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 janvier : nous sommes aujourd’hui à la fin de la Semaine de Prière pour
 l’Unité des Chrétiens (dont on sait peu qu’elle a été approuvée par 
saint Pie X).
Le premier jour, le 18 janvier, moi-même puis Jean-Marie Guénois dans Le Figaro,
 faisions connaître qu’une lettre privée de Mgr Di Noia, Vice-Président 
de la Commission Ecclesia Dei, avait été communiquée à tous les prêtres 
de la FSSPX. Le lendemain, Il Sismografo publiait tant l’original anglais que la version française de cette lettre. 
  
Dans
 le courant de la semaine (de l’Unité) qui s’achève, le retentissement 
de ce pas fait par le mandataire du Pape en charge du dossier fut 
considérable dans le monde. On relevait le ton spirituel de la missive, 
les ouvertures faites à une discussion encadrée de Vatican II par l’instruction Donum veritatis sur
 la vocation ecclésiale du théologien de 1990. On relevait aussi les 
formules indiquant avec délicatesse que le temps du statu quo ne pouvait
 plus durer très longtemps : « Il est clair qu’un élément nouveau 
doit être introduit dans nos échanges, si nous ne voulons pas apparaître
 à l’Église, au grand public et, au fond, à nous-mêmes, comme engagés 
dans un échange courtois, mais sans issue ni fruit. […] Une
 réconciliation ecclésiale immédiate et totale mettra-t-elle fin aux 
soupçons et à la méfiance qui ont surgi de part et d’autre ? Sans doute 
pas si facilement. […] Voici venu le moment d’une grâce extraordinaire : saisissons-le de tout notre cœur et de tout notre esprit. […] Le
 seul avenir imaginable pour la Fraternité sacerdotale saint Pie X se 
trouve sur le chemin d’une pleine communion avec le Siège Apostolique ».
  
Et
 voici une correspondance étonnante : cette lettre a été envoyée à Mgr 
Fellay en novembre dernier, quand allait commencer l’Avent. La rédaction
 a donc été concomitante de celle du discours que le Pape a adressé le 
15 novembre dernier à l’assemblée plénière du Conseil Pontifical pour la
 Promotion de l’Unité des chrétiens (dont le Président est le cardinal Koch). Le Pape remarquait :  « l’importance des dialogues théologiques et des conversations avec les Églises et les Communautés ecclésiales dans lesquels l’Église est engagée ». Elles permettent de saisir, « en
 même temps que les résistances et les obstacles, également la richesse 
d’expériences, de vie spirituelle et de réflexions théologiques, qui 
deviennent un encouragement pour un témoignage toujours plus profond ». Comme Mgr Di Noia, le Pape insistait sur le fait que l’unité « n’est pas une œuvre que nous, les hommes, pouvons simplement réaliser », mais qu’elle « est un don de Dieu ». C’est pourquoi, elle exige « avant tout patience, humilité, abandon à la volonté de Dieu ». Avec cet avertissement : il ne faut pas que les uns et les autres « s’arrêtent le long du chemin, en acceptant les diversités contradictoires comme quelque chose de normal ou comme le mieux que l’on puisse obtenir ».
 Bien sûr, objectera-t-on, la réconciliation avec la FSSPX n’est pas de 
même nature que le retour des orthodoxes et des anglicans. Les 
similitudes entre la Lettre Di Noia et le discours pontifical montrent 
tout de même où se trouve la vraie préoccupation du Siège Apostolique.
  
Comment
 les prêtres de la FSSPX ont-ils reçu la lettre que Mgr Di Noia leur a 
adressée ? L’un d’eux, qui tient à garder l’anonymat, pense qu’un bon 
procédé proportionné de la part de la FSSPX s’impose. Il pense (il est 
vrai que son ancienneté lui permettrait d’y participer) à la réunion 
d’un chapitre de la FSSPX pour prendre la mesure de cette atmosphère 
nouvelle. Il estime qu’à l’appel du temps de grâce de l’Avent devrait 
correspondre une réponse du temps de grâce de Carême.
  
Christophe Saint-Placide
