SOURCE - Si Scires Donum Dei - 9 juillet 2012
Le Chapitre Général d'affaires de la Fraternité Saint Pie X vient de commencer à Ecône après cinq jours d'une retraite prêchée par M. l'abbé Lorans.
On aurait pu penser, ou au moins espérer que ces jours de réunion auraient été l'occasion d'une trêve de silence et de prières dans les milieux de la tradition. Hélas, on constate qu'il n'en est rien ! Bien au contraire, on assiste comme à un déchaînement de nouvelles et de commentaires donnant tous dans la surenchère.
Au plan des nouvelles d'abord, puisqu'on apprend, ou plutôt on a la confirmation d'une rumeur vieille d'un mois ou deux, mais qui semble prendre corps maintenant : le projet inouï fomenté par certains, ou plutôt un certain, de déposer le Supérieur Général à l'occasion du chapitre. Projet inouï car à l'encontre de tous les principes du droit et de toutes les lois de l'Eglise. On en appelle finalement au Chapitre contre le Supérieur Général. Ce n'est rien d'autre que le "conciliarisme" qui prétendait en appeler à l'autorité du concile contre le pape. Ça nous rappelle aussi un épisode plus funeste, celui du Serment du Jeu de Paume.
Ensuite, il semble qu'on ai aussi confirmation de la tentative d’éviction des deux Assistants Généraux, Messieurs les abbé Pfluger et Nely, pourtant très régulièrement élus à ce poste par le chapitre Général.(Voir ICI)
En 1988, Monseigneur Lefebvre s'était interdit de sacrer évêque le Supérieur Général de l'époque afin de bien montrer l'absence total d'une volonté de donner une quelconque juridiction aux évêques sacrés. Dans la lettre qu'il leur a adressée, il les suppliait notamment de rester soumis au Supérieur Général (à l'époque, celui-ci était un prêtre!). Monseigneur n'a confié aucun rôle ni aucune fonction particulière aux évêque qu'il a sacrés, si ce n'est "de conférer la grâce de l'ordre sacerdotal pour la continuation du vrai Sacrifice de la Sainte Messe et pour conférer la grâce du sacrement de confirmation aux enfants et aux fidèles qui vous la demandent. " (lettre de Mgr Lefebvre aux quatre futurs évêques).
Sur le plan des commentaires, on découvre un éditorial dans le dernier numéro (juillet-août) de FIdeliter, que je qualifierais de stupéfiant !
On voit le supérieur du District de France envisager les possibles sanctions romaines qui pourrait frapper la Fraternité avec une légèreté incroyable.
En effet, pour bien le comprendre, il faut se rappeler le motif pour lequel cette menace a de nouveau été brandie et pour lequel Mgr Fellay a décidé de répondre aux autorités romaines : le refus présumé de la reconnaissance de l'autorité du pape et de sa capacité à énoncer un magistère (sédévacantisme ou schisme, ce qui revient à peu près au même).
La manière d'envisager une telle sanction par le Supérieur de District, quel que soit le motif invoqué, amène à se poser cette grave question : n'assiste-t-on pas là à un refus pur et simple de l'autorité du pape, évêque de Rome ?
Dans les nombreuses considérations sur l'église qu'il a pu faire, Monseigneur Lefebvre a très souvent parlé, comme dans le passage de Fideliter cité dans l'éditorial, de l'église conciliaire, en l'opposant à l'Eglise. Et pourtant, bien que les opposants, il ne les a jamais dissociées. Mr l'abbé Simoulin en a montré récemment les raisons (voir ICI).
On se rappelle les graves condamnations portées par Mgr de Castro-Mayer et lui-même, après la réunion d'Assise. Pourtant, c'est avec cette même église conciliaire qu'il acceptait deux ans plus tard de discuter et même de signer un accord. Tout comme il accepta en 1975 de se rendre à la convocation des cardinaux appartenant pourtant à la Rome néo-moderniste et néo-protestante qu'il avait condamnée dans sa déclaration du 21 novembre de l'année précédente.
En arriver à considérer l'Eglise comme une secte semble donc grave. Car si elle est une secte, elle n'est plus ni l'Eglise, ni de l'Eglise, tout comme une tumeur est un corps étranger à l'organisme, contrairement à un organe qui, même malade, reste un élément de l'organisme. On doit donc conclure qu'il n'y a plus d'Eglise à Rome! Hors de la Fraternité, point de salut !
On en arrive à se demander s'il n'y a pas, dans une telle prise de position qui se veut "officielle" puisque prise par un supérieur majeur, une réelle volonté de précipiter de telles sanction romaines pour chercher à couper court à l'action du Supérieur Général dans les discussions avec les autorités romaines. En un mot, la politique de la terre brûlée.
Quant à la manière de considérer ces éventuelles sanctions, je ne ferais que m référer à deux propositions condamnées par le pape Clément XI (Dz S 2491 & 2492)
Prop. XCI : Excommunicationis iniustae metus numquam debet nos impedire ab implendo debito nostro; numquam eximus ab Ecclesia, etiam quando hominum nequitia videmur ab ea expulsi, quando Deo, Iesu Christo, atque ipsi Ecclesia per caritatem affixi sumus. Jn IX, 22, 23.
"La crainte d'une excommunication injuste ne nous doit jamais empêcher de faire notre devoir... On ne sort jamais de l'Eglise lors même qu'il semble qu'on en soit banni par la méchanceté des hommes quand on est attaché à Dieu, à Jésus-Christ et à l'Eglise même par la charité."
Prop. XCII : Pati potius in pace excommunicationem et anathema iniustum quam prodere veritatem, est imitari sanctum Paulum; tantum abest, ut ut sit erigere se contra auctoritatem aut scindere unitatem Rom. IX, 3
"C'est imiter saint Paul que de souffrir en paix l'excommunication et l'anathème injuste plutôt que de trahir la vérité, loin de s'élever contre l'autorité ou de rompre l'unité "
[Censura :] propositiones praeinsertas tamquam falsas, captionas, male sonantes, piarum aurium offensivas, scandalosas, perniciosas, temerarias, Ecclesiae et eius praxi iniuriosas, neque in Ecclesiam solum sed etiam in potestates saeculi contumeliosas, seditiosas, impias, blasphemas, suspectas de haeresi, ac harersim ipsam sapientes, necnon haereticis et haeresibus ac etiam schismati ferventes, eroneas, haeresi proximas, pluries damnatas, ac demum haereticas, variasque haereses et potissimum illas, quae in famosis Iansenii propositionibus... declaramus, damnamus et reprobamus.
"Nous déclarons, condamnons et réprouvons ces propositions comme fausses, captieuses, mal sonnantes, injurieuses aux oreilles pieuses, scandaleuses, pernicieuses, téméraires, préjudiciables à l'Église et à ses pratiques, insolentes envers l'Église et l'État, séditieuses, impies, blasphématoires, suspectes d'hérésie et sentant l'hérésie, favorisant les hérétiques, l'hérésie et le schisme, fausses, proche de l'hérésie, souvent condamnée, hérétiques et faisant revivre différentes hérésies, surtout celles que contenaient les fameuses propositions de Jansénius".
Sans autre commentaire !