettre en danger, sans pourtant nous substituer à l’Église catholique, apostolique et romaine. Loin de nous l’idée de constituer une Église parallèle, exerçant un magistère parallèle !» , indique Mgr Fellay.
«Mgr Müller nous traitait comme des parias»Cependant, la nomination récente de Mgr Ludwig Müller à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en remplacement du cardinal William Levada, lui inspire des propos bien peu flatteurs : «L’ancien évêque de Ratisbonne, où se trouve notre séminaire de Zaitzkofen, ne nous apprécie pas, ce n’est un secret pour personne. Après l’acte courageux de Benoît XVI en notre faveur en 2009, il n’avait guère paru vouloir collaborer dans le même sens, et nous traitait comme des parias ! C’est lui qui déclarait alors que notre séminaire devrait être fermé et que nos étudiants devraient aller dans les séminaires de leur région d’origine, avant d’affirmer sans détour : «Les quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie-X doivent tous démissionner» !»
«Le Concile, une énorme richesse» , a rappelé le papeAu-delà de la position difficilement lisible de la FSSPX, reste à savoir quelle pourrait être la position de Rome au cas où la FSSPX demanderait de nouvelles négociations.
Selon les informations recueillies par La Croix, les évêques et cardinaux chargés du dossier ont manifesté une certaine exaspération lors de la dernière réunion de la Congrégation pour la doctrine de la foi, jugeant que les souhaits de Mgr Fellay s’accompagnaient d’une critique excessive du Concile.
Lors de leur discussion, tous leurs propos auraient été enregistrés et retranscrits au pape, qui n’aurait donc pas pris sa décision en solitaire.
Il semble que le pape ait adressé une réponse ferme à Mgr Fellay, l’engageant à respecter le magistère des derniers papes, Paul VI et Jean-Paul II, ainsi que le concile Vatican II.
C’est dans ce contexte qu’il fallait entendre, dimanche 15 juillet, l’homélie de Benoît XVI à Frascati, sur le Concile Vatican II : «Une énorme richesse pour la formation des nouvelles générations chrétiennes» , a rappelé le pape.