SOURCE - Ennemond - Fecit - 30 juillet 2012
Je vous suis reconnaissant du temps que vous avez pris à me répondre. Vous indiquez que nos désirs de restauration ne doivent pas se limiter à la question liturgique. Sur ce sujet, je vous rejoins pleinement. Tous mes écrits sur le FC et sur Fecit ont visé à démontrer cette idée. Dans un récent numéro de Fideliter, j’ai moi-même eu l’occasion d’exprimer la stupéfaction des catholiques que nous sommes devant le spectacle de la dernière réunion pour la paix organisée à Assise en 2011 : « Quand l’Ancien Testament parle de ‘l’abomination de la désolation’ dans le sanctuaire, comment ne pas penser à ces instants déroutants où l’erreur la plus abominable y est célébrée, où la vérité se trouve répudiée, où il n’y a plus ni Trinité, ni Vierge Marie, mais simplement des façons de penser ou de croire, faisant office de mode de penser accessoire ? »
Je vous suis reconnaissant du temps que vous avez pris à me répondre. Vous indiquez que nos désirs de restauration ne doivent pas se limiter à la question liturgique. Sur ce sujet, je vous rejoins pleinement. Tous mes écrits sur le FC et sur Fecit ont visé à démontrer cette idée. Dans un récent numéro de Fideliter, j’ai moi-même eu l’occasion d’exprimer la stupéfaction des catholiques que nous sommes devant le spectacle de la dernière réunion pour la paix organisée à Assise en 2011 : « Quand l’Ancien Testament parle de ‘l’abomination de la désolation’ dans le sanctuaire, comment ne pas penser à ces instants déroutants où l’erreur la plus abominable y est célébrée, où la vérité se trouve répudiée, où il n’y a plus ni Trinité, ni Vierge Marie, mais simplement des façons de penser ou de croire, faisant office de mode de penser accessoire ? »
Aujourd’hui, s’exprimer publiquement sur ces sujets relève du défi. Il faut à la fois ne pas édulcorer le fond et ne pas recourir à un langage outrancier. Mgr Lefebvre évitait les quolibets, notamment à l’égard de ceux qui avaient quittés la FSSPX. Il conseillait cette saine réserve à ses prêtres. Or aujourd’hui, on voit des esprits réclamer une surenchère dans un lexique qui les dessert plus qu'il ne les rend convaincants. L’un des grands textes fondateurs du combat traditionaliste – le Bref examen critique de la messe – parvient par exemple à maintenir cet équilibre entre fond et forme. Il est d’une très grande clarté et ne transige en rien sur les principes. En même temps, ses auteurs ont eu l’intelligence de ne pas sombrer dans un discours qui caricaturerait et qui, par voie de conséquence, s’il permet une autosatisfaction voire un soulagement de celui qui le tient, ne convaincrait quasiment personne ad extra.
Vous parlez par exemple de la dénonciation de sectes maçonniques ou sataniques au Vatican qui serait absolument nécessaire à vos yeux. Il me semble qu’elle relève justement d’un argumentaire périlleux dans la mesure où nous n’avons pas de preuves d’une grande évidence. Je n'ai guère enquêté moi-même et je n'ai pas trouvé la littérature complotiste très convaincante. Il y a certes un faisceau de soupçons qui montre que l’influence néo-moderniste au sein de l’Église est le fruit de l’ennemi commun plus que celui du Saint Esprit. Et des personnes mesurées comme NN.SS. Fellay ou de Galarreta ne se perdent par exemple pas dans ce genre d’explications qui font sombrer les esprits dans un complotisme les desservant généralement. Il leur suffit de montrer que les enseignements actuels sont contraires au magistère précédent pour démontrer que nous nous sommes dans une situation grave. D'une certaine manière, peu importe si la personne a fait un pacte avec le démon ou non. Le problème, c'est qu'elle nuit à l'Eglise et à la société. C’est ainsi que procédait Mgr Lefebvre. Ce dernier par exemple s’est toujours montré distant face aux accusations qui étaient portées contre le cardinal Liénart. Cela n’empêche pas d’être ouvert à de véritables preuves si des révélations convaincantes étaient faites.
Votre présentation binaire des fidèles de la Fraternité Saint-Pie X me paraît aussi caricaturale. D’un côté, il y aurait des gens gâtés, déconnectés de la réalité, qui auraient été enfermés dans des tours d’ivoire sans rien percevoir des dangers extérieurs. De l’autre, des esprits vertueux et clairvoyants auraient rejoint cette œuvre, conscients des dangers extérieurs. Je tire un peu sur le trait, mais, globalement, c’est la distinction que vous dressez. Or, je crains que si je me range du côté des premiers, vous m’accuserez d’ignorance et de naïveté ; si j’ose dire que j’ai eu des contacts avec le monde extérieur, j’ai peur que vous me soupçonniez d’en avoir été la victime. En réalité, même les nombreux élèves passés par les écoles de la Fraternité sont, en grande majorité, passés par d’autres cursus au cours de leur scolarité ou de leur enseignement supérieur. Le monde se réclamant de Vatican II leur est souvent bien connu. Si une partie de leur famille a une pratique traditionnelle, rarissimes sont ceux qui peuvent affirmer que la totalité de leurs frères et cousins font de même. La tentation du monde extérieur est telle que le fait de confirmer l'engagement de ses parents ne va pas toujours de soi et qu’elle nécessite déjà un véritable choix réfléchi.